[EVENT] Lune Rousse | Le rêve - Casey

Quel spectacle magnifique qui se déroule sous mes yeux. Ces fleurs sont sublimes et leurs parfums envahit l’air d’un doux nectar odorant dont mes narines ne sauraient se lasser. Le bruissement de la brise à travers le champ fleuri sonne comme une douce mélodie rythmée par les battements d’ailes des dragons volant qui papillonnent autour de moi. Les plantes me chatouillent les jambes de leurs pétales mais d’un frémissement agréable tel une caresse d’un être aimant, d’une douceur maternelle, apaisante. Je me penche lentement auprès de l’une d’entre elle afin de humer plus précisément l’arôme qui s’en dégage, décidément quelle fragrance exquise, sucrée à souhait. Je laisse un léger sourire paisible s’étirer aux commissures de mes lèvres. De loin l’on pourrait dire que j’ai l’air heureuse, et c’est le cas, je cueille doucement la fleur qui à sut retenir mon attention, un brin de buglosse bleue, et je la mets dans mes cheveux.

Non…

Je me relève ensuite pour regarder autour de moi. Une autre fleur se démarque dans ce paysage bucolique. Quel dommage cependant, elle semble fanée mais cela n’entache en rien sa beauté, et de magnifiques ronces l’entourent. En revanches les couleurs de celles-ci, ainsi que de la fleur elle-même, n’ont rien de naturel. Mais qu’importe, car sa beauté, elle, n’en est pas moins authentique. C’est donc charmée par ce délice fleuri que j’entame les quelques pas qui me séparent de ce trésor aux couleurs chatoyantes. Mais je ne peux débarrasser ma poitrine de cet étau mélancolique qui l’enserre, sa beauté n’enlève rien du drame que peux représenter la mort d’une telle beauté.

Casey, cueille cette fleur là-bas

Cette voix…D’où venait-elle ? il n’y a pourtant personne dans les environs mais je l’ai pourtant entendue très clairement, c’est comme si la personne se trouvait juste à côté de moi. Suis-je en train de devenir folle ? Dans tous les cas c’est bien ce que j’avais l’intention de faire, j’allais donc suivre les conseils de cette voix venue de nulle part, mais les ronces n’allaient pas me faciliter la tâche. Elles étaient nombreuses et denses. Pourtant elles ne me posèrent pas de grandes difficultés, j’ai toujours été une fille plutôt agile.

Non ! Ce n’est pas moi ! Je ne suis pas elle !

J’entend des bruits sourd dans le lointain, comme des chocs, mais je n’y prête pas attention. Je suis obnubilée par la petite merveille qui me fait face. Elle est si belle, mes doigts d’approchent lentement de la tige, comme si elle allait tomber en morceau à la seconde ou mes doigts allaient l’effleurer.

Vas-y. Cueille la, elle est juste là.

C’est un piège pauvre cruche !

Je me saisis de la tige entre mon pouce et mon index et majeur. Je tire ensuite lentement sur celle-ci afin de rompre le lien entre la fleur et le sol. Elle oppose tout de même un peu de résistance, comme si, même dans la mort, elle s’accrochait encore à sa vie passée. Quel curieux phénomène…Mais cette faible résistance ne tint pas longtemps et à présent la plante est détachée de son lien terrestre et je tien dès à présent la petite fleur entre mes mains. Appréhendant tout la préciosité et la fragilité de ce petit cadavre.

Pauvre idiote….

Non ! Cela ne se peut ! Pourquoi tout se détruit ? Pourquoi tout meurt ? J’observe le monde se détruire autour de moi. Je n’ai pourtant voulu que cueillir une fleur. Je panique, je ne sais quoi faire, tout est en train mourir. Tout est en train de mourir à cause de moi et je ne peux rien faire. Même la fleur que je viens de cueillir se fane et retourne poussière dans le creux de ma main, ne laissant qu’une trace noircie dans ma main. Si j’en avais eu le temps, je me serais surement effondrée pour pleurer toutes les larmes de mon corps devant un tel spectacle de mort et de destruction, dont je suis responsable.


Cependant, nul temps de souffler, de s’apitoyer, car la mort semblait se répandre et responsable ou non, je me trouve dans la tempête et la voilà prête à m’emporter à mon tour. Le filament d’or que je tenais s’étend à son tour, m’enserre tour à tour les jambes, la taille et la poitrine avant de me compresser intégralement le corps, c’est donc ainsi que je vais mourir ? Je sens l’air quitter mes poumons alors que je halète du mieux que je peux pour le retrouver, le récupérer. Ma vision se trouble et le bruissement des ailes bourdonne dans mes oreilles. Mais malgré cette lutte désespérée, au fond de moi je me résigne, après tout je ne récolte que ce que j’ai semé. Je suis responsable je dois payer, c’est dans l’ordre naturel des choses…


Et pourtant le sort ne me laisse pas l’opportunité d’expier mes péchés. Je suis à présent perché au sommet d’une falaise, et l’espace d’un instant, perdue face à l’étendue azure qui se trouve devant moi, j’oublie ce que j’ai commis. Quelle beauté, c’est un spectacle ravissant.


Je me retourne ensuite pour finalement refaire face à la réalité, un immense océan de sang me fait face, celui des fleurs. Ce n’est pas parce qu’il n’est pas rouge qu’il m’horrifie moins. Je m’observe dans le reflet que cette étendue produit. Je ne distingue pas très bien les contour et l’image est grossière, distordue, je ressemble à un monstre.


Hypnotisée par ce reflet sanglant, il semble en émaner une voix, je n’arrive pas à percevoir ce qu’elle dit. Mais ces intonations, ce timbre, je connais cette voix. Mais cela fait des années que je ne l’avais pas entendue. Il s’agit de Valérian, ou est-il ? Je lève le nez afin de chercher d’où provient sa voix. Il doit être là quelques part. Mon cœur s’accélère et la joie m’envahit, lui saura libérer mon cœur de la douleur qui l’étreint, si quelqu’un peut me pardonner ce sera lui. Continue de chanter mon beau Valérian, je suis prête à te rejoindre.


L’atmosphère change alors radicalement, l’obscurité tombe alors sur moi, et mes yeux perdent peu à peu le sens de la vue, tout cela est étrangement beaucoup trop familier. Est-ce déjà arrivé par le passé ? Je ne m’en souviens pourtant pas, qu’est ce qui se passe ? Pourquoi cela arrive-t-il ? J’ai simplement cueilli une fleur…De lourdes larmes coulent le long de mes joues, les derniers rayons de lumière à parvenir jusqu’à ma rétine me permettent de constater qu’elles sont noires et épaisse comme du goudron. Et c’est alors que je reconnais la mélodie que chantait la voix de Valérian.

Chant de Casey:

Nous pouvons sentir les regards braqués sur nous, mais les regards de qui ? Ou de quoi ? Nous écartons les bras, d’une voix stridente, hystérique nous nous lançons dans ce grand monologue.


Nous reprenons lentement notre souffle, nous prenons le temps de nous calmer avant de conclure froidement.