Epreuve 5 - UP THE ANTE

Fenrir le bg qui c'est ?:

Samedi soir dans les rues d'Hadès. Fenrir a 17 ans, presque tout juste. Il a fêté son anniversaire quelques semaines plus tôt et compte déjà sur un calendrier dans sa chambre les jours avant son 18ème anniversaire. A ce moment-là, il pourrait se lancer dans le circuit des arènes, comme un grand garçon. Il avait bien tenté de demander une dérogation aux instances de la région, mais elle avait été r’fusée.

Vlà déjà cinq ou six ans qu’il était persuadé d’une chose, il s’rait le futur numéro 1 du classement. On verrait son nom et sa tête partout dans tout Olympus et c’est des McFenrir qu’on boufferait dans les fast-food du coin. Cinq à six ans qu’il s’entraînait sans relâche avec le Mackogneur de son paternel. Cinq à six ans qu’il pensait l’emmener combattre d’autres dresseurs et écraser la concurrence.

Le truc, c’est qu’on peut pas se présenter avec le pokémon d’un autre et qu’son père avait besoin de Mackogneur pour travailler. Il pouvait pas juste se tirer avec pendant une semaine et revenir les deux bras dans l’plâtre et une jambe cassée. Alors, fallait économiser, mettre des thunes de côté et tenter sa chance dans les PokéGacha d’Odyssey.

Premier problème dans l’histoire : Fenrir a pas un rond. Il travaille pas, vit chez ses parents et passe le plus clair de son temps à s’entraîner dans les coins perdus d’la région. Il connaît par cœur les méthodes de survie, peu importe la météo et pourrait s’en sortir dans la majorité des arènes, même sans Pokémon.

Deuxième problème : Bah il aura p’tet pas un pokémon comme Mackogneur. Il pourrait tomber sur une tête de noeud incapable d’écouter les ordres ou pire, un lâche qui fuit le combat comme la peste. Qu’est-ce qu’il pourrait bien faire, dans ce cas là, hein ? Ah, de toute façon, il a pas besoin de se poser ce genre de questions, ses poches sont vides. Juste de quoi payer ses trajets en métro, quand il est pas obligé d’frauder.

Il est pas si tard, peut être 22 ou 23 heures. Dans la nuit, les néons du Boulevard Héra éclairent le sol de la rue d’une dizaine de couleurs différentes. Écouteurs vissés dans les oreilles, Fenrir rentre de son entraînement dans la forêt d’Artio. Les baskets un peu trouées mais la motivation jamais atteinte, il marche le long des artères de la capitale. Il se sent presque dans un film, comme ça. Comme si c’était lui le héros de l’histoire alors que pour l’instant, c’est juste un ado avec beaucoup de rêves à réaliser.

Un truc flash en bas de son champ de vision. Habituellement, il aurait pas fait attention à ce détail. C’est p’tet la fatigue, p’tet son instinct, mais un truc le pousse à aller chercher c’truc qui brille. Comme s'il était attiré par une force supérieure, quoi. Il se penche devant et attrape une pièce frappée du sceau d’Olympus. Juste de quoi se payer un roll dans une bannière, non ?

Prenez ça comme vous voulez. Signe du destin, coup de chance, intervention divine. Mais il est maintenant d’vant une de ces foutues machines ultra colorées et bruyantes et dans la main, la pièce semble brûlante. Comme si il d’vait s’en débarrasser. Avec ça, il pourrait p’tet se payer une nouvelle paire de baskets. Il en a plus besoin que d’un pokémon, non ?

Eh, réfléchir, c’est pour les imbéciles. Sa main a déjà pris le contrôle et la pièce vient d’être glissée dans la fente. Hop, la clef trouve sa serrure et les deux problèmes de Fenrir sont résolus, juste par un coup de chance.

La chance, c’est tout ce qui compte dans cette ville, de toute façon. Faut être un neuneu pour pas s’en rendre compte. Gosse de riche de Zeus ou gamin des rues d’Atlas, face à la boîte magique, on est tous dans la même situation.

Honnêtement, il a pas la moindre idée de c’qu’il fait. C’est p’tet l’adrénaline qui parle, mais il appuie sur la première bannière qui a l’air cool. Il passe son téléphone devant la borne pour qu’on le reconnaisse et le *ding* lui fait étrangement très plaisir. Comme si ça avait été fait pour, même.

Dans sa tête, le ding, ça lui donne des envies de folie. Carapuce ? Ouais, Carapuce serait cool. Il devient Tortank et Tortank, il a des gros bras. Il serait content d’avoir un Tygnon, aussi. Coup de poing, jab, crochet, fin des arènes, numéro uno. Il se verrait aussi bien dresseur d’un Ouistempo. Parce qu’il trouve le petit pokémon très marrant, à faire bonk bonk sur ses bouts de bois.

Le petit jingle se termine et la pokéball tombe dans l’ouverture devant lui. Il prend une grande respiration, puis pose sa main dessus et retire la balle de la machine. C’est parti. Il a tiré son premier pokémon. Il sait pas pourquoi, mais il est stressé. Lui, stressé ? Impossible. Le stress, c’est pour les gens pas préparés et lui, il est préparé à tout.

Sauf à ça.

En appuyant sur le bouton, il découvre son premier pokémon. D’un côté, il avait raison pour le type eau. Mais c’est un Khélocroc. C’est bien loin de la machine de guerre qu’il attendait. Juste pour être certain d’pas faire de bêtises, il prend en photo le pokémon et regarde son appli Pokédex lui en parler.  Khélocrok est un pokémon eau, allure reptilienne, grosse mâchoire qui tape fort. Ok.


“Hey ! Salut p’tit bg. Bon, j’avoue, t’es pas Tortank. Mais t’as une bonne tête. T’sais quoi ? Toi et moi, on va renverser l’game et bientôt, tu s’ra le pokémon le plus cool de toute la région.”


C’est vrai qu’c’est pas Mackogneur. Mais c’est pas mal, nan ? Après tout, il doit être plutôt fort, avec cette mâchoire puissante. Fenrir s’attend à une réponse, mais tout ce qu’il peut bien avoir de la part du pokémon, c’est un grignotage de tibias en règle. L’apprenti dresseur s’écroule en arrière alors que monsieur mord-les-mollets continue son festin. Pas cool, ça.

“Hep hep hep, faut arrêter ! On est part’naires maint’nant ! Si tu t’en prends à moi, comment j’fais pour être sûr que j’pourrais t’défendre, hein ?”

Le pokémon ne répond que par un simple “Khéloooo”. Bon, c’est pas le couteau le plus affûté du tiroir, c’ui là. Tant pis, il f’ra avec. C’te pièce, c’était un signe du destin. Et si ça doit être avec un Khélocrok qu’il ira à la conquête des arènes, alors ça s’ra avec un Khélocrok, par Arceus !

L’truc, c’est qu’il faut le ramener à la maison, maintenant. Alors attrape son sac à dos et le tend à portée du pokémon qui mord DI-RECT dedans. Fenrir garde alors le sac dans ses bras, la petite créature attachée par là.

“T’sais quoi ? T’as l’air bien solide, comme bonhomme. Alors j’vais t’appeler The Rock, parce que t’es solide comme la roche. T’as compris ? Comme The Rock, ehe.”

En plus ça tombe bien, parce que dans les écouteurs qui se sont détachés lors de la chute, c’est du rock bien d’chez Hadès qui pulse. Tout dans c’t’histoire est une boucle et y’a trop d’coïncidences pour que ça soit pas un truc plus fort que lui. Même si y’a pas plus fort que Fenrir.

“Allez, on s’rentre. J’espère qu’t’aimes bien les poffins sucrés, parce qu’on a qu’ça à la maison.”

Khélocrok répond avec un claquement de dents. Ce que Fenrir ne sait pas, c’est que même six ans plus tard, le p’tit croqueur de mollets, c’est dev’nu son meilleur pote. Et que cette pièce tombée par terre, c’était ptet pas juste un hasard, mais la clé du bonheur.