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Epreuve 5 ~ Samaël A. Sederim

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MessageSujet: Epreuve 5 ~ Samaël A. Sederim Epreuve 5 ~ Samaël A. Sederim EmptyJeu 17 Fév - 19:23

Samaël A. Sederim

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❅ 1472 mots ❅
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Tu étires ton dos courbaturé, tel un chat sortant de la sieste, tes vertèbres craquent et tu pousses un long soupir. Voilà des heures encore que tu es penché sur ton journal, à écrire sans t’arrêter. Tes yeux te piquent à force de fixer ta plume et la faible lumière des bougies dans l’obscurité de la nuit n’aide pas. Ton regard se pose sur le bureau et parcourt les divers objets qui jonchent l’ébène. Plusieurs feuilles parcheminée, le sceau du Saphir, celui de Gal’Galith, les pots d’encre, plusieurs bougies, certaines enfermées dans des photophores ambrés, plusieurs mégots, un cendrier plein, une bouteille d’un alcool trop fort, une tasse de café vide, et parmi les cendres, les tâches et les coulures de cire séchée, tes iris opalines s’arrêtent sur la clef du bureau.

Dans un épais fer forgé sombre et légèrement rouillé, elle semble ancienne. L’anneau est sculpté avec finesse dans des arabesques marquées, l’embase prend la forme d’une pomme dont la feuille a été gravée dans le métal, la tige est fine, élégante et enfin le panneton paraît complexe, promettant de déverrouiller mille secrets mystiques bien gardés. Un ouvrage remarquable mais ce n’est pas tant la beauté de l’objet qui t’appelle mais le souvenir associé, qui déjà se dessine dans ton esprit. Cette étrange clef, travaillée, brillante de filons d’argent est un symbole. Elle ouvre bien plus que la porte de cette pièce. Alors tu reprends ta plume de tes doigts fins et les mots s’agitent à nouveau sur les pages de ton journal.

Il existe des relations complexes et inexplicables entre les êtres, liés par des sentiments incontrôlables et incontrôlés, contradictoires et ambivalents, mais qui nous apparaissent souvent comme des évidences. Je l’ai déjà dit, c’est ce que je ressens pour Aiden. Nos regards se sont croisés et alors nos destins étaient déjà scellés. Il est des émotions que l’on ne peut pas exprimer, qui nous semblent souvent insurmontables à apprivoiser avec des mots, tant elles sont brutes et puissantes. Je crois que j’ai toujours ressenti cela pour lui. C’est ce qui doit pouvoir servir de justifications à nos éternelles querelles, à cette passion que l’on a trop souvent de se contredire, s’affronter pour finalement se donner raison l’un et l’autre sans plus savoir pourquoi.

Nous étions dans notre chambre, nus, enlacés, encore haletants. Et alors la conversation allait bon train. Aiden était friand de ces discussions sur l’oreiller, ces chuchotis intimes et profonds. En gérant de maison close, je crois qu’il a toujours su à quel point les langues se délient une fois le corps alangui, logé entre les draps, prêt à passer à table et à oublier toutes les règles pour laisser le passage grand ouvert jusqu’à son cœur. Une approche qu’il trouvait souvent sensuelle et légère alors que je m'empressais de le qualifier d’affreux manipulateur. Je savais qu’il s’appliquait à entrer dans ce jeu dangereux avec moi et la plupart du temps, je le laissais gagner. Je lisais à travers ses yeux brûlants et sa conviction assumée d’affirmer sa supériorité, qu’il avait souvent besoin de parler. C’était un prétexte, une excuse fallacieuse qu’il aimait afficher pour la faire coller à son image de grand prince du Tartare tout puissant. Alors je cédais sans même me battre, avec un sourire, pour le laisser me confier ce qu’il avait sur le cœur en lui faisant croire que c’était moi qui en avait le plus besoin, que je le faisais avec réticence parce qu’il avait réussi à percer mon âme dans l’intimité et que comme un verrou capricieux, j’avais soudain décider de m’ouvrir à lui. Souvent, j’avais à peine commencé à m'épancher que la conversation filait, il prenait la parole et alors je découvrais son jardin secret. Il m’en aurait sûrement voulu de le trouver attendrissant.

Mais cette fois, c’est moi qui ai usé de cette ruse - qu’avec le temps j’ai fini par adopter à force d’y être soumis et contraint, même si elle revêt des allures manipulatrices qui ne me plaisent guère, je dois avouer qu’elle offre parfois de beaux moments de complicités. Il m’est souvent arrivé de profiter de ce genre d’instants pour amorcer des sujets de discussions épineux. Des propos houleux qui allaient piquer son égo et j’espérais que la torpeur dans laquelle nos ébats le mettait l’aiderait à être plus transigeant. Car Aiden était une bête agressive qu’il fallait savoir brosser dans le sens du poil pour ne pas risquer la morsure.  

« J’aimerais que tu me donnes un double de la clef de ton bureau. »

Je ne suis pas du genre à chercher les détours quand il s’agit de débattre. Je demande et j’obtiens. Le reste est superflu. Il a grogné comme un animal tiré de sa sieste et a enfoui davantage sa tête contre mon torse.

« Aiden, je suis sérieux.

– Pas maintenant Samaël.

– Alors quand ?

– Je sais ce que t’es en train de faire, j’ai dit non. »


Mes doigts se sont perdus un instant dans sa tignasse de charbon. Les mèches épaisses de cheveux noirs serpentaient dans ma main. Il sentait le tabac et la pivoine. La cire et la luxure. Un parfum intense qui s'imprimait partout dans son sillage, ses vêtements et nos draps. J’ai soupiré. Fort. Pour qu’il comprenne ma déception.

« Pourquoi tu tiens tant à avoir cette clef ?

– Pour preuve de ta confiance. Parce que je travaille ici.

– Tu ne fais que m’épauler. C’est moi qui dirige cet endroit. Le Saphir m’appartient. »


Ses mots étaient durs mais le ton doux. J’y étais habitué. Aiden avait tendance à revendiquer ses propriétés le plus souvent possible comme pour s’employer à rappeler au monde qu’il l’avait conquis. Ses richesses étaient son empire, il régnait, avait le contrôle et cela le rassurait. Que vienne celui qui aurait l’audace de convoiter ce qui avait été durement acquis par le grand Gal’Galith et il lui ferait mordre la poussière. Je retrouvais beaucoup ce trait de personnalité chez les démons. Accrochés à un bout de territoire, un bout de pierre, un bout de pain, comme s’il s’agissait du dernier et que bientôt on viendrait leur arracher de gré ou de force. Ils en venaient à sans cesse se mesurer les uns aux autres, dans leur folie des grandeurs, pour mieux s’assurer de leur pérennité. Il fallait craindre leur nom pour ne plus retomber dans l’anonymat qui transformait en victime affamée ou en chair à canon. Être quelqu’un, à tout prix, pour s’acheter la survie.

« Tu me demandes mon avis pour chaque décision que tu prends. Quand tu t’absentes, c’est moi qu’on vient chercher. Je veux pouvoir faire plus qu’être dans ton ombre. Je veux rédiger des contrats, négocier avec Tobias* et recruter des artistes.

– Tu es un ange. Tes jugements sont souvent biaisés. Je ne veux pas que puisses faire quoi que ce soit sans m’avoir consulter avant. Et je me répète mais tu es un ange. Qui voudra bien traiter avec toi ? De quoi j’aurais l’air ? »


On efface pas une auréole à la gomme. Ni en la repeignant en noir pour mieux la fondre dans les ténèbres et chaque jour qui passait venait me le rappeler. J’avais été un ange. Jamais je ne pourrais changer ça, au Paradis comme en Enfer.

« Depuis quand est-ce que tu laisses les bonnes mœurs dicter ta conduite ? Je sais que tu te soucies de ta réputation mais tu veilles à imposer ta vision des choses. Sinon je ne serais même pas là. Et je n’ai pas dit que j’allais te remplacer. Ce n’est pas un coup d’état, c’est une collaboration que te propose. Tout ce que je veux c’est t’aider. Je suis fatigué de m’arrêter à un mur sous prétexte que je suis né du mauvais côté de la barrière. Laisse-moi être un véritable bras droit, plutôt qu’un pantin qui s’agite dans ton dos sans jamais pouvoir rien faire de concret.

– C’est ma confiance que tu cherches ou ma validation ? »


Il s’est redressé pour planter son regard d’émeraude dans le mien. J’ai été déstabilisé l’espace d’un instant. Il a semblé lire en moi, le jeu venait soudainement de s’inverser. Il m’a embrassé. Son baiser avait le goût d’une promesse.

« L’ombre te va mieux que la lumière. Tu cherches du mérite là où il n’y en a pas à trouver. Ce ne serait pas injuste de te refuser cette clef et tu le sais. Tu veux te sentir plus utile que tu ne l’es déjà. Je pourrais te décrocher la lune, tu douterais encore. »

Je me suis tu. J’ai roulé sur le côté pour cacher mon visage contre son bras, confus. D’une main chaude et douce il a caressé ma joue. Nous n’avons plus abordé le sujet de la soirée. Ce n’est que plusieurs jours plus tard, un matin, que j’ai trouvé la clef de son bureau sur ma table de chevet, accompagnée d’un petit mot écrit de sa plume gracieuse. “Avec toute ma confiance, Aiden”.


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