Epreuve 1 - SNK REBIRTH & NANO-ROLE PLAY

Soé Toboë:

Soé avait reçu son nouvel ordre de mission ce matin. Il devait aller dans la ville sous-terraine avec son escouade pour attraper des malfrats qui faisaient les marioles depuis quelques semaines. Les idiots se pensaient tellement invulnérables qu’ils faisaient de plus en plus d’erreurs. Les Brigades Spéciales avaient pu trouver l’endroit exact où se trouvait leur planque. Du gâteau en soi, cette mission. Les soldats étaient partis tôt du QG, armés de leur équipement tridimensionnel qui leur donnait un avantage non négligeable dans la ville sous-terraine.
Ils mirent la matinée à se rendre au point de ralliement d’où la mission débutait. Tout se passait comme sur des roulettes, leur source leur assurant que les voleurs ne savaient absolument pas qu’ils étaient cramés et vendus. Soé avait pourtant un mauvais pressentiment mais en bon toutou des Brigades, il suivait les ordres sans se poser de question. Il était comme ça, Soé. Un parfait petit soldat.

Du moins, cela marchait de cette façon, jusqu’à ce que son escouade se fasse descendre membre après membre. Il fallait se rendre à l’évidence : on leur avait tendu un piège dans leur piège. Merde. Soé avait perdu de vu les membres de son groupe restant. Il ne perdait pas de vue l’objectif de la mission, et son chef lui avait donné le feu vert pour continuer seul, si jamais il finissait seul. Et là, maintenant, il était tout seul. Vraiment tout seul. Re-merde.

Soé s’avançait dans une grotte, l’entrée de galeries creusées dans la roche qui entouraient la ville sous-terraine. Les malfrats avaient fait de ses labyrinthes leur repaire. Il trouverait forcément quelque chose là. Les secours allaient prendre le relais. En se séparant, ils avaient tout de même eux aussi réussi à semer la pagaille dans les rangs des malfaiteurs. Apparemment, il n’y avait que Soé qui avait atteint l’entrée de la planque. Du moins, il pensait que les autres ne tarderaient pas, aussi prit-il l’initiative de s’avancer seul et de faire un repérage avant que ses compagnons ne le rejoignent. Un homme seul serait toujours plus discret, et Soé, malgré sa taille, était d’une souplesse et d’une légèreté remarquable. Parfois seulement, on entendait le son d’un cliquetis provenant de son matériel tridimensionnel.

Cela faisait plusieurs minutes qu’il avançait contre la paroi, dans l’obscurité de la grotte. Une silhouette se dessina sur un pan de mur. L’ombre d’un individu. Soé se figea, s’assura qu’il était seul, puis brandit ses lames.

« Pas un geste ou je te plante là où t’es mon gars ! »

Soé avait bondi tout en mettant en garde cet individu. Il s’attendait à tout, sauf à voir une silhouette de petite taille, comme un enfant, mais beaucoup plus baraquée et surtout avec de la barbe et des tatouages sur le visage. Il n’avait jamais vu de personne de cette taille, proportionnée de cette façon. Il pensa d’abord à une blague, justement un enfant qui se serait déguisé. Mais par quel miracle aurait-il pu élaborer un déguisement aussi complexe ? La taille d’accord, mais la carrure, la barde, les tatouages, la taille du crâne, les muscles des bras, le ventre et la poitrine d’un homme et non ceux d’un enfant… Soé eut un instant de perplexité et d’incompréhension, très visible sur son visage.

Il tira une grimace encore plus visible lorsque l’individu se mit à lui répondre. Quoi ? Elfe ? Hein ? C’était quoi ça ?
Soé commençait vraiment à croire que tout ceci était une vaste blague.

« C’est quoi ça ? Et d’abord TOI qu’est-ce que tu fais là, gamin ? » répondit-il sur une voix d’agacement, semi-agressive. Le soldat était complétement déboussolé. Il en oubliait son environnement. Si quelqu’un venait, pour sûr que les deux lascars n’y verraient rien tellement ils étaient éberlués par l’un et l’autre. « C’est quoi ce bordel ? C’est une blague ? »

Une blague ou… Une ruse.
Soé se remit en garde. Et si c’était un coup des malfaiteurs ? On ne savait pas ce qu’ils cachaient dans leur planque. Si ça se trouvait, c’était un super lieutenant ou même pire… Le chef de leur gang. Il se cachait là, dans ces labyrinthes et menait ses hommes et ses plans à bien, en sécurité ici. Introuvable. Il ne savait pas par quels moyens cet individu avait une telle apparence, mais il se doutait que c’était peut-être pour tromper sa vigilance. Il recula d’un pas ou deux, mettant un peu plus de distance entre lui et le marteau, soudain beaucoup plus menaçant. On ne savait jamais si l’autre décidait de l’attaquer d’un coup.

« Tu n’auras pas ce que tu recherches. C'est peine perdue avec moi. » gronda Soé, en fronçant les sourcils, sous-entendant que c’était inutile qu’il cherche à le tromper. Il était loin d’être stupide, du moins le pensait-il (la réalité c’était qu’il était assez naïf quand même). Ici il ne pouvait pas voltiger à l’aide son équipement tridimensionnel. Il n’avait que ses lames, et son corps. Il fallait sortir d’ici au plus vite.

L’autre de petite taille commença à bouger dans la pièce malgré la menace des lames de Soé. Visiblement, il n’en avait rien à faire de lui. Le soldat était assez décontenancé pour baisser ses armes un instant. Il lui demandait s’il avait ce qu’il cherchait, mais comment pouvait-il l’avoir s’il ne savait pas ce qu’il cherchait ? Il l’attaqua prétextant ne pas avoir le choix et parlant du miroir qu’il venait de regarder sur le mur.

Le marteau s’abattit sur les lames du brigadier. Malgré sa petite taille, le bougre avait de la force. Soé était grand. La différence de hauteur était difficile à gérer. Il avait l’impression de se battre contre le Caporal Livaï. Même Erika semblait plus grande.
Bon, il exagérait peut-être. Erika était vraiment petite.

Les passes d’arme s’accélérèrent. Soé se mouvait souplement sur le sol. Sauter par-dessus son ennemi était d’une simplicité enfantine. C’était vraiment déroutant.

« Je sais pas de quoi tu parles ! »

Alors qu’ils s’échangèrent un nouveau coup, ce fut à Soé d’être du côté du miroir, un court instant. Ce fut suffisant pour qu’il se rende compte qu’il était gravé de dorures. La carte du labyrinthe ! Il pouvait voir des points particuliers, qui devaient être d’autres planques. Il lui fallait absolument ce miroir.
Le soldat redoubla d’effort pour combattre son adversaire.

« T’y toucheras même pas d’un poil de ta barbe ! »

Les échanges s’enchainaient et ils ne faisaient plus vraiment attention à leur environnement. Aussi fut-il pareillement surpris lorsque le miroir et le mur se fissurèrent. Merde, merde, merde. Décidément, rien n’allait ici. L’étranger s’approcha des miettes de verre, en pleurant. « Tout ça n’a aucun sens… » marmonna le soldat.
L’autre lui reprocha tout ceci. Soé sentit ses joues chauffées. Et puis quoi encore ?

« Je le voulais aussi ce miroir ! Fais pas genre t’étais pas au courant ! »

Il était bougrement bon ce comédien. La pièce tremblait de plus en plus. L’autre était si costaud qu’il allait faire s’effondrer l’endroit. Soé regarda le plafond. « Bah moi je me tire ! » Il prit la fuite dans un des couloirs attenant la pièce. Il n’avait aucune envie de rester crever ici.

L’attendre ? Et puis quoi encore ? Non mais sérieusement, il en avait sa barbe (ce vilain jeu de mots) de cet endroit et de ce type. Où était le reste de son escouade ? Alors que Soé courait dans un couloir en espérant que ce soit le bon chemin et en s’éloignant du prochain éboulement, le petit gars le rattrapa et l’obligea à s’arrêter en lui tirant la manche. Tiens, il lui tapait plus dessus maintenant ?

« Non mais je veux pas régler mes affaires avec toi, t’es juste un taré ! »

Il manquait plus qu’une petite pique et Soé devint rouge colère. Le soldat s’arrêta net et se retourna pour faire face à l’autre individu, lui barrant la route et arrêtant sa course.

« Bizarre ?! Mais t’es sérieux là ? Y’a que toi qui est bizarre ici ! D’où tu sors déjà, avec ta grosse barbe, ta taille de minus et ton foutu miroir ?! » cria t-il en désignant le morceau que Walgrimm tenait dans sa main.

Il n’eut pas le temps de rajouter quelque chose. L’autre lui proposait de faire alliance. Dans le fond, Soé commença à entendre des bruits de pas et des voix graves. Des ennemis approchaient, surement attirés par le bruit et les tremblements. Soé tendit une main vers le petit homme.

« Vite, le miroir ! »

Avec, il espérait pouvoir trouver un chemin, si les restes de plan correspondaient à l’endroit où ils se trouvaient. Ou à la pièce qu’ils avaient visitée. Peu importait, un indice suffirait. Peut-être une rose des vents. Soé pouvait se débrouiller d’un rien. L’autre avait raison finalement : sortir d’ici, se disputer après. Même si au fond, le soldat voulait juste se débarrasser de cet énergumène qui commençait à lui taper sur le système à le traiter d’elfe à tout bout de champ.

Mais il n’allait quand même pas négocier un morceau de miroir le bougre ? Alors que des ennemis approchaient, qu’ils étaient dans de beaux draps, ils n’avaient franchement pas que ça à faire. Le nain, puisqu’apparemment c’est ce qu’il était, se décida enfin à tendre le morceau de glace à Soé, qui s’empressa de le prendre en lui jetant un regard agacé. « C’est qu’un miroir... Franchement, je comprends pas pourquoi tu y tiens tant, vu ce à quoi tu ressembles. » Ouais, c’était un peu gratuit cette remarque.

Soé posa ses yeux sur les gravures. Pendant que l’autre pensait à des dessins d’enfant, lui voyait très bien un morceau de carte. Qui apparemment, n’était pas l’endroit où ils étaient. Merde. « C’est pas des dessins c’est… » Des ennemis apparurent et le nain tira Soé dans un recoin. « … C’est une carte. »

Le soldat prit une direction, en faisant semblant de savoir où il allait. Après tout, ils finiraient bien par tomber à l’endroit indiqué par la carte et s’y retrouver ainsi. Si seulement ils avaient pu garder le miroir entier… Il pressa le pas, le nain essayant de lui reprendre le morceau de glace.
Il y parvint quand ils tombèrent sur des ennemis, nez à nez. Pfiouh, un petit coup de sa grosse paluche sur la main de Soé, il perdit le miroir. Satané nain, qui commençait à s’enfuir. Le soldat lui partit après, n’ayant pas le temps de réfléchir à une autre solution.

Il put le rattraper sans trop d’effort, même s’il courrait très vite malgré sa petite taille. Soé tenta de lui reprendre le morceau de miroir des mains, mais il ne put qu’accrocher que le barbe de Walgrimm. « Rends-moi le miroir, stupide nain ! » A force de bataille, ils ne virent pas le fil de pêche tendu devant leurs jambes.

Clic. Boum.
Une explosion retentit, faisant lâcher le miroir à son propriétaire actuel. Soé bondit sur la gauche pour éviter l’éboulement. Il perdit de vue le nain. Il put à peine passer un coup devant ses yeux contre la poussière que des hommes le reprirent en chasse. L’air se fit plus frais. Une sortie, toute proche. D’autres soldats. Sauvé.

Spoiler:

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