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Epreuve 5 - KOBE HIGH SCHOOL

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MessageSujet: Epreuve 5 - KOBE HIGH SCHOOL Epreuve 5 - KOBE HIGH SCHOOL EmptySam 12 Fév - 14:10



Epreuve 5




Enoncé

Solo Classique – Épreuve du Gardien : La clé du Savoir

« Elle était là, à cet endroit. Pourtant personne ne l’avait vue avant toi. Une clé, d’une forme étrange, abandonnée là, comme cela. Quand tu la prends, un sentiment particulier t’envahit et tu es attiré par ce qu’elle est censée ouvrir. Un mystérieux tombeau à plus de 10 000km éloigné, la porte du grenier qui refuse de s’ouvrir depuis des années, le cœur de glace d’un monstre sans pitié ou alors encore la liberté d’un peuple opprimé. Mais que peut donc bien ouvrir cette clé ? »

Dans cette épreuve, votre personnage trouve une clé atypique qu’il doit dans un premier temps décrire. Puis, votre personnage, porté par son instinct, trouve ce qu’elle doit ouvrir et interagit avec l’entité (concrète ou abstraite).


Type

Épreuve sur 1 jour : (samedi 12 février 00h00 au dimanche 13 février 23h59)

L’un des grands classiques de l’Interforum ! Il s’agit d’une épreuve où chaque champion postera un unique texte de 1500 mots maximum pour répondre au sujet de l’épreuve. Il est libre de le construire selon sa volonté propre, il n’y a pas d’autres contraintes particulières. Chaque champion dispose d’une journée à compter de sa révélation pour finaliser cette épreuve.

Énigme (V) : Je jalouse les vôtres, car ils me font de l’œil
Duncan Maverick
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MessageSujet: Re: Epreuve 5 - KOBE HIGH SCHOOL Epreuve 5 - KOBE HIGH SCHOOL EmptyDim 13 Fév - 18:48

Seito Mori

Contexte:

La démarche chaloupée, Seito se pavane sur les planches vermoulues de la dunette d'un navire éreinté. La moisissure sue à travers tous les pores du bois et gangrène la carcasse éventrée de la coque. Son regard se perd à l'horizon où les nuages tachés d'encre s'amoncellent. L'électricité ambiante chatouille la courbe de sa nuque et maintient le contact entre leurs deux corps enlacés. Le courant tressaute, autant que son corps tremble sous l'émotion que cette étreinte lui soutire. Entre ses bras malingres se love une petite Chose, haute comme trois pommes.

La réalité s'ancre au plus profond de ses tripes, il replonge aussitôt sous la surface glacée mais rassurante de son imagination écumante. Le tonnerre gronde et résonne à en faire vibrer sa frêle ossature. Une angoisse sourde l'inonde alors que sa main tâtonne jusqu'à la barre. Virer de bord serait lâche, pourtant il considère le choix avec une inquiétude grandissante. Il relève les yeux ; les lambeaux de tissus, grand perroquet, petit hunier, artimon autrefois flamboyants, jouent avec le vent qui forcit. La fuite s'évapore à mesure qu'il prend conscience du naufrage imminent. Le japonais s'immerge plus intimement dans le déni alors que ses pas foulent le pont supérieur jusqu'au beaupré. Tant d'années à louvoyer entre les vagues, le visage rieur, le cœur gonflé d'une insouciance calculée. Tant de bouteilles à la mer dans son sillage esseulé. Le japonais s'improvise pirate des temps modernes. Sur son œil gauche, un bandeau. Non pas pour se voiler la face mais pour s'habituer au noir. A ce vortex hypnotisant dans cette mer d'huile qu'était sa vie avant sa naissance.

Un éclair zèbre le ciel violacé. A la lisière des rêves, il sent sa petite tête se nicher dans le creux de son cou alors que sa chevelure noire caresse sa peau. Le japonais supporte et digère progressivement le déclin de son animosité. Le bateau tangue. Les remous, auxquels il était auparavant indifférent, le forcent à reculer. Un haut-le-cœur en travers de la gorge, il bat en retraite et se réfugie dans la cale. Les canons rouillés éraflent le parquet à chaque secousse. La charpente s'essouffle en de lents et profonds craquements. A chaque nouvelle infiltration, son corps transi encaisse les coups. L'eau lui lèche les pieds, la sueur perle sur sa peau. Un vent de panique ébranle ses convictions et le pousse encore plus effrontément dans ses retranchements. Dans un élan  de couardise, il attrape un baril de poudre détrempée qu'il verse dans une âme de canon. Le métal du boulet râpe la pulpe de ses doigts alors qu'il l'insère sans plus de cérémonie. Il farfouille dans ses poches à la recherche d'un paquet d'allumettes. La boîte manque de lui échapper des mains tant il est fébrile. La tête sur la surface à gratter, la brindille se casse en deux. Ses doigts s'affolent sur une seconde, puis une troisième. Malgré ses frictions répétées, la paraffine refuse de s'enflammer. L'adolescent jette le reste de son inconscience au sol. Un gémissement sinistre l'assourdit. De l'eau jusqu'aux genoux, il se maudit d'avoir cru possible de repousser une tempête de cette ampleur à la seule force de son artillerie. Son penchant vindicatif trempe dans le désespoir alors qu'il s'empare d'un seau.

Son refus de coopérer il écope. Son incapacité à aimer il écope. Son aversion tactile il écope.

Une nouvelle déflagration le fait sursauter. Le seau glisse de ses mains. Il ne prend pas la peine de le ramasser, une partie de la coque cède. L'eau salée tourbillonne et le plaque violemment contre une des vertèbres de l'enveloppe navale. Le choc écrase sa cage thoracique, le japonais suffoque. L'onde glacée s'engouffre dans sa bouche, colmate ses narines, écouvillonne ses tympans. Alors il perd pied. Il coule, il se noie. Pas même un soubresaut quand les vannes s'ouvrent. La fuite se matérialise en un trop-plein qui ruisselle silencieusement sur ses joues. Une petite voix, sûrement un chant de sirène, balbutie une question :

« Pourquoi tu pleures Seito ? »

Il expulse l'innocence de la Chose d'une expiration appuyée. Amusant comme les enfants s'imaginent pouvoir comprendre l'intégralité du monde qui les entoure alors qu'ils n'ont pas encore soufflé cinq bougies. Quand bien même il accéderait à sa requête que la conclusion resterait inchangée. Des bribes de souvenirs colorés s'effilochent sous ses paupières closes. Du sourire de ses parents à ses éclats de rire d'enfant unique. Révolu. Son monde s'est écroulé, à cause d'elle. La petite voix formule un souhait :

« Pleure pas Seito. »

Les larmes ne tarissent pas, creusant ses pommettes de tristes sillons. Des anguilles serpentent dans sa chevelure, ou serait-ce des doigts. Un premier bulot rampe sur sa joue droite, un deuxième investit son front, ou serait-ce une petite bouche qui effleure son nez. Il reprend conscience. Ses pieds s'agitent, puis ses jambes, jusqu'à nager à la surface où il se hisse avec difficulté à travers la trappe. Deux des trois mâts ont été engloutis. La pluie diluvienne l'aveugle, les bourrasques le giflent. Il ne lui reste que peu de temps avant l'acte final, il décide de l'investir dans la cabine du capitaine. L'habitacle est sens dessus dessous. Poussé par un sentiment viscéral, ses mains agrippent des objets pêle-mêle pour les jeter aussitôt par-dessus son épaule. Et soudain l'évidence émerge sous la forme d'une clé. Si petite, si terne qu'il ne l'aurait pas vu si, d'un mouvement maladroit, il n'avait pas cogné dans la bibliothèque. La clé tinte à la fin de sa chute, il tourne vivement la tête vers l'origine du bruit. Le vent mugit alors que les premières vagues se fracassent sur le bastingage. Le plat de ses mains s'abat sur la clé au moment où son corps rencontre brutalement le plancher. Ses doigts la serrent si fort que ses phalanges blanchissent. La réaction est immédiate. Une sensation fulgurante de bien-être le submerge.

Terrassé mais loin d'être vaincu, Seito traîne sa carcasse jusqu'au mât de misaine que l'orage n'a pas encore couché. Le nid-de-pie accroche son regard. Il se sent pousser des ailes. La corde encore intacte écorche ses paumes mais n'arrête en rien son ascension. La clé, calée au creux de sa main gauche, le rassure et le conforte dans son entreprise. L'horizon s'offre à lui en un chaos assourdissant. Les nuages à portée de main, il se cramponne à la rambarde et défie les éléments. Un soupçon de peur le tenaille mais rien ne saurait endiguer cette accalmie singulière que le contact du métal distille. Ses doigts s'entrouvrent, la petite clé s'agite.

« Ma faute ? » le surprend-elle d'une petite voix peinée.

Il l'a cru. Six longues années à y croire. Une ombre à chacun de ses pas, comme une maladie qui aurait absorbé son bon sens. A rendre coup pour coup le mal qu'elle lui a fait. Un branle-bas de combat permanent qu'il a alimenté malgré l'incohérence de ses propos et la témérité de ses actions. Courir après le vent et s'attacher à l'absence d'un amour inconditionnel, plutôt que d'aimer de travers. A la surnommer la Chose, dans l'espoir de se sentir à nouveau utile aux yeux de ses parents. La tempête l'engloutit, le noir est total. Seule la vibration intense de la clé soutient qu'il n'est pas mort. Tout du moins, pas encore. Alors la clé s'illumine. La lueur tranche la pénombre et l'irradie d'une chaleur accueillante. Le phare se découpe en une silhouette familière.

La Chose est sa sœur.

Et soudain, il comprend. Sa plus grande peur n'a jamais été son existence, mais l'éventualité qu'elle puisse le voir de la façon dont il se voit. Aussi discrètement qu'elle était apparue, la clé disparaît. Ses bras, jusqu'alors simples spectateurs, se resserrent sur la petite fille au visage inquiet. Un écho de ses pensées échoue sur le rivage de ses mots :

« Me laisse pas au milieu des épaves et des krakens. »
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Seito Mori
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