Epreuve 6 - CONTRASTE

Trois mots

Qui a-t-il au bout de la vie? Personne ne pourrait répondre à cette question. Ce qui était bizarre pendant cette course, c’était l’espèce d’effet aux travers de nos yeux. Qui allait choisir quelle place, l’endroit qui serait le meilleur pour rester en vie. Comment admettre que l’on peut mourir. Je n’y crois pas une seconde. D'accord, c’était un coup de col et après. Ça ne joue pas dans mes statistiques du mec en courtier immobilier. Ce n’est pas la main de Dieu qui va te sauver mon cher, encore moins moi. Je suis loin, trop loin pour aller te parler et sauver ta vie. On a fait la même chose après tout ; une connerie. Jouer les idiots parce que pourquoi pas. Se prouver qu’on peut être vivant, qu’avoir de l’argent c’est bien mieux que de rester pauvre comme ces idiots qui pourtant, sont aussi intelligents que nous. Qu'est-ce qui me dit d’ailleurs que toi, tu valais le coup d’essayer. Une sensation sans doute, mais ton sourire m’a charmé. Sauf que ce deuxième effet, c’était de ta faute ou la mienne? Non, je ne fais jamais d’erreurs. J'avais un mal de tête énorme, un moment étrange qui m’a fait tourner à gauche. Après ce n’était pas réel, hein? Je veux dire, entendre une voix, c’est ridicule. Ne tourne pas à gauche, ni à droite, mais devant il y a une foutue montagne. C'est toi alors, qui m’a mis ça dans la tête? Dans le genre, un truc de super esprit. J'ai presque le goût de rire là, oui maintenant. Ce n'est pas réel, j’ai tourné à droite et on a suivi notre course, allez avoues. Non, je suis à côté de ma voiture mais sans humain dans les bras. C'est étrange, irréel et pourtant, j’ai vraiment la sensation d’avoir tué une personne. Et je pleure, oui, ça m’arrive rarement mais ce soir, je n’arrive plus à penser normalement. C'est une soirée qui se déroule avec de mauvaises promesses. Et si tout ne s’était pas passé. Cette bagnole, ce mec, tout. Ma tête tourne au point de tomber au sol, les mains pleines de sang.

Vais-je me retrouver en taule? La peur vient me ronger l’esprit. Moi, qui fais toujours des conneries sans se faire choper par les flics, viens de se faire avoir. Impossible. J'ai un coup d’avance sur tout, comment le temps peut s’arrêter au point de m’embêter dans de telle stratégie. Pense Erik, vraiment pourquoi tu es aussi con ce soir. Les histoires qu’on te lisait quand tu étais jeune, c’était que des foutaises. Tu crois franchement au petit jésus, cailloux qui n’a pas de cheveux sur la tête, le chien rouge qui est mille fois trop grand. Il faut croire aux gens gentils, pas comme moi à vrai dire. Je sais être méchants quand il le faut, frapper les connards qui le méritent mais jamais les femmes, encore moins les enfants. Par contre, ce soir, j’ai fait l’irréparable. Je suis allé trop loin et dans toutes mes réflexions étranges, c’est la fille du prêtre qui me vient à l’esprit. Elle, évidemment. Parce que je n’ai pas d’enfant et que c’est elle, que j’ai tuée. Je pleure tellement que j’entends sa voix. Ce petit être est dans mes bras, me chuchotant que je dois me calmer, ne pensant pas au futur. Comment ne pourrais-je pas y penser. Qu’est-ce qu’elle faisait là? J'aurais dû faire attention. Ma peau devient blanche, je n’arrive plus à respirer et je la regarde, idiot comme je suis. Clairement, j’irai en enfer. Son père m’en voudra toute sa vie, à tout jamais. Séraphine est là, dansant comme si rien ne c’était passé. Je ne comprends plus rien, ma vie vaut-elle la peine d’être vécue ou je suis qu’une mocheté. Tout ce que je fais a-t-il un sens à quelqu’un. J'ai une famille, petite mais tout de même, deux parents et un frère, c’est assez. On s’aime, c’est qui compte et pourtant, j’ai l’impression d’être dans le néant maintenant. Les gens autour de moi disparaissent au paradis et il n’y a que moi qui vais dans l’espace noir et rouge. J'aime le rouge, j’en porte toujours mais aujourd’hui, c’est un peu le chaos. Pourquoi moi et pas les autres. Je fige dans le vide, ce n’était pas mon but de tuer une personne. Non Erik, mais c’est arrivé, vie avec ton malheur et assume tes conséquences. Retombant sur le sol, le rouge que je voyais jadis n’est que ma voiture, aucun humain à l’hémoglobine sur le bitume.

Bordel, quand vais-je croire la vérité. D'ailleurs, où sont les ambulanciers et les flics. Je veux bien croire qu’il est tard mais tout de même, l’heure est grave. Il y a des morts et putain, est-ce je suis décédé? J'ai vu Séraphine. C'est elle qui n’est pas morte? Je commence à paniquer, me disant que c’est moi le problème après tout. Et si je partais, ça ne ferait pas un délit de fuite. Je peux aller au paradis ou ce sera encore en enfer. C’est quoi après ces conneries à la con, manquerait plus qu’un orage pour m’emmerder avec tout ça.

J'attends la police qui étrangement, n’arrive pas. Le temps est encore arrêté en fixant ma montre, c’est...étrange. Personne ne vient et je regarde le sol, sans sang. Ais-je vraiment halluciné? C'est possible que toute cette histoire soit irréelle. La fille qui était au bar, elle était fictive aussi? Je cogite, non mais sérieux c’est quoi ce bordel. Pour une personne qui croit qu’en chiffres et statistiques, quelles sont les probabilités de croire en toutes ces réflexions ; aucunes. En plus il se met à grêler, je ne comprends rien. Entrant dans la voiture, je cherche mon téléphone qui est une fois de plus manquant. Cette vie de merde va beaucoup trop loin. Je n’arrive plus à me raisonner, pourquoi j’aurais pris toutes ces conséquences pour une simple vengeances contre une personne débile. Après avoir frappé cinq fois sur le volant, je disparais.

Non mais vraiment, la voiture recule avec moi à l’intérieur. Qu'est-ce qui se passe. Comme si rien ne c’était produit, que personne n'est mort et moi, où suis-je? Dans mon appartement, sans clé, assis sur mon sofa avec une manette de jeux vidéo. Super, je reste ici, adieu les soirées étranges.

Codage par Libella sur Graphiorum