- Contexte + présentation du perso:
Kobe High School a un contexte à tendance réaliste school life qui se passe au Japon en 2017 dans la ville de Kobe. Le lycée et l'université (situés sur le même campus) sont de renommée internationale, la culture japonaise se mêle donc aux cultures des autres pays via les différentes nationalités présentes sur le campus. Le slogan de l'université de Kobe ? Faire naître le meilleur en chacun de nous !
Tessa Yorke est une étudiante anglo-japonaise à l’université de Kobe au Japon. Elle a vécu toute sa vie à Londres avec sa famille, composée de ses deux grands frères, elle-même et ses parents. Ses parents et elle ont déménagé à Kobe quand elle avait 17 ans. Elle a 20 ans actuellement. Elle vient d’un milieu très aisé mais a été élevée de manière très simple, en retrait de toute cette société huppée.
Les personnes citées en dehors de sa famille sont: Nolan (un bon pote d’université), Emily (sa cousine par alliance), Meyuki (sa BFF) et Neil, son ex faux copain/c’est compliqué. Pour ce thème, j’ai choisi le dé “Temps” ! Bonne lecture !
Le samedi 24 juin 2017 - Osaka - Gala pour un défilé de mode
Qu’est-ce que je fais ici ? C’est la question qui me taraude l’esprit depuis un bon moment. Même si je suis théoriquement à ma place, je ne le ressens pas. Je n’ai rien à faire parmi tous ces gens de la haute société bourrés de fric. Si je pensais que c’était une bonne chose que mes parents m’aient tenu éloigné de ce genre d’évènement toute ma vie, je me rends compte que je manque cruellement de préparation.
Cela dit, je passe quand même un bon moment, notamment grâce à Nolan qui aide à détendre l’atmosphère. Ce n’est pas une mauvaise chose que nos mères aient décidé de nous mettre ensemble pour la soirée. J’aurais pu tomber sur pire. Au moins, je sais qu’avec Nolan, tout est clair et qu’il n’y pas d'ambiguïté. Cela tombe bien parce qu’avec Neil présent dans la salle, j’aurais été encore davantage mal à l’aise. Notre relation est encore plus indéfinissable qu’avant, avec tout ce qu’il s’est passé récemment entre nous. A croire qu’on est destiné à monter l’échelle de la complexité au fur et à mesure du temps. Je suis complètement perdue par son attitude et je sais encore moins sur quel pied danser. Un soupir m’échappe à cette pensée. J’aimerais que ce gala s’arrête pour rentrer chez moi.
Alors que mon regard divague sur la salle, je sens comme un souffle qui parcourt la pièce. Une pesanteur emplit l’air, la musique diminue progressivement, les danseurs bougent de plus en plus lentement et les personnes debout qui parlaient semblent se figer. Un moment de flottement plus tard, le silence règne autour de moi et je n’entends plus que le bruit de ma respiration. Je dois cligner des yeux plusieurs fois pour reprendre mes esprits. Tout s’est arrêté. Lentement, je bouge une main, puis l’autre pour vérifier que ce phénomène ne m’impacte pas. Tout aussi doucement, je tourne la tête pour regarder mes parents non loin, ainsi qu’Emily juste derrière, figée en pleine conversation avec Nolan.
Est-ce que je me suis endormie ? J’ai l’impression d’être dans un épisode de Lucifer où Amenadiel arrête le temps. L’espace d’une seconde, je regarde s’il n’y pas un ange qui est apparu au milieu de la pièce.
Ne sois pas stupide Tessa, les anges ça n’existe pas et ta vie n’est pas une série télévisée. Une autre seconde plus tard, la panique étreint mon cœur alors que je réalise un détail. Si le temps s’arrête, les gens arrêtent de respirer aussi non ? Comme pour contredire cette pensée, ma respiration s’accélère à mesure que la panique m'envahit. Sans réfléchir, je franchis les quelques pas qui me séparent de mes parents.
“
Papa ? Maman ?”
Ma voix empreinte d’angoisse les appelle, alors que je saisis leurs bras pour les secouer. Ils ne bougent pas d’un poil, ne réagissent pas à ma voix. Je les secoue plus fort, mais rien n’y fait. Dans un état second, je me dirige vers Emily et Nolan non loin. Je renouvelle l’expérience sans d’autres résultats.
“
Allez bordel bougez !”
Je finis par les lâcher en portant mes mains à mes cheveux, j’ai envie de me les arracher sous le coup de la panique. Cette dernière atteint son summum quand je repère Neil non loin. Lui n’était pas en train de parler, mais il est tourné dans ma direction.
Est-ce qu’il nous regardait ?. Je laisse retomber mes mains et, de nouveau, mes pas me guident vers lui. Je m’arrête à un pas de son corps immobile pour l’observer.
Comme les autres.“
Pas toi aussi…”
Ma voix se casse quand je réalise enfin que je suis toute seule dans ce silence oppressant.
Ne pas craquer, ne pas craquer. Et pourtant… Je sens une larme m’échapper, bientôt suivie par d’autres et me voilà en train de sangloter comme une idiote. Je retire ce que j’ai dit toute à l’heure, je n’ai pas envie que ça s’arrête. Je veux que tout reprenne son cours. Même si ça reprend maintenant et qu’il me trouve encore en train de pleurer devant lui. Comme quand il s’est excusé de tout le mal qu’il m’avait fait. Ça m'est égal.
Je veux entendre mon père râler sur mon argent de poche trop vite disparu à cause d’un achat coup de cœur trop onéreux. Ma mère se lamenter sur le fait qu’elle ne trouverait jamais quelqu’un d’assez bien pour moi. Emily me vanter les bienfaits des matériaux éco-responsables dans la mode. Apprendre à cuisiner avec Meyuki et passer de bons moments. La liste est bien trop longue pour continuer à la citer. Toutes ces petites choses qui m’agacent ou qui me réjouissent, qui me font me sentir vivante.
Ce que je veux par-dessus tout, c’est que l’homme en face de moi me dise enfin clairement ce qu’il veut. Ce qu’il attend de notre relation, ce qu’il ressent vraiment. Sans mentir, sans trouver d’excuses. Si l’année dernière, quand je lui ai avoué mes sentiments pour lui, tout était clair, ces dernières semaines ce n’est plus le cas. Je veux lui dire à nouveau que je l’aime, pour voir si sa réponse est différente cette fois-ci. Je n’en étais pas certaine jusqu’à présent parce que je me posais trop de questions. L’idée de ne plus jamais l’entendre, comme les autres, et de ne jamais avoir de réponse est insupportable.
Cette réalisation me conforte dans ce que je ressens. Après tout, on se rend compte de l'importance d'une personne dans notre vie, seulement lorsqu'on la perd. C’est quand tout s’arrête qu’on prend le temps de réaliser l’essentiel. Je pensais réussir à passer à autre chose mais ce n’est pas le cas.
Ne jamais dire à une personne qu’on ne l’aime plus si on ne peut pas la laisser partir. Cette phrase que j’ai lu un jour est tellement vraie. Mon cœur s’apaise avec cette conviction, même si l’angoisse est toujours présente. Une drôle d’ambivalence.
Puis, je sens à nouveau ce souffle parcourir ma peau, me donnant la chair de poule. Le silence disparaît dans un tintamarre assourdissant. Quelqu’un a fini par appuyer sur le bouton “play” de ma vie. Le mode “pause” ne me réussit pas vraiment. Même s'il m’a apporté de la clarté au chaos de mes sentiments, je ne veux plus revivre cet enfer.
Au moment où tout se remet en route, je lève les yeux vers Neil et j’assiste à sa surprise de me trouver là, à quelques centimètres de lui alors que j’étais plus loin toute à l’heure. Sans vraiment pouvoir m’en empêcher, je l’enlace pour le serrer contre moi. Je suis rassurée d’entendre son cœur battre presque aussi vite que le mien. Le cours de la vie a bel et bien repris et j’ai hâte de voir où cela va nous mener.
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