Epreuve 4 - Souviens-toi de cette leçon ☼ Samaël x Haelyn

Messages : 102 Âmes : 112 Date d'inscription : 27/07/2019

ft. Samaël

Il était désiré, au travers de ce RP, d'aborder les notions de responsabilités en lien avec la prise de gouvernance. De revenir sur ce que signifiait vraiment devoir régner. Pour ce faire, j'ai décidé de replacer Haelyn dans une période de son enfance, date de décès de son défunt père, afin de créer un parallèle de passation de pouvoir. En vous souhaitant une très bonne lecture. ☼

Souviens-toi de cette leçon

☼ Bonjour Mila.

La voix calme qui vous cueille ce matin-là sonne à vos oreilles comme un glas. Il est 6h43 précisément et vous somnolez en cuisine, le nez au-dessus de votre thé aux Jasmin, brûlant. Ces sonorités, appartiennent à votre mère. Vous l’accueillez d’un silence attristé et levez les yeux vers son minois. Une nuit a suffi à le creuser et votre regard dévale ses cernes, jalonne ses pommettes rétractées. Ce jour, votre Mère d’habitude si éclatante est d’une beauté glaciale. Mais comment lui en vouloir alors que son mari vient de rendre les armes.

Le Roi Mao est décédé dans la nuit, et Andromède en personne est venu toquer à votre porte très tôt pour vous annoncer la nouvelle. Ce matin, le deuil imprègne paroles, gestes et pensées. Les auras sont en bernes, et votre Mère et Femme est brisée. Votre main gracile vient attraper la sienne qui s’y cramponne aussitôt. Vous sentez que tout chez elle n’est que crispation et vous attelez à réchauffer et délier ce lacis de chair. Son regard est vide, mais au bout de quelques minutes, elle murmure, la voix à demi-bloquée au fond de sa glotte.

☼ Mila...

Vous levez les yeux pour croiser son regard, et plongez dans ses prunelles envahies de larmes muettes. Vous tremblez de cette vision et aurait envie de vous lever pour aller vous lover dans les bras de votre maternelle. Mais hélas vous n’êtes plus une enfant et il vous faut adopter un comportement adapté à votre rang. Alors qu’intérieurement vous redoutez de vous imprégner de tant de malheur, vous ne cillez pas, vous appliquant à raviver votre aura ankylosée. Le sourire franc mais timide que vous choisissez d’afficher, vient rejoindre vos efforts pour entourer votre génitrice d’une chape de chaleur. De Réconfort. Après une salve de sanglots qu’elle tente de dissimuler, elle ajoute sa deuxième main sur les trois vôtres et mets de côté son émotion pour aller droit au but.

☼ Mila. Le Roi Mao est mort dans la nuit.
A partir de maintenant, je serais Régente jusqu’à ce que tu ne sois à ton tour couronnée.

Les mots sont d’une logique implacable.
Eu égard aux leçons apprises auprès d’Andromède, vous intégrez les changements que cela va impliquer :

Vous serez désormais seule avec votre précepteur pour poursuivre votre éducation,
Votre Mère sera sollicitée à longueur de journée, et donnera toute son énergie au Peuple Angélique

En conclusion, et à partir de ce jour, votre Mère sera dévouée corps et âme à son Royaume. Vous baissez les yeux et prenez une bouffée d’air pour stabiliser votre affect qui, malgré-vous, commence à vaciller. Le roi Mao est décédé et votre Mère s’apprête à reprendre le flambeau : Vous n’êtes plus une priorité. La nouvelle implicite scinde votre être en deux.

Mila est dévastée et aurait envie de crier, de cette mère qui s’adonne en ce jour à un indicible abandon. L’injustice frappe l’enfant qui devra désormais régulièrement refouler l’un des sentiments interdit : la Jalousie. Jour après jour, elle se fait à l’idée que sa Mère sera occupée à prendre soin de ses frères et sœur, là, derrière son bureau. Qu’elle suivra de loin le bon déroulé de sa progression, mais qu’elle n’aura tout simplement plus le temps de prendre le temps. Mila réalise que malgré beaucoup d’amour, elle passera en dernier.

Haelyn est admirative. Elle éprouve énormément d’empathie à l’égard de cette femme qui lui donne malgré elle une formidable leçon. Celle d’un altruisme incommensurable. Malgré la douleur, malgré les regrets, malgré l’envie de se recroqueviller, sa Reine se redresse plus que jamais. Les traits tirés, la mine exténuée, elle est ce jour prête à avancer. Pour eux. Pour ces inconnus qui vivent dans les Terres Eloignés, pour ces voisins de la capitale, pour la dignité de son Défunt, pour le Créateur. En une nuit, tout a basculé, mais sa Reine reste intègre, forte. Le chemin sera dur, le chemin sera long, mais elle le fera. Pour eux.

Vous vous taisez encore un long moment. Vous taisez cette partie enfantine, déraisonnable, et raffermissez votre prise.

∞ Bien, ma Reine.

Vous lui souriez. Vos yeux ne mentent pas, et quand bien même, vous n’avez jamais rien su lui cacher. En venant ici, vous savez que votre maternelle a fait un effort surhumain. Prête à endosser une part de culpabilité en contrepartie de l’expression d’une intarissable part de dévotion. De surcroît, vous ferez au mieux pour ne pas l’accabler plus qu’elle ne le fait déjà. Pour Eux.

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Cela fait maintenant 1 ans que la Reine dirige le Royaume d’une main de fer dans un gant de velours. Ce soir là, vous dînez en tête à tête dans son bureau, sur l’une des tables de chêne massif. Alors que vous faîtes le point sur les avancées de la Journée et les échanges commerciaux du moment, votre Reine s’arrête. Posant sa fourchette et s’essuyant les mains, elle joint les mains avant d’entamer :

☼ Haelyn..

Vous vous redressez sur votre siège, et posez en miroir votre couvert. Vous êtes tout ouïe.

☼ J’aimerais ce soir ponctuer ce qu’Andromède est en train de t’inculquer. Dans quelques années, tu seras Reine, pour ma plus grande fierté. Ce jour, je cultiverais pour toi une angoisse démesurée à l’optique de te voir évoluer parmi les joutes diplomatiques, les lobbies prêts à s’enrichir, les attentes démesurées de certains de tes sujets.

Malgré l’excellente maîtrise que vous avez de votre être, vous lui adressez un sourire imprégné de résilience. Vous n’êtes pas sans savoir que vous serez entourée de personnalités qui comme vous, se donneront pour satisfaire leur intérêt. C’est pourquoi vous vous préparez depuis votre plus tendre enfance.

☼ Je voudrais aujourd’hui te partager une expérience, dont j’espère tu pourras t’inspirer. La mienne. Si j’ai déjà pu accompagner ton Roi au travers de ses responsabilités passées, je ne prends véritablement la mesure de leur poids, que depuis ce dernier printemps. J’aimerais que tu puisses t’y préparer convenablement.

Tu ne trouveras nulle part ailleurs ce plaisir immense que représente la Protection d’un Peuple. Ce sentiment de toute puissance est un motif galvaniseur qui permet de tenir du soir au matin. L’importance du rôle pousse à se lever chaque jour, à passer outre les courbatures et blessures passées. Les heures ne seront jamais comptées, mais qu’importe compte tenue de la diversité des sujets qui peuvent être traitées. Economie, Santé, Ethique, Architecture, Politique, Militarisme, jamais aucune des journées ne ressemble à celle qui vient de s’écouler.

Vous êtes droite face à cette Reine dont le regard est fixe, rivé dans vos prunelles.

☼ Mais écoute moi bien, Mila. Tu ne pourras faire correctement ton travail que si tu t’épargnes. Il s’agit d’un marathon qui ne finit jamais, une tempête intellectuelle, humaine et physique qui remplit autant qu’elle ne tarit. Tu apprendras énormément, de toi, des autres, et tu donneras encore davantage. Parce qu’on ne répand pas le Bien sans donner de soi.

Par conséquent, il est de ton devoir, d’accepter de te préserver. Pour eux. Chaque dossier traité est un petit pas vers un avenir qui se veut meilleur, chaque discussion peut soulever de nouvelles possibilités. Ne te précipite jamais Mila. Prends le temps d’écouter tous les partis, soit assez douce pour laisser quiconque le souhaite d’exprimer ses arguments, mais n’oublie jamais d’être assez ferme pour canaliser l’énergie de tout un Peuple. Tu seras leur Reine, tu seras leur Gardienne. Gardienne de connaissances enfouies, gardienne d’une santé de fer, gardienne d’une paix éternelle. Pour toutes ces personnes qui auront foi en toi, pour toutes celles qui douteront, tu te dois de te montrer accessible. Et rappelle-toi toujours, que tu n’as pas le choix. Ton métier futur est un métier profondément et indissociablement social.

Parmi ce flot de paroles, vous avez du mal à structurer les idées développées. Vous sentez que votre Reine n’exprime pas seulement des mots. Elle possède tout un langage non verbal que vous vous attelez à déchiffrer. Ses mains sont posées sereinement à même la nappe, témoins du temps qu’elle vous accorde volontiers mais sa logorrhée ne trompe personne. Son esprit fourmille à toute vitesse, et son dos solidement arrimé au dossier vous rappelle toute la volonté que votre Reine imprime dans chacune de ses actions. Ce soir, vous ignorez quelle personnalité vous fait cours. S’il s’agit d’une Mère, prête à tout pour protéger sa progéniture d’un monde impitoyable, ou d’une Reine qui modèle patiemment son successeur.

∞ Ma Reine, chère Mère. Vos mots ont trouvé résonnance en ma Tête. Je tâcherais de rendre honneur à ces conseils éclairés. Vous êtes la plus à même de me renseigner. Aujourd’hui, et quand mon heure sera venue.

Elle paraît satisfaite de votre réponse, et reprenant sa fourchette, elle conclut.

☼ Souviens toi de ces paroles-là : Ton destin est scellé. Tu es liée à jamais au reste de ton Peuple : Tu en es Responsable. Ne te déçois pas.

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Messages : 242 Âmes : 58 Date d'inscription : 29/10/2015 Age : 27

Plus d'infos sur Samaël et DT:

– C’est comme dans les grandes histoires, Monsieur Frodon, celles qui importaient vraiment, celles où il y avait danger et ténèbres. Parfois, on ne voulait pas connaitre la fin, car elle ne pouvait pas être heureuse. Comment le monde pouvait-il redevenir comme il était avec tout le mal qui s’y était passé ? Mais en fin de compte, elle ne fait que passer, cette ombre. Même les ténèbres ne font que passer. Un jour nouveau viendra et lorsque le soleil brillera, il n’en sera que plus éclatant. C’était ces histoires dont on se souvenait, et qui signifiaient tellement. Même lorsqu’on était trop petit pour comprendre. Mais je crois, Monsieur Frodon, que je comprends. Je sais maintenant. Les personnages de ces histoires avaient trente-six occasions de se retourner, mais ils ne le faisaient pas, ils continuaient leur route, parce qu’ils avaient foi en quelque chose…
– En quoi avons-nous foi, Sam ?
– Il y a du bon en ce monde et il faut se battre pour cela.
Le seigneur des anneaux : les deux tours

❅ 1507 mots ❅
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« Tu sais, Adam, la plupart des anges ne comprennent pas pourquoi j’aime la reine, pour quelle raison j’ai autant foi en la royauté et comment je fais pour accorder une confiance sans faille à une femme que je ne connais pas. Mais je n’ai pas besoin d’être proche d’elle, d’en faire mon amie, pour savoir que c’est quelqu’un de bien et de droit. Je sais qu’elle œuvre pour la lumière. Elle a été destinée à cela, la couronne était faite pour elle depuis sa naissance. Les rois et les reines ne nous déçoivent pas. Ils abandonnent tout pour notre bonheur. Car, tu dois le savoir, gouverner est un sacrifice de tous les instants, Adam. Prendre des décisions pour les autres, c’est quelque chose de dangereux. On n’a pas le droit de se tromper. L’erreur n'est pas admise, non. Tout le monde a les yeux braqués sur le moindre de tes agissements. Tu dois te débattre dans une marre d’ennemis prêts à te pointer du doigt à la première incartade. Tu es soumis à des doutes, des jugements et des remises en question permanents. De la part des autres mais aussi de toi-même. C’est difficile. On doit être fort. Faire face et faire front. La couronne est un poids, une sorte de cadeau empoisonné. Magnifique mais aussi extrêmement douloureux. Je crois que mener les anges vers la lumière n’est pas donné à tout le monde. C’est pour cela que l’on a préparé sa Majesté Haelyn depuis son plus jeune âge. Pour qu’elle soit assez courageuse pour affronter l’épreuve de la royauté. Pour qu’elle soit capable de prendre les décisions les plus ardues, qu’elle répande le bien céleste et nous mette tous à l’abri de la menace démoniaque. C’est une élue, un être divin intouchable. Elle a le même rôle que celui qui m’incombe envers toi. Elle est notre mère à tous. Et elle nous sauvera Adam, j’en suis persuadée. »

Un cadeau empoisonné. C’est ce qu’elle a dit. Le pouvoir comme un fruit trop mûr, pourri à l’intérieur, dévoré par les vers. Une couronne d’or et d’épines. Tu as pris la tête d’un groupe, depuis tu n’as jamais été aussi entouré et pourtant si seul. Esseulé face à la foule. Des responsabilités dangereuses qui tombent sur tes épaules, un poids vertigineux qui te brise chaque vertèbre. L’une après l’autre. Tu as entre tes mains des vies innocentes. Un peuple qui laisse entier les incertitudes de son avenir entre tes doigts tremblants. Leurs yeux sont sur toi. On y lit l’espoir et la peur. L’admiration et la jalousie. Un air guerrier confiant, solidaire, prêt à mourir pour son commandant. La main à la poitrine on te promet qu’on te suivra jusqu’au bout. Tu vois dans les regards cette croyance insensée de trouver en toi le sauveur d’une génération d’incompris, de laissés pour compte et de rebelles, un guide, un messie. Sur ton crâne, une tiare qui n’a jamais brillé. Dans ton dos, des lambeaux de plumes immaculées. Entre tes paumes, le futur fragile de tes pairs. Tu pourrais fermer les poings sur leur existence, les mener à leur perte et faire s’écrouler ce château de cartes qu’on appelle résistance. Tu pourrais replier tes ailes, cacher ce symbole de déchéance à la vue des vengeurs belligérants. Tu pourrais dire non, dénier ton implication dans ce conflit, secouer la tête jusqu’à la retrouver à nouveau nue et que l’auréole disparaisse. Et pourtant. Pourtant tes phalanges crispées s’accrochent pour ne pas laisser filer l’étincelle, ton pennage n’est qu’une mue et tes bras angéliques arborent le gris de la rébellion dans leur splendeur déformée, pourtant trône fièrement sur ton chef un diadème de cristal dont les contours s’impriment dans ta chaire jusqu’au sang. Tes yeux d’opale luisent d’une détermination farouche et résolue. Ta colonne vertébrale tient bon, droite et puissante, même si repose sur tes omoplates douloureuses le fardeau du monde qu’il te faut porter. Un long chemin de croix vers la liberté, pour toi et les tiens.

Me voici, Créateur, tout couvert de confusion et pénétré de douleur à la vue de mes fautes ;
je viens les détester devant Votre lumière,
avec un vrai déplaisir d'avoir offensé un Créateur si bon, si aimable et si digne d'être aimé.
Était-ce donc là, ô Créateur, ce que Vous deviez attendre de ma reconnaissance,
après m'avoir aimé jusqu'à répandre Votre sang pour moi ?
Oui, céleste Divin, j'ai poussé trop loin ma malice et mon ingratitude.
Je Vous en demande très humblement pardon et je Vous conjure, ô Créateur,
par cette même bonté dont j'ai ressenti tant de fois les effets,
de m'accorder la grâce d'en faire, dès aujourd'hui et jusqu'à la mort,
une sincère pénitence.*

Pardonne-moi, Mère car j’ai pêché.
Je vous ai trahis, toi et tes valeurs, celles que tu t’es évertuée, par mon éducation, à me transmettre. J’ai bafoué une nouvelle fois notre nom, notre famille, notre héritage, comme mon père avant moi. Je t’ai déshonorée en bravant les règles, en mettant la vie d’innocents en danger et en péril la couronne de sa Majesté. Je comprends qu’à tes yeux, je ne sois plus qu’un fils oublié, moi qui ai agi dans l’ombre, niant tes sages conseils et me subtilisant à ta grande bienveillance. Je sais que j’ai brisé la confiance et les espoirs que tu avais placés en moi. Tu pensais que je serai capable de plus, de mieux, du meilleur. Je t’ai déçue. J’ai renié mon appartenance, à toi et à mes frères de lumière, les ténèbres ont eu raison de moi, j’ai cédé à leur tentation et me voilà, puni et repentant. Un pénitent qui adresse ces quelques mots pour supplier celle qui l’a mis au monde de trouver la force en elle de lui pardonner.

Maman, aujourd’hui je comprends certains de tes mots. Le temps a passé et désormais, je sais ce que ça fait d’être à la place du souverain. Je n’ai jamais convoité le pouvoir, l’autorité et les privilèges. Mon désir politique n’est pas d’avoir la mainmise sur des milliers de sujets, au contraire. Je ne veux pas d’un règne. Je n’ai pas besoin de grandeur, d’un empire à dominer, d’une puissance à exercer, pour adouber sous ma férule le monde entier. Tu ne le croiras peut-être pas, tu me penses sûrement cupide, avide de suprématie, dépendant à la reconnaissance. C’est faux. J’ai pris la tête d’une révolution car il est de mon devoir de libérer les opprimés. Si je ne le fais pas, qui le fera ? Qui se soucie des déchus ? Qui écoute les divins perdus, aliénés par un système dichotomique, en proie à leurs doutes et leurs peurs ? Ils comptent sur moi. Tu as jadis parlé de sacrifice et je t’écris cette lettre pour te dire que je compte laisser la délivrance m’emporter. Lorsque les miens seront à l’abri, quand le temps de l’apaisement sera venu, au moment où ma mission sera accomplie, alors le jour laissera sa place à la nuit. Je me retirerai, loin de tout, épuisé et meurtri par cette lutte dont je me sens le martyr, ce destin tragique qui m’incombe, une œuvre morale qui aura eu toute mon abnégation. Ma résilience à bout de souffle, viendra pour moi le temps du repos. J’espère alors qu’à cet instant, je serai acquitté de ton jugement, que ta clémence aura pu m’épargner et que ma culpabilité sera effacée, elle qui a tant souffert. Pourrons-nous dès lors nous retrouver ?

J’écris cette missive, Maman, et me vient cette idée folle qu’a fait émerger la mélancolie. Je crois que la colère qui sommeille en moi se réveille, elle sort de sa somnolence pour me reléguer au rang de pantin, elle s’empare de ma plume, pour opérer une vengeance épistolaire qui n’a que peu de sens. Vois-tu mère, il est temps de dire toute la vérité. En réalité, je crois que j'exècre tes principes et tes idéaux. Je ne devrais pas avoir à demander pardon. Depuis que j’ai quitté le paradis, j’ai vécu l’enfer. Mais c’était toujours plus beau que d’être à tes côtés. J’essaye de taire la haine qui m’habite, elle s’endort dans mon cœur comme dans un lit confortable, cependant que mes souvenirs la nourrissent. Mon âme est noircie par la rancœur et torturée par la culpabilité. C’est une douleur infâme. Un cercle vicieux. Pourtant aujourd’hui, je suis plus heureux que jamais. C’est triste de le dire, au regard de ma vie, qui a connu ses moments de joie pure et des parenthèses de bonheur sécuritaire. Mon existence est un désastre. Mais je me tiens sur ce tas de cendres comme un phénix débarrassé de ses chaînes. Dans un chant, il crie à l’univers qu’il est prêt à devenir ce qu’il a toujours été.

Maman, je suis une tâche indélébile dans ton tableau familial et je suis désolé. Ne me déteste pas. S’il te plaît, ne me déteste pas. Si je ne suis plus là, c’est pour notre bien.

Les larmes sont trop fortes. Tu n’arrives plus à écrire. Ta poigne tremble sur le bureau.
Un bruit de papier que l’on broie avec violence, des déchirures, les sanglots.
Des miettes de parchemins qui s’étalent en puzzle sur le parquet.
La colère et la culpabilité.

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~ I've learned to be good and it was boring ~

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