Epreuve 7 : Solo Ciseau – Épreuve de la cité : La part d'ombre
« Vous le redoutiez, vous le craigniez : le pire est arrivé. En ce jour désormais maudit, vous avez péché et enfreint les règles, qu’elles soient propres à votre société, à votre famille ou à votre moralité. La damnation semble vous guetter. Mais qu’avez-vous donc fait ? »
Dans cette épreuve, dans un texte en deux parties, vous décrirez d’abord la faute commise. Puis, dans un second temps, vous emprunterez une autre perspective pour décrire ce qui s’est passé et y introduire une autre lecture de l’événement. Vous pouvais changer de style d’écriture, de ton, de point de vue, écrire avec un autre personnage ou raconter la première histoire tout autrement, à vous de trouver le procédé qui vous sied le mieux. Parfois les premières impressions sont trompeuses et l’on devient trop prompt à juger les comportements sans en connaître toutes les subtilités. La deuxième partie du texte devra permettre de lire entre les lignes et de comprendre différemment le péché commis, de s’interroger sur son bien fondé, de le remettre en question. De mettre en lumière sa part d’ombre.
Rapide mise en contexte : Milan est issu d’une famille de yakuzas dans laquelle il ne s’est jamais senti à sa place, étant beaucoup trop doux et gentil pour ce milieu. Suite à des évènements tragiques dans sa ville d’origine (Sendai) il a été arrêté par les forces de l’ordre dans l’espoir de faire tomber une partie de l’organisation. Suite à cela, il a pu changer de vie en changeant notamment d’identité et d’apparence, avant de rejoindre Kobe pour refaire sa vie. Ce rp se passe à ce moment critique de sa vie (il a alors 18 ans), d’abord du point de vue de Milan, puis de celui de son père, qu’il accuse toujours de tous ses maux. « Alors… Si je vous donne des noms, je serai libre ? Et vous vous assurez qu’ils ne me retrouvent pas ? »Les yeux rivés sur mes chaussures, je suis face à cet inspecteur. Une montagne de muscles, aussi impressionnant par son physique que par son mauvais caractère.
« J’ai dit que je t’aidais à changer d’identité pour que tu puisses reprendre ta vie en main. Pour le reste, à toi d’être suffisamment malin. »Reprendre ma vie en main. Ces mots raisonnent douloureusement en moi. Second fils d’un chef yakuza, je n’ai jamais pu choisir la voie que je voulais emprunter. Toujours obligé d’obéir aveuglément à mon père ou à n’importe quel autre homme de la famille. Sous peine de représailles violentes.
« D’accord. »Alors à violer l’une des lois les plus importantes du clan, la fidélité absolue, ce ne sont pas juste quelques coups de bâton que je risque. Mais je suis à bout. Plus de vingt jours que je croupis dans cette cellule, à supporter l’autre baraque qui ne cesse de me répéter à quel point je ne suis qu’un minable tout en me crachant sa fumée de clope au visage. Vingt jours et toujours pas la moindre nouvelle de mon père. Ce ne serait pourtant pas si compliqué pour lui de me faire sortir.
Oui, tout est de sa faute. C’est lui qui m’a abandonné en premier. Je sais bien que je n’ai jamais été un fils à la hauteur. En comparaison de mon frère, je ne suis qu’un moins que rien. Lui, il est fort. Brutal. Fier. Je le déteste. Parce qu’il est tellement à l’aise dans ce milieu. Alors que moi, je suis si faible. Un vrai trouillard. Incapable de faire du mal à une fourmi sans en faire des cauchemars pour les nuits à venir.
« Bravo. Je savais que tu prendrais la bonne décision. Tu n’es pas comme eux. Tu n’as rien à faire là-bas. Encore moins en taule. »Non, c’est sûr, je ne survivrais pas longtemps en prison. Et c’est exactement ce que je risque en ce moment. Tout ça parce que mon père, encore lui, voulait absolument que je me charge d’une transaction qui a été interceptée. A tous les coups il le savait. Oui, ce serait logique. Le moyen le plus simple de se débarrasser de moi sans bafouer son honneur. Personne ne se plaindra de mon absence.
Je serre les poings, ravalant les larmes qui me montent une nouvelle fois aux yeux. Je le déteste. Je le déteste. Je le déteste. Alors pourquoi est-ce que ça fait si mal de se sentir abandonné ? Et pourquoi est-ce que j’ai si peur ? Je devrais être content de pouvoir partir. Disparaître de leur vie. Faire enfin mes propres choix. Décider de quelle sera ma voie. Mais pour faire quoi ? Et comment ?
Je suis mon bourreau dans les couloirs du commissariat jusqu’à une salle toujours aussi lugubre que celles que j’ai connu ces derniers jours. J’ai les entrailles en vrac. J’ai envie de vomir. Ma vue est toute brouillée. Les sons alentours me paraissent affreusement lointains. Brouillons. Pourtant, je m’assois calmement. Je me concentre sur ma respiration. Et c’est avec une assurance que je ne me connaissais pas que je livre finalement les informations qui peuvent aussi bien assurer ma perte que mon salut.
« C’est tout ? D’après nos infos il y avait plus de monde impliqué. »« Je vous l’ai déjà dit, cette attaque ne venait pas de chez nous. Pas que je sache en tout cas. Mais en vous concentrant sur ces gars-là, vous diminuerez grandement la criminalité tout en réduisant les forces de frappe. Ils sont toujours envoyés sur le terrain, vous n’aurez pas de mal à trouver un motif pour les mettre derrière les barreaux. »Voilà. C’est fait. Je n’ai donné que les noms de ceux que je ne supporte vraiment pas. Les plus extrêmes. Les plus violents. Je ne pensais pas avoir mauvaise conscience. J’espérais que ce poids qui me comprime la poitrine s’envolerait. Mais non. Il est toujours là, plus présent que jamais alors que la liberté est à portée de mains. Je vais quitter Sendai. Je repars de zéro. Pour aller où ?
J’ai peur. Papa.