- Explications:
C'était ma première inspiration pour mon épreuve ! ^^
Sur Nano Rôle Play, c'est pas plus de 4 lignes ! On a plusieurs nano-mondes et Nuwarëliya vient d'Aventures du Passé, notre nano-monde de fantasy médiévale, tout ce qu'il y a de plus basique.
C'est une jeune elfe de 37 ans qui a été élevée par une Colonie de dragons-fées : les Drathégons. Ce texte se passe quand elle a environ 6-7 ans et qu'elle n'arrive plus à se considérer comme une dragonnelle-fée, ce qui la rend malheureuse. Heureusement, son papa vient à la rescousse !
Sa petite famille se compose de deux Pères : Drakssam (vert) et Rooiberos (brun), de trois frères : Oolong (brun), Nilgiriri (vert) et Pisencha (brun), et d'une soeur : Camomilla (crème, vert). Et oui, tous leurs noms viennent d'un type de thés x3.
Nuwarëliya courait à perdre haleine en zigzagant entre les arbres de la forêt des Drathégons. Ses yeux brillaient d’un vert humide alors qu’elle tiraillait sur ses lèvres. Dans sa hâte, ses pieds se prirent dans une racine et elle chut dans un couinement surpris, roulant-boulant avec une grâce étrange, comme si elle était habituée à marcher à quatre pattes sur ses mains.
Mais c’était bien
là tout le problème !
Elle avait des
pieds et des
mains, pas des pattes aux petites griffes ! Elle avait un
nez, pas un museau, une
peau parsemée de taches de rousseur, pas des écailles aux couleurs de la forêt. Elle n’avait pas de queue ni de cornes et aucune épine en forme de feuilles, et aucune paire d’aile ne pousserait de ses omoplates.
Ses Pères s’appelaient Drakssam et Rooiberos et ils lui avaient donné un nom de Drathégon mais Nuwarëliya devait bien se rendre à l’évidence, après des années à s’aveugler par pure volonté, elle était bien trop
grande, bien trop
pataude, bien trop
différente, elle n’avait rien d’un Drathégon !
Dans un autre reniflement, la petite forme se recroquevilla sous l’ombre des hautes cimes qui l’entouraient. Ce n’était pas comme si les Drathégons se moquaient de sa différence, pas même un peu, mais la réalité n’en était pas moins dure. Il était difficile de trouver sa place dans la Colonie quand elle ne cessait de grandir alors qu’elle se trouvait déjà être une géante devant un dragon-fée ; elle allait devenir une montagne à ce rythme ! Et puis, les autres dragonneaux pouvaient se téléporter ou cracher des flammèches ou même déclencher des bourrasques de vent et elle, elle était juste… grande.
Ce qui ne l’aidait pas du tout lors des parties de cache-cache !
Un autre soupir lui échappa et Nuwarëliya posa sa tête sur ses bras en reniflant dans sa moue boudeuse. Ce n’était vraiment pas juste ! Elle aurait voulu être une dragonnelle-fée ! Pourquoi elle n’en était pas une, hein ? Ses Pères étaient bien des dragons-fées, ses frères aussi, comme sa sœur. Il y avait juste elle qui était différente !
Une petite brise lui caressa le visage, à lui faire retrousser le nez, et elle se cacha aussitôt dans ses bras pour échapper au regard du dragon-fée qui venait de se poser sur son épaule. Du coin de l’œil, elle avait saisi des écailles à la douce lueur automnale. C’était donc Père Rooi qui l’avait trouvée en premier, elle n’en était pas surprise. Elle adorait Père Drak, bien évidemment, plus bourru et protecteur, une lame de feuille éclatante, mais Père Rooi avait la patience et la sagesse de comprendre ce qui la taraudait.
« Que s’est-il passé ? » demanda-t-il néanmoins en s’installant plus confortablement sur son épaule, sa queue s’enroulant autour de son cou avec le confort de la familiarité.
« Pisencha n’arrête pas de gémir qu’il t’a perdu, et même Camomilla est agitée. » Nuwarëliya grimaça à l’image générée dans son esprit : sa sœur était pourtant la plus calme d’entre eux, et le petit Pisencha n’en voudrait pendant des jours s’il croyait qu’elle avait disparu par sa faute.
« Je ne peux pas jouer avec les dragon-féés. Je ne suis pas une dragonnelle-fée… » répondit-elle d’une petite voix, sans cesser de se cacher.
« Balivernes ! » rétorqua immédiatement Père Rooi d’une voix un peu trop forte. Son éclat lui fit redresser la tête avec de grands yeux surpris qui rencontrèrent l’air penaud du dragon-fée.
« Je ne voulais pas crier, Ely… Tu es une Drathégonne. Même si tu es une elfe et qu’on t’a trouvée dans la forêt. Tu fais partie de la Colonie. » Ah ! C’était donc ça le terme,
elfe. Nuwarëliya repoussa ses cheveux roux loin de ses yeux et afficha une nouvelle moue.
« Mais ce n’est pas pareil ! Je ne peux pas me téléporter ni cracher des flammèches ni générer des bourrasques ! » Père Rooi haussa les ailes.
« Tu n’en as pas besoin de faire croire à Pisencha qu’il t’a perdue… A mes yeux, tu as gagné la partie de cache-cache. Et je me souviens que c’est toi qui as eu la malice de recouvrir de miel des baies avariées pour apprendre à l’ours qu’il faut partager. Tous ces actes sont ceux d’une Drathégonne. » Nuwarëliya grimaça, encore peu convaincue, mais elle n’eut pas le temps d’apporter de nouveaux arguments. Père Rooi décolla soudainement de son épaule en lui faisant signe de se lever à son tour. Elle lui obéit avec des yeux surpris et resta les bras ballants à attendre ses instructions. Le dragon-fée voleta autour d’elle, ses battements d’ailes s’imprégnant peu à peu du rythme de la forêt, et elle ferma les yeux pour apprécier la douceur de leurs voltes. Si elle n’avait pas été debout, elle s’en serait endormie !
« Bien, Ely. Ressens la forêt. » Même la voix de Père Rooi la berçait dans cet état semi-méditatif où elle percevait bien mieux chacun de ses sens sollicités par son environnement.
« Ressens l’humus sous tes pieds nus et le vent dans tes cheveux. Ecoute la rivière au loin et le chant des oiseaux. Renifle l’odeur des fleurs et la fragrance plus ténue du miel. Goûtes-en la saveur sur ta langue, et quand tu ouvriras les yeux, ne manque pas d’apprécier le vert flamboyant et le brun réconfortant. »Elle fit comme son Père l’indiquait et son esprit angoissé se calma peu à peu pour se caler dans la musique de la forêt des Drathégons. Nuwarëliya sourit doucement et ce sourire fut comme une aube timide qui se levait pour devenir un zénith resplendissant. Elle sentait sans le regarder que le museau de Père Rooi en était le parfait écho ; et ses voltes chantaient au vent tout son bonheur, tout l’amour qu’il portait à sa forêt, et à sa fille.
« Je veux danser comme toi, Papa Rooi ! » s’exclama subitement Nuwarëliya avec une nouvelle conviction.
« Je suis une Drathégonne et je veux être initiée à l’Art de la Danse des Feuilles de Thé ! » La danse de Père Rooi se temporisa en un équilibre de plume sur le bout de son nez, lui emplissant la vue des lueurs irisées de la membrane ocre de ses ailes.
« Alors je t’apprendrai, ma fille. » Il n’y avait aucun doute dans la voix du dragon-fée, il en convenait sans sourciller : le soleil se levait, la rivière se jetait dans la mer, et Nuwarëliya serait une Danseuse de l’Art ancestral des Drathégons.
« Maintenant, dansons ! » s’exclama-t-il en s’envolant dans l’élan d’une brise. Nuwarëliya rejeta la tête en arrière dans un puissant éclat de rire qui initia son premier pas, son sourire le suivant et l’écho d’un chant heureux rythma le troisième ; ses yeux verts brillaient comme les cimes du printemps, ses cheveux d’ocre bondissaient comme d’espiègles feuilles d’automne, et elle était une Drathégonne.