- HRP:
Kristopher Moreau, soldat de la Garnison, est un homme dont la vie avait été terriblement injuste au sein des Murs. Une famille exterminée par des esclavagistes cruels, il s'emmura dans le travail pour échapper au constat de la cruauté subit et est connu au sein de la Garnison comme un individu froidement efficace mais dotée d'une grande violence.
Sous la lune, l’éclat d’argent scintillait plus fort.
Il n’y avait pas fait attention, au début. Comme une étoile dans un ciel, il s’imaginait qu’elle disparaîtrait bien assez tôt. Que quelqu’un d’autre récupérerait ce qui scintillait au loin. Mais une nuit sur une véranda avec Rashieka, et elle n’a jamais mentionné l’éclat qui scintillait. Lorsqu’il lui demanda, elle lui dit de lésiner sur le vin et Kristopher la rabroua sur une lointaine soirée passée ensemble avant leur relation, mais il était toujours le seul en train de remarquer ce scintillement. Ni Aurore ni les autres employés ne remarquaient grand-chose. Alors une nuit, incapable de dormir, il s’y dirigea en prenant son cheval.
Cela lui prit une heure. Il y découvrit un arbre d’un bois familier, aux feuilles d’un vert sombre. Le scintillement avait disparu, remplacer par quelque chose de plus incompréhensible, poussé par quelque chose de plus fort que lui. Au sein du tronc, dans un creux qui semblait naturel, s’y trouvait une clé. De la même couleur que son scintillement, sa forme faisait penser à un enchevêtrement de racines le long de la tige jusqu’à son extrémité. Du coin de l’œil, il vit une lueur rouge au loin, et il sut instantanément qu’il devait aller là-bas. Grimpant de nouveau sur sa monture, l’homme s’y dirigea, s’engouffrant dans les étendues sauvages.
Les arbres étaient imposants, la lueur de la Lune peinait de traverser son feuillage pour illuminer son chemin. Mais il devait y aller. Et l’éclat rougeoyant palpitait dans la nuit, comme un cœur. Et l’homme suivit son chemin, qui devenait de plus en plus tortueux et tordu. Il dut y laisser son cheval, et continua son chemin jusqu’à atteindre ce qu’il cherchait. Devant lui se trouvait une caverne, et il y entra. Il s’engouffra dans les ténèbres familières. L’odeur du sang.
La clé qu’il tenait dans sa main brûlait comme le métal chauffé à blanc. Des cages. Du fer. Des portes barrées et des échos de rires cruels lui revinrent en mémoire. Et pourtant, il continua et finit par atteindre la source de la lueur rouge. Une porte, qu’il ouvrit en utilisant la clé qui ne fit qu’un avec celle-ci. Il s’y engouffra et découvrit en son sein une petite fontaine dotée d’une eau claire. Il s’y approcha, prudemment. En regardant la surface de l’eau, il put y voir... des images du passé. De sa famille. De ses anciens amis.
-Tu peux y retourner, fit quelque chose.
Revivre ce qui t’avait rendu heureux. Ce qui peut encore te rendre heureux. Ne plus jamais être hanté par les fantômes du passé.L’homme passa alors le bout de ses doigts sur la surface de l’eau. Des éclats cristallins emplirent ses oreilles.
-Il te suffit simplement d’y plonger ta tête.-Et pourquoi ça se trouve ici ?-C’est la seule chose qui te rattache au passé. Si tu quittes cet endroit... Plus jamais tu ne pourras les revoir.
L’homme resta silencieux un bon moment. Il pourrait revenir. Revenir avant la tragédie. Vivre. Les prévenir. Mais il se sentit seul. Étrangement seul.
-J’ai passé... Tellement de temps en colère. À m’y immerger, dans ma propre peine.Il se releva. Lentement.
-Mais j’ai quelqu’un, maintenant. Je ne peux pas abandonner la seule personne qui m’aime, maintenant.Il n’obtint aucune réponse. Et étrangement, l’air s’était allégé. En quittant la caverne, la forêt n’avait plus l’air aussi sombre. Les chemins étaient plus espacés. Plus facile d’y errer. Il ne se retourna jamais. Ce fut au matin qu’il arriva vers sa destination.
En s’allongeant dans le lit avec elle, l’homme se sentit détendu. Elle finit par se réveiller. Son cœur rata un bond.
-Hey.-Hey.Il était chez lui, maintenant.