Sujet: Epreuve 6 - NO HØPE Sam 12 Fév - 18:37 | |
| Epreuve 6 EnoncéSolo Mezzo – Epreuve 6 : « Quoi ! De la Neige en été ? » La routine et le quotidien sont des piliers de stabilité qui permettent à tout être sain d’esprit de chercher une cohérence dans le chaos de l’univers. Mais parfois l’imprévisible vient bousculer la monotonie d’une vie bien rangée, où rien d’étrange ne se passe. Même les esprits les plus obtus se laissent déstabiliser par les plus improbables coups du sort et en viennent peut-être même jusqu’à rêver d’un monde où le champ des possibles est illimité. Qu’en est-il de vous ? Quelle serait votre réaction face à l'inexpliqué ? Cela ne vous laisserait pas indifférent, loin de là, je me trompe ? Entre effroi et extase, le fossé est immense et les nuances nombreuses. Pourtant, vous voilà emporté dans une bulle hors du monde, où seule votre propre conscience peut vous hanter. Dans cette épreuve, un phénomène se produit (imposé) et génère une profonde réflexion chez le personnage qui le chamboule intérieurement. Dans cette parenthèse onirique, il ressent de fortes émotions et se perd dans ses pensées. Cette introspection peut le conforter dans des choix passés ou le confronter à ceux qui restent à venir. Cela peut également concerner une situation, une personne, un souvenir ou s’axer autour d’une émotion précise et puissante. Ce qui est sûr, c’est que votre personnage en sortira changé, avec son lot de certitudes… ou de doutes.
/!\ Attention, le phénomène surnaturel en question est transitoire, de l’ordre de quelques secondes, et agit comme élément déclencheur des réflexions. Lorsqu’il se termine, tout revient à la normale, laissant alors planer le doute sur la véracité de l’instant vécu.TypeÉpreuve sur 1 jour : (samedi 12 février 00h00 au dimanche 13 février 23h59) Il s’agit d’un Solo légèrement corsé, bref une variante du Forte. En effet, chaque champion devra poster un unique texte de 1500 mots maximum, pour répondre au sujet de l’épreuve. Mais ici, le joueur devra réaliser la veille un lancer de dé ici qui lui imposera 3 thématiques. Lors de la révélation de l’épreuve, le joueur comprendra avec l’énoncé la manière dont il aura à exploiter la thématique. Il aura en effet à choisir parmi l’une des trois contraintes tirées au sort, afin de l’exploiter dans son texte selon les aides de l’énoncé. Les deux autres ne serviront pas, et seront en quelques sortes des roues de secours afin que le joueur puisse choisir la thématique qui l’inspire le plus. Nous considérons en effet que l’épreuve n'est pas facile, c’est pourquoi nous te suggérons trois contraintes mais à terme tu n’as besoin de n’en garder qu’une seule, celle qui t’inspirera le plus. Énigme (VI) : Comprenez-vous cette rage qui m’anime devant leur beauté ? |
| Le Corbeau Œil avisé Messages : 113 Âmes : 59 Date d'inscription : 11/10/2020
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Sujet: Re: Epreuve 6 - NO HØPE Dim 13 Fév - 23:46 | |
| La porte de la chambre claqua, se refermant dans un coup sec qui semblait résonner dans les oreilles de la jeune femme comme un écho désagréable. La respiration difficile, l’Hawaïenne s’empressa de rejoindre ce qui lui servait de salle de bain. Elle prit appui sur le rebord du lavabo pour observer son reflet alarmé dans le miroir. Son regard embué de larmes dégageait un état de panique presque palpable. Le sourire éclatant que Kaïa arborait habituellement s’était fané. Un rire nerveux et entrecoupé de sanglots lui échappa, tandis qu’elle s’observait d’un oeil critique.
“Tu es bien trop naïve ma pauvre…”
Elle passa une main dans sa longue chevelure bleutée avant de se cacher de son reflet, redoutant de se retrouver face à ses erreurs, ses désillusions, face à elle-même.
“Qu’est-ce que je suis censée faire maintenant…?”
On pourrait la croire folle. Peut-être le devenait-elle ? Cette île n’avait aucun sens. Leur présence non plus. Et la perte de leur mémoire encore moins. Les derniers événements avaient achevé de convaincre la membre du Conseil de la dangerosité de cet endroit. Il fallait partir, coûte que coûte. Accélérer les recherches à ce propos. Faire tout son possible. Encore. Toujours. Toujours plus.
Dans un geste las, elle tenta de chasser ses larmes avant de se laisser choir contre le mur adjacent, les yeux fermés, son dos percutant un peu trop fort la surface porteuse. La pièce trembla légèrement sous l’impact tant les murs étaient fins et un lourd fracas ne tarda pas à se faire entendre. Dans un sursaut, ses paupières se rouvrirent d’un coup et un cri à la fois plaintif et surpris lui échappa. Ses iris se verrouillèrent sur l’origine de tout ce vacarme et l’Hawaïenne resta interdite l’espace d’un instant.
À ses pieds gisait le miroir précédemment accroché au-dessus du lavabo. Il n’en restait à présent que des morceaux éparpillés. Kaïa porta ses mains à sa bouche et ses pleurs redoublèrent d’intensité tandis qu’elle se laissait glisser au sol. Elle fixa du regard le miroir brisé avant de se recroqueviller, plongeant son visage dans ses genoux, ses longues mèches bleues cachant de part et d’autre les larmes qui roulaient sur ses joues ébène.
Sept ans de malheur. Voilà ce qui l’attendait maintenant. C’était ce qu’on disait en tout cas lorsqu’on brisait un miroir. La jeune femme ne savait même pas si elle devait y croire ou pas. Tout ce en quoi elle croyait avait été remis en question depuis son arrivée sur l’île. Même les choses les plus élémentaires ne l’étaient parfois plus. Comme l’objet en verre qui venait d’éclater en des milliers de petits morceaux, Kaïa avait la sensation que son âme se fissurait peu à peu. Elle jeta d’ailleurs un oeil discret aux éclats de verre sur le sol qui lui renvoyaient cette image fissurée d’elle-même.
Sept ans de malheur. N’était-ce pas déjà assez d’être coincée ici ? Sans souvenirs ? Sans l’ombre d’une porte de sortie ? Elle ne savait même pas qui elle était. Bien sûr, il y avait la Kaïa qui s’était construite depuis ces quelques années sur l’île, mais qui était-elle réellement ? Personne ne pouvait le dire. Pas même elle. Qui était la jeune femme avant d’arriver ici ? Était-elle une bonne personne comme elle aimait le croire ? Quelqu’un d’odieux ? Faisait-elle une différence dans ce bas monde ? Ou n’était-elle qu’un petit point parmi les autres dans le vaste univers ? Avait-elle une famille ? Des amis ? Des gens qu’elle aimait et qui l’aimaient en retour ? Était-elle aussi seule qu’un goéland survolant la mer ? Tant de questions. Tant de questions sans aucune réponse.
Sept ans de malheur. Cela voulait-il dire qu’elle ne trouverait aucune réponse, aucune issue à ce mystère durant encore sept ans ? Non. Comment pouvaient-ils survivre encore sept ans dans cette prison dorée ? Sur cette île où la brume pouvait les engloutir chaque jour qui passait, cette brume pouvant leur infliger des cauchemars et des blessures bien trop réelles pour n’être que des illusions. Plus que jamais depuis son arrivée, elle voulait partir d’ici. Elle voulait découvrir la vérité. Découvrir sa véritable identité. Qui elle était. Avant de se perdre définitivement elle-même.
Dans un mouvement rageur qui ne lui ressemblait pas, Kaïa abattit son poing sur les débris les plus proches d’elle, s’entaillant légèrement la main au passage. Sans faire attention au léger filet de sang qui commençait à perler, elle serra ses doigts contre son coeur avant de redresser la tête pour la laisser reposer sur le mur derrière elle, les yeux dans le vague, fixant un point invisible sur le plafond décrépit. Elle resta ainsi un moment, les minutes défilant sans qu’elle n’en ait réellement conscience, puis l’Hawaïenne finit par soupirer. Elle ferma les yeux une nouvelle fois, le temps de se calmer, de reprendre sa respiration. Depuis quand se mettait-elle dans des états comme ça ? Tout le monde comptait sur elle. Elle ne pouvait pas se laisser aller. Pas maintenant.
Quelques longues inspirations plus tard, la jeune femme rouvrit enfin les yeux et inspecta avec délicatesse sa main blessée. Ses prunelles s’écarquillèrent alors lorsqu’elle se rendit compte que la blessure avait complètement disparu. Elle fronça les sourcils et posa ses paumes au sol avec précaution pour pouvoir se relever. Précaution inutile puisque le sol était immaculé, vierge de tout éclat argenté. La panique refit alors surface tandis que Kaïa avait réellement la sensation de devenir folle. Le miroir. Les débris de verre partout. Son reflet fissuré. Son poing entaillé. Elle se redressa aussi vite que possible et s’appuya contre le rebord du lavabo. Lorsqu’elle releva la tête, le miroir était là, accroché au mur, comme s’il n’avait jamais bougé.
“Comment…?”
Elle eut un mouvement de recul, dans l’incompréhension la plus totale. Elle fixa l’objet avec méfiance. Était-elle encore en train de rêver ? Était-ce encore une oeuvre de la brume ? Fatiguée, désabusée, Kaïa passa finalement une main lasse sur son visage. Elle s’aspergea un peu d’eau froide pour tenter de reprendre ses esprits et décida de s’éloigner de cet objet de malheur, quittant la salle de bain.
L’esprit encore bien confus, elle se laissa tomber sur son lit tandis qu’elle tentait de ne pas repenser à ce qui venait de se passer. Tout cela était-il réellement arrivé au final ? Elle n’en avait aucune idée. Cette île lui faisait perdre la raison. Allongée sur les draps, elle ne savait plus où elle en était. Tout ce qu’elle savait c’est qu’elle était fatiguée. Terriblement fatiguée. Morphée ne tarda d’ailleurs pas à l’emmener, faisant taire l’espace de quelques heures les innombrables tribulations qui la tourmentaient. |
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