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[EVENT] Lune Rousse - Linnéa Krämer

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MessageSujet: [EVENT] Lune Rousse - Linnéa Krämer [EVENT] Lune Rousse - Linnéa Krämer EmptyMar 20 Oct - 0:06



Lune Rousse



Il n’est pas encore minuit, les ombres de la nuit enveloppent ta silhouette fragile. Tu es éveillée et pour une raison que tu ignores tu as décidé de te rendre en ce lieu, comme si quelque chose à cet endroit t’avait attiré. Tes vêtements sont trop légers, tu as froid. Là où tu es ne règnent que le silence et le souffle du vent nocturne. Ce lieu remue en toi des émotions et des souvenirs qui te sont familiers. Tu te sens perceptif, sensible aux signaux invisibles et aux mystères de cette cité. Comme si des doutes brûlaient ton esprit et que tu te devais d’y répondre, peu importe la douleur. Étrange idée que de rester dehors en cette Lune Rousse, la vérité triomphera n’est ce pas ?

La Mer de nuages pourrait être un espace de calme et de tranquillité, si ce n’est les aspects menaçants des nuages sous l’emprise de la Lune. Tu es perchée sur un nuage, tes ailes libérées au vent. Tu fixes l’astre lunaire, qui semble si proche de toi et pourtant si lointaine. Elle semble à sa place, au milieu du ciel de nuit. Et toi, as-tu vraiment trouvé ta place ?
Le Corbeau
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MessageSujet: Re: [EVENT] Lune Rousse - Linnéa Krämer [EVENT] Lune Rousse - Linnéa Krämer EmptyVen 30 Oct - 21:25



Lune Rousse

It's just me My self and I
Mon ventre gronde terriblement. J’ai beau y plaquer la main dès que les gargouillis se font sentir, rien n’y fait. Mes organes me crient de les contenter, chose que je ne suis pas apte à leur accorder. J’ai toujours eu tendance à être sensible aux événements extérieurs. Les parallèles hâtifs ont même tendance à être ma spécialité. L’Eclipse Lunaire dont Damned Town est la spectatrice n’échappe naturellement pas à la règle.

Ce soir, la lune est rousse, vêtue de son manteau cuivré. Je me rappelle que, petite, son spectre m’évoquait tout le sang dont on m’abreuvait au quotidien. Les visages des défunts dont je me souviens s’invitaient la nuit dans mes pensées, certaines me réconfortant, d’autres m’accusant inlassablement.

« Tu n’y peux rien petite.... Notre monde est ainsi fait... »
« Collaboratrice ! »
« Détourne les yeux ma grande, prie pour moi une fois que je ne serais plus là. »
« SAL**E, fait quelque chose     ...... Non, non pardon, je ne voulais pas dire ça. Aaaaaah,  je t’en supplie, fais les cesser... »

Ces souvenirs me font émettre un sanglot, et très vite, je plonge la tête dans l’oreiller pour étouffer un cri d’angoisse. Dany dort juste à côté. Elle ne mérite pas d’être éveillée par mes névroses. Je sais mon psychisme morcelé, balloté entre les valeurs que l’on a toujours voulu m’inculquer, et celles que j’ai voulu adopter. La lune de sang est un rappel douloureux de ces moments de doutes, de souffrance, et de désorientation.  L’événement a beau approximativement se produire deux fois par an, je ne m’y suis pas habituée. Ou peut-être ne veux-je pas le banaliser. A l’heure actuelle, et au vu des fréquentes récidives, j’ai fini par me faire une raison : je suis porteuse d’un deuil traumatique. Cette volonté de ne pas oublier, ces efforts pour toujours me rappeler, ne peuvent être sans conséquences sur mon organisme.

Ce soir, je n’ai pas mangé. Actuellement, je préfèrerai parler de jeune momentané. Plusieurs mécanismes en sont à l’origine. Le premier, est que je suis bien trop occupée à penser. Mais le second, s’évère plus stratégique. La sensation de mes tripes me délocalise momentanément de celles qui s’entrechoquent dans mon esprit. Le tribut est moins lourd à porter, réequilibrant organique et psychique.

Oh mon dieu que je pense trop.... Pour me faire taire, je me tourne et retourne dans mon lit, fixant tantôt le plafond, tantôt le mur controlatéral de mon petit poulailler (c’est le petit surnom que j’ai donné à ma chambre, n’est-il pas mignon ?). Mes tentatives sont vaines, je le sais. Mais mon obstination perdure encore un long moment. Jusqu’à ce que, lassée, je ne jette un coup d’oeil au petit réveil à me côtés.

23h19.

La petite poulette que je suis se couche très régulièrement avant 21h. Ces 2h19 à ressasser ne peuvent pas durer. Mais est-il vraiment prudent de sortir à cette heure là ? Ne risquai-je pas tomber sur de mauvaises intentions ? Ces lois gravées dans le marbre me rassurent et m’empêchent de psychoter. Pour autant, elles ne m’ont pas entièrement convaincues. Est-il vrai que nous ne pouvons pas mourir dans la cité ? Je ne veux pas être la potentielle exception confirmant la règle. Mais en même temps, je ne peux pas non plus laisser les pensées me grignoter, centimètre après centimètre, sans rien faire pour exulter, les évacuer.

Allez ma petite Ly, N’aies pas peur. Tu es forte et courageuse. Les difficultés sont un pas de plus vers ta liberté.

Déterminée, la boule au ventre, je me relève, essuie les quelques vertiges d’un entrain trop affirmé. J’enfile à peine mes chaussons, et quitte l’appartement, vêtue seulement de ma chemise de nuit. Nature, peinture. De toute façon, j’ai le sang gelé, rien ne saurait actuellement me réchauffer. Mon optimisme me porte naturellement préjudice, et à peine sortie de l’immeuble, la vague de froid me saisit au col.

Brrrrrr....

Cette fois, je grelotte vraiment. Mince. Je n’ai pas envie de remonter, de retrouver ce lit plein d’ondes néfastes. J’inspire un grand coup et me concentre : Je n’ai pas froid. Tu n’as pas froid. Il ne fait pas froid.

Dans les rues, les lumières grésillent, des voix se font parfois entendre, de ci, de là. Je zigzague pour éviter toute rencontre, et gagne à petit pas l’entrée de la cité. Là, je fais une pause, laissant mon regard s’élever, jusqu’à fixer l’astre rougeoyant. L’effet est immédiat, les fantômes de mes souvenirs se précipitent vers moi. Ah non ! Je fronce les sourcils, mécontente.

« Ecoute moi bien toi là-bas. Arrête de me regarder de haut, de ton air moqueuse. D’ailleurs, pourquoi tu ne bouges pas ? Pourquoi tu restes plantée là ? Si tu n’est pas capable de venir jusqu’à moi, alors méfie toi ! »

Mes propos n’ont aucun sens. Mais ils me font du bien. Ils me font même sourire. Je prends compte de l’absurdité de la situation mais m’y cramponne solidement. D’une impulsion du pied, je déploie mes ailes, déchirant en partie le tissu de ma tenue. Qu’importe, il fait nuit noire là dehors et dans les cieux, les oiseaux ne vont certainement pas me juger. Le panache charbonneux et lumineux me permet de m’élever. Quelle sensation étrange ! Depuis combien de temps les ais-je immobile là derrière ? Un rire me saisit, et un sentiment bref d’allégresse me surprend, me faisant esquisser un looping de défi. Mais rapidement, mon champ de vision raccroche la difficulté du soir.

« A nous deux ma grande...... »

Le top départ est donné, je fonce en direction de l’astre. La traversée des flux venteux est de moins en moins aisée, mais ma détermination me donne des ailes. Certains préconisent de faire face à leurs peurs pour mieux les contrôler. Je suis sceptique quant à ce principe. Mais je n’ai rien d’autre de mieux à faire. Autant se défouler pour mieux sombrer.

Le manque d’entraînement de mes ailes se fait néanmoins ressentir. Puissante, mais peu entretenues, elles me forcent à m’arrêter, à me poser sur les quelques nuages que je parviens à glaner. Je n’ai pas atteint la lune, certes, mais je m’en suis rapprochée. En posant le pied, je constate un surprenant toucher soyeux, doux.

Mais d’ailleurs ?! Où sont mes chaussons ?

Si accaparée par mon avancée, je ne les ai pas sentis tombés. Ce n’est pas grave. Ils m’auraient empêché d’apprécier la perception de mes plantes. Pourtant, l’apparence de ces brouillards floconneux elle est rugueuse. Sombre, nuance de gris et de noirs, leur enrobage me déplaît alors que le coeur lui est d’une pureté incroyable. Conquise, je m’y plonge sans demander mon reste, trouvant un singulier réconfort dans cette étrange similitude. Leur douceur intérieure contraste avec leur aura menaçante. Je me love dans celui que je viens d’aborder, et murmure.

« Tu peux me comprendre toi? Cette impression que tous attendent que tu fasses ployer la terre sous la foudre et la pluie. Pourtant, là derrière, tu contiens tout un panel de lumière. Oui je sais, des fois tu veux la cacher, tu veux ressembler à tes pairs, pour échapper aux regards indiscrets. Un nuage blanc parmi les noirs, c’est bizarre ! Cela dit... un nuage noir parmi les blancs, ça l’est tout autant. Tu n’est pas d’accord ?»

Je me tais momentanément. Je n’attends pas de réponse, un nuage ne parle pas. En revanche, moi je pense. Que suis-je actuellement ? Un petit nuage noir à l’intérieur blanc ? Ou un petit être d’apparence blanche, mais noire de coeur ? Hmmmm... Difficile de trancher. A Damned Town, je peux être ce que je veux. Mais nous ne sommes que le reflet de notre propre comparaison à la société. Un instant, je me projette sur terre, levant les yeux vers le ciel. De là, vois-je réellement de quelle composition sont les nuages ? Et parallèlement, les autres, au travers de leur regard, perçoivent-ils réellement la composition de mon âme ? Non, bien sûr que non Ly’. Que tu es bête parfois. Tu es ce que tu es, indépendamment de ce que les autres sont. Mais alors ? Comment les autres peuvent-ils voir ce que je suis, s’ils ne peuvent pas me comparer à eux ? Sans comparaison, alors personne ne peut m’appréhender. Et sans se catégoriser, ou être catégorisé, peut-on réellement parler de place trouvée ? Comment puis-je moi me positionner ?

Question insoluble. Je ne cherche pas à forcer, ni à répondre, ou rendre le fond de mes propos plus compréhensible. Je ne me parle qu’à moi même, je n’ai donc pas besoin d’exprimer plus explicitement  ce que je ressens. J’ai à le vivre. Par la force des choses, comme je suis couchée sur le dos, je porte à nouveau les yeux sur l’astre. Si moi j’ai bougé, elle est restée. Un sourire circonspects se dessine sur mes lèvres.

« Et toi ? Tes couleurs changent. Varient en fonction de ce que les autres peuvent projeter sur toi. Ça ne change rien. Tu es toujours à la même place. »

Un silence accueille mes propos. Je me blottis un peu plus confortablement, me tasse un petit oreiller cotonneux.

« Est-ce toi qui l’a choisi ? Ou t’as-t-on placée là, comme ça ? Es tu heureuse de la vue dont tu jouis ? Des voisins et voisines dont tu es entourée ? »

Les cratères la composant, me donnent d’ici le sentiment d’être similaire à un globe oculaire distendu, dont l’axe me traverse allègrement. Sanglante lune, es-tu en train de m’observer ? Je ne détourne pas les yeux, je suis fascinée. Décentraliser mon attention sur elle et non sur ma petite personne me permet de relativiser, de mettre de côté ce poids lourd que je portais en bas. D’aspect altruiste, la manœuvre est un chouï égoïste. A l’identique de son contemporain le nuage, la lune n’apporte nulle réponse à mes questionnements. Je ne lui en veux pas. Trouver sa place ne doit pas dépendre de l’avis des autres, conformément aux arguments portés plus haut.

Lentement, mes yeux se ferment, et je me plais à divaguer. Est-ce vraiment un privilège que de pouvoir se poser ? Peut-on prétendre que les fous de voyages n’ont pas trouvé la leur ? Au-delà de l’aspect matériel et géographique, leur intellectuel peut-il vraiment trouver une place dans ces découvertes incessantes de cultures et de patrimoines ? Laquelle est la leur ? Celle de leur naissance ? Celle qui parle le plus à leur coeur ?

J’émets une moue rieuse, j’aime l’image que je viens de me projeter. A ma manière, je fais partie de ces bohèmes, qui ne peuvent actuellement se poser. Leur place est partout et nulle part à la fois. Leur foyer est celui des familles qu’ils rencontrent, jusqu’à leur prochain départ. Leur culture est un patchwork de celles qu’ils ont croisées. Petit à petit, ils se construisent leur place. Dans l’univers.

Oui, moi, ma place à moi est là. Dans l’univers, comme les milliards d’êtres vivants que nous sommes. Je suis maîtresse de mon foyer et de ma pensée. Ma place est partout tant que je suis là. Ma place, c’est moi.

Dans mon petit cocon de pensée, je n’ai plus froid. Les voix se sont un peu calmées, et ne sont plus là pour m’accuser, mais pour me guider. Au fond, elles n’ont pas réellement changé. C’est moi qui ai soudainement décidé de les interpréter autrement. Au moins pour ce soir. Elles me guident au travers de mes valeurs, me tendant des mains que je peux choisir ou non de saisir. Ce soir-là, je m’endors en paix. Ma place actuelle est là, dans la mer de nuage, bordée par une hétérogénéité de couleurs. J’ai conscience que le nuage bouge, parfois accompagné des siens, parfois totalement isolé. Malgré ces mouvements, moi je suis toujours là, établie dans cet océan de tiédeur.  
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Demain sera source de nouveaux changements, et de bons nombres de déplacements. Bonne nuit cher lecteur.
Linnéa Krämer
Démone déchue
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