[EVENT] Lune Rousse - Maximilien Blake

Ma foi, quelle nuit mes petits chéris. Je suis tout bouleversé par tant de tension dramatique. Cette lune rougeâtre est cible de tout les fantasmes et les miens sont toujours si oniriques. La muse même de la création s’est elle penché sur mon berceau afin de me donner toutes ces inspirations. Encore une fois il est possible que le fan club ne puisse s’en remettre. Combien de lettre d’amour vont encore m’attendre à l’ouverture de ma boite aux lettres demain matin ? Nul ne le sait encore, mais me voilà pourtant sur cette place maintenant désertée de toute vies. Le froid et les ombres m’entourent et m’encerclent, prêts à me dévorer de leurs crocs acérés et impitoyables. Mais que peuvent il bien faire contre ma personne, j’irradie et je rayonne tel un soleil au Zénith. Et ma chaleur se propage à tout être à mon contact comme une trainée de poudre flambante jusqu’au bouquet final de mon existence, ce show perpétuel que je donne.

Et dieu que cela contrarie cette obscurité avec qui je mène cette danse sans fin. Alors elle se rit de moi, me nargue, mais que compte-t-elle obtenir ? Mon abandon ? Ma reddition ? Que nenni ma chère, ce spectacle est voué à se jouer pour encore bien des années et ce n’est pas vous mes chères ténèbres qui sauront y mettre fin. Ce soir c’est donc dans les ombres rougeâtres que doit se jouer une fois de plus un spectacle dont je devrais en repousser les limites. Ce spot d’un nouveau genre qui trône fièrement au sommet de la voute céleste. Prête à écraser et dominer tout ce qui aura l’audace de lui faire l’affront de soutenir sa lumière cramoisie, effaçant la couleur sanguine des victimes de la nuit, les laissant comme de simples endormis. Et pourtant me voici face aux éléments, qui me hurlent leurs hostilités, leurs animosités.

Nous ne voulons pas de toi, ce monde n’a pas besoin de ce que tu es, ni ce que tu apportes, ta lumière comme ta personnalité sont factices et ces artifices ne te sauverons pas, ni toi, ni les habitants. Tu es seul petit homme, et nous t’écraserons de toute notre puissance toi qui ose te tenir entre nous et la peur que nous suscitons chez les petites souris à présent toutes réfugiées dans leurs tanières.

D’un sec claquement de talons je met fin à ces inepties sans fins et je bondis avec une grâce féline sur le bord de la fontaine. Armé de mon seul masque contre lequel les éléments eux même semble avoir grief. C’est face aux ciels écarlates et aux ombres vacillantes que je mènerai mon spectacle ce soir. Et du haut de mon promontoire improvisé, j’écarte mes deux bras grands ouverts et je m’offre aux splendeurs du voile nébuleux qui nous surplombe. Et je lui offre ma plus belle révérence, que le spectacle commence.

-Bienvenue, bienvenue mes chères brumes ésotériques et autres fantasmagories déterminées à me tenir compagnie en cette soirée hors du commun. Cherchez-vous donc à m’écraser ? Ou à m’intimider ? Quoi qu’il en soit je vous reconnais votre persévérance. Alors observez moi, armé de ma persona. Je ferai la démonstration de la quintessence même du mot onirisme. Je ne suis certes qu’une farce, une fraude et même un vulgaire petit homme qui n’a rien d’autre que sa prétention et son ego. Et je ne suis rien face à de tels déchainements, et dans l’ordre naturel des choses, je devrai m’enfuir, courir me cacher, car que peux donc faire un homme quand tout espoir semble perdu et que la réalité nous rappelle amèrement sa dureté amère ?

C’est la main derrière l’oreille que je fais mine d’attendre une réponse de ce public lugubre, mais bien évidemment c’est le silence du froid hivernal qui accueille mes clameurs et mon monologue.

-Comme à l’accoutumé mes chères amphigouriques détracteurs, vous êtes prompt aux reproches mais avares de réponses. Mais je vais vous épargner pour cette fois la corvée de vous dévoiler. Je vais vous dire pourquoi je ne rampe pas devant vos cruelles critiques qui tourmentent les esprits des hommes depuis la nuit des temps. C’est parce qu’il y a une chose que vous ne pourrez jamais écraser, qui vous résistera encore et toujours face à vos assaut déloyaux et vils. Vous ne pourrez jamais écraser les rêves des hommes, ces passions qui embrassent les ténèbres les plus noires, qui repousses les idées les plus sordides. Et les hommes comme moi, les porteurs de masques, nous sommes les gardiens et les protecteurs de ces rêves, de cette étincelle. Je ne suis peut-être que quelqu’un de faux, mais j’ai moi aussi un rêve, celle de rassembler l’humanité, de la voir se rassembler et s’aimer, danser et s’amuser. Ma lumière est peut-être un artifice, mais l’illusion est l’essence même de ma profession et je peux vous assurer une chose. Si le chatoiement qui émane de ma personne est une chimère, la chaleur qui nait dans le cœur des gens, elle, les embrassera comme n’importe quelle autre. Alors regardez-moi, la fraude avec son masque, l’humain raté, le monstre d’égo qui a échoué.

Je porte alors ma main droite à ma poitrine et je ferme les yeux, quelques larmes viennent se loger aux coins de ceux-ci et je laisse ma douce voix s’élever dans les air pour entamer une lente mélopée.

Musique:

Mais ce serait mal connaitre votre serviteur que de penser que je me contenterai d’éponger des larmes en cette nuit de tourments. Ce chant est une ode à la vie, à l’accomplissement de ses rêves et de ses ambitions. En ce moment de ténèbres je rayonne et personne, pas même les ombres les plus noires ne m’empêcherons de répandre le sourire et la joie. Personne n’empêchera le grand Maximilien Blake de chanter et danser en l’honneur de l’humanité tout entière. Et c’est essoufflé du haut de ma scène de fortune que je conclus ce chant par une révérence.

-Alors surtout…Regardez-moi.