Meeting's Shop [Ft. Itsuke Daichin]

Meeting's Shop

 



J'entends les pas du jeune humain s'approcher de ma position. Je me terre sans faire aucun bruit, évitant même de respirer trop intensément. Mais Itsuke ne reste pas très longtemps près de moi. Déjà, le voilà qui s'éloigne. Il ne m'a donc point trouvé...
Je lève un peu la tête. Les alentours sont déserts. Le silence est entrecoupé de claquements de talon. Il faut dire que les sons se répercutent avec aisance dans la cathédrale. Itsuke ne revient toujours pas. Soit, je vais lui donner un petit coup de main.

Je traverse le bâtiment, en veillant à renverser un chandelier et quelques cierges, et à frapper du pied violemment durant ma course. Je sais que j'ai attiré l'attention du jeune homme, car des pas de courses résonnent derrière moi. Vite, le toit !
Escaliers en colimaçon et longs couloirs plus tard, j'ouvre la vieille porte en bois qui donne au sommet de ce lieu. Des rayons brûlants m’accueillent au dehors. Je ne m'attendais pas à autant de lumière. Je m'écarte de l'encadrement de la porte de sortie, et laisse le temps à mes yeux de s'habituer à la clarté du jour. Le vent s'engouffre dans mes cheveux, les soulevant et les laissant scintiller sous l'action de l'astre d'or. C'est si agréable de retrouver l'extérieur.

Itsuke ne tarde pas à me rejoindre, essoufflé. Il débute une phrase sans vraiment la terminer. En effet, ses yeux s'émerveillent face à l'immensité du paysage qui nous entoure. Discrètement, je me glisse derrière lui, et patiente un peu. Une forte bourrasque de vent nous submerge, et j'en profite pour claquer la porte. Ainsi tout semble naturel. Avec une rapidité exemplaire, je verrouille la serrure avec une épingle à nourrice - ces vieilles portes sont faciles à crocheter - puis feint de sursauter.



Et tandis qu'Itsuke se retourne pour vérifier la porte, j'accroche l'épingle à l'intérieur de ma manche. Plus de preuves, plus de crime...
Je tourne la tête vers Itsuke et, une expression angélique arborant mon visage, lui demande d'une voix douce et enfantine.



Soudainement, la cloche de la cathédrale retentit, diffusant sur le toit des vibrations intenses qui me font perdre l'équilibre. Je risque de tomber si je ne m'accroche pas vite à quelque chose, ou quelqu'un... Je m'approche du bord dangereusement et feint d'être à la limite de la chute.

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Itsuke ne voit rien venir. Il tombe dans mon piège, comme un animal blessé glisserait dans un trou sans fin. Il se jette sur moi et m'agrippe de son grand bras, afin de m'empêcher de glisser. Son visage n'arbore plus une expression émerveillée, ses traits se sont fermés, et un sentiment de haute colère déforme désormais son visage. Mes yeux s'écarquillent et de fines larmes viennent dévaler mes joues rondes. Je sanglote, encore sous le choc de ce qui vient de se passer. La peur crispe mes muscles, et mes bras enlacent le corps de l'humain.



Mon visage se colla au torse d'Itsuke, mouillant le tissu de mes larmes simulées.



Mes yeux se plongent dans ceux d'Itsuke, et mon visage tout à coup, semble se décontracter. Ma frimousse s'approche de celle du jeune humain, maladroitement. Ma respiration est saccadée, pour laisser croire à une forme d'affolement mais il n'en est rien, je sais parfaitement ce que je fais. Mes lèvres rosées, douce comme l'innocence et le miel, se collent à celles de mon grand-frère. Un court instant, mais juste ce qu'il faut pour laisser une empreinte de la saveur de mes lèvres à mon ami, ainsi qu'unesurprise. Un doux parfum sucré et gourmand. Je m'écarte un peu, et un grand sourire ornant mon visage, je lui chuchote.



Et mes doigts s'entremêlent dans la mèche rouge d'Itsuke.

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Mon coup réussi, je feins d'écouter les dires du jeune humain, m'expliquant au combien le baiser n'est point à prendre à la légère, et soulignant l'importance de ce geste dans les relations humaines...
De toute façon, j'ai pu l'embrasser, là est le véritable pivot de mon plan diabolique. Désormais, la machine est en marche, les évènements qui suivront s'enchaineront naturellement. Je n'ai plus besoin de manipuler ce jeune humain, peut-être même n'aurais-je plus besoin de le rencontrer. Soit, Itsuke se lève et se jette sur la porte à plusieurs reprises. Enfin, elle cède, et nous descendons tous les deux les marches. Je reste prêt de lui, mais sans le tenir ou le coller. Je préfère jouer le petit garçon attristé, venant de se faire disputer, histoire de ne pas briser ma couverture. Si bien que gravir les marches à contresens se fait silencieusement, sans une parole.

Lorsque nous arrivons au niveau de la salle principale, et avant de sortir de cette cathédrale, je tire un peu sur la manche du jeune homme et cesse de marcher. Ma frimousse est fermée, désolée, je baisse les yeux au sol et ma voix n'est plus que léger gémissement.



Mon visage s'était levé vers lui, et mes yeux arborait à la fois l'amour, la tristesse et le pardon. Mes traits se sont quelque peu déformés et j'exprime tout le potentiel angélique que je peux posséder, en ignorant ses rires sarcastiques.

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Itsuke à nouveau, tombe dans le panneau. Il se penche vers moi et encercle mon petit corps de ses grands bras. Tandis qu'il ne me voit pas, un rictus maléfique se dessine déjà sur mon visage angélique. C'est amusant de jouer avec les humains, j'avais oublié ce détail.

   



Puis il s'éloigne pour récupérer, comme un charmant petit valet, mes chaussures précédemment abandonnées. Il me les rend, et j'en profite pour les enfiler rapidement. Toujours dans son rôle protecteur, il m'indique son intention de partir. Il est vrai que c'est le meilleur moment. Je n'aimerais pas me retrouver dans la nuit, avec un énergumène tel que lui à mes côtés. Mes fidèles sujets trahiraient ma couverture, et ce serait gâcher un travail minutieux d'une journée. Enfin...

Nous sortons tous les deux de la cathédrale, en veillant à refermer au maximum la porte de l'édifice. A la sortie, je m'aperçois que le ciel se fait plus sombre. Je ne saurais dire l'heure qu'il est, mais il est tard. Je câline à nouveau mon grand-frère adoré, et dépose sur sa joue un baiser amical.



Je pouffe de rire, laissant enfin échapper tous ces éclats de rire que j'avais su convenablement retenir. Mon rire est doux, comme celui d'un enfant, et mes joues se rougissent de cette griserie puérile.