Une ouverture remarquée ? [RP LIBRE]

Bon, je n’ai toujours ni endroit où dormir, ni argent, mais au moins, je suis présentable maintenant, et c’est le plus important. Il ne me reste que quelques billets en poches, mais cela en vaut la peine, comme à mon habitude je suis magnifique. Mes cheveux sont soyeux et plaqués vers la gauche ne laissant quelques épis donner un peu de volume à l’ensemble. Quant à la tenue, j’avais choisi un top à manches courtes rose moulant, coupé en dessous du torse, juste au-dessus de mes abdominaux, recouvert d’une petite veste à manche longue blanche qui s’arrêtait elle aussi au bas de mes pectoraux, fermée par trois boutons dorés. Mes oreilles étaient serties aussi de petites boucles d’oreille en forme de cœurs qui pendaient par un fil depuis mes lobes. Enfin pour le bas j’avais opté pour un pantalon blanc trop large à peine serti d’une ceinture qui laissait entrevoir le haut d’un legging noir et blanc avec une ceinture à carreaux noirs et blancs. Et enfin je portais à mes pieds de petites talonnettes rose fuchsia assorties à mon top.

Modèle pour coiffures de Maximilien:

Modèle pour la tenue:

Mais maintenant le soleil commençait à décroitre dans la voûte céleste et il était hors de question que je passe la nuit dehors. Il devait bien y avoir des chambres d’hôtes ou des hôtels dans cette satanée ville. Mais pour cela il me faut de l’argent, dont je manque cruellement. J’étais habitué dans ma villa à ne jamais avoir besoin de rien et je suis à présent dans le besoin de tout. Je me rappelle alors mes débuts en tant que chanteur, alors que j’étais encore dans mes études. Les nuit dans les bars, les soirées à thèmes dans lesquelles je me produisais toutes les nuits jusqu’à en perdre corps et âmes. C’était une époque innocente et vierge de toutes substance. Moi qui cherchais à repartir de zéro et prendre un nouveau départ. N’étais-ce pas l’occasion parfaite de tout reconstruire ?
Comme mon idée est à mon image, parfaite, je me mets en quêtes d’un bar ouvert qui serai un bon endroit où rebâtir un empire de strass et paillettes à mon effigie. Rien que d’y penser j’en ai des frissons. C’est fou ! Une foule de fan à mes pieds, me vénérant et m’adulant. Quel spectacle grisant ! Cela me manque affreusement, ou sont les autographes, les photos, tant d’indifférence à mon égard est absolument inadmissible et inconvenant. Je suis une merveille du monde et pas un simple excentrique bariolé. Je mérite l’amour et la reconnaissance et si ces imbéciles ne le voient pas, alors je vais leurs ouvrir les yeux.

Je perçois alors au même moment un léger filin de musique qui s’échappe d’un bar « La Eclosiòn ». C’est un nom assez…original ? Mais ce qui attire mon œil ce n’est pas le nom atypique de cet endroit mais la petite ardoise qui est placée à l’entrée : « Grande ouverture : scène ouverte ». Voilà qui est parfais, il n’y a pas de meilleure façon pour moi pour montrer de quoi je suis capable après de la ville. De plus c’est le genre d’endroit fréquenté par les Hipsters qui iront raconter sur tous les toits leur expérience atypique et unique juste pour montrer qu’ils sont tellement à part. Mais ce désir d’être unique je ne pouvais le leur reprocher, surtout que c’est ce qui allait surement me faire ma publicité dans cette ville. D’un œil je vois la file se remplir petit à petit, je me joins à eux afin de rentrer dans ce sanctuaire musical. Déjà je ne peux que relever le bon goût qui se dégage de la musique. Ils ne savent certes pas choisir un nom digne de ce nom, mais vous connaissez l’adage : « Il ne faut jamais juger un livre par sa couverture » et ici si la première impression que donne le café semble amateur tout au mieux. Le contenu lui témoigne d’une expérience et d’un savoir faire qui respire la qualité. Cela titille d’autant plus mon envie de me produire. Je veux danser et chanter ! Laissez-moi rentrer que je fasse un malheur !

J’arrive ainsi devant le videur qui me regarde de haut en bas devant le videur qui me regarde de haut en bas d’un air suspicieux, le sourcil relevé. Suspicieux, mais aussi intrigué. Sans même réfléchir je prends les devants. Je pose mes mains sur mes hanches et les étire vers la gauche.


Il lève les yeux au ciel en faisant une légère moue agacée.


Je souris, amusé, il est dans son personnage de la tête au pied. C’est un professionnel. Cela tombe bien j’en suis un moi aussi.


Ainsi je pénètre dans l’enceinte du bâtiment. L’intérieur était charmant, le personnel un peu moins… Je ne sais pas qui avait eu l’idée de marier un col claudine avec une cravates, mais cette personne avait clairement besoin de leçon de style. Un nœud papillon aurai été du plus bel effet, où encore mieux un ruban, cela aurait accentué le charme féminin des serveuses qui sont toutes très jolies. Là on a une espèce de mélange bâtard entre un fantasme de secrétaire et de serveuse mais ce n’est pas un mélange consentant… Vraiment un fashion faux-pas assez repoussant. Enfin passons, je me dirige vers la serveuse, la seule chose qui peut me faire oublier ce genre d’affront c’est un bon cocktail bien frappé. Je me dirige alors vers la petite blonde qui tiens le bar, ça se voit qu’elle est jeune sur ses traits. J’espère qu’elle est expérimentée, je ne saurai accepter un cocktail bâclé. Mon palais est aussi raffiné que ma personne et j’ose espérer qu’elle saura me satisfaire. Je me penche doucement en face de la jeune femme en lui jetant un regard langoureux. Je tends mon postérieur vers le reste de la salle. Tout le monde a le droit de profiter du spectacle.


Je vais ensuite m’asseoir à une table proche de la scène, je vais prendre le temps de savourer mon cocktail avant de me lancer, voyons d’abord le niveau des autres artistes. J’en profitais pour détailler les serveurs et serveuses, tous sont délicieusement mignons. Dommage que leurs tenues gâchent tout. En retrait je vois un autre bonhomme plus imposant et plus assuré, il semble avoir roulé sa bosse. J’en déduis que c’est le patron, c’est une bonne chose que je l’ai repéré aussi vite, généralement ce genre de personnage ne possède pas qu’un seul établissement au sein d’une ville. Si je cherche à me produire dans les bars pour me refaire une réputation, il faut que je rentre dans les petits papiers de quelqu’un comme lui. Mais pour cela je vais devoir faire mes preuves. Je ne pense pas que ce sera très compliqué. Je suis un artiste hors pair, un interprète à toutes épreuves. Le Numéro 1 du Royaume-Uni.

Ainsi je sirote doucement le breuvage dans mon tumbler et j’observe tranquillement l’évolution de la situation, les clients commencent à affluer, et les serveurs s’activent en conséquence. Mais pour l’instant la scène reste vide. Voyons si cela durera.

Le Sanguinaire était perfecto, la seule chose qui tranche dans ce café c’est l’apparence qui transpire le mauvais gout, du nom à la tenue des serveuse, l’apparence du bar était agréable mais on restait dans du grand classique pour du bar lounge ambiance. Enfin nul besoin de se montrer aussi critique, ce lieu fait parfaitement l’affaire pour sonner la cloche de mon grand retour. Bientôt la ville vibrera sous les basses impitoyables de mes musiques. Cependant, nul ne se précipite au micro et l’ennui commence à se montrer. Et je ne veux pas reprendre un verre, je veux avoir toutes mes capacités lorsque je serai sur scène, quelle plaie.

Les clients prennent doucement places, les femmes rient, les hommes reluquent et les serveuses se bougent. Et moi je suis au milieu de ce petit monde en action empli de lassitude et immobile à souhait.  Les gens sont moroses de nos jours, pas même une personne pour me divertir, toutes les scènes sont d’un banal…La femme jalouse qui va incendier du regard la jolie petite serveuse plus belle et plus jeune parce que son mari la reluque. Quel mal y a-t-il a apprécier de belles choses, que je sache dans une relation monogame il est interdit de consommer, pas de regarder. Enfin tout ceci est hors de propos, ces gens sont là pour boire et rire, les femmes sont menées à la baguette comme si elles ne valent rien et le pire dans l’histoire c’est qu’elles se laissent faire au nom de la « bienséance » et du « politiquement correct ». Quelle tristesse de voir des joyaux de beauté se laisser dépérir et faner au nom d’un amour aussi factice que la montre de marques des hommes qui les réduisent en esclavages. Et inversement combien d’hommes refusent de s’épanouir au nom d’une femme qui les méprisent ? Ils se tuent à vouloir rendre heureuse une femme qui leur en demandera toujours plus. Voilà pourquoi je ne veux rien de sérieux, je suis une bête de scène, moi on ne me mate pas comme un vulgaire cheval.

Remarquant que je laisse de sombres pensées obscurcir mon esprit à cause de l’ennui qui devait se lire sur mon visage. Je décide d’aller tuer le temps en allant admirer les œuvres d’arts, toutes étaient des répliques et on était clairement dans des registres habituels. Du Renoir, Toulouse-Lautrec, Monet, Mannet, Millet…Beaucoup de peintres français du XIXème après une courte observation, en même temps la France à toujours été une grande source d’arts nouveaux et novateurs. Je leurs reconnais bien ça, les français ont toujours été leader d’opinions à travers leur histoire, même si cela à changé après les années 50 où les Etats-Unis sont ensuite passé bien au-dessus. Enfin, cela ne me surprend guerre, ainsi va l’humanité, toujours en changement, toujours en quête de quelque chose de différent et ainsi je dois évoluer, en constant changement tel un virus je mute constamment pour me propager et envahir les gens, mais la seule chose dont j’ai besoin pour me développer c’est de dopamine et diverses endorphines, leurs seuls plaisirs me subjuguent.

Mais l’ennui fait déjà son grand comeback, je venais de faire le tour des toiles et la salle était encore beaucoup trop vide à mon gout. Certes elle est déjà bien bombée, j’aurai à moitié à vue de nez mais Moi, Maximilien Blake, n’accepte que la qualité et je ne me produirai que lorsque cet endroit sera plein et je sais qu’il le sera. C’est une ville relativement petite et ce genre d’événement ne doit certainement pas passer inaperçu. Mais je pouvais bien donner un amuse-bouche à ces gens en attendant que la salle soit remplie. Je reposais mon verre vide au bar en faisant un clin d’œil à la rouquine du bar pour répondre à son « merci » que j’ai lu sur ses lèvres pulpeuses. Et je me dirigeais vers le piano où je m’assois confortablement. Je repère du coin de l’œil le videur qui me montre du doigt en regardant une autre personne dans la salle, l’air interrogatif, en suivant ses yeux j’arrive au patron qui lui fait signe d’attendre. Ses mirettes sont braquées sur moi, je lui fais un léger signe de tête en remerciement. Je me craque lourdement les doigts et je ferme les yeux avant de commencer à jouer.

1ère musique jouée par Maximilien:

Je laisse alors mes doigts courir sur les tuiles noires du clavier emplissant la salle de ces notes emplies de nostalgie évoquant petit à petit ce paysage de clair de lune solitaire au milieu d’une prairie campagnarde dans laquelle ne se fait entendre aucun son sinon celui de grillons arrogants, ces insomniaques musicaux. Les herbes hautes, un peu humides, leurs chatouilles les mollets. Car oui cela leur rappellera leurs jeunes années passées dans l’insouciance et la sécurité, où la nuit portait conseil où était le synonyme de tous les interdits, alors que la vie était simple et seuls soucis que l’on pouvait bien avoir c’était ceux de sa note à l’école ou les parents qui allaient nous gronder. C’est aussi l’époque des premiers amours, les premiers baisers sous Séléné à son zénith. Où la poésie et la romance emplissait nos cœurs et où des jeunes gens se courtisaient noblement laissant les secrets de la nuit couvrir leurs écarts pourtant si naturels. Tant de romantisme et de passion me laissent la larme à l’œil. Je vois aussi l’amitié, celle des jeunes hommes à qui le monde appartient encore qui ne reverront jamais cet âge d’or dont ils ont tant profité, ils sont tous allongés dans l’herbes à rigoler de leurs propres bêtises et filouteries qu’ils ont pu commettre, c’est un songe d’une nuit d’été qui aura échappé à Shakespeare mais qui recèle d’autant de poésie.  Laissant mes doigts se porter par ma passion je fais naturellement à la fin du morceau une transition vers une autre musique plus intense.

1ère musique jouée par Maximilien:

Ici la nuit se fait plus pressante, nous avons quitté la douce prairie pour se concentrer sur la lune à son paroxysme, elle nous scrute, nous perce et transperce de son regard argenté. Face à elle nous ne sommes que de simples livres ouverts, nul secret et nul péché ne saurai lui échapper. Mais son œil et loin d’être malveillant, au contraire, c’est le regard bienveillant et salvateur d’un astre qui est plus ancien que nous de plusieurs millénaires, il a inspiré les artistes depuis des millénaires, les créateurs ont toujours pris la Lune comme sujet de leurs fantasmagories, peintures, musiques, film, poésie, tout le monde se soumet à sa beauté sans pareille. Tel une femme fatale elle déchaîne les passions, mais elle est aussi chaste et pure qu’une jeune vierge. Les Hommes ont toujours voulu flirter avec elle, mais elle si inatteignable, si imprenable, si mystérieuse, si…si…Elle, elle est sans pareil et sans égale. De tous les astres ce sera toujours la plus grande Diva et la plus convoité, son trône est le plus haut et sa splendeur est reconnue de tous. Comment ne pas se prosterner ? Comment ne pas s’incliner ? Face à une telle beauté, qui oserai vouloir lui faire de l’ombre, alors qu’elle-même permet aux mortels que nous sommes de flirter avec les formes brumeuses de la nuit, de danser avec les ténèbres insondables de la nuit, provoquant peur, terreur, fantasme et même amour. Comment ne pas vouloir l’égaler ?

Mes doigts se sont arrêtés net, je suis exalté, la musique classique a toujours ce pouvoir unique de libérer les sentiments et les passions et je suis submergées par celles-ci, je crois que quiconque effleure ma peau à ce moment précis peut me donner un orgasme instantané. Audiblement, tout le monde avait le souffle coupé, car c’est seulement après quelques secondes que la salle fut remplie d’applaudissement, elle n’était pas encore pleine, mais c’était déjà mieux. J’ouvre alors les yeux, je me lève et je m’incline bien bas, une fois, deux fois, trois fois. Je fais ensuite signe à tout le monde de se calmer afin de taire les applaudissements.


Je descends alors pas à pas la scène, jetant un œil à la fois au videur à qui je lève un sourcil fier et sûr, ce à quoi il répond en roulant des yeux et je jette en suite un coup d’œil au patron à qui je fais un signe de tête, je venais de faire un coup de pub à son bar le jour de l’ouverture, j’ai même vu un type sortir en courant, allait il prévenir ses amis ? Littéralement ? Je savais que les téléphones n’existaient pas à Damned Town mais j’ai dit cette phrase par réflexe et par habitude. Cela me surprend au plus haut point. Je retourne m’asseoir à ma table où feu mon Sanguinaire prenait place. J’haranguais une serveuse.


J’observe la serveuse en question, elle avait les cheveux noirs jais, un visage qui me rappelait mon Angleterre natale dans le trait, un nez assez fort bien que joli, des lèvres fines, des yeux d’un bleu profond. Quant à sa tenue, sa chemise et son horrible col garni d’une cravate ne masquait une poitrine que devait faire rêver bien des hommes, ses épaules était tout de même assez imposantes pour une femme mais cela ne lui enlevait rien. Et de sa jupe s’échappait des jambes musclées et harmonieuses. J’étais assis mais elle ne me semblait pas très grande. C’était une belle femme, dommage que son air de pimbèche autoritaire et arrogante gâche un aussi joli petit minois. De plus elle marche comme si elle a un manche à balais à la place de la colonne vertébrale. Je ne sais pas ce qui lui est arrivée pour avoir l’air aussi vexée naturellement mais j’ose espérer qu’elle sera au moins aimable à défaut d’être courtoise.

Et ainsi la serveuse va quérir ce liquide si précieux que ma gorge réclamait avec tant d’avidité. La vérité étant, que je n’étais plus sur Terre, ma dernière dose remontait à plusieurs jours maintenant et les premiers signes de manques commençaient à se manifester, si je voulais un jour guérir de ces besoins, j’allais avoir besoin d’un médecin, en existait-il seulement ici ? Enfin pour l’instant l’adrénaline me maintenait et il ne fallait pas que cela cesse. Je me devais d’être irréprochable pour ma grande première, hors de question que je me laisse aller par quelques bouffées de chaleurs. La serveuse revenait avec mon verre, me tirant de mes pensées.


Je fus surpris par la tournure que pris cette discussion, je ne m’attendais pas à ce que l’on me cite une auteure française de la première moitié du XXème si ma mémoire était bonne. J’avais effectivement dû faire quelques recherches pour un dossier sur le féminisme dans un mineurs de sociologie.


Mais sans même prolonger ce début d’échange, les responsabilités de la jeune femme dont je ne connaissais même pas le prénom, la rattrape et la voilà qui se dirige vers les coulisses. Bien évidemment, qu’il est naïf de ma part de ne pas y avoir pensé. Le patron n’aurait jamais pris le risque de laisser la scène vide toute la soirée, dans les rangs de ses jeunes recrues doivent se cacher de jeunes talents à en devenir. Cela me procure la plus grande joie, la concurrence à toujours été ce qu’il y a de plus sain et de plus efficace pour se dépasser. A moi de me tenir au niveau et de me dépasser encore et toujours. Ce soir encore je vais devoir le prouver, pour mon plus grand plaisir et celui du public déjà présent.

Je porte à mes lèvres mon verre encore intact, et je soulage enfin la sécheresse qui sévis dans mon œsophage. Le liquide transparent apporte soulagement et rafraichissement, je pousse même un petit soupir de délivrance. Allégé de tout tourment. Et ancré sur mon siège j’attend le temps qui passe, la scène reste pourtant vide à ma grande surprise, que peut bien donc prendre autant de temps à la brunette ? Ma curiosité ne fait que grandir à mesure que le temps passe mais aucun moyen de satisfaire cette nouvelle soif qui m’investissait, à la place commence à germer les graines de la frustration. Perdu dans mes pensées je ne vis même pas une autre jeune femme m’approcher lentement. Comme une silhouette apparue de nulle part, tel un fantôme d’une autre réalité.


Je cligne des yeux en relevant les sourcil surpris, elle me tire de ma torpeur dans laquelle je venais juste de plonger. Je la détaille du regard, un peu plus petite que la serveuse francophile. Cependant elle rivalise bien en beauté, des grand yeux bruns encadré par des mèches châtains réunis pour se laisser négligemment tomber en cascade le long d’un dos fin et menu. Pourtant celui soutenait visiblement lui aussi une poitrine opulente, décidément il ne faudrait pas que cela devienne une habitude. Ses jambes en revanches étaient plus fines, plus athlétiques et moins musclées, cette légère disproportion dans sa morphologie lui ajoutait un je ne sais quoi d’attendrissant.  Cependant cet aspect simple n’en était pas moins rafraîchissant comme une brise d’été, cette jeune femme est d’une beauté naturelle louable et nul doute qu’avec un entretien convenable elle aurait été sublime.


Je l’observe d’un regard bienveillant en lui faisant un sourire chaleureux, je lui tends une main avenante pour accompagner les présentations. Je n’ai pas grand-chose à faire et rester focaliser sur la scène n’allait pas m’aider d’une quelconque façon, alors autant profiter de ce genre d’évènements impromptus qui font le charmes d’endroits comme celui-ci. Les nouvelles rencontres à la volée, les verres échangés, les discussions hochant dangereusement entre absurde et philosophie de comptoir. Cette soirée s’annonçait belle et riches en nouvelles rencontres.

La jeune femme répond gentiment à mon invitation en enserrant ma main tendue dans une poignée des plus cordiale. Elle me gratifie aussi d’un sourire enjoué pour répondre au mien. Elle est visiblement de bonne compagnie et à moins d’une bêtise considérable, il semble peu probable que quoi que ce soit vienne gâcher l’échange qui va se dérouler. Mais elle se contente d’abord de me laisser terminer, timidité ou politesse je n’aurai sur dire mais en grand optimiste j’opte pour la politesse. Je l’observais tout en parlant pendue à mes lèvres. Je ne dis pourtant rien de si intéressant mais elle semble boire mes paroles à pleine goulées. Cela n’est pas pour me déplaire, je suis toujours flatté par l’attention qu’on me porte. Cela ne fait que confirmer mon statut de merveille du monde, non pas que j’en aie besoin mais je suis incorrigible, je ne sais pas résister.


Quel joli prénom, je songe. Je n’arrive pas à déterminer son origine mais celui-ci m’évoque l’écoulement paisible d’un ruisseau perdu au milieu de la campagne occidentale comme j’ai pu parcourir dans ma jeunesse. Calme et paisible, simple mais inestimable. Je dissipe rapidement les volutes songeuses qui commençait à s’immiscer dans mes pensées, ce n’est pas le moment de me perdre dans mes fantasmagories, cela aurait été rudement impoli envers la jeune femme. Elle ne semble pas avoir remarqué, elle se contente simplement de sourire, les yeux investit d’une curiosité qui semblait sans borne. Son visage chafouin me fait penser à une petite gerbille. Je trouve ça adorablement attendrissant. Une telle attente de sa part ne me laissait pas d’autre choix que de la combler. Après tout, c’est mon rôle en tant qu’artiste.


Je ne peux m’empêcher de laisser s’échapper un rire un peu moqueur, je ne veux pas être méchant bien évidemment, c’est juste que sa question me laisse coi. Après tout, qui ne connait pas l’Angleterre ?


Nul temps de finir que la salle est plongée dans l’obscurité. Ils veulent déjà lancer les hostilités ? J’espère de tout cœur qu’ils vont placer la barre assez haute pour que je puisse me donner à fond. Pour commencer le choix de la musique me surpris, en effet la décoration était parti sur du jazzy populaire depuis le début, le piano était le bon compromis pour bien démarrer la soirée, mais comme je peux l’observer sur les visages face au chant lyrique qui s’échappe de la bouche de la chanteuse, qui s’avère n’être nul autre que la serveuse à l’air pincée qui m’a servie mon verre d’eau un peu plus tôt. L’assemblée est partagée entre l’ennui et l’incompréhension et même si on entend à l’oreille que la chanteuse manque d’expérience, sa performance n’en reste pas moins admirable et de qualité. Mais le public est impartial, de qualité ou nom c’est lui qui donne le verdict et ici il est sans appel. Quel dommage, je décide ensuite de me concentrer sur l’artiste en elle-même. Sa robe, bien que classique est parfaitement au gout et au ton de l’endroit, cependant son bleu à lèvre est, encore une fois, une offense au bon gout. Elle se prend pour quoi ? Un arlequin ? Un clown ? Quel intérêt de se barioler ainsi le rouge et le bleu se marient mal ensemble, c’est élémentaire. Si encore la robe serait bleue avec du rouge à lèvre. J’aurait accepté. Mais ici ça tranche horriblement. Ensuite vint le grand final, qui est magnifique c’est indéniable, mais la chanteuse ne doit pas avoir été prévenue, sous la surprise elle manque une note et perd l’équilibre un bref instant.  Les chaussures souffrent du même problème que ses lèvres. Je déduis une chose sur ce grand final, il n’a pas été répété, erreur fatale, et puis il n’est jamais bon d’abattre toutes ses meilleurs dès le premier tour, ce spectacle est arrivé trop tôt, la nuit est encore jeune. Résultat de la performance, quelques instants après que la chanteuse soit plongée à nouveau dans l’obscurité, les applaudissements s’élevèrent, mais ni clameur, ni ferveur, voilà qui est bien léger pour un spectacle de cette envergure.


Je reprenais une gorgée d’eau en secouant la tête en signe de déception. C’est toujours dommage de voir ce genre de potentiel gâché par des erreurs de débutant. Je garde sur mon visage ce sourire assuré et confiant et je repose les yeux sur Linnéa.


Je me repose contre le dossier de mon siège en croisant les jambes et en m’accoudant sur mon bras droit, la main sur ma joue. Le bras gauche posé sur mon bassin. La jeune femme ne semble pourtant pas ignorante, elle a attisé mon intérêt. Et j’ai encore bien le temps de remonter sur scène, cette fois c’est de mon côté que la curiosité pétille dans les yeux, voyons ce qui se cache derrière toute cette espièglerie.

Son point de vue est touchant, celui d’une jeune femme qui sait apprécier bonheur et simplicité, dans un temps normal j’aurai été plutôt d’accord mais ici on est dans un cas spécial. La plupart des personnes présentes sont venues et payent pour un service, certes si le bar était ouvert depuis 10 ans et avait tranché clairement son ambiance, ce show aurait fait 100 fois l’affaire. Cependant, aujourd’hui est le grand jour, c’est l’ouverture, si ce bar cherche le succès il doit convaincre, marquer. Mais la candeur de Linnéa m’empèche de répliquer, les gens simples qui apprécient les choses simples sont bien trop rare et je n’ose entacher une telle pureté.


Ici venait l’inexpérience, un show se construit, tenter d’épater le public sans avoir posé l’ambiance et on risque de le perdre, en revanche trop tarder le lasse. Et ici les gens sont perdu, on les a plongés dans une ambiance jazzy toute la soirée, j’ai posé une atmosphère alimentée d’un brin de mysticisme au piano et dont les accords endiablés rappelaient d’une façon lointaine un certain Ray Charles. Et les voilà d’un coup ébloui par un chant lyrique avec d’énormes effets de scènes. Le pauvre ne sait plus sur lequel danser. Mais mon attention revient à Lynnéa à laquelle je viens de poser une question.


Je la vois jeter un coup d’œil derrière moi, quelques choses vient de retenir son attention. Quoi donc ? Je m’apprête à me retourner.


La jeune femme avait raison voilà que je vois revenir vers nous la jeune femme qui était présente sur scène quelques instant plus tôt. Mais elle est en habits de serveuse, vilain petit malin que le patron, c’était plus facile d’embaucher une serveuse talentueuse qui ne sait pas ce qu’elle fait plutôt qu’un professionnel. Je comprends âprement que j’avais peu de chance de me faire une place ici, le n’appréciera pas d’être face à quelqu’un qui sait comment le business fonctionne. Mais c’est un jeune garçon qui vient prendre notre commande, châtain, basané, bref mignon tout plein.


Je lui adresse un sourire charmeur et me repose les coudes sur la table.


La jeune femme annonce alors son choix et le serveur retourne à sa besogne en passant par le bar où il passe le message à sa collègue. Ce petit manège m’amuse un temps puis je me recentre sur la demoiselle en face de moi.


Je lève mon verre.

C’est avec mon fond d’eau que je trinque avec Lynnéa, ravi de la soirée que je passe jusque-là. Il allait bientôt être temps de remonter sur scène et de réveiller un peu cet endroit où les clients semblaient un peu trop s’endormir.



Je décline un petit sourire satisfait, voilà qui était plaisant d’entendre ce genre de soutiens. Non pas que j’en ai besoin, mais je ne saurai refuser toutes ondes positives me traversant.


Cette jeune femme était un rayon de soleil, empli de positivité et d’innocence, l’avoir à ma table était un véritable vent de fraicheur. Cependant cette fraicheur printanière allait vite laisser place à une atmosphère un peu plus torride. Le serveur revenait, un peu plus débraillé et chargé des boissons commandées.

Voilà un autre spectacle dont je ne saurai me passer un jour.

Le serveur déposait le cosmopolitan en jouant de charmes et de manières. Mais était ce seulement sincère ou le lui avait-on ordonné ? La réponse à cette question m’intéressait.


Il était charmant mais la tournure de sa phrase répondait à ma question, son intérêt n’était pas personnel. En d’autres circonstance j’aurai sauté sur l’occasion, mais pas cette fois. Aujourd’hui mon objectif était tout autre.


Je ne pus m’empêcher d’observer les joues rougissantes de la jeune femme assise en face de moi. Était-elle gênée ? Elle se levait et me tendait une main pleine de politesse.


Je serrai la main de la belle créature avec un sourire complaisant.


En serrant sa main, alors que celle-ci s’évade lentement, j’observe 2 serveuses, dont la chanteuse de tout à l’heure s’éclipser en coulisse. C’était le moment, Lynnéa venait de partir. Je me lève doucement, je m’époussète et je prends une ou deux gorgées de mon cocktail. J’avance ensuite vers la scène ou je saisis le microphone. Il était activé, merveilleux, it’s time to shine.


Je fais un léger signe à la régie toujours aussi agacée pour qu’elle plonge la salle dans le noir et me laisse seul sous un projecteur. Et le micro bien en main je commence à étendre ma voix, tel une fleur en pleine éclosion. Avant de mettre à danser en rythme avec la musique.

Musique chanté par Maximilien:

La scène m’appartient, et même si le gérant tente désespérément de sauver les apparences. Celui que menait l’audience du bout du nez n’était autre que moi. Et ainsi je me baignais dans l’allégresse des applaudissements qui m’étaient adressés. Bien évidemment la reconnaissance était mutuelle, sans cette dévotion presque religieuse envers ma personne, ce spectacle n’aurait aucun sens. Et c’est en signe de gratitude que je m’inclinais bien bas vers ce public en liesse. Je me relevais ensuite fringant et souriant, prêt à donner toujours plus pour une assemblée aussi dévouée. Le micro à la main il est temps de mettre des mots sur la gratitude qui m’envahit


Je remettais le micro à sa place alors que la lumière, elle, reprenait tranquillement sa teinte légèrement orangée pour installer ce climat chaleureux et légèrement intense qui était propice à toutes les dérives.


Je retournais nonchalamment mais pas moins provoquant à ma table. Je sentais les yeux posés sur moi. Un mélange enivrant de curiosité, d’admiration et même d’appétit, d’envie. J’était l’objet des pensées de chacun dans ce bar, employés comme clients. Il faut dire que je suis un animal d’une grande rareté, un spécimen unique en son genre. Comment ne pas être fasciné ? Moi-même ai du mal à quitter mon miroir chaque matin tellement ma personne est hypnotisante. Charisme, beauté, charme, intelligence, je ne pense pas pouvoir citer une qualité que je n’ai pas. Je m’asseyais gracieusement, et lentement, arrachant de légers soupirs fiévreux aux plus désireux, avant de croiser sensuellement les jambes.


Je reprenais une gorgée de mon cocktail, si j’avais bien calculé mon coup, un serveur n’allait pas tarder à venir m’importuner. J’avais suffisamment secoué la cage aux oiseaux. Il ne me restait plus qu’à attendre de voir ce que j’ai fait tomber.

Je ne connais même pas encore le résultat de cette soirée mais je peux déjà en voir les bénéfices, c’est plus que je n’aurai espéré pour un premier soir. Que ce petit lounge bar ouvre ce soir est une aubaine pour moi. De plus cela profite à eux comme à moi. Toutes ces personnes parleront à la fois du café et de moi. Mais je ne veux pas m’enfermer ici, certainement pas. J’ai fait cette erreur une fois de mettre ma carrière et ma vie entre les mains de producteurs véreux aux ambitions douteuses. Ici j’était libre de recommencer, de façonner une carrière à mon image.

Ceci me rappelait aussi que le manque commençait à se faire sentir, j’étais surpris de ne pas ressentir de symptômes de manques encore. Je n’allais pas m’en plaindre mais il valait mieux ne pas tarder à aller voir un médecin, ne serai ce que pour soulager. Je ne connais pas les méthodes de désintoxication. Mais cela s’annonçait comme une épreuve difficile, mais j’étais le grand Maximilien Blake, aucune épreuve n’est trop grande, face à la force de ma volonté et de mes rêves. A coup de charisme j’ablaterai tout ces tares de mon êtres si parfait.

Après avoir passé un peu de temps et avoir recommandé simplement auprès de la serveuse et avoir laissé l'alcool se déverser, les esprits se désinhiber, et l'attention retomber, il était temps pour moi de remonter une ultime fois sur scène, la grande performance qui allait signer, graver dans la pierre, mon retour triomphal.


Et comme à mon habitude, je donne tout ce que j'ai, chant, danse, les serveuses ne semble pas être revenues avec leurs idées farfelues, la scènes est toute à moi et je rassemble les clients sous la coupe de ma performance, ils dansent, applaudissent, boivent, chantent, et pour mon plus grand plaisir, c'est moi qu'ils acclament. Qu'ils encensent, ce début est la première pierre d'un empire qui portera le nom de Blake, tout le monde subira le joug du charisme Maximiliesque. Cette ville manque de divertissement, divertissement que je compte bien apporter en ces lieux qui sont pour l'instant froid comme la pierre qui compose ses bâtiments. Prépare toi Damned Town, car Moi, Maximilien Blake, laisserai une empreinte indélébile dans cette cité.

Première musique chantée par Maxou: