Blys - Mlle Lormys & M. Blake [Saint-Valentin]

Clandestinité

Une enveloppe au différent sceau, un dessin jadis vu, mais ma mémoire fait soudainement défaut. Peut-être que le coursier a échangé certains papiers, avec cette curiosité, on ne me reprochera pas de l’avoir décachetée? Assise sur mon fauteuil en cuir, un petit parchemin à la senteur fraîche d’une fleur cueillie de bon matin se tient entre mes doigts. Mon nom y est bien inscrit, une invitation pour ce soir, ce qui ne laisse pas grand temps pour se préparer. Certes, rencontrer une personne mystérieuse est un événement des plus alléchant, comment refuser. J'espère seulement ne pas être devant un ange, ça poserait problème.

Quelques sautillements pour me rendre devant ma garde-robe, mes mains se baladent entre les vêtements en réfléchissant au prétendant. Ces paumes pourraient être ailleurs en fin de soirée, ce ne serait pas de l’abus avec un consentement. Le saint Valentin, chrétien gentil selon les humains. Sur ce rond rouge de cire, un cupidon, voilà cette image. Je ferai abstraction entre le martyr et l’amour, laissant également mes armes dans cette boîte cachée. Cette robe sera parfaite, d’un noir ébène pour faire ressortir mes cheveux toujours aussi rouge feu. Un dessus en cœur, fini corset sans bretelle. La soie descend jusqu’au sol, une ouverture qui commence sur la cuisse droite pour séduire les hommes. Un peu de fards à paupières ainsi qu’un rouge à lèvres bourgogne. J'allais presque oublier les talons hauts aiguille. Le tout qui attend sur le lit, j’essaie de ne pas trop sourire, ça pourrait être suspect si je croise Dragon pendant le jour.  

Au début du coucher de soleil, je suis prête à m’évader du palais telle une prisonnière. Qu'on veuille, avec toute la volonté, ouvrir et fermer ces portes est quasi impossible sans le faire en silence. Peu importe, je ne suis pas idiote. Il sait déjà que je serai à l’extérieur dans deux minutes, le temps de passer par cet escalier sans pouvoir sortir mes ailes. La direction choisie lui est manquante et je ne crois pas qu’il me fera suivre cette fois-ci. Ponctuelle comme à l’habitude, on retire mon long manteau de fourrure à l’arrivée, les escarpins qui raisonnent dans la pièce lorsque le valet désigne la table attitrée. Je commande du champagne, aussi bien s’amuser dès le départ malgré la seconde chaise vide. D'ailleurs, un doux tissu noir avec des paillètes blanches recouvre mon visage. Il laisse sortir mes yeux émeraude, mon joli sourire ainsi qu’une joue aux reflets roses. Attaché sous les cheveux, il ne pourra tomber seulement au même moment que la robe. Accoudée, la poitrine penchée vers l’avant en tournant l’index au-dessus de la flûte, je regarde vers l’entrée.  

Codage par Libella sur Graphiorum

Mystique

En regardant autour, les personnes de tout genre commencent à remplir la pièce. Ce n’est une date qu’on n’oublie pas habituellement, pour les humains surtout qui croient en un amour fourbe. Des cadeaux, la plupart des fleurs, une rose rouge dénudée de ses piquants sur la belle tige. Lorsqu'on la prend dans les paumes, il faut toujours faire attention à ne pas se couper les doigts, un malin plaisir à son ennemi. Mais bon, ce ne serait jamais suffisant pour un être aussi méchant que moi-même. De ce que je sais aussi, ce sont les hommes qui, en cette Saint-Valentin, en donnent aux femmes. D'une simple formalité, je ne m’attends pas à en recevoir, ce serait très cliché. En balayant l’endroit du regard, je suis la seule à porter un masque, concluant donc que mon invité n’est pas arrivé pour l’instant.  

Malgré quelqu’un qui se déplace du comptoir, encore plus grand si je me trouve à ses côtés, avec escarpins. Le menton levé, les yeux fixant les siens, il est l’unique au masque. Un loup, si je ne m’abuse à voir de loin. Peu de démons prennent la voix afin de chanter, comme si c’était un interdit. Et pourtant, ce prétendant en possède une singulière, qui en ferait chavirer plusieurs. Un artiste? En quelle circonstance pourrait-il s’être rendu sur cette terre, dans le néant de sa première existence? Ces questionnements demeurent dans ma tête pour l’écouter avec enchantement. Une nouvelle personne en beauté, tout le contraire de ceux dont je côtoie chaque jour. Ces couleurs en différences des miennes, j’espère avoir assez de temps d’en connaitre plus sur lui, pas à pas devant ma taille droite. Un sourire sincère se dessine sur mon visage à demi caché, laissant ce gentleman s’exprimer.

-Vous vous cachiez avant de confirmer mon arrivée? Bien joué, avec une performance assez surprenante, je dois l’avouer. Vous êtes pardonné, même si je ne suis pas une femme qui se fait attendre. Le choix de chanson est des plus exquis, la tenue également.  

Le suivant des yeux jusqu’à sa chaise, j’approche sa coupe de champagne de mes doigts finement manucurés, d’un vernis bordeaux. Les jambes croisées, j’approche mon pied sans le toucher pour le moment. En tant que démone, les humains nous réservent souvent des surprises, parfois les confusions et surtout, des sensations inattendues. Afin d’en savoir davantage, les contacts sont retenus. Je laisse planer les mystères, entre autres nos prénoms. Comme si, ni l’un ni l’autre le mentionne, un jeu d’excitation s’installe. La carte du menu arrive, sauf qu’il est plus intéressant que la nourriture elle-même.  

-J'imagine un artiste à multi talents? Chanteur, poète, quoi de plus?

Codage par Libella sur Graphiorum

Liberté

Pour une de ces premières soirées sur Damned Town, qu’en sera-t-elle des autres à venir? Elle ne fait que commencer et mon cœur, comment dire, prend un souffle plutôt rapide. Pourquoi juger une telle entrée en vigueur qui ma foi, est sans doute la première reçue. Du haut de mes deux cents ans, il semble que les humains seront toujours spectaculaires avec leurs sens uniques à chacun. Des compliments, certainement accueillants bien que pour lui, ce sera peu touchant. Il ne veut pas lancer le piège vers ma poitrine, un homme qui s’y connait. Garder sa tête haute lui laissera les idées claires, du moins à moitié. Ça me fait tout de même sourire en coin, puisqu’il prend cette décision de son plein gré, avec raison.

Qui vit d’amour et d’eau fraiche, un semblant de comparaison. Si ça le rend si heureux, pourquoi pas. Mais comment vivre ici, de ce métier. Est-ce raisonnable? Il faut croire que oui. Les artistes dans son genre sont probablement identiques, donc creuser plus loin est futile. Le regard enjôleur est contagieux, je ne peux m’y réduire à sourire.

-J’espère qu’après minuit tapante, ce sera encore enivrant. Je n’ai pas à deviner que vous êtes merveilleux, ou désirable si vous voulez. Ce n’est pas un masque qui va définir particularisme.

Son verre posé sur la table, ma paume se rend directement sur le dessus de sa main. Peut-être que j’en dis trop – ou pas. Ma poitrine penchée expressément, je soutiens son doux regard.

-Un peu ce que je vais faire dans quelques secondes. Visiter des endroits inconnus, si vous voyez ce que je veux dire. À gérer une grande entreprise, je suis très occupée. Il faut bien adoucir les problèmes, de là la carte anonyme.

S’entend ses jambes croisées, je mets la mienne par-dessus l’autre, le bout de mon talon sous son pantalon. En même temps, un sourire narquois, l’index le long de la joue pour fixer le serveur, un sourcil arqué mais caché par le masque qui épouse les formes de mon visage.

-Seulement une bouteille de champagne, je préfère manger celui-ci pour l’instant. Revenez plus tard si on est encore là.

Le pied monte doucement, sans regarder les autres autour.

Codage par Libella sur Graphiorum

Coriace

Il faudrait savoir qui est Cendrillon. Ah ces humains et leurs contes de fée! Peu importe, ma main se désintéresse de la sienne tranquillement pour prendre délicatement ma flûte et goûter ce fameux liquide. Pétillant, comme mon prétendant. Son jeu de pieds refuse le mien, sans chigner je replace ma jambe où elle doit se positionner. En tournant ma coupe dans les airs, un sourire mesquin se dessine sur mon visage. Un homme d’envergure et de tendresse donc, quelle compatibilité étrange en une phrase. Un certain pouvoir qui s’exerce contre moi, mais si adorable à déposer mes justesses pour contrer son talent. Qu'il est mignon, sans me connaître il sait jouer avec les flammes. Ce regard descendu était de courte durée, qu’il se gâte pour une fois. Par surprise, un long soupir de mélancolie sort de mes narines lorsqu’il touche ma cuisse. Presque abusif, presque séduisant. Je sais attaquer au moment opportun.

-Mmh, Monsieur sait se faire désirer. Il m’a toujours été facile, pas au début, que tout le monde se plie à mes ordres. Les hommes remplis d’ambitions sont plutôt une espèce en voie d’extinction, et je n’ai pas dit mon dernier mot puisque ce sont ceux dont j’ai toujours eu un profond respect. Vous savez, mon âme est vendue au diable il y a longtemps déjà. La chasse peut devenir alléchante si on y trouve notre compte au final. Un peu comme une découverte inestimable. Vous n’êtes ni le veau, ni la proie, il y a ambiguïté entre nous deux. Il faut croire qu’en cette soirée, il y a un temps pour le diamant brut, le peaufinement qui exprime la fresque ainsi que l’affection. Déceler les mouvements, le décor n’est qu’accessoire.

Un pincement à ma lèvre inférieure afin de flouer son attention ailleurs. Ma paume se tient sur son mollet, le dessous de mon talon sur le bout de sa chaise, entre ses deux jambes. Je relâche le tout, à quoi bon lui faire peur. Toutefois, un sourire sincère se montre.

-On ne me surnomme pas de vipère pour rien. Je sais riposter quand il faut, d’un argument ou l’arsenal fourni. Soyez sans crainte, aujourd’hui n’est que précieuses perles et source d’amour. Je ne peux promettre la fontaine de Jouvence, seulement un des meilleurs moments de votre existence. Vous allez me vexer si vous pointez toujours vos jolis yeux dans les miens. Où il y a de la beauté, aussi bien en bénéficier. À cette table il n’y a que vous et moi. Vous vous souciez de ce qu’on peut dire sur vous? Je ne suis qu’une femme aux allures éclatantes, à l’écoute de son partenaire et confiante. Audacieuse par moment, c’est pourquoi j’aime la tenderie, les surprises. Ici je vois un homme charmant, coloré qui plus est, intriguant avec une pointe de romantisme. Est-ce que j’oublie un compliment primordial?

En attente d’une réponse, mon verre est sur la table, la paume sous mon menton.

Codage par Libella sur Graphiorum

Singulier

En effet, rares sont les fois où je m’y prends par la défense; impulsive je suis. De courtes attaques des deux côtés, ce qui me renvoie le plaisir au plus haut point. Un loup solitaire du soir, la démone qui s’invite dans sa tanière, quoi de plus paradoxal. On n’est pas en temps de guerre, pourquoi s’affoler pour de petites répercussions. Une animosité s’installe, je suis tout ouïe s’il désire ajouter une performance à la hauteur de mes attentes.

-Je ne doute pas vos tentations, loin de là était mon intention de vous offencer. Je comprends surtout que satisfaire sa valentine en cette nuit est de mise, comme pour mon valentin. Des échanges des plus voluptueux, les vagues peuvent terminer en tornade, telles les flammes s’éteindre après de longues heures. Vous savez ce qu’il y a au milieu du cyclone? Il y a l’œil, le beau temps. À ces thèmes entremêlés, peut-être que dans un futur proche nous nous reverrons, ce serait une joie de discuter avec vous, autres que sensualité.

Aucun homme n’aurait tenu ma jambe en cette circonstance. Il détient la braise. Je m’étais calmée quelque peu, histoire de laisser nos langues discuter entre cette table qui nous sépare, et pourtant je me fais prendre à mon propre jeu. Très bien, parfait même. On ose me défier, jamais je ne pourrais me défiler avec autant de panache. Un battement de cœur manquant, le contact de sa main sur le bas de ma jambe est électrisant. Les sourcils froncés, je la laisse tout de même s’agiter doucement, les détails à deviner plus tard. Ce n’est pas une douleur, plutôt un frisson qui remonte tout au long. Une curieuse sensation de chaleur contre une peau aussi chaude. Il a dû s’en apercevoir, et que de farfelu pour un commun accord. Lorsque d’autres partiraient par la peur. Une nouvelle beauté de rencontrer des humains compréhensifs. Seront-ils tous insensés? Le bout du talon fait légèrement pression. Comment diable peut-il se retenir avec autant d’action entre nos paroles. Ce prétendant est vraiment...surprenant.

-Je crois que cette patience ne va jamais se maîtriser. Si vous êtes si dans la hâte de faire tomber cette robe, j'ai aussi une dernière question. Les masques vont demeurer en place? C'est à votre guise, puisque les yeux en mentionnent beaucoup, les gestes davantage.

Le pied retiré, j’y vois déjà mes mains se balader sur ce morceau de peau, ensuite tirer sur cette crinière. Ce contact tellement subtil au poignet, m’est lointain. Effectivement, pourquoi attendre. L’argent déposé sur la table, on m’apporte mon manteau de fourrure qui dévale juste avant le sol. Mes doigts finement entrelacés aux siens, la porte s’ouvre sur un sourire diabolique.

Codage par Libella sur Graphiorum