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Epreuve 5 - ELYSION

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MessageSujet: Epreuve 5 - ELYSION Epreuve 5 - ELYSION EmptySam 12 Fév - 14:08



Epreuve 5




Enoncé

Solo Classique – Épreuve du Gardien : La clé du Savoir

« Elle était là, à cet endroit. Pourtant personne ne l’avait vue avant toi. Une clé, d’une forme étrange, abandonnée là, comme cela. Quand tu la prends, un sentiment particulier t’envahit et tu es attiré par ce qu’elle est censée ouvrir. Un mystérieux tombeau à plus de 10 000km éloigné, la porte du grenier qui refuse de s’ouvrir depuis des années, le cœur de glace d’un monstre sans pitié ou alors encore la liberté d’un peuple opprimé. Mais que peut donc bien ouvrir cette clé ? »

Dans cette épreuve, votre personnage trouve une clé atypique qu’il doit dans un premier temps décrire. Puis, votre personnage, porté par son instinct, trouve ce qu’elle doit ouvrir et interagit avec l’entité (concrète ou abstraite).


Type

Épreuve sur 1 jour : (samedi 12 février 00h00 au dimanche 13 février 23h59)

L’un des grands classiques de l’Interforum ! Il s’agit d’une épreuve où chaque champion postera un unique texte de 1500 mots maximum pour répondre au sujet de l’épreuve. Il est libre de le construire selon sa volonté propre, il n’y a pas d’autres contraintes particulières. Chaque champion dispose d’une journée à compter de sa révélation pour finaliser cette épreuve.

Énigme (V) : Je jalouse les vôtres, car ils me font de l’œil
Duncan Maverick
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MessageSujet: Re: Epreuve 5 - ELYSION Epreuve 5 - ELYSION EmptyDim 13 Fév - 19:23

Anna

Initiation

 
Elle pleure comme une petite fille. Sur son visage amoché, les larmes font des sillons rose pâle ; une roseraie de douleur. Ses gémissements ne veulent pas cesser. Alors Anna frappe avec sa pierre. Elle tape pour qu’Agathe se taise. Son babil croît, s’envole, perce tout puis se broie. Silence. Rien, rien, rien. Et maintenant que faire ?


 Anna cherche autour d’elle, mais on n’y voit rien. La cave est obscure, humide et froide et pas de trace de sortie. Tout est censé être simple pourtant. Le Tutué, comme expliqué par les mères, n’est pas pour les fines, mais pour les braves. Enfin, elle sent sur cou du cadavre un collier. Elle tire un grand coup. Exposé aux lueurs malingres des torches, le bijou révèle une clef. Elle est petite, grossièrement taillée, peu importe, elle veut dire que ce n’est pas fini.


 Anna sourit. Les mères lui font toujours confiance. Elle se colle à un mur et tâtonne. Une échelle. Elle grimpe et pousse le soupirail. Le jour l’éblouit et avant qu’elle puisse dissiper le voile blanc, on l’attrape, la retourne et palpe son torse. Une main se saisit de la clef puis lui serre vigoureusement, affectueusement les joues.


 Ses yeux s’habituent rapidement. Elle est au milieu d’apprenties et devant elles s’ouvre une piste sinueuse tordue entre des massifs rocheux. Le soleil est terrible et toutes suent abondamment dans leurs longues mantes noires. Les mères entonnent un hallali sauvage et frénétique. Celles à leur côté, les relèvent et les rudoient de leur tendresse monstre. Dans les anfractuosités du chemin, Anna devine la présence des autres qui relaient le chant fou qui embrase l’air. La fin est proche et elle en sent l’inquiétante excitation résonner dans tous ses os.


 Elles grognent toutes désormais. Leurs dents claquent au rythme des danses désaxées des mères. Anna voit sa haine se mirer dans celle de ses compagnes. Elles se griffent, hurlent et se laissent griser par la fièvre. Chacune secoue sa clef au nez de sa voisine, la fait passer dans son haleinée. À la fin, une serrure, une place, elles le savent depuis le début. C’est la règle, la seule règle, la sainte règle. On leur a susurré à l’oreille, chanté au lever, gravé dans les entrailles.


 On souffle dans le cor. Elles s’élancent et Anna trébuche, fauchée par les croche-pattes. Elle s’étale dans la poussière sous les huées et les crachats. Elle se relève, les jambes écorchées, le regard furieux. Elle est la plus rapide, la plus forte, la préférée des mères, elle le sait et se le répète à chaque assaut.


Des sœurs émerge une femme


 La phrase tourne en boucle et panse ses plaies. Elle file et rien ne peut la ralentir. Son corps s’écharpe entre les roches qu’elles n’esquivent pas. Se contorsionner est une perte de temps, elle reste droite comme une flèche, une nuée ardente qui répand son souffre et dévore tout. Elle en voit une première qui introduit son tas de muscles dans un boyau étroit. Anna étire sa gueule satisfaite. C’en est presque trop simple. Elle grimpe et surplombe le colosse essoufflé. Un rocher la recouvre de son ombre. Anna se rougit l’épaule dans des charges endiablées et le fait basculer. Dahlia se protège de ses bras, mais Anna saute encore, encore, encore…
 

 La suite du parcours recèle de corps. Les canines en l’air, Anna jappe et savoure. Elle cavale de toute sa force. Son souffle se restaure et ne s’épuise jamais ; il engloutit les effluves de la curée. Les râles des mourantes la mettent sur la piste. La prochaine n’est pas loin.


  À la sortie d’un tunnel tortueux, un sifflement la pousse à se jeter de côté. Sa pommette est cisaillée, mais l’œil est sauf. Elle est bien là, un bâton à la main et elle la toise, sautant d’un pied à l’autre. La face dégouttant de sang, Anna lui présente ses souriantes lèvres éclatées et les pourlèche. Elle a un léger frisson. Presque imperceptible. Presque c’est déjà trop n’ont cessé de répéter les mères. Anna se jette. Son épaule abîmée s’ouvre un peu plus sous la pression de l’arme, mais elle tient bon et la renverse. Ses mains enserrent sa gorge, Sarah se débat, mais Anna presse, presse, presse…


 Une, une, une, c’est le chiffre clef. Anna vole vers les suivantes. Les mères sont avec elle et de toutes les failles, elle reçoit leurs violentes caresses. La piste est si étouffée qu’il faut maintenant ramper. Elle se faufile entre les poids figés des perdantes et se calme quelque peu pour la première fois depuis le début. La traversée est pénible tant on manque de place, mais ce n’est pas si grave. Au milieu d’elles, Anna sent les restes de son habit et sa peau s’imprégner d’une énergie nouvelle. Elles la nourrissent, la soulèvent et la portent. Au sein de chacun de ses pores, Anna sait qu’elle devient l’unique, mais non seule comme elle le pensait. Semblable à l’étrange peinture qu’elle avait vue une fois dans la chambre des mères, son corps à cent bras, cent jambes, cent cœurs et une tête qui est la sienne. C’est le bienveillant tutoiement de l’unisson des sœurs qui irrigue son être.


 Lorsqu’elle émerge, des dizaines de ses futures facettes sont prostrées contre les parois de la route, gémissantes et inutiles. Elles sont recouvertes d’un liquide odorant qu’Anna reconnait bien vite. Au bout de la voie, une dernière serpente vers un flambeau. Anna la dépasse puis embrasse Lili, maternelle et carnassière. Elle la repousse tendrement au milieu des autres et jette le flambeau. Du brasier surgissent des suffocations amoureuses et d’affables crépitements.


 Immense de toutes ses vies, Anna avance à pas de géant. Les murmures amicaux croissent et guérissent son enveloppe malmenée.  Plus d’obstacle face à elle, ne reste qu’un étang. Elle se dénude et plonge. Les berceuses des mères la bordent et ses bras fendent délicatement l’onde au rythme de leurs voluptueuses mélopées. Les sirènes voguent avec elle et lui chuchotent en baisant son cou, des compliments crus et fleuris. Elles lui indiquent une silhouette à quelques mètres. Anna s’approche silencieusement et emmène Noah, profond, profond, profond… Seules dans l’abîme, elles s’aiment, s’aiment, s’aiment… Anna remonte à la surface entourée de bulles rubis qui gonflent puis implosent.  


 La porte devant elle, Anna se glisse hors des flots, couverte de gouttes lumineuses. Elle brandit la clef et s’avance avec lenteur. La douleur est plus forte que jamais, mais elle s’en gargarise. Elle est l’aboutissement d’une œuvre, le dernier maillon écorché avec soin pour en faire la pièce maitresse. Il ne lui reste plus qu’à ouvrir la porte pour prendre sa place dans le monde.


 Un choc à l’arrière de la tête la fait brusquement s’écrouler. Piteuse, un œil clos par le coup, la mâchoire qui claque dans le vide, Anna se retourne. Éva est au-dessus d’elle, une pierre ensanglantée à la main. Elle se baisse pour l’achever tandis qu’Anna se frotte à sa jambe, fébrile et soumise. Éva lâche son arme et file vers la porte, les yeux exorbités hoquetant entre ses larmes. Elle essaie d’entrer sa clef, mais celle-ci est trop petite. Elle hurle et se traîne vers Anna et lui arrache la sienne. Le résultat est le même. Les mères se rapprochent et les entourent. Elles entament une ronde et leur gros rire les encercle bientôt.


 Éva est désemparée et se griffe le visage en se roulant au sol. Anna commence à se relever et fixe les clefs laissées dans la poussière. Leur base est circulaire, mais d’un diamètre légèrement différent. Anna les saisit et les emboite. Elle se met elle aussi à rire avec les mères. Elle n’avait compris qu’une partie de la phrase.


Des sœurs émerge une femme qui en elle porte l’unique


 La femme est plusieurs et la mère est double. Il faut accueillir les soupirs de toutes et ne faire qu’un avec la dernière. La déesse a des centaines de membres, mais une seule ombre. Anna se love contre Éva et l’enlace. Les deux s’étreignent longuement puis Anna la dévore.


 Elles la transportent au cœur de leurs bras dressés et la cajolent, frottant les unes après les autres leur visage sur son ventre. L’union des deux clefs en a formé une gémellaire et plus épaisse. Derrière la porte, Anna trouve une petite salle où elle peut se vêtir de la tenue immaculée des mères guerrières. Comme elles, Anna est désormais l’une des combattantes les plus terrifiantes du continent, supérieure à toutes et tous, car l’affronter, c’est s’opposer à une véritable armée, enragée, bestiale et liée, veillée par le regard aimant de deux déesses.
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Melkus [elysion]
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