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Arrivée imprévue || Cameron R. Ross

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MessageSujet: Arrivée imprévue || Cameron R. Ross Arrivée imprévue || Cameron R. Ross  EmptyJeu 27 Fév - 21:12



Hermine & Cameron
« Arrivée imprévue »
Je me suis réveillée sur les marches de ce qui semblait être une mairie, le cœur battant, et l’esprit défaillant. Ne plus me souvenir, à ce point-là, cela ne m’arrive pas souvent, pourtant quand je passe mes doigts dans ma chevelure, je ressens encore cette douleur étrange, dérangeante. Elle démarre du bas du crâne, pour remonter et s’arrêter au centre de ma tête. Je grimace légèrement, avisant les lèvres qui bougent sans s’arrêter face à moi. Je ne perçois ma sa voix, ni même les mots qu’il prononce, il semble rire par moment et je ne peux que me questionner sur ce qu’il y a d’amusant dans ma situation. Mes doigts s’enroulent par réflexe autour de la tasse de café fumante, j’ai cette étrange boule qui se forme dans mon bas ventre, mon regard fuyant cherche à s’accrocher à un élément connu, mais tout me semble si différent, si trouble. Le silence soudain finit par stopper ma fuite visuelle, alors que celui qui est mon interlocuteur à sens unique m’avise de haut en bas, provoquant cette multitude de frissons désagréable le long de ma colonne vertébrale.

Il semble attendre, sans que je ne comprenne quoi, mou souffle est court, faible, alors que je ne parviens pas à me souvenir ce que je fais là et comment je suis arrivée par ici. Comme pour me rassurer, je positionne à de multiples reprises les éléments se trouvant sur la table, jusqu’à obtenir la position parfaite. Cela m’apaise une fraction de seconde à peine, jusqu’à l’inconnu de la situation me frappe une nouvelle fois. J’avale une gorgée, avise ce parfait inconnu aux mèches qui ne tiennent pas en place avec cette hésitation à me relever pour sortir la brosse de mon sac et remettre l’ensemble en place. C’est sa voix qui vient m’arracher un hoquet de surprise alors que mes yeux se fixent une nouvelle fois sur ses lèvres. Il me demande mon nom et prénom je crois, et j’hésite à donner un faux nom, une force étrange me pousse pourtant à être honnête.

- «  Hermine, Hermine Delorme je suis psychologue… Je devrais rentrer, mon mari et mes enfants vont s’inquiéter. Merci pour le café. »

Au moment où je me lève, je sens ses doigts s’enrouler autour de mon poignet. L’instant d’après, je suis dans mon propre souvenir, celui où ma demeure brûle devant mes yeux et où mon hurlement raisonne encore dans mes tympans. Assise une nouvelle fois sur la chaise, j’observe celui qui ne doit pas comprendre le visage horrifié qui imprègne les traits de mon village alors que je m’applique à canaliser mon palpitant battant à exploser dans ma poitrine. J’avale une gorgée, refusant d’accepter cette cruelle réalité, refusant de croire en cette réalité. Lui a repris la parole, d’une voix qui me semble plus douce, comme s’il prenait des pincettes, comme s’il voulait se faire protecteur. Qu’il commence à déjà bien se peigner avant d’essayer. Je tais mes pensées, tâchant de ne pas rentrer dans cette réserve que je connais très bien. Je l’écoute cette fois, sans pour autant comprendre ce qu’il me dit. On ne peut pas mourir ici ni partir.

- «  C’est une prison ? » m’offusquais-je en cherchant les caméras « Je suis en prison, c’est ça, c’est une nouvelle forme de prison, une expérimentation c’est ça ?! » ma voix restant dans une mélodie harmonieuse, bien qu’entrecoupée par des souffles de stress.

Il secoue la tête et je ne parviens pas à déterminer s’il s’agit d’une réponse positive ou négative. Je passe le reste de ses explications à chercher un indice, à chercher mes souvenirs, à tâcher de me remettre en mémoire mon jugement, celui qui m’aurait envoyée ici. Rien. Le néant. Puis il se lève, alors instinctivement je fais de même, je le regarde jette quelques pièces sur la table et je ne peux m’empêcher de compter pour replacer l’ensemble dans une petite pille en fonction des chiffres. Il s’est éloigné en me faisant un signe de la main et murmurant un à bientôt, m’incitant à me rendre à la mairie. Je me suis surprise à presser le pas pour devenir son ombre. Je n’allais pas abandonner le premier visage que j’avais découvert, hors de question de me perdre dans mes pensées. Peut-être étais-je en train de rêver. Il m’a détaillé de ce regard particulier, me piquant dans mon orgueil et m’obligeant à le repousser, esquissant un sourire pincé d’une assurance que je n’avais absolument pas.

- «  À la prochaine ! » ajoutais-je simplement en glissant mes mains dans mon dos « Si jamais, je vais prendre un cabinet ici, je suis une bonne psychologue » affirmais-je en cherchant une carte que je ne trouve pas.

Il se met à rire de cette manière désinvolte qui m’agace et s’éloigne. Sur l’instant, je ne sais pas trop quoi penser de cet homme. J’avise la multitude de demeure, de maison, sans reconnaître l’ensemble, sans trop savoir où je me trouve. Mon esprit est encore endolori, embrumé de cette étrange manière. J’ai froid, alors je glisse sur mes épaules la petite couverture qui ne m’appartient même pas. Jamais aurais-je acheté un ensemble de cette qualité, même si je ne la reconnais pas, elle ne me semble pas parfaite. Je refais le chemin inverse, avisant derrière moi ce café qui semble devenir un point de repère, quelque chose de désormais connu, un peu rassurant. Le reste, je crois que je ne me souviens plus trop, mais j’ai fini par être en bas des marches, les fameuses marches. J’ai regardé le ciel, puis la porte, comme si elle représentait un monstre, un terrifiant monstre.

J’ai fini par monter l’ensemble, avant de la pousser et de me retrouver dans un bureau face à une femme dont j’ignorais tout. Après un bref interrogatoire, après m’avoir expliqué que j’étais ici parce que j’avais pêché, je m’étais relevée, carte en main et clé de ma nouvelle maison. Elle avait voulu me retenir un peu, brièvement, m’expliquer sans doute, mais je ne pouvais plus rien entendre. J’avais l’impression qu’on se fichait de moi, de ma tête, que l’ensemble était une mauvaise plaisanterie. Descendant plus brusquement les marches, j’en avais perdu mon plan, alors que par rage je l’avais froissé pour ensuite chercher à le défroisser du bout des doigts. Un coup de vent et plus de plans, de carte. Un bref regard en arrière, je me refusais de retourner voir cette folle aux propos incohérents, dommage que je n’avais pas de carte sur moi, j’aurais pu au moins lui en proposer une, lui offrir la première consultation.

J’étais face à la statue étrange, alors que la pulpe de mes doigts effleurait l’écriture, les lois que l’on m’avait désormais répétées à deux reprises. Mes sourcils s’étaient froncés pour la énième fois, étrangement, alors que mes lèvres entrouvertes laissaient une nouvelle fois échapper un souffle fragile.

- «  Où suis-je bon sang… »

Mes pieds reculent alors que j’avise l’imposante silhouette qui ne me paraît même pas belle sur l’instant. Objet de décoration, fantasme, prison, rêve. L’espace d’un instant, je voulais bien croire volontiers que j’étais morte, peut-être finalement, peut-être étais-je dans l’incendie moi aussi ? Instinctivement j’étais venue me pincer la peau du dos de ma main, ressentant la douleur comme si elle était réelle.  J’avais reculé encore et encore, jusqu’à heurter une silhouette masculine, sursautant, pivotant, je le détaillais avec horreur.

- «  C’est monstrueux… » soufflais-je en le dévisageant, sans être certaine que je parlais de ma situation ou de celui que j’avisais toujours.

Silencieuse, hormis ce mot échappé comme un appel au secours, je reculais d’un bref pas, prête à me défendre tout en ayant conscience que j’en étais incapable au vu des tremblements de mes mains. Je n’arrivais pas à identifier la couleur de ses cheveux, abîmé a vu d’œil était-ce du rose que je percevais au bout. Du Rose… j’avais presque envie instinctivement de lui replacer les cheveux. Ses habits me semblaient sombres, si sombres et puis la multitude de bijoux bas de gamme ne me donnait pas nécessairement envie de m’approcher bien au contraire.

- «  Vous êtes qui… » questionnais-je simplement « J’allais rentrer chez moi » fis-je en montrant d’un geste de la main un endroit abstrait « Vous savez comment, enfin, comment on part d’ici ? » concluais-je juste au cas où.
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MessageSujet: Re: Arrivée imprévue || Cameron R. Ross Arrivée imprévue || Cameron R. Ross  EmptySam 29 Fév - 19:13

Hope for the Underrated Youth ♪ YoungbludclickCameron R. Ross
Ft. Hermine Delorme
« Je vous plains alors, Monsieur Fogg, car l'isolement est une triste chose. Quoi ! Pas un cœur pour y verser vos peines. On dit cependant qu'à deux la misère elle-même est supportable encore ! » Le Tour du monde en quatre-vingts jours, Jules Vernes
C’est d’un pas trainant que tu sors de la bibliothèque, une pile de livres dans les bras. Il est encore tôt, neuf heures n’a même pas sonné et pourtant tu es déjà dehors, dans le froid matinal de l’automne. Plusieurs longues semaines se sont écoulées depuis ton arrivée à Damned Town. Ou serait-ce des mois ? A vrai dire, tu n’en as aucune idée, tu as un peu perdu la notion du temps dans cette ville hors du monde. Il faut dire aussi que ton rythme de vie est tellement aléatoire qu’il ne te permet pas vraiment de suivre assidument les cycles jour et nuit de manière normale. La preuve en est que tu es debout en ce moment et que bien que le soleil ne se soit levé que quelques heures auparavant, tu es en revanche éveillé depuis bien plus longtemps. Il devait être minuit lorsque tu as émergé d’un sommeil de plomb, secoué de cauchemars terrifiants desquels tu étais soulagé de t’enfuir. Tu t’es occupé toute la nuit durant, patientant que l’heure soit plus propice à sortir et que la lumière du jour fasse à nouveau son apparition.

On a pu apercevoir ta silhouette voutée s’aventurer dans les artères de la ville, sortant de ton appartement le nez dans une écharpe sombre, les mains dans les poches d’un bomber en simili cuir et ton regard accroché au bout de tes vans. Tu as parcouru les quelques centaines de mètres qui séparent ton appartement du centre-ville pour rejoindre la bibliothèque. Cela fait maintenant un petit moment que la lecture est devenue ton passe-temps de substitution. Désespéré par ta condition dans ce paysage maudit où toute trace de technologie moderne a disparu, tu te lamentes encore de ne pas avoir d’ordinateur pour noyer ton ennui. Il fallait absolument que tu canalises tes pensées brouillonnes qui se demandent toujours ce qui a bien pu t’arriver pour débarquer dans cet endroit étrange. Le manque de ton frère et la nostalgie de ta vie passée étaient des souffrances bien trop présentes pour que tu te laissasses aller à fixer le plafond de ta chambre en attendant que les jours passent. C’est bien ce que tu as fait au départ, avant que le monticule de mouchoirs remplis de larmes près du lit ne t’alerte qu’il était temps de reprendre un minimum de contrôle sur les événements.

Un instant de réflexion t’a finalement poussé à te réfugier dans la lecture. Tu t’es donc rendu à la bibliothèque pour y écumer les rayons à la recherche d’une histoire assez prenante pour te sortir de cette dépression menaçante. Tu as jeté ton dévolu sur le livre d’un certains Jules Vernes qui t’a raconté comment un homme du nom de Phileas Fogg a fait le tour du monde en quatre-vingts jours, dont la vieille reliure pourpre avait attiré ton regard. Tu as rêvé à ton tour de parcourir à nouveau les horizons terriennes le temps de la lecture. Trois jours plus tard tu es retourné te perdre dans les rayonnages et retrouver la plume de l’auteur qui cette fois t’avais fait voyager dans les profondeurs de la terre puis celles de la mer, à la rencontre du professeur Lidenbrock et du capitaine Nemo. Ces expériences littéraires ont été si concluantes, réussissant à t’arracher un peu de plaisir mais surtout à occuper suffisamment longtemps ton esprit torturé que tu as décidé de passer en revue l’intégralité des romans de science-fiction de la bibliothèque.

C’est donc les bras chargés de quatre ouvrages que tu longes la ruelle. Tes pas t’éloignent de la librairie pour te conduire sur la place publique. Tu croises peu de résidants, Damned Town est calme. L’agitation citadine de Chicago te semble bien lointaine et cette ville perdue arbore toujours une quiétude presqu’inquiétante pour toi qui as toujours eu l’habitude de vivre dans les klaxons des voitures, les sirènes de police et le brouhaha des passants qui caractérisent l’ambiance urbaine sonore quotidienne.

On n’entend que le chant des oiseaux, le vent dans les arbres et le tumulte humain s’est transformé pour laisser distinguer chaque pas fait par un habitant à proximité. La cité ne grouille pas, les gens y serpentent calmement, en silence, certainement tous plongés dans leur propre introspection nostalgique, trop occupés à se poser mille et une questions sur leur existence passée, ses erreurs et ses impasses. Trop accaparés par cette éternelle interrogation : est-ce qu’un jour je pourrai la retrouver, cette vie ?

Une fois près de la fontaine surplombée d’une statue au centre de la place que tu traverses de toute sa longueur, une femme te rentre soudain dedans. Son dos vient heurter ton coude, perdu dans tes pensées, tu ne la vois pas arriver et tu te laisses surprendre. Tu fais tomber un des livres et un juron s’échappe d’entre tes lèvres. Tu te penches pour le ramasser et jettes un œil à l’inconnue qui vient de te bousculer, recréant la scène parfaite de la rencontre du futur couple d’un film pour adolescents.

- C’est pas vrai ! Faites gaffe où vous allez bordel ! lâches-tu machinalement en te relevant, avant de te reprendre. Enfin, je veux dire… Pardon, je réfléchissais à un truc et je ne vous ai pas vue, vous devriez faire attention à…

La blonde te regarde de ses grands yeux bleus épouvantés, s’exclamant d’horreur. Tu suspends ta phrase en la fixant. Tu fronces les sourcils et jettes un œil incrédule autour de toi, t’attendant à voir surgir une créature monstrueuse mais c’est bien toi qu’elle dévisage avec tant d’effroi. Tu la détailles une seconde ; ton esprit critique l’associe à un pnj random de jeu vidéo. Elle est d’une banalité écrasante avec son chignon tiré et ses vêtements sans réelles couleurs. Une trentenaire fade comme il en existe des milliers. Elle t’ennuie déjà. Tu l’observes d’un air perplexe alors qu’elle recule d’un pas, ses mains projetées vers l’avant tremblent et elle semble en proie à une crise de panique. Tu te demandes l’espace d’un instant si elle croit que tu vas t’en prendre à elle, si tel est le cas tu ne comprends pas pourquoi.

- Vous êtes qui… J’allais rentrer chez moi. Vous savez comment, enfin, comment on part d’ici ?

Elle pointe du doigt une rue derrière toi. Cette femme est complètement paumée. Tu fronces à nouveau les sourcils, ne voyant pas où elle veut en venir. Sa dernière question résonne comme si elle cherchait à s’échapper de la ville. Mais alors pourquoi préciser qu’elle s’apprêtait à rentrer chez elle ? Pendant un instant tu ne comprends pas ses paroles. Puis tu tournes la tête vers la mairie, devinant qu’elle vient sûrement d’en sortir, d’où son expression figée dans la peur et son attitude paniquée. Tu en déduis logiquement qu’elle vient d’arriver.

- On ne peut pas partir d’ici, expliques-tu d’un ton grave.

D’un geste mal à l’aise tu montres la mairie qui trône fièrement à l’autre bout de la place et les lois inscrites dans la pierre. Tu te remémores ton réveil sur ces marches, les émotions confuses et nombreuses qui t’avaient assailli à ce moment où tu réalisais avec difficulté et douleur que tu étais coincé ici.

- Vous sortez de la mairie ? Vous venez d’arriver c’est ça ? demandes-tu d’une voix mal assurée.

On lit sur ton visage une moue désolée. Ton naturel froid s’efface quand tu comprends ce qu’elle est en train de vivre. Tu ne peux pas rester insensible face à sa détresse. Selon les circonstances dans lesquelles on atterrit dans la ville du pêché, c’est plus ou moins difficile à encaisser.

Un faible vent balaie ton visage et tu remontes le tissu chaud de ton écharpe sur ton menton. Tu n’oses pas bouger, de peur de l’effrayer davantage alors tu attends simplement qu’elle se calme et reprenne ses esprits. Tu ignores comment tu vas bien pouvoir l’aider mais tu n’imagines pas la laisser plantée là, seule au beau milieu de la place après ce qu’elle vient certainement d’apprendre. Peut-être aura-t-elle des questions ?

Dans le jardin, une autre fleur a poussé ce matin.  
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MessageSujet: Re: Arrivée imprévue || Cameron R. Ross Arrivée imprévue || Cameron R. Ross  EmptyDim 1 Mar - 14:42



Hermine & Cameron
« Arrivée imprévue »

Faites gaffe ou vous allez bordel. Je reste sans voix, me demandant si j’ai bien perçu ce que j’ai perçu, comme si je pouvais être responsable de la maladresse des autres. J’avise le sol et les quelques ouvrages qui traînent et si j’aurais pu souligner les lectures intéressantes de celui qui vient de tester la nouvelle technique de rentre-dedans, prenant la technique au pied de la lettre visiblement, je n’en fais rien. Je ne suis pas responsable de la collision, du moins, une femme comme moi ne peut pas être responsable de ça. Alors que lui, il suffit de le regarder pour supposer que cela doit lui arriver à de nombreuses reprises. Je reste de ce fait immobile, attendant sagement que ce qui me semble être une tempête passagère ne passe.  Je sens les picotements dans mes doigts, alors que les battements de mon cœur ne parviennent pas à se stabiliser, l’ensemble des trop nombreuses informations obtenues depuis mon arrivée ici n’ont de cesse de rentrer en collision dans mon esprit. Je ne peux pas croire les propos de celui qui m’a offert un café ni de la charmante –et hideuse- femme de la marie, je ne peux pas croire que les mots que j’ai pu lire pourtant de mes propres yeux sous l’imposante statue. J’ai beau chercher les caméras de mon regard fuyant, j’ai beau reculer d’un pas avec la certitude que celui qui est devant moi doit être un dealer, une racaille, ou un membre d’une bande de malfrats du coin, je ne parviens pas à trouver de solutions à ma problématique.

Je veux rentrer chez moi. C’est pourtant simple à comprendre, simple à envisager, il suffit de me donner une carte, une voiture et je n’aurais cas suivre le trajet. Mais non. Chaque personne que je rencontre me répond avec la même certitude profonde que c’est impossible. Impossible n’a jamais véritablement fait partie de mon vocabulaire. J’ai dû me pincer les lèvres, conservant contre moi les clés d’une demeure qui a l’air de désormais m’appartenir, mais dont je ne sais même pas où elle se trouve. Je le dévisage encore, lui qui me fait horreur et qui me semble avoir oublié quelque part les règles d’harmonisation d’un look. Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir, oui, avec lui l’espoir, c’est certain qu’il a pris ses jambes à son cou. Je n’ose même pas laisser traîner mon regard sur ses bijoux ni sur sa chevelure qui mériterait bien un peu d’entretien, avec une brosse au minimum. Mon regard s’écarquille quand il parle, comme si j’étais surprise qu’un être aussi médiocre soit en mesure de le faire.

- «  On ne peut pas partir d’ici » répétais-je comme dans un état second, outrée « Vous n’avez TOUS que ce mot à la bouche, on ne peut pas, on ne peut pas et pourquoi diable on ne pourrait pas ?! Qui nous en empêcherait en plus ? C’est une prison ? Non. Une condamnation, non, je ne suis pas au courant d’avoir été jugé de quoi que… »

Mes lèvres finissent par se pincer dans cette amertume étrange, malgré la dureté et l’incompréhension de mes mots, ma voix est restée dans cette forme de douceur, de ce calme bien trompeur. La sonorité ne se perd pas dans les graves ni dans les aigus, elle reste dans sa tonalité habituelle. Je me suis faite plus silencieuse, alors que je dévisage désormais le bâtiment que je viens de quitter, la mairie, puis que j’avise une nouvelle fois les fameuses Lois qui me semblent aussi farfelues que tout ce que j’ai pu entendre jusqu’ici. Il me demande si je suis nouvelle et j’ai bien envie de lui répondre le plus spontanément possible « bien vu Sherlock », mais je m’abstiens. Nouvelle, cela ne veut rien dire pour moi, on est nouveau dans une classe, dans un groupe, dans une activité, mais dans une ville. Je n’ai pas choisi de venir m’installer ici, je ne suis pas nouvelle, je suis juste sur le départ ? Je ne sais pas quoi lui répondre, alors je ne dis rien, je me contente de me pincer davantage les lèvres, de le dévisager avec toujours plus de colère au fond des yeux.

- « Non » fis-je simplement « Je ne suis pas nouvelle, je n’ai pas dans l’idée de rester ici » affirmais-je avec cette détermination sans faille « Pourquoi, je ne pourrais pas partir ? C’est inutile de me regarder avec cette mine désolée, cette ville n’est tout de même pas différente de n’importe quelle autre ville ! » concluais-je comme pour me donner raison.

Je prends une profonde inspiration, longue, intense, alors que je pivote légèrement sur moi-même avec la sensation que le sol va se dérober sous mes pieds. Je ne comprends pas ce qui m’arrive et je semble submerger par tout ça, sans pouvoir contrôler, réguler ce mélange étrange de sentiments qui vient me noyer. Je coule à pic sans être même plongée dans un liquide et ma propre presque noyade de l’enfance me paraît soudainement plus douce. Je sens mes dents venir ronger nerveusement mes lèvres, alors que j’ai juste envie de secouer ce parfait inconnu, de le remuer comme je n’ai jamais remué personne pour qu’il m’explique, pour qu’il me prouve, pour qu’il avoue que tout ceci n’est le fruit que d’une mauvaise plaisanterie. L’idée même d’être morte m’a effleuré l’esprit à plusieurs réponses, cela expliquerait pas mal de choses, notamment mon incapacité à me souvenir de comment je suis arrivée ici. Je réalise l’image que je dois refléter, je réalise que je ne maîtrise rien et je change finalement de méthode, sans parvenir pour autant à me calmer.

- «  Je suis Hermine, Hermine Delorme » fis-je en tendant une main vers lui « Psychologue et ancienne médecin, je… je viens en effet d’arrivée » tentais-je rentrer dans son jeu, persuadé d’avoir affaire à un quelqu’un ayant un trouble mental, comme tout les autres, unique possibilité réaliste à laquelle je voulais me raccrocher « Vous êtes ici…depuis longtemps ? »

Je tâchais de me reprendre, je devais me reprendre et si personne ne voulait me dire la vérité, j’allais bien finir par la découvrir de moi-même. Il ne fallait juste pas céder à la panique, ne surtout pas céder à la panique. J’avais fini par me pencher pour récupérer un ouvrage, la déposant sur la pile qu’il devait encore tenir entre les mains. Une bibliothèque devait être dans le coin, mais lorsque mes prunelles scrutent autour de nous, je ne la remarque pas.

- «  Est-ce qu’on pourrait reprendre en rentrant un peu plus dans les détails s’il vous plaît ? » questionnais-je avec ce faux sourire maladroit sur les lèvres « Pourriez-vous m’informer un peu plus que les éléments offerts par la charmante dame de la mairie… je ne pourrais que vous en être reconnaissante, mh? »

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