[EVENT] Lune Rousse | Le rêve - Maximilien

Quel est cet endroit ? J’étais en train de danser sur la place de l’hôtel de ville il y a encore quelques instants. Décidément il se déroule au sein de cette cité des évènements bien étranges.

Tu te demandais quel était cet endroit qui sentais la vieille usine désaffectée. Tu inspectes cependant d’abords tes vêtements, t’assurant que nulle tache rouille ne souillait tes habits. Même si tu doutais que tu arrives à garder ces derniers immaculés de toutes salissure. Tu pousses un long soupir exaspéré, encore une tenue ruinée…C’est ton tailleur qui allait encore t’en faire voir de tous les couleurs pour une telle ignominie. Tu hausses les épaules en te résignant à ton sort, après tout ce n’est pas comme si tu y pouvais quoi que ce soit…un mauvais moment de plus à passer. Bien que ce ne sera pas pire que le jour où tu as annoncé à mère que tu quittais définitivement le domicile familial. Qu’est-ce qu’elle avait pleuré ce jour-là. Mais trêves de réminiscences, ce n’était pas ce qui allait te sortir de cet indélicat traquenard.

Tu t’époussettes et tu observe l’endroit lugubre qui semble s’être refermé sur toi, voilà qui était bien utile car tu n’y voyais rien, ou presque rien, seulement les reflets opaques de quelques taches huileuses qui jonchaient le sol. Tes bottines en daim poussèrent leurs derniers cris d’agonie. Tu ne voyais guères mais tes esgourdes elles étaient grandes ouvertes et ce qui te parvenait aux oreilles ne te rassurèrent guère. Une sorte de cliquetis sinistre, semblable à des chaines qui s’agitent tout autour de toi. De plus, un vilain sentiment parcourt ton échine. Tu n’es pas seule ici, de sombres spectres se cachaient dans les ténèbres, se jouant de tes sens. Autant dire que tu n’en menais pas large, tu maintenais les apparences, restant digne et fière, mais c’était uniquement parce qu’une partie de toi était persuadée que si tu montrais le moindre signe de faiblesses, ces ombres fondraient sur toi tels des charognards affamés. Tu te tournes et retourne mais impossibles de saisir du regards ces fantômes sournois qui ont décidés ce soir de te tourmenter. C’est alors qu’une voix effrayante et pernicieuse s’immisça dans le fil de tes pensée apeurée.


Grave erreur, même aux prises avec l’incarnation même de la peur, ta présence sur scène était un sujet sur lequel tu n’aurais admis aucune reddition, dans cette bataille tu étais prête à livrer combat jusqu’à l’issue fatale. Ton âme s’embrassa de colère et de détermination. Il te semblait même la voir rayonner tel un soleil dans l’huile qui t’entourait et ce même si tes yeux étaient encore plongés dans les ténèbres.


Et la lumière fut, tu te trouvais depuis tout se temps dans une salle circulaire, un sous-sol vu les tuyaux apparents et les murs en ciment. La forte humidité orientait également fortement ton jugement. Plus loin tu le vois enfin, cet être, ce spectre qui te tourment, la lumière de ta détermination semble l’avoir rassemblé en un. Et tu les vois qui se mélangent, se battent et cherchent à se déchainer, vous êtes tout deux relié par des chaines, vous empêchant tout deux d’accéder à la sortie. Cette dernière se compose d’une échelle qui mène à l’étage supérieur, à son sommet se situe une trappe qui ferme l’accès à cette prison. Tu peux entendre des applaudissements et des acclamations provenir de l’autre côté. Malgré le son étouffé, tu arrives à saisir ce qu’acclame ce public.


Tu affiches une moue satisfaite à ce que tu entends et tu reportes ton attention au démon.



Tu observes plus en détails l’être singulier qui s’enrage devant toi, vous êtes reliés pas une chaine au milieu de la pièce. Ce qui est curieux car lorsque tu as inspecté tes vêtements tantôt il ne te semble pas avoir vu de chaine. Peu importe, lorsque tu essaies d’atteindre l’échelle, la longueur de la chaine t’en empêche. Tu te résous donc à observer ton étrange colocataire. Et alors que tu portes ton attention sur lui. Ce que tu constates te glace le sang, pour commencer tu reconnais des traces de toutes les drogues que tu consommais à base régulière, de la poudre blanche à moitié étendue s’étendait depuis sa narine gauche, plusieurs seringues étaient fichées dans les bras de sa peau grisâtre. Mais le plus effrayant provenait de son visage changeant. Affichant plusieurs visages, celui de ta mère, de la jeune femmes mortes par ta faute, de plusieurs rivaux à qui tu as fais des coups déloyaux pour les supplanter.


Nul ne saurait décrire le sentiment de culpabilité qui vient de s’emparer de toi. Tout tes échecs et toutes tes erreurs te font à présent face, et toutes te refusent le droit de rayonner. Et comment le leur reprocher, dans un sens elles avaient raisons, après tout, comment rayonner alors que tu es loin d’être immaculée, peut être que l’ombre te siérait mieux. Aurais-tu perdu ton droit au spectacle, le droit de réchauffer les cœurs et de secouer les âmes ? N’étais-tu donc que colosse aux pieds d’argiles ?




Tu avances vers la silhouette, et les rôles semblent s’êtres inversés. A présent c’est elle qui semble avoir peur de toi. Mais tu ne t’arrête pas, et alors que tu arrives à sa hauteur. Tu entends cette complainte déchirante qui achève de te convaincre de ta décision.


Tu poses tendrement la main sur sa joue en souriant. Ton visage est paisible et tu as pitié de ces fractures que tu as laissés derrière et en toi. Tu les prends dans tes bras, et tu poses lentement la main sur la joue de la créature.


Et avec toute la douceur qui t’habite, tu réalises que la véritable clé n’était pas la trappe mais bien cette meurtrissure que tu avais refusée d’écouter pendant bien trop longtemps. Et alors que le temps semble s’arrêter, tu l’embrasses.