Epreuve 3 - ONE PIECE REQUIEM & THE OTHERLANDS

Douce est la chaleur de l’aube à la croisée des terres endormies. Contemplant en silence l’ascendant radieux épousant les étoiles, Renard réfléchit.

De sa conscience nébuleuse on ne s’émerveille point et si d’aucuns ne se plaint, il y aurait pourtant de quoi. On notera aux recoins de son esprit creux les brins insoupçonnés de savoirs dont il n’a utilité qu’en de brefs instants.

Quelques matins encore s’étirait un sourire au croc saillant de malice, alléché par l’odeur sucrée de pommes caramélisées. Son flair, loin d’être aussi trompeur que ses méninges émoussées, avait conduit le roué à la fournée fumante en bordure de fenêtre. Il n’avait pu résister, savourant sans méfiance ce qui ne lui appartenait guère. De son méfait, le voilà captif, soumis au dilemme cruel de raison ou de cœur.

Sa liberté contre un service, le Renard a troqué. Entre ses doigts, l’achène/ akène déposé sème la confusion. Son estomac grinçant ne sera sustenté par si piètre repas. D’un air consterné on lui céda critique. Voilà son seul indice. Avant de disparaître, l’héritière fortunée n’avait laissé derrière qu’un pauvre fruit à coque.

Renard aimait les arbres, égéries majestueuses d’une nature indomptable autant que redouté. Lui ne la craignait que pour ses infortunes sans lui tenir rancœur il s’y aventurait.

Ce n’était pas celui-là, ni celui-ci. Mais il se rapprochait reconnaissant le musc précis du bois dont il tenait la graine. À peine s’approcha-t-il qu’une lame fluette se faufila sous sa gorge d’une hésitante manière. Sa peau fleurait les vergers oubliés redevenus sauvages, sur son regard bleuté se noyait l’épouvante. Ses cheveux noirs de jais voletant à son nez provocant l’inévitable. Renard éternue. Un rire perce l’insondable silence, encourageant l’écho des environs enchantés d’imiter son humeur. Le métal s’évada, glissant à son fourreau, Juliette de son nom consentit à douter.

Elle conta son histoire pour le sourire candide du peu futé Renard. Celui-là même qui ne su attendrir ses maîtres quand il criait famine. Savourant tous deux la quiétude des lieux, son cœur battit plus fort quand elle confia ses torts. Sa fuite volontaire avait pour but l’amour, gagnant en solitaire ses plus merveilleux jours. On lui interdisait son excès de bonté à l’égard de son autre.

Le poids de son cœur s’alourdit, Renard n’en saisit pas toute l’ampleur, supposant son appétit plus croqueur. Il s’agite soudainement, sentant monter le tonnerre grondant de ses menaces sous l’imprévu des bruissements par-delà les fourrées. Prêt à bondir tout humain qu’il est, le goupil s’arrondit. “Non! Messire Renard, ce n’est que mon aimé” la supplique déchirante de sa petite voix, convainc le canidae de calmer ses émois. Roméo se présenta.

Sous le regard sélénien, il se perchait à l’oriel de sa belle lorsqu’une plume y siégeait. En échange se déposait un gland pour une discrète échappée. Un soir cependant, on le surpris penché aux lèvres de sa dulcinée. L’infamie se répandit, mettant à pris la tête de l’amant maudit. Roméo condamné, Juliette de chagrin se paraît. Ainsi naquit l’idée d’une fugue en amoureux. Leurs destins liés, Renard les comprit, son sourire effacé il ne sut plus quoi dire.

En ramenant Juliette, il les condamnait. En la laissant partir, il se sacrifiait. Le prix de son silence avait là une mesure dont la simplicité n’avait rien d'enfantine. D’une innocente bouchée tonna la vérité.

Renard réfléchissait entre cœur et raison. Briser la magie pour moyenner sa vie ? Expier son dernier souffle pour la voir perdurer ? Nul ne blâmait la bêtise, sauf le Renard lui-même dont les regrets sincères saisissait sa traitrise.

Il souriait.

Sous la brume de ses iris rayonnait l’éclat mutin libéré de ses fautes. Le ciel pleurait pour lui les minutes écoulées. Sa dette déshonorée lui conférait valeur aux cœurs des passionnés.

Ni les indiscrétions des nanti bienheureux, ni les appréhensions du peuple bien curieux ne surent le démunir de son parfait sourire. Ainsi s’achève l’histoire du peu feu rusé Renard condamné à la taule glacée annexée à la potence.