"Do you want something ?" [RAPHAËLLE/ICHIGO]

Do You Want Something ?

Raphaëlle Keegan | Ichigo Tachibana

Je volais. Pour être exacte, je faisais des sauts énormes, je pouvais aisément passer de toit en toit sans souci, sans effort. Arc sur le dos, un bel arc qui brillait, noir avec des motifs divers et variés gravés... Je l'armais, et visais une tête que je ne connaissais que trop bien, qui m'avait fait subir des choses que je ne pouvais supporter...

Mais bien sûr, au meilleur moment du rêve, il faut que mes yeux s'ouvrent. Réveil de merde. Je soupire longuement et grogne, attrapant mon oreiller pour le placer sur ma tête. Comme tous les matins, j'éteins ce foutu réveil d'un grand geste de la main... Je le fais même tomber. Il n'a qu'à pas me réveiller comme ça, à quatorze heures du matin ! Quoi ? Quand on se couche à sept heures aussi.... Je fatigue un peu parfois, avec mes insomnies, aussi. Je me lève et avance un peu -beaucoup- au radar, jusqu'à mon rideau pour l'ouvrir d'un geste mou. Pour une fois, la luminosité de l'extérieur ne me fait même pas vraiment plisser les yeux. Il fait gris, c'est un temps terriblement orageux... Tant mieux, j'adore ça ! J'ouvre ma fenêtre pour aérer un peu ma chambre et passe une main dans mon épaisse et abondante chevelure rousse. Habillée d'un t-shirt et simplement d'une culotte, je passe évidemment aux toilettes avant d'aller à la cuisine. J'ai faim. Je farfouille un peu dans mon frigo, et en sors une bouteille de lait entier, avant d'aller voir dans mes placards. Un bol, une cuillère, mes céréales, une assiette, un couteau et un kiwi, puis je vais m'asseoir -m'affaler serait plus correct- sur mon canapé, devant la télé.

Je ne sais même pas comment je suis arrivée dans cette ville. Je me suis réveillée ici, c'est tout. Dans mon nouvel appartement, c'est un capharnaüm. Mais bon, moi ça ne me gêne absolument pas. Je suis en train de trouver mes repères, c'est un bon début...

D'ailleurs après avoir pris mon petit déjeuner, je débarrasse et range un minimum la cuisine, avant d'aller me laver et m'habiller pour aller travailler. Un slim noir, une chemise blanche avec les premiers boutons enlevés, une petite veste en cuir, et le tour est joué. Ma crinière ? Je la laisse comme ça, je n'y touche pas. Ils sont bien plus beaux en bataille, mes boucles sont bien mieux. Enfin bref, j'enfile mes rangers noires et prends mes clés pour partir. J'arrive, comme souvent, pile à l'heure : dix-sept heures. Et c'est parti pour six heures... Aujourd'hui, c'est moi qui m'occupe de la fermeture, je dois mettre les derniers dehors à vingt-deux heures exceptionnellement. Je vais comme toujours derrière le bar, disponible pour servir les clients, que ça soit café, boissons fraiches, alcool pour ceux qui y sont autorisé... Ah oui, étant quelqu'un d'extrêmement pugnace, j'ai reçu l'ordre de mon patron d'être très vigilante quant à l'âge, et bien... Il peut compter sur moi. Au moindre doute, je demande la carte, et je ne donne pas tant que je n'ai pas de preuve.

Je suis en train de sécher un verre lorsque j'aperçois une jeune femme qui vient s'asseoir. Je vais donc vers elle et, armée de mon petit sourire poli, je n'hésite pas à l'aborder.

« Bonsoir, je vous sers quelque chose ? »