Le Deal du moment :
Cdiscount : -30€ dès 300€ ...
Voir le deal

[EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
MessageSujet: [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa EmptyVen 6 Nov - 8:24



Lune Rousse



Après cette escapade nocturne, tu as trouvé un endroit pour t’abriter. Un espace où tu te sens en sécurité. Tes membres sont engourdis, et tes pensées ralenties. Il fait chaud, mais froid à la fois. Il fait clair, mais sombre à la fois. Tu as peur, peut -être pour la première fois ou peut-être pas ? Le jeu a commencé. Tu es en train de rêver. Un rêve lucide, qui paraît si réel. Les sensations ne sont pas tronquées, tu es libre d’agir enfermé dans ce rêve. La vraie question cependant qui doit être posée reste cachée : n’est-ce vraiment qu’un rêve ?

Lorsque tu ouvres les yeux, tu n’est plus haute dans le ciel, sur un nuage, mais au plus profond de l’océan. Il fait clair, l’air est rare, mais tu sembles pouvoir respirer. Au sol, le sable amortis tes pas, et des massifs rocailleux décorent ton champ de vision. Autour de toi nagent des poissons de toutes les couleurs, certains ravissants, certains effrayants. En les regardant de plus près, certains même semblent arborer sur leurs écailles des visages qui se rappellent à ta mémoire. Ils tournoient lentement autour de toi, te suivent dans chacun de tes mouvements. Au loin, derrière les rochers, le dénivelé décline brutalement, donnant sur une étendue béante profonde et noire. Tu es seule, mais une voix te chuchote au creux de l’esprit : « Linnéa, tu ne voudrais pas descendre plus bas ? ».
Le Corbeau
Œil avisé
Le Corbeau
Œil avisé
Messages : 113
Âmes : 59
Date d'inscription : 11/10/2020
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa EmptyJeu 3 Déc - 22:21



Lune Rousse

It's just me My self and I
Mon abdomen ronronne assidument, bruissant  sur le tissu rêche de ma parure de nuit. Mes longs cheveux s’éparpillent à travers le coton des nuages, voletant au gré du vent. La nuit n’a pas délaissé son manteau de givre, mais l’ambiance chaleureuse de la petite chrysanthème où j’ai trouvé refuge m’enjôle de tiédeur. Le sifflement de la bise berce mon être, tout en le faisant tressaillir. J’oscille ainsi entre cet état de bien-être, et celui de contrariété, sans parvenir à déterminer au sein duquel je me situe réellement. J’ai peu à peu basculé dans le sommeil, et mes pieds pendouillent sereinement dans le vide, mes ailes repliées m’accordant un matelas de plume au confort tout à fait raisonnable. Proche des étoiles, proche de la lumière, les démons qui m’entourent ont plus de peine à m’approcher, et cette barrière temporaire, me permet de me reposer. J’ai plongé dans cette eau turquoise, pleine de candeur et d’allégresse, il y a une petite heure je dirais. Si j’avais pu, dédoubler mon âme et la laisser voleter, le tableau de cette fillette, l’air guilleret m’aurait émue. J’aurais manifesté l’envie de rester à ses côtés, pour toujours contempler cet air quiet qui anesthésie. La rosée de ses pommettes, la longueur fragile de ses cils, mais aussi le teint halé d’une peau marquée par la chaleur des Plaines Infernales. Oh oui, je l’aurais contemplé avec le même ravissement que celui d’une mère observant son enfant tout juste tiré d’affaire. Epuisé, mais promis à de jours meilleurs.

Mais voilà déjà que je m’agite, attirant le regard inquiet de cette mère imaginaire (moi-même). Qu’as-tu donc, mon enfant ? Chuuut, tout va bien ma choupette. Maman est là, avec toi.

....

Doucement nénette, tu vas finir par te réveiller. As-tu déjà entendu parler de la princesse Marguerite, qui rêvait de découvrir le monde des humains ? Ce tout petit bout de chou vivait dans l’une des prairies de Province. Cadette d’une immense fratrie, cette jolie petite pousse frétillait d’ambition. Prête à braver le monde des géants et ses dangers, elle s’entraînait jour après jour à la traversée de son village, sautant, s’agrippant aux tiges des maisons voisines, roulant, culbutant aux abords des racines. Cette casse-cou émérite n’avait peur de rien. De rien ? Non... pas vraiment. Marguerite craignant l’ennui, et l’enfermement. Du jour où elle constata l’asservissement de ses parents à la couronne, elle se promit de partir en quête d’un bonheur libre et éclairé. Nul bouton d’or sur la tête, ne l’empêcherait de se comporter telle qu’elle l’aurait décidé. Mais voilà qu’un jour, lors de la saison des pluies, Marguerite découvrit ce qu’était la moisson....


Je me sens soudainement rapetisser, j’ai bien envie de manifester ma surprise, mais ma bouche grande ouverte est incapable de produire le moindre son. Je deviens touuuuute petite, à peine plus haute qu’une phalangette, tandis que le monde autour de moi s’est lui aussi métamorphosé. Tout est soudain plus grand, plus imposant, et les perceptions qu’il me fait parvenir sont décuplées. Mon ouïe n’y était pas préparée, et je ploie vers le sol, les deux mains sur mes minuscules oreilles, dans un petit cri suraigu. Je me sais, héritière du trône de la Prairie, après mes soeurs Camélia, Narcisse, Garance, Mélisse et Marjolaine. Oui mais moi, je ne vois pas les choses comme cela ! Et d’ailleurs, j’ai découvert la veille, que notre village était à fleur d’eau. Quelle aubaine ! Moi qui voulais voyager et explorer, mais qui ne pouvait se lancer tête baissée dans une randonnée qui durerait des années, voilà que les éléments m’aidaient. Sans plus tergiverser, je me lance à la recherche de tout objet pouvant me faire office de radeau. En parallèle, je remplis mon sac à dos d’ustensiles. Une pioche, un doudou rose, des sachets de levure, bref, tout ce qui pourrait m’être utile dans mon épopée.

En avant, moussaillon ! M’arc-boutant vers l’avant, je fais chuter du haut de notre  sépale, un batônnet creusé. S’enfonçant dans un premier temps parmi les flots, il remonte néanmoins assez vite et une demi-seconde à peine après sa réemergence, je saute dans le grand vide.

BOUM

Ma petitesse atterrit lourdement dans mon petit bateau de fortune et vaille que vaille, nous prenons le large. En solitaire, mais libre. Personne ne connaît ma destination, personne ne sait que je m’en suis allée. Moi même je ne sais pas vers où nous allons. Mais je sais que nous sommes libres. Libres de nous opposer à la direction spontanément prise par le radeau, libre de chavirer, ou de s’accrocher. Mais tout n’est pas en notre possession. Mon intrépidité me permet souvent de fermer les yeux sur certaines possibilités, mais pas de les oublier. La météo ne tarda pas à refaire des siennes et si l’éclaircie m’avait permis d’embarquer, la reprise de la pluie transforma la suite de la traversée en réelle difficulté. Les courants se font plus rapide, les gouttes s’écrasant sur la surface aqueuse ne peuvent s’empêcher de tout faire trembler. Rappelez vous, tout était décuplé, et les sons de la pluie furent la pire des situations. Mon petit sac sur la tête, je lutte pour ne pas dévier et me laisser entraîner par la force des gouttelettes, dont la plupart font ma taille, voire plus. Imaginez vous recevoir l’équivalent d’un tonneau sur la tête.

Aïe, effectivement.

Le déluge eut lieu toute la nuit, ne m’octroyant pas la moindre once de répit, et au petit matin, tremblante, éreintée et affamée, mais toujours libre, je sens que je faiblis. Hoooooo..........Trop tard. Je me sens basculer par dessus l’embarde, et sans plus attendre, mon petit corps se met à s’agiter.

Ce sentiment active ma torpeur, et je me redresse d’un coup, haletante. Je suis de nouveau moi, Linnéa. Faîte de chair et d’os, et d’un bon mètre soixante-huit. Quel soulagement de retrouver son enveloppe.

Mais.. ?

Pourquoi suis-je toujours dans l’eau ? OH ! Un joli poisson clown. Sans la moindre envie de me moquer de son costume, j’effectue un mouvement de brasse et m’en approche. C’est étrange... je parviens à respirer sans difficulté. Je mets quelques secondes, après deux bonnes minutes d’admiration de Marin, à constater que mon corps est constitué de branchies, et de palmes d’un vert réhaussé de lignes rosées. Quelle ravissante parure ! Des bulles de joies s’échappent de ma bouche, et d’un lent mouvement d’ondulation, je continue mon exploration. Une lumière s’allume brusquement face à moi, et des profondeurs plus opaque, fuse un poisson lanterne à la gueule écrasée, l’ouvrant grand pour se vanter de ses dents. A sa vision, je panique et tente de faire machine arrière. NON ! Je ne peux pas laisser Camélia régner sans être distraite par mes pitreries ! Il me faut quelques secondes avant de réaliser que je fais le quadruple de la taille de l’énergumène. J’éclate d’un rire silencieux au milieu de l’océan avant de changer brusquement d’attitude, et de ressentir le froid, et la pesanteur. Les abysses sont d’un sombre déconcertant, et l’absence de visibilité éveille en moi des terreurs nocturnes que je faisais quand j’étais encore enfant. Je ne suis pas la petite Marguerite, toute cette noirceur, en dépit de sa richesse en découverte, ne m’intéresse pas, me rebute.

Oh mais si, viens, allez on y va !

NON ! Ce maudit rêve veut m’entraîner là où je ne veux pas aller. Dans mon sommeil, je me crispe en un geste tonique, et les larmes se mettent à perler. Ma fréquence respiratoire se met à s’accélérer, et de ce qui était mon petit nuage, je me mets à m’agiter.

Mais si, allez, c’est trop chouette d’explorer. Je suis Marguerite DU LYS, rien ne m’effraye. A quoi bon avoir été béni d’une planète que l’on peut à peine explorer ? Eheh, d’ailleurs, quelle est cette matière étrange ? D’un mouvement du pied, je tâte le sable vers lequel je me suis rapprocher, et finis par m’y arrêter, constatant que je peux y marcher. Autour de moi, la procession colorée n’a pas cessée. Et depuis ce farceur de poisson lanterne, je n’ai plus eu peur de rien. Je vous l’avais bien dit. Madame DU LYS ne craignant rien. D’ailleurs, quels sont ces volumineux rochers, parsemés d’algues aux teintes si singulières ?  Je m’y avance en trottinant, mes palmes repoussant à grandes gerbes le fin sable doré. Ma lenteur n’a d’égale que ma stupeur, et je m’arrête approximativement tous les pas. En effet, le défilé des créatures marines n’a pas terminé, et mes yeux brillent devant le passage d’un poisson cachemire. Et là, un poisson-cardinal de Banggai ! Décidément ! En plissant un peu plus les yeux, pour distinguer leurs particularités, je remarque un fait troublant. Leurs écailles miroitent violemment, et me feraient presque tourner la tête.

Fermant les yeux, je me centre sur la véracité de mes pensées, et en rouvrant les yeux, je perds à nouveau de ma consistance. Ces rochers qui m’intriguaient me repoussent désormais. Grisâtres, ternes, troués de cadavres d’algues. Madame KRÄMER n’aime pas cette ambiguïté, qui règne en maître dans ces fonds marins. En revanche, le ballet de ces vertébrés aquatiques me remplit de la même sidération. Je reste ébahie, la mâchoire grande ouverte, et les bras ballants, face à la beauté de leurs couleurs. Petite spécificité, aussi insolite que la pousse soudaine de mes palmes : leurs écailles ne sont pas justes colorées. Elles sont ornées. Serties de visages, les uns joviaux et accueillants, les autres ternes et renfermés. Je ne peux m’empêcher de tous les regarder, et en miroir à leurs émotions, les miennes se modèlent sur mon petit minois. Je reconnais l’une de mes tantes, cette vieille sorcière aux doigts crochus et la voix nasillarde. Et là, mon oncle Pastis ! Ah, lui je l’appréciais bien mieux. Quel bon vivant.

Je glousse à nouveau. Quel étrange rêve. Ma semi-conscience me permet de différencier le rêve que je faisais, dans la peau de cette jeune intrépide de Marguerite. Mais ne me permets pas de comprendre, que là encore, je me ballade dans le repère de chimères. Je me sens maîtresse de la situation, et ne m’étonne pas le moins du monde de cette faune et cette flore pour le moins étrange. La dune de palmier encadrant le rocher en est la preuve vivante. Ces palmacées existent bel et bien dans le monde réel. Il ne m’en faut pas plus pour me rassurer et poursuivre mes explorations, ou que dis-je, mon observation. L’expérience visuelle se consolida d’impressions auditives. Là, quelque part en mer, je sens que les particules s’agitent, sous les faits d’ondes lentes et insidieuses qui se mettent en branle. Bientôt me parviennent de lents murmures, langoureux. Ils serpentent jusqu’à moi pour s’enrouler avec passion le long de mes mollets, remontant pour gagner mon esprit. Et finalement, ouvrant grand la gueule et faisant sonner leur cascabelles, leur morsure en devient presque irréfutable. Les sons se font plus forts, plus insistants, oppressants. Mais à cette profondeur de l’océan, le nombre de Barr m’était bien égal, la loi de la physique s’appliquait. Non, le nombre de décibels et l’allitération elles n’étaient pas des plus habituelles :

« Ssssouviens toi, ssssoeurette, de ceeees succeeeesssions d’enseeeignement. Le ccccciel est-il aussssssi sssséduisant qu’il en a l’air ? Approche ma douccccccce. Laisssssse toi retrouver le sssssentier des tiens. »


A ce concert de sifflements, en provenance de ces abysses noirâtres, se succéda une voix caverneuse.

« Aurais-tu déjà oublié qui tu es et d'où tu viens ? »


L’insouciance n’est plus. Sous cette masse d’eau, mes sourcils se froncent, mon visage se crispe, et je n’en attends pas davantage. Mes pensées se bloquent, et je m’avance, déterminée vers les abysses. A mesure que mes pas se  rapprochent de ce gouffre béant, au fond imperceptible, je ralentis la cadence. Si bien que je m’y positionne finalement comme au ralenti. Mes yeux me trahissent alors que mon faciès n’est qu’insensibilité. Je me suis à nouveau bloquée, recroquevillée en moi-même. Du haut de mon perchoir, je finis par cracher en contrebas.

« Je sais où je vais. »


« Linnéa... Tu ne voudrais pas descendre encore plus bas ? »

Une décharge de cortisol plus tard, je fais volte face et active la puissance de mes palmes. Mon corps n’est qu’adrénaline et je me fais violence pour progresser plus vite, plus haut. Remonter à la surface à tout prix, retrouver la visibilité.
Linnéa Krämer
Démone déchue
Linnéa Krämer
Démone déchue
Messages : 109
Âmes : 164
Date d'inscription : 31/08/2016
Age : 24

Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa EmptySam 19 Déc - 21:52

Le membre 'Linnéa Krämer' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Lune rousse - 2020' :
[EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa Lm92
Le Corbeau
Œil avisé
Le Corbeau
Œil avisé
Messages : 113
Âmes : 59
Date d'inscription : 11/10/2020
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa EmptySam 16 Jan - 22:32



Lune Rousse



Tu agites tes palmes avec une vitesse déconcertante et malgré la force de chacune de tes poussées, tu n'avances pas d'un seul nœud. Tu ressembles à un animal en train de te noyer et tes mouvements font basculer ton corps en sens inverse, tête vers le bas. Tu as beau agiter les bras et les jambes, rien n'y fait, tu es clouée sur place. Puis un courant d'aspiration te projette vers le bas et t'entraîne vers les Ténèbres. Et en une seconde, un seul souffle de respiration, tout ton être est propulsé dans les Abysses. La lumière n'est plus, tes yeux peinent à s'habituer à la faible luminosité. Une chaleur enivrante hante les lieux et tu peux sentir des écailles frôler ta peau découverte à une lenteur accablante. Par moment, des lumières s'allument et t'éblouissent, elles révèlent des rangées de dents roses et à arrondies avec harmonie, avant de s'éteindre, laissant sur tes pupilles des illusions de fantômes et de formes. Par moment, tu ne saurais dire si la lumière est réelle, ou si ce n'est pas ton esprit qui l'imagine pour ne pas que tu deviennes complètement folle.

Des chuchotements se font entendre, d'abord silencieux puis à nouveau bruyants. Ils recouvrent rapidement les propres son de ton corps. Les chuchotements sont apaisants, agréables, mais ils semblent cacher des sentiments mauvais, enrobant de miel des bonbons acides. Puis, alors que tu te sens descendre sans te savoir vraiment descendre, les voix se taisent et tu ressens les branches des algues marines fouetter ton corps sur ton passage. Puis ta tête touche une surface dure, sans que tu t'y cognes et ton corps retombe à plat. Au-dessus de toi, un tout petit point blanc décrit l'entrée, avant de disparaître. Tu es désormais là, immobile.
L'Aboyeur
Colporteur
L'Aboyeur
Colporteur
Messages : 32
Âmes : 43
Date d'inscription : 07/12/2015
Localisation : ?
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa EmptySam 17 Avr - 0:04



Lune Rousse

It's just me My self and I
Boum Boum. Boum Boum.

Dans le silence assourdissant de cet océan résonne mon coeur emballé. Il se démène contre ma poitrine, battant à tout rompre à l’instar d’un étalon lancé en plein galop, déjà haletant et transpirant. Mais son ardeur est insuffisante. Il a beau motoriser mes membres qui n’arrêtent pas de s’agiter, ma progression est nulle.

Nada. Je ne progresse pas.

Des bulles de frustration s’échappent de ma gorge et j’accentue mes efforts jusqu’à totalement m’immobiliser, vidée. Tous les poissons si colorés qui avaient fait briller mes prunelles ne sont plus. Je suis seule, perdue dans ces eaux profondes. Bande de marins d’eaux douce...

Ce trait d’humour est bien trouvé, je dois bien me l’admettre. Mais ce petit succès n’a pas de répercussion sur ma problématique. Je réitère alors ma gymnastique. Par des gestes virulents, je me lance à corps perdu dans des battements asynchrones de pieds et de bras.

Nada.

AH SI ! Une lumière d’espoir flasha dans un coin, alors que je me sens basculer légèrement vers le côté. Allez, encore un effort Ly, un petit coup de jambe droite et...

Non... Non... NON ! Je sens que je dévie beaucoup trop par rapport à ce qu’aurait du être ma trajectoire. Au lieu de profiter de l’énergie dégagée, en avançant de quelque peu vers le haut, je sens mon épaule pivoter vers la droite, puis vers le bas. Et ce dernier point eut l’effet d’un électrochoc. Je me retrouve tête en bas, mes longs cheveux collés à la surface de mon visage s’agitant comme autant de petites pieuvres en la direction du rift. Forcée de le regarder dans le fond des rives, je lui fais un puéril pied de nez, furieuse. Quitte à s’être pris quelques volts, autant l’extérioriser en le foudroyant des yeux.

Il demeure imperturbable. Ou peut-être que l’accalmie n’était que la partie visible de l’iceberg. Alors que je me tords le coup pour estimer la distance qui me sépare de la surface, je sens un petit appel d’air venir me chatouiller les pommettes. Réajustant ma trajectoire visuelle vers les tréfonds, je finis par réaliser ce qui est en train de se tramer. Avec horreur, je perçois un maelstrom en train d’émerger. Oh.... ça ne sent pas bon... Pas bon du tout....

BOUM BOUM. BOUM BOUM.

La tachycardie m’emporte cette fois totalement, et je ne peux rien faire pour lutter. Le vent de panique est installé, il me faut fuir avant de me faire attraper. Fuir, toujours fuir. Mais mon mode opératoire n’est pas disponible et faute de capacité de mouvements, je sens que je me fais aspirer. Les profondeurs sont en train de me happer. Dans mon désarroi, je crée une énorme bulle dans laquelle résonne mon cri désespéré. Mes vains piaillements ne découragent pas mon agresseur qui continue de m’attirer à lui jusqu’à ce que je sois immergée. A mesure que je m’éloigne de la lumière du jour, opacifiée par les mètres parcourus, je réalise. Je ne suis plus simplement aspirée, je coule désormais.

Je m’enfonce alors dans un mutisme et mes traits crispés gagnent encore en intensité. Les ridules sous la presssion musculaire se sillonnent un trajet sur mon visage fermé. Tout mon corps se tend, renouant avec une attitude passée. Celle de la passivité, de la tension accumulée, des mots non formulés. Mon aura se replie jusqu’à coller à ma peau, à se fondre le long de mes follicules. Mes prunelles se vident de l’élan vital qui les habite quotidiennement. Je sens que ma nuque s’affaisse légèrement.

Atlas, cette première vertèbre retrouve tout le poids du crâne qui me constitue. Lourd de pensées, de revendications, de regrets. Le fardeau de mon passé refait surface pour lui rappeler les douleurs antérieures. Je ne peux pas lutter contre mon naufrage, mais je peux me replier. Et c’est ce que je fais, mécaniquement. Mes genoux et mes bras se retrouvent au niveau de mon coeur, là où le concentré de ma lumière s’est réfugié. Il charbonne pour rester éveillé. La pression alentour ne le fera pas imploser, si tant est qu’il parvienne à résister...

J’inspire, expire. J’essaye de resynchroniser ce rythme cardiaque bien trop exalté. Pour ça, je me centre sur mes sensations pour ne trop laisser mon esprit m’influencer. Plongée dans le noir comme je le suis, je cligne plusieurs fois des paupières pour tenter d’accomoder. Peine perdue. En revanche, je perçois la chaleur alentours qui va jusqu’en me faire frissonner. Où suis-je ? Et qu’est-ce que c’est, bordel ?! Mon sang ne fait qu’un tour au moment où je ressens l’équivalent d’un frôlement le long de ma jambe droite. Puis le long de mon cou, autour de mes reins... Avec lenteur, je me sens parcourue de dizaines d’écailles, certaines plus rugueuses que d’autres, entaillant fictivement mon épiderme. Je ne peux pas hurler, je me contente alors de trembler. Ce contact froid et spiralé éveille dans le fond de ma mémoire un souvenir que j’avais enfouilli. Enterré, utilisons les termes vrais. Un flash lumineux me replace face cette scène de mon arrivée.

Un temple. De l’ombre. Et une aura. Une épouvantable aura. Cauchemardesque.Est-ce d’ailleurs son sourire que j’imagine se dessiner là. Un sourire parfaitement aligné, mais carnassier ? Je papillonne des yeux d’effroi, me les frotte avec frénésie pour effacer cette hérésie de l’esprit. Je suis presque « soulagée » de découvrir qu’en « réalité », ces sourires et visages qui se profilent ne sont autre que ceux que j’ai vu nous quitter. Ces visages des miens qui s’éteignaient à jamais. Que j’avais laissé partir sans parvenir à les retenir. Ce constat ne met pas longtemps à m’horripiler. Comment puis-je OSER ressentir un allégement de peine en réduisant tous ce sang qui me tâche les mains ? Ce revirement à l’encontre de mes valeurs me blesse profondément, et le petit cargo de soleil que je portais perdit un peu de sa candeur. En m’autoflagellant de la sorte, je remets en question des principes qui sont censés définir mes chemins de pensées.

Laissez-moi... ma petite voix mourut, à peine exprimée.

Je ferme les yeux, cette action de passivité étant la seule solution que je perçois dans l’immédiat. Les chimères sont forcées de débarasser le plancher de la scène virtuelle. Mais le subconscient n’est pas bridé au point de pouvoir être contrôlé. Et rapidement, le fléau reprend, sous une nouvelle forme. Après le toucher, la vision, c’est à mon audition d’être hantée. Dans mon pavillon s’introduisent quelques jargons vaguement murmurés, qui glissent le long de mon conduit, jusqu’à faire vibrer les osselets puis mon être tout entier. Ces voix ternes m’entretiennent de sujets qui les stimulent. Je reconnais en certain un ton fragile qui se stabilise au fur et à mesure qu’elles me communiquent leurs atrocités. Car leur ton candide n’est qu’un piètre fumigène camouflant le venin qui les habite. Je frisonne et finit par abandonner. Je m’efface entièrement, les laissant m’écraser de leur influence nauséabonde et putride. Je rouvre les yeux, et je disparais. Je m’échappe de cette réalité trop douloureuse à affronter. Mon esprit se ferme. Mes oreilles écoutent, mes yeux voient, mais je ne perçois pas. Je n’entends pas, je ne vois pas. Je sais que je coule, je ne sais pas si un jour j’atterrirais, si je reverrais le soleil. Mais je sais que suis quelque part par là.

Je suis des yeux cette enveloppe corporelle qui glisse vers le fond sédimentaire. Vraisemblablement vers des corps fossilisés par des millions d’années. Les pieds de la jeune femme touchent la roche en premier. La fervente force marine poursuit pourtant la pression exercée et dans l’immobilité la plus totale, la demoiselle plie petit à petit les genoux jusqu’à être forcée de ployer vers l’avant. Inexorablement, sa tempe se rapproche de l’interface, jusqu’à venir s’y apposer. Mais la jeune femme ne réagit pas. Ses deux yeux sont grands ouverts, irrités par l’absence de clignements depuis cinq minutes maintenant. Son coeur bat lentement, posément. Le vide n’est après tout jamais stressé.

A ce moment, la pression se volatilise en un rien de temps. Balayés de droite à gauche, les cheveux de la demoiselle reprennent leur mouvement stéréotypé. Mais son immobilité persiste. Les éraflures des algues marines ont accentué le travail des créatures aquatiques à écailles. Sa peau est à vif, rougeoyante à bon nombres d’endroits. De petites perles de sang se dispersent au grès des courants. Et d’ailleurs, le chlorure de sodium la pique terriblement. Mais son immobilité persiste.

Son immobilité persiste jusqu’à ce qu’un petit point lumineux ne force son attention. Je la vois alors se mobiliser pour centrer son regard en la bonne direction. Et là je le vois, ce petit point qui m’a intriguée. Je reste en sourdine quelques instants, mais je ne peux détacher les yeux. Ce petit point est mon repère à l’instant T, celui qui me maintient éveillée.

« Linnéa. Tu ne voudrais pas plutôt venir là ? »

Linnéa. C’est moi. Je papillone des yeux, et bouge transitoirement les doigts. Redressant les épaules, je tente une faible mobilisation de mes palmes qui me projette vers l’avant. Un sursaut d’énergie me prend, et je me lance platement en la direction de ce point qui me paraît si lointain.

Pouf.

Le point blanc a disparu et je m’affaisse. Je tombe à genou, la tête légèrement tombante. Il fait bien chaud ici. Après tout, pourquoi ne pas y rester un petit peu ?
Linnéa Krämer
Démone déchue
Linnéa Krämer
Démone déchue
Messages : 109
Âmes : 164
Date d'inscription : 31/08/2016
Age : 24

Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa EmptySam 17 Avr - 0:04

Le membre 'Linnéa Krämer' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Lune rousse - 2020' :
[EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa Dagi
Le Corbeau
Œil avisé
Le Corbeau
Œil avisé
Messages : 113
Âmes : 59
Date d'inscription : 11/10/2020
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa EmptySam 20 Nov - 21:14



Lune Rousse



La chaleur qui se dégage des profondeurs est envoûtante, presque rassurante. L'envie de faire un somme pourrait te pendre au nez, là immobile au milieu des Abysses insondables. Le rythme des courants marins s'agitant dans la distance pourrait bercer tes pensées ardentes. Le sable sur lequel tu reposes est un matelas affiné, prenant doucement ta forme et souvenant tes contours. Les voix se sont tues, les écailles ont disparues. La lumière s'est évanouie. Par intermittence, une présence se manifeste autour de toi, mais elle ne semble pas dangereuse. Lorsque tes yeux observent le noir infini sur ta droite, un souffle te chatouille le cou sur la gauche. Lorsque ta main attrape une poignée de sable, une peau étrange frotte ton mollet. Serait-ce des poissons, des algues ou des petites crevettes qui se laissent porter par les flots ?

Très vite, des lumières réapparaissent, clignotantes comme des phares désaccordés. Lorsqu'elles apparaissent, elles brillent de toute splendeur et disparaissent tout aussi vite, avant de se manifester un peu plus loin, à l'identique. Plus tu les observes, plus ces lumières se rapprochent, dans un silence déconcertant et assourdissant. Mais peut-être tout ceci n'est qu'une illusion à nouveau ?
Marie Klinton
Dirigeante
Marie Klinton
Dirigeante
https://damnedtown.forumactif.org
Messages : 593
Âmes : 146
Date d'inscription : 10/05/2015
Localisation : ?
Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa EmptyDim 9 Jan - 10:54



Lune Rousse

It's just me My self and I
Non, l'idée est bonne à jeter. Je ne peux pas rester. Déjà sur ma droite, je sens un souffle chaud s'appesantir le long de mes cervicales. Je fais un pas sur le côté en laissant échapper quelques bulles de surprise. Mais je n'échappe pas aux troubles sensation, car déjà je sens que l'on ascensionne transitoirement mon mollet. Le contact est froid, visqueux et je sursaute de surprise. Je raisonne mes craintes en me rappelant que l'eau abrite milles créatures, l'immense majorité étant innofensive.

Je centre alors un peu plus mon attention sur ces stimuli lumineux qui éblouissent mes pupilles. Intermittent, ils paraissent provenir des profondeurs. Si d'un mouvement de bassin je me projette vers l'avant pour me rapprocher un peu plus du bord qui me sépare du vide abyssale, je reste à distance et observe d'un air méfiant la couleur charbonneuse qui s'abruisse dans un lourd silence.

Cette fois je suis unanime. Je ne dois pas y aller. Je redresse le cou et l'élève vers la surface. Je suis si bas déjà.... Alors que je m'accroupis pour voir la température du sable, je profite de ma position pour me projeter vers le haut d'un coup de pieds. Les granules de sables se mettent à tourbilloner pendant que mes petits bras s'appliquent à me remonter. Contrant les forces pressionnelles, je mets tout mon coeur dans la réussite de ma remontée. Hélas je suis déjà bien démunie en oxygène.... Mes branchies imaginaires tombent en pannes, et d'un geste effaré, je me mets à battre des pieds et des mains tel un pantin désarticulé. Qu'à cela ne tienne, je parviendrais à nager ! Rassemblant tout mon courage, je fonce droit devant, tournée vers un seul but. La Lumière.


FIN DU RÊVE
Vous pourrez bien sûr retrouver la suite de mon RP au niveau de la Mairie pour la 3ème partie, l'incendie (>ici<).
Des bisous Plein d'amour !
Linnéa Krämer
Démone déchue
Linnéa Krämer
Démone déchue
Messages : 109
Âmes : 164
Date d'inscription : 31/08/2016
Age : 24

Revenir en haut Aller en bas
MessageSujet: Re: [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa [EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa Empty

Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
[EVENT] Lune Rousse | Le Rêve - Linnéa
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» [EVENT] Lune Rousse - Linnéa Krämer
» [EVENT] Lune Rousse | Le rêve - Casey
» [EVENT] Lune Rousse | Le rêve - Luke
» [EVENT] Lune Rousse | Le rêve - Maximilien
» [EVENT] Lune Rousse | Le rêve - Logan

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Damned Town :: Avant toute chose :: Histoire :: Lune Rousse-
Sauter vers: