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I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN]

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MessageSujet: I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] EmptySam 11 Jan - 18:43

Bonsoir à tous et à toutes

Avant de vous lancer dans la lecture de ce rp, permettez moi de vous apporter quelques brèves précisions. Comme vous l'avez sûrement noté, ce titre se rapporte au RP déjà archivé entre Alice et Isabel, l'ancienne Reine des Anges.

Alice a bien aimablement accepté que nous refassions ce rp afin que les réactions de la reine soient plus en adéquation avec le tempérament que j'ai voulu donner à mon personnage.

Ne soyez donc pas étonnés si vous vous retrouvez face à des paragraphes peut-être déjà connus.

Voilà, bonne lecture à vous!

Belle soirée.
H.Sohane

PS: Cette première mise en jambe de 2020 est l'occasion pour moi de vous souhaiter à tous et à toutes une merveilleuse année. Qu'elle soit clémente avec vous, tant sur le plan professionnel que personnel. J'espère que la joie et la passion ruisselleront dans vos coeurs et guideront vos choix. Je vous souhaite bien évidemment une merveilleuse et enrichissante année de rp.
Haelyn Sohane
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MessageSujet: Re: I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] EmptySam 11 Jan - 19:38

Alice Green Ft. Haelyn Sohane





I had a one-way ticket to a place
   
where all the demons go




Je lui ai menti. Encore. Bordel, il va m’en vouloir. Je lui ai raconté des salades sans sourciller un seul instant. Je lui ai dit que je n’avais aucun souvenir de cette soirée magique sans la moindre hésitation. J’ai observé les traits de son visage se transformer, son regard s’assombrir et son âme se briser. Impuissant, il m’a écoutée jusqu’au bout et je voyais qu’il refusait d’y croire. Sa colère se ressentait. Plus forte que jamais. Il a dû faire preuve d’un sang-froid exceptionnel pour ne pas m’insulter ouvertement. Mais ses yeux lançaient des éclairs et ils m’ont électrocutée. Mon cœur se serrait au fur et à mesure que mes phrases se formulaient. Chaque mot était un poignard pour lui comme pour moi. Je lui faisais du mal. Consciemment. J’étais en train de le blesser. Je lacérais les sentiments qu’il avait pu exprimer comme une sauvage impitoyable. J’ai à nouveau sorti le masque de l’hypocrisie, celui qui m’a permis de résister toutes ces années et de dissimuler mes émotions. J’ai repris l’espace d’un instant le contrôle de moi-même et pourtant je ne me suis jamais sentie aussi prisonnière.


~ Dimanche matin ~
Après un samedi soir bien agité…



Tu ouvres les yeux difficilement. Le soleil de midi filtre à travers les rideaux de la chambre et ses rayons dorés viennent chatouiller la peau de ton bras qui pendouille du lit. Des mèches de cheveux en bataille te barrent la vue. Tu grognes. Ce simple son fait bourdonner ta tête. Une résonance sourde signe d’une grosse gueule de bois. Tu soupires. Depuis trois jours, tu te réveilles avec une migraine atroce. Il serait temps d’arrêter de noyer ton chagrin dans l’alcool. D’un geste imprécis et hasardeux, tu lèves la main vers la table de nuit à la recherche de ton réveil. Tu le saisis pour le ramener à portée de ton regard. Il est 12h27. Beaucoup trop tard en somme. Tu pousses à nouveau un long soupir et laisse tomber l’appareil au sol. Allongée sur le ventre, tu fourres ton visage dans l’oreiller pour fuir la lumière du jour qui t’assaille et t’intime de te lever.

Soudain, tu te rends compte que tu es complètement nue sous la couette. Tu sursautes et te redresses brusquement. Tu roules sur le côté, prête à pousser celui ou celle qui dort près de toi mais contre toute attente, le lit est vide. Tu es seule dans ta chambre que tu balayes d’un regard inquisiteur en t’asseyant. Tu baisses les yeux sur ta poitrine qui est ornée de plusieurs petites marques rouges violacées. Des suçons. Tu as forcément passé la nuit avec quelqu’un. Mais qui ? Tu te rallonges lentement en te mordant la lèvre et frotte ton visage mal réveillé d’une main.

Tu fermes les yeux et instantanément, des bribes d’images de la veille te reviennent. Des cris à peine étouffés, des gémissements entremêlés de soupirs et des râles de plaisir te parviennent. Tu te revois dans ses bras, son corps te surplombant alors que vous vous donnez l’un à l’autre. Tu ouvres brusquement les yeux, le souffle coupé. Tu serres les cuisses en rougissant toute seule.

Bordel de merde. Comment j’ai pu oublier cinq secondes que j’avais passé la nuit avec lui ?

Tu te mets à rire, euphorique, perdue dans ta joie de recouvrer la mémoire. Tu as couché avec Alec. Et c’était génial. Maintenant que les détails de vos ébats te reviennent, tu t’en veux d’avoir pu avoir un égarement en émergeant de ce sommeil bien mérité. Tu fais l’étoile de mer dans ton lit, fixant le plafond avec un grand sourire idiot sur les lèvres. Tu réalises ce qu’il s’est passé hier soir et tu ne peux pas t’empêcher de te sentir bien, libérée d’un poids et amoureuse comme jamais. Ma pauvre, si tu savais…

Ton regard est alors attiré par un morceau de tissu banc qui dépasse de sous l’oreiller à côté de toi. Tu t’en empares et te rends compte qu’il s’agit du t-shirt d’Alec. Sans réfléchir tu fourres ton nez dedans et inspires profondément. Son parfum te fait frissonner. Tu réalises alors que cette odeur que tu aimes tant est imprégnée dans les draps. Tu n’arrêtes plus de soupirer de contentement, serrant le t-shirt contre toi comme une adolescente le lendemain de sa première fois. Au fond, tu te trouves assez ridicule mais tu t’en fiches, il n’y a personne pour le voir.

D’ailleurs, ce détail finit enfin par attirer ton attention. Où Alec est-il passé ? Peut-être est-il en bas ? Tu te décides finalement à te lever. Tu enfiles le haut que le démon a laissé à l’abandon sous les oreillers et cherches après ta culotte. Tu finis par la retrouver, échouée aux pieds du lit et dissimulée par les couvertures qui tombent à moitié, non loin de l’emballage du préservatif que vous avez utilisé. Pas de traces des autres vêtements d’Alec. Tu en déduis qu’il est resté torse nu. Cette idée t’émoustille déjà. Tu enfiles ton dessous avant de ramasser le petit étui brillant pour le jeter dans la poubelle en sortant de la chambre. Tu descends les marches sur la pointe des pieds pour ne pas faire de bruit. Arrivée à l’angle du couloir, près de l’entrée, tu coules un regard vers le salon, restant cachée derrière le mur. Aucun bruit. Tu avances lentement, pas à pas, pour aller jeter un œil dans la cuisine. Mais aucun signe de vie ne te parvient. La maison est vide. Tu te retournes pour constater que les chaussures du démon sont absentes, seules les tiennes trônent sur le tapis devant la porte. Tu es seule.

Tu restes plantée là pendant de longues minutes, à fixer les poils bleu marine de la carpette, à l’endroit où la veille au soir se tenait une paire de baskets de sport masculine. Tu pousses un soupir en te dirigeant dans le salon. Tu t’affales dans le canapé. L’engouement du moment retombe comme un soufflé. Ta gaieté fait un gros plat. Tu as envie de hurler.
Il s’est barré. Putain. Ce connard.

Après un moment passé à contempler les quelques bouteilles d’alcool vides qui jonchent la table basse, cette dernière étant encore une fois sur trois pieds, tu te lèves. Tu vas dans la cuisine à la recherche d’un quelconque mot qu’il aurait pu laisser. Tu fouilles partout, allant même jusqu’à retourner dans ta chambre pour défaire le lit. Mais tu te rends à l’évidence grinçante de l’absence totale du démon. Il n’a rien laissé comme preuve de son passage, si ce n’est son t-shirt sur lequel tu dormais et qu’il n’a pu récupérer sans risquer de te réveiller. La réalité te fait l’effet d’une douche froide. Glacée. Tu t’es faite piégée. Lorsque cette constatation s’inscrit enfin dans ton esprit, tu es dans le salon. Tu attrapes une des bouteilles et tu la lances contre le mur en hurlant. Tu beugles des insultes et rugis comme une bête sauvage, laissant ta colère éclater. Tu te sens tellement conne de t’être faite avoir. Tu t’es faite baisée, littéralement. Alec a eu ce qu’il voulait, ce qu’il était venu chercher depuis le début, ce pour quoi il était là. Un nom de plus à son tableau de chasse, le tiens. Il voulait te faire céder, te souiller et gagner. Il peut être fier de son coup, il a tenu bon, la route fût longue et semée d’embûches mais finalement il repart vainqueur. Tu enrages contre toi-même. Comment as-tu pu lui faire confiance et être si naïve ?

La plupart des filles se seraient recroquevillées dans leur lit en pleurant toute la journée. Mais pas toi. Non, Alice Green est en colère. Elle n’est pas triste. Sa seule motivation désormais c’est la vengeance. Tu attrapes farouchement ta veste en cuir et cours vers l’entrée pour enfiler tes bottes. Au moment de sortir, tu te rends compte que tu t’apprêtais à partir en culotte. Tu frappes violemment la porte et vas dans la salle de bain pour passer le premier jean que tu trouves. Tu prends tes clés de moto, mets ton casque et décampes pour faire rugir le moteur. Tu n’as aucune idée d’où tu pourras trouver Alec mais tu t’en fous royalement, tu es prête à retourner tout Damned Town s’il le faut pour lui casser la gueule.

Tu sillonnes les routes depuis une demi-heure, la rage au ventre, quand les vapeurs de l’alcool commencent à se dissiper pour faire remonter à la surface des souvenirs de cette soirée. De votre petit jeu et de ses dérapages. Tu te sens de moins en moins confiante. Tu te rappelles lui avoir raconté ce qu’il s’était passé avec Dragon et puis… « Peut-être parce que j'ai envie que tu m’appartiennes, que j'ai envie que tu te donnes à moi comme moi j'ai envie de me donner à toi. »

Tu perds soudain le contrôle de ta moto. Tu freines subitement pour arrêter le véhicule qui se braque dans un crissement de pneu. Tu ralentis et poses un pied à terre. Tu retires ton casque, les yeux rivés sur le sol. Tu trembles légèrement en te souvenant petit à petit du démon en train de se livrer à toi avec cette sincérité intense et fragile.

« Que tu viennes de ce monde de bâtards, ou que tu viennes du mien, je m'en fous. Tu es toi et, dans cette ville, il n'y a que toi que je veux posséder… » Tu essayes de reprendre ton souffle, les yeux clos. Des images se succèdent à toute vitesse. Vos regards, vos caresses, vos baisers. « Et, c'est con à dire, mais en ces trois putains de jours, tu m'as tellement manquée. » Des larmes inondent le bord de tes cils et menacent de faire pleuvoir un torrent sur tes joues. Tu retiens un sanglot. « Tu me rends dingue putain. Mais, au moins, quand tu es là, je souffre et vis à la fois, et c'est ce que j'aime. » Tu ravales tes larmes, encore secouée par cette véritable déferlante. Résignée, tu fais demi-tour et rentres chez toi.

Tu passes la journée à réfléchir et à te tourmenter à propos d’Alec et toi. Certaines parties demeurent floues. Mais l’essentiel est là. Le démon n’avait pas l’air de te mener en bateau. Même si son discours est morcelé, tu en as bien assez pour savoir que la situation n’était en rien artificielle et que, même pour jouer la comédie, il ne se serait jamais permis de se livrer de la sorte, de se montrer sous un autre jour, vulnérable. Hier soir, Alec t’a ouvert son cœur et t’a dévoilé ses faiblesses. Apparemment, tu en fais partie. Tu t’es souvenue de sa réaction lorsqu’il a découvert la marque de Dragon dans ton dos. Tu doutes que ce soit de la mise en scène ou une simple crise de mâle vexé que l’on chasse sur son territoire. L’idée primaire que le démon aurait bel et bien des sentiments pour toi persiste alors. Cependant, tu ne te souviens plus comment vous en êtes venus à vous envoyer en l’air. Toujours est-il que tu as passé la nuit avec lui et ça, tu n’es pas prête de l’oublier.

Pourtant, une question persiste encore. Pourquoi Alec a-t-il disparu ? Pourquoi partir comme un voleur après ça ? Pourquoi te laisser dans le doute et sans aucune explication ? Tu ignores ce qui a pu pousser le démon à fuir. Tu passes en revue les différentes raisons qu’il pourrait avoir d’agir comme le dernier des enfoirés. Tu continues d’envisager la première option du parfait connard qui n’était là que pour coucher avec toi depuis qu’il t’a abordé au parc même si tu doutes qu’elle soit finalement recevable. Elle entre en contradiction avec trop d’événements qui trahissent sans cesse les sentiments d’Alec à ton égard. Peut-être qu’il fuit la réalité. Il ne veut pas s’engager dans une relation, il a peur de ce qu’il ressent et préfère t’abandonner en espérant ne plus te recroiser. Or, il a déjà agi ainsi au Belvédère et force est de constater que ça n’a pas fonctionné. Tu te dis qu’il avait peut-être simplement quelque chose d’urgent à faire même si tu éprouves une grande difficulté à accepter qu’il puisse faire passer un sujet quel qu’il soit avant toi. Cependant, tu gardes cette idée en tête. Plus tu réfléchis et plus la vérité potentielle que tu refuses de voir en face te rattrapes. Tu as beau retourner le problème dans tous les sens, cette pensée continue de s’imprimer en toi et tu n’arrives bientôt plus à t’en défaire.

Ce qui rend votre histoire compliqué demeure cette différence originelle de race. Tu es un ange et tant que tu feras partie du Paradis, vous ne pourrez pas être véritablement ensemble. Alec pourra te répéter que ça n’a aucune importance pour lui, ça en a une pour toi. Tu ne peux pas t’empêcher de te dire que le problème vient de toi, de ton aura de pureté et des exigences de ton clan. Même si c’est difficile à croire, il se pourrait qu’au fond, le démon se sente coupable de te pousser vers le côté obscur. Il observe ta descente aux Enfers depuis plusieurs semaines et cette situation lui montre son pouvoir de corruption. Il craint de te transformer. Qui sait si tu seras toujours la même une fois que tu auras sombré ? Tu te demandes s’il parviendrait davantage à assumer son attachement pour toi si tu étais de son côté, si toi aussi tu étais une créature des ténèbres.

Cette idée te hante toute la journée. Tu entreprends de jeter les bouteilles et de faire un peu de ménage dans ton intérieur mais la tâche s’avère plus ardue que prévu. Ta mémoire te joue des tours et des réminiscences de votre soirée t’envahissent toutes les heures, te faisant frémir. Une chose est certaine, sous les draps, Alec est un partenaire divin.

Tout se bouscule dans ta tête. Il est passé deux heures du matin quand tu prends la décision qui va bouleverser ta vie. Tu es assise par terre dans ta petite cour derrière la cuisine, le dos contre la brique froide et rugueuse, qui fait picoter ta cicatrice sur ton omoplate. Ta peau est parcourue de frissons, balayée par l’air frais de la nuit alors que tu ne portes qu’un minuscule débardeur à bretelles. Tu es en train de fumer une des cigarettes du paquet que tu as retrouvé en rangeant le salon. Tu observes avec une sorte de fascination détachée les volutes que tu expires par intermittence et dont les contours flous se distinguent dans l’éclat argenté de la lune.

Si je veux être avec Alec, il n’y a qu’une solution.

Cette unique opportunité est la déchéance. Tu la redoutais il y a des années, tu y songeais il y a quelques mois et aujourd’hui c’est une certitude. Tu n’as rien à faire parmi les anges. Tu dois lâcher prise et accepter que les ténèbres se soient finalement emparées de ton âme. Tu ne pensais pas que ça arriverait si tôt, que ce serait aussi par amour pour quelqu’un même si la première raison qui te pousse à vouloir rejoindre les démons n’est autre que celle de ton malaise intérieur permanent. Tu as besoin de briser tes chaînes une bonne fois pour toutes et de rejoindre les rangs des créatures de la nuit. Et tu veux que ça se fasse vite. Tu ne veux plus avoir à exhiber cette aura faussement pure plus longtemps. Alors tu décides de te rendre au Palais des Anges comme la rebelle que tu es.



Sauf que…
~ Le lendemain – Lundi – Jour de travail au Gymnase ~
[>> disponible en RP Skype <<]



Je lui ai menti. Mais je devais le faire. Je refuse de continuer comme ça. Je préfère l’éloigner. Il pourrait me faire changer d’avis. Me détourner de mon objectif. Je veux pas revenir vers lui en tant qu’ange. Quand je reviendrai vers lui, je serai égale à moi-même. Je ne ferai plus semblant d’être ce que je suis pas. Il ne sera plus dérangé par mon aura de lumière. C’est fini. Le crime a été commis. Bon sang ce que j’ai aimé ça mais il n’y aura pas de récidive. Du moins, pas véritable. Je sais que je serai toujours une erreur quoi qu’il arrive et qu’on effacera pas mes origines angéliques en un claquement de doigt. Mais ce sera un début. Un premier pas vers une nouvelle existence. Alors je m’en fous de ce que les autres peuvent dire. Ce que je vais faire, c’est pour moi. J’ai pris ma décision. J’ai besoin d’être seule pour parcourir le peu de chemin qu’il me reste. Et au fond, ça reste dangereux. J’ignore tout de ce qui m’attend hormis le mot que tout le monde redoute au Paradis. Déchéance. Alors oui j’ai menti à Alec et je m’en veux. Je sais même pas s’il comprendra, s’il me pardonnera et s’il voudra encore de moi après ça. J’imagine que savoir qu’en vérité je n’ai pas oublié ses caresses le poussera à la clémence. Je dois me persuader qu’il sera là quand je reviendrai. Si tout ce qu’il m’a dit est vrai, il me désirera encore. Il m’aimera toujours.

Et te voilà. En ce mardi après-midi, tu es dehors, face au Palais des Anges, la demeure terrestre d’une partie de tes confrères et la résidence principale de sa majesté Haelyn. C’est elle que tu viens voir aujourd’hui. Tu ne comptes pas passer par quatre chemins et t’adresser à la souveraine te paraît être le chemin le plus direct pour accéder au Tribunal du jardin d’Eden.

Il pleut. Depuis que tu as ouvert l’œil, de gros nuages sombres continuent d’envahir le ciel et mènent une guerre sanguinaire au beau temps. On croirait qu’il fait nuit. Pour couronner le tout, une tempête a été annoncée. Le vent s’est levé. Il balaye les mèches de jais qui s’échappent de ta capuche. Les mains dans les poches de ton perfecto, tu attends le bon moment. Tu as décidé d’entrer à seize heures. C’est le timing parfait. Ni trop tôt ni trop tard, tu ne devrais pas pouvoir louper la reine. Tu es venue sans armes. Tu espères ne pas avoir à recourir à la violence. Dans le cas contraire, tu te serviras de la force de tes poings, encore endoloris du long entraînement de la veille.

Quand ta montre affiche l’heure fatidique, tu traverses la route et marche d’un pas rapide vers les grandes portes ornées de dorures. Les deux gardes postés sur le perron te suivent d’un regard méfiant mais ils te laissent entrer. Une fois à l’intérieur, tu découvres un gigantesque hall où trône un escalier dont l’accès est interdit. Une grosse chaîne pend entre les deux immenses piliers qui constituent le point de départ des rampes décorées de lierre doré, elle dissuade les curieux de gravir les marches de marbre blanc. Une double porte à gauche est ouverte sur un couloir. A ta droite, tu trouves une petite pancarte avec une flèche qui indique le centre d’accueil aux visiteurs. Tu pouffes.

C’est un musée ou quoi ce truc ?

Tu décides d’aller directement demander confirmation quant à la présence d’Haelyn. Tu ne voudrais pas perdre du temps à la chercher dans cet énorme château si madame ne s’y trouve pas. Arrivée au bureau signalé par le panneau, tu es ravie de constater que personne ne fait la queue. Tu aurais pu perdre patience. Tu t’avances vers le grand pupitre de ce qui ressemble à une secrétaire et affiches ton plus grand sourire, t’efforçant d’adopter les bonnes manières des anges.

Bonjour. Excusez-moi, j’aurais voulu savoir si sa Majesté se trouvait au Palais aujourd’hui s’il vous plaît ?

La demoiselle aux cheveux blonds tirés en un chignon strict lève les yeux vers toi et clignes des paupières un moment, comme hésitante. Ton aura l’intimide. Elle fronce les sourcils quelques secondes avant de se reprendre.

▬ Bonjour. Oui, la reine est ici mais elle est occupée jusqu’à ce soir pour affaires privées. Vous souhaitez prendre rendez-vous ? Elle n’est disponible qu’à partir de la semaine prochaine.

Tu retiens un grognement. Pire qu’une galerie d’art sur la Grèce antique, c’est un cabinet dentaire, avec son lot de douleurs et son agenda overbooké. Tu continues de sourire innocemment.

Oh non, ne vous embêtez pas, ce n’est pas grave, je repasserai. Merci, bon après-midi !

Tu t’apprêtes à repartir mais te ravises aussi vite, affichant une fausse moue gênée.

Pardonnez-moi mais pourriez-vous m’indiquer les toilettes je vous prie ?

La secrétaire rougit et t’adresse un sourire un peu amusé. Elle te dirige vers le couloir de gauche, la deuxième porte à droite. Tu la remercies et retournes dans l’entrée pour marcher d’un pas rapide dans cette direction. Seulement, tu ne t’arrêtes pas aux toilettes mais continues ton chemin en accélérant en silence, les mains dans les poches. Arrivée au bout du long corridor, qui tourne pour continuer sur une nouvelle série de portes dorées, un accès vitré semble mener vers une cour intérieure décoré de nombreuses plantes. Le clapotis de l’eau d’une fontaine te parvient. Tu hésites à emprunter cette voie pour rejoindre la partie plus au nord du bâtiment mais tu n’as pas le temps de réfléchir. Des voix résonnent à l’autre bout du couloir et des pas retentissent dans ta direction. Tu te dépêches de sortir. Une fois dehors, tu t’abaisses pour slalomer entre les plantes rapidement. Tu arrives vite à l’aile nord, la même porte vitrée menant à un nouveau couloir interminable. Discrètement, tu longes les murs de la galerie, jetant un œil par-dessus ton épaule de temps en temps pour t’assurer que personne ne te suit. Arrivée à un tournant, tu ralentis en entendant des voix. Deux hommes sont en train de parler. Tu te colles contre le mur et observes du coin de l’œil le passage. Ils sont armés. Une épée semblable à celle des hommes de mains de la famille royale. Ils sont appuyés contre la rambarde d’un escalier, lui aussi bloqué par une chaîne qui porte un écriteau « accès interdit ». Ils sont en train de parler de leur famille restée au Paradis. Tu ne veux pas prendre de risques inutiles et deux gardes entraînés et armés pourraient bien parvenir à t’arrêter, même si tu as l’avantage de l’effet de surprise. Il faut que tu en éloignes un. Tu enlèves ta capuche et brosses ta chevelure désorganisée rapidement à l’aide de tes doigts. Tu essayes d’avoir l’air le plus naturel possible, t’efforçant de garder ton aura aussi repliée que possible. Tu avances vers les deux anges qui s’arrêtent de discuter pour te regarder arriver.

Je suis désolée de vous déranger messieurs mais la jolie blonde qui s’occupe de l’accueil a du fil à retordre avec un intrus. Je crois que c’est un déchu, je ne sais pas trop comment il a atterri ici. Elle semblait vouloir se débrouiller seule pour s’en débarrasser mais je préfère vous prévenir, on ne sait jamais…

▬ Je vais aller voir, déclare froidement le premier qui part immédiatement.

Tu dois attendre qu’il soit suffisamment loin pour ne plus vous entendre.

▬ On peut savoir ce que vous faites ici ? te demande de suite le garde restant.

Tu hausses les épaules, feignant la nonchalance, te faisant passer pour une jeune insouciante pleine d’ingénuité qui ne sait pas qu’elle n’a pas vraiment le droit de se balader seule dans ces couloirs.

Oh je cherche mon petit frère. Il aime bien se cacher dans le Palais et il faut que je le retrouve. Ca l’amuse de me faire cavaler. Vous savez ce que c’est, les enfants…

L’homme sourit légèrement mais tente de conserver son sérieux.

▬ Je comprends mais comme vous le savez, l’aile nord est réservée à sa Majesté la reine et à ses conseillers, vous n’avez pas le droit d’être ici. Je vais demander à un collègue de vous raccompagner, il vous aidera à retrouver votre frère, ne bougez pas.

Un rictus orne tes lèvres lorsqu’il pose une main sur ton épaule. Avec célérité, tu attrapes son poignet pour retourner ses doigts et exercer une pression sur son bras, l’obligeant à se pencher. Il pousse un cri et avant qu’il ne fasse trop de bruit tu lui balances un coup de pied fulgurant en pleine tête. Tu termines par un coup de coude sur la tempe qui l’assomme. Il a à peine le temps de comprendre ce qui lui arrive et de penser à dégainer son arme qu’il perd connaissance. Tu traînes son corps inerte sur le sol et le laisse près de l’escalier, dans l’angle mort du couloir, afin qu’il soit moins visible. Tu enjambes la chaîne qui entrave l’accès à l’étage et grimpes les marches quatre à quatre. Une fois arrivée, tu grimaces. Tu n’es là que depuis vingt minutes et tu ne supportes déjà plus la décoration. Tout est blanc et bleu ciel, paré de multiples dorures et de grandes colonnes en marbre. Une richesse écrasante doublée de couleurs lumineuses qui te donnent la nausée.

C’est quoi cet endroit sérieux ?

De plus en plus impatiente, tu tentes d’ouvrir la première porte mais la pièce est fermée. Tu recommences l’opération pour chaque entrée, mais tout est verrouillé. Tu lâches un juron et continues d’arpenter les longs corridors du palais à la recherche de la reine. Le silence qui règne sur le premier étage est tout à coup brisé par des bruits de pas alertes.

▬ Hé ! Vous là-bas ! Stop, arrêtez-vous !

Putain, fait chier !

Tu cours te cacher à l’angle et attends ton assaillant. Il a le temps de faire un pas près de toi. Tu te jettes sur lui sans attendre. Surpris, il recule, croyant te foncer dedans. Tu lui décoches un coup dans la gorge suivi d’un direct au niveau du sternum. L’homme vacille mais ne rompt pas. Il dégaine son épée. Tu esquives les premiers coups mais grimaces lorsque la lame tranchante effleure ton épaule pour percer ta veste et entailler légèrement ta peau. Tu parviens à te saisir de son poignet et tu roules contre son bras pour venir lui claquer ton coude dans le nez. Sa tête part violemment en arrière alors que le sang coule instantanément. Tu en places un second dans les côtes. Il lâche son arme, le souffle coupé. Tu en profites pour lui envoyer un coup de pied retourné en pleine tête et celle-ci vient frapper le mur. Le garde s’écroule. Mais des bruits de pas se font entendre à nouveau, il te faut quelques secondes pour détecter les auras pures paniquées. Ils sont trois. Tu fuis. Tu cours aussi vite que tu le peux à travers le dédale de couloirs. Ce palais est un véritable labyrinthe.


Finalement, tu entends une voix féminine. Un ton autoritaire mais pourtant élégant et candide. Le peu d’apparitions qu’elle a pu faire en public t’a suffi pour enregistrer ce son mélodieux qui pour toi n’est que propagande. Haelyn. Tu te rues sur la porte avant qu’elle ne tourne sur ses gonds. La femme qui était en train de la refermer se la prend en pleine tête. Tu t’infiltres dans la pièce sans même lui adresser un regard. Celle qui doit être la majordome de la reine essaye de te rattraper en criant.

▬ Qu’est-ce que… Sortez d’ici tout de suite !

Elle t’attrape fermement le bras en te ramenant à elle. Ton dos heurte son corps et dans la seconde tu redresses la tête pour lui envoyer un coup de crâne dans le nez. Tu t’arraches de son emprise et la repousse violemment. Tu n’en peux plus de cavaler dans des couloirs bleus et blancs et de te battre pour simplement adresser deux phrases à une connasse qui porte une couronne.

Tu déboules dans le petit salon au mobilier de luxe ancien, sur fond de tapisserie crème aux motifs brodés de la lignée des Sohane, toujours dans les mêmes tons clairs. La jeune femme à la crinière dorée te fait enfin face, l’air inquiet. Elle s’apprêtait à aller voir ce qui se tramait dans l’entrée quand tu t’es dressée sur son chemin, du sang sur les poings et les mâchoires serrées. Ton sang bouillonne dans tes veines. Les battements puissants de ton cœur résonnent dans ta poitrine. L’adrénaline a déployé ton aura autour de toi et ses reflets violets aux doux relents de noirceur l’entachent toujours. Elle tente de se faire une place au-dessus de la reine mais elle est bien vite confrontée à un bouclier lumineux puissant. C’est fait. Elle est devant toi. Tu vas enfin pouvoir t’exprimer. Tu la pointes du doigt, irritée.

Toi. Faut qu’on parle.

Tu marques une pause, le temps de mieux l’observer. Ce qui te frappe en premier lieu, c’est sa taille. Dans ton souvenir, elle était légèrement plus grande que toi. Or votre hauteur similaire vous permet de vous regarder droit dans les yeux. Sa Majesté aurait-elle laisser tomber les escarpins ? Elle possède cependant des traits nettement plus féminins. En outre elle est moins musclée, son corps mince est souligné par sa robe – étonnamment – blanche, décorée d'une dentelle précieuse bleue. Sa chevelure légèrement bouclée de princesse aux reflets d’or, est coiffée avec raffinement, pour mettre en valeur les traits fins de son visage angélique, son teint de porcelaine et ses yeux d’un bleu cristallin. C’est simple, elle est tout ce que tu n’es pas. Un parfait contraire. Un éclat de lumière qui rencontre un bout de charbon.

Je dois être déchue.

Ta voix prend un ton sévère, sec et brut. Tu ne laisses aucune chance de négociation. Tu as pris ta décision, tu es déterminée et l’objectif est tellement désiré que personne ne pourra se dresser sur ta route. Tu iras jusqu’au bout et tu écraseras ceux qui essaieront de t’en empêcher. Qu’ils soient de sang royal ou pas.

A nous deux, ma grande.



____________________________________________________________


~ I've learned to be good and it was boring ~

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MessageSujet: Re: I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] EmptyMer 15 Jan - 23:19


I had a one ticket to a place...

Feat Alice GREEN & Haelyn SOHANE


Un soupir franchit le pas de vos lèvres, et vos yeux se lèvent vers la pendule. Depuis le moment où vous avez commencé à vous replonger dans les archives, trois bonnes heures se sont écoulées. Un timide sourire se fraie un chemin le long de vos commissures alors que vous pouffez en remarquant que vos manières demeurent inchangées, ici à Damned Town. Vous êtes toujours l’enfant intéressée que rien ne saurait déconcerter. Rien ? Pardonnez ma langue écorchée. Voilà que déjà l’on se manifeste à votre porte, en une mélodie des plus familières. Par delà le chêne massif qui compose votre entrée, vous imaginez sans mal les arabesques dessinées par la gracile main de votre majordome. 16h pile, la voilà qui vous porte votre thé.

◘ Entrez.

Votre voix résonne dans le cabinet qu’avait jusque là habité un religieux silence. Lorsque vous travaillez, vous aimez que rien ne vienne vous déranger. Le seul bruit des pages qui se tournent suffit à vous contenter. Vos pensées peuvent se libérer et voler comme bon leur semblent, sans aucun autre stimuli pour les réfréner.

Dès que vous apercevez le visage de votre chère petite ange, vous vous complaisez à admirer la beauté de sa jeunesse, et sa manière de s’appliquer. C’est pour ce dernier point que vous l’avez choisie. Pour ses efforts permanents qui vous permettent de savourer quelques instants le fait de ne pas tout gérer. Vous vous laissez chouchouter, et vous ne cachez pas le bonheur que ce privilège peut vous procurer. Choisir la jeune femme ne fut pas chose aisée mais désormais, vous ne regrettez pas le moins du monde le choix qui a été fait. D’un air attendri et maternel, vous la regardez approcher et ne manquez pas de la remercier quand la tasse fut déposée sur votre table basse, celle qui fait face aux canapés.

◘ Votre Majesté, votre thé au jasmin est servi.

Dans une courbe travaillée, elle s’inclina les yeux baissés avant de disparaître, refermant silencieusement la porte pour ne pas vous troubler.

Même si vous savez qu’il vous faudra attendre quelques minutes avant de le déguster, vous vous levez déjà, faisant glisser votre fauteuil contre le tapis déposé à même le parquet. Puisque vous êtes directement venue  de vos appartements, vos pieds nus sont les seules armes qui vous permettent de vous déplacer. Mais vous aimez ce  contact brut avec la réalité. Vous savez votre peau faîte pour supporter les différences de milieux, et malgré vos régulières allées et venues ainsi vêtue, vos petits protégés sont bien soignés. Crémés et soigneusement surveillés par votre majordome, inquiète de vous voir ainsi déambuler. Et quand bien même vous auriez honte de les montrer, vos longues robes suffisent à les masquer, leur voluptueux tissus balayant souvent les sols que vous parcourez.

Enfin, vos royales assises sont déposées à même le divan, et vos jambes prennent le temps de se croiser. Vous soupirez d’aise en laissant vos pensées revenir au sujet que vous traitiez. La Bayith Raphaël a récemment fait remonter l’effondrement d’un barrage au niveau des terres éloignées. Bien que  le cas ait été examiné lors d’un conseil il y a de cela trois bonnes semaines, vous suivez l’affaire avec attention. Vous connaissez les lieux pour vous y être déjà rendue et vous demeurez inquiète pour les gens qui résident là, à proximité. La montée des eaux fut dévastatrice pour les quelques cultures adjacentes, mais surtout, vous craignez désormais  les retombées que cela pourra avoir sur la population, en plus des dégâts déjà causés. Les Bayith Meziel et Ezechiel sont en ce moment même en train d’appliquer le protocole décidé lors des dernières discussions, mais vous préférez surveiller leurs moindres faits et gestes. Certaines informations dépeignent des causes naturelles d’usure de la structure, et vous n’admettez pas qu’une telle négligence ait pu être conservée. Vous aimez le travail bien fait et n’acceptez certainement pas que l’on mette impunément entre parenthèse la vie de vos habitants. Aussitôt que le drame eut lieu, vous avez mandaté l’enseigne responsable de la maintenance du barrage. Après une longue heure d’entretien avec le responsable, vous lui avez fait connaître votre mécontentement et avez proposé un éventuel remplacement à la cour. Depuis, les choses ont paru s’améliorer, mais vous vous doutez que cela ne soit que passager. Les enfants filent toujours droit sous la surveillance de leurs parents..

En parlant d’enfants, un cri déchira l’ambiance tranquille du Palais, vous sortant de la contemplation que votre tasse lui inspirait Tendant l’oreille, vous vous redressez sur votre sofa. Vous savez Nanouk en promenade dans les jardins du Palais: Ce n’est donc pas elle qui aurait pu s’attaquer à autrui. Non, ce bruit est suffisamment différent pour que d’elle-même, la garde royale se manifeste à votre cabinet. En voyant le commandant de votre sentinelle rapprochée entrer dans votre bureau après s’être identifié, vous le remerciez d’un regard et les laissez se déployer dans la pièce, se fondant dans le décor avec autant d’efficacité que ces curieux caméléons que les humains possèdent sur leur planète. En leur compagnie, votre taux de méfiance descend suffisamment pour que vous vous risquiez à prendre une gorgée de votre breuvage. Mais la sérénité ne fut que de courte durée. Un bruit sourd enchaîne sur le premier, tandis qu’un raclement d’épée dégainée se fait subitement entendre suivie de grossières injonctions. Le tout vous parvient en un brouhaha assourdi, atténué par la distance qui vous sépare de la scène. Les vôtres n’en demandent pourtant pas plus pour porter la main au fourreau, les yeux rivés sur les points d’entrée. Immobiles, vous les savez prêts à réagir à toute éventualité. C’est pour cela que vous vous permettez de vous lever et d’avancer vous-même pour jeter un coup d’œil à ce remue-ménage.
A peine avez-vous gagné le milieu de la pièce qu’une tempête de jais envahit l’espace, suivie de près par votre petite main totalement désolée de ne pas avoir réussi à retenir la trouble fête.

▬ Toi. Faut qu’on parle.

Par réflexe, votre garde s’interpose entre votre personne et l’intrue. Cette barrière improvisée ne vous empêche nullement de détailler celle qui s’est faîte invitée et surtout, de ressentir son aura déployée. En son cœur brille intensément la pureté de ses terres d’origine. Et partout ailleurs se fait peu à peu manger cette belle entité. Des volutes de ténèbres s’emparent des extrémités, rampant pour en gagner le cœur et le corrompre tout à fait. L’aura vibre d’énergie, vous donnant la désagréable impression que l’on a précédemment tenté de la soumettre, la belle étant essoufflée et épuisée d’avoir du se cacher. Trop heureuse d’enfin pouvoir se montrer dans toute son entièreté, vous sentez qu’elle s’agite autour de sa propriétaire, désireuse de vous approcher. Mais la votre la tient pour le moment en respect, projetée vers l’avant tel un bouclier. De prime abord, vous ne comprenez pas bien ce qui a pu se passer, pour permette à  ce rayon de charbon de venir pénétrer l’un des vôtres.

Avant de réagir, vous prenez le temps d’observer cette ange que vous reconnaissez bien. Alice Green, espionne de formation. Sur ses mains coagulent de petites projections de sang. Ses cheveux sont décoiffés et dégringolent sur son perfecto sournoisement entaillé. Votre première interrogation est de savoir à qui appartient ce sang ? Les éléments vous  poussent à croire que l’ange face à vous s’en est prise aux siens, ainsi qu’aux vôtres. Mais votre éternel optimisme, lui, tente de vous convaincre du bien fondé de cette irruption forcée. La voix sage qui embellit parfois votre argumentaire vous souffle que la lutte dans laquelle vous vous apprêtez à vous lancer est déjà perdue. Par malchance ici, votre instinct ne vous ment que rarement, et vous sentez que cette naufragée s’est jetée corps et âme dans les flots sombres qu’elle traversait.

°Qu’elle fendait par votre faute qui plus est.°

En inspirant profondément, votre dernière entrevue avec Mlle Green vous revient en fragments. Vous vous revoyez au sein de votre bureau, les dossiers soigneusement regroupés à vos côtés, et les yeux portés sur la jeune femme qu’elle était alors. De son aplomb, elle n’avait pas flanché, vous regardant dans le fond des yeux. Elle attendait patiemment que vous ne formuliez vos intentions. La patience lui permit d’obtenir raison, et ses interrogations furent bien vite comblées: Ses succès vous avaient tapé dans l’œil et vous connaissiez le talent de l’espionne pour l’adaptation. Damned Town était alors une terre inconnue, qu’il fallait étudier avant de s’y installer. Tout n’était qu’une question de sécurité. Forte de ses réussites, vous l’avez envoyé, ainsi que d’autres de vos agents du Paradis, avez suivi leur avancée, échangeant régulièrement avec leurs contacts restés au Pays.

Maintenant que vous l’avez de nouveau face à vous, vous ne comprenez toujours pas ce qui a bien pu lui arriver pour ainsi l’ébranler. Impatiente et désireuse d’avoir votre approbation, votre blâme ou toute autre réaction, elle vous poussa à agir en laissant tomber le couperet.

Je dois être déchue.

Vos prunelles s’embuent d’un voile de tristesse. Passé le souvenir de la femme sans failles que vous aviez  voulu voir en  elle, vous n’apercevez désormais qu’un de ces enfants soldats que vous auriez envoyé au combat. Trop tôt, trop jeune, soulevant la faille morale dans un système que vous poursuivez. . Pour cela, vous vous en voulez d’ores et déjà. Votre regard se fait plus dur et vous expirez lentement en comptant.

°Un, deux, trois… °

D’une main, vous l’invitez à venir s’asseoir sur le divan, et de l’autre, vous demandez à votre garde de reculer. Le Lord Commandant ne paraît pas apprécier votre décision, mais il ne conteste nullement et dans une parfaite synchronisation, les quatre gardes qui vous protégeaient se déportent sur le côté, les yeux rivés sur Mlle Green.

◘ Elsa s’il vous plaît, veuillez refermer la porte de mon bureau et bloquez mon rendez-vous avez la Bayith Haniel.

Lord Amenadiel, veuillez me laisser deux de vos hommes et veillez à ce que mes ordres soient respectés. Je ne veux voir personne entrer pendant que je m’entretiens avec notre invitée.  

La majordome s’exécuta, suivie de près par le commandant et son frère d’arme. Une fois que le mouvement dans la pièce se fut stabilisé, que les portes furent refermées, vous prenez le temps de vous tourner vers Alice. Vos pupilles essayent d’arrimer les siennes, sans succès. Sa concentration échappe à votre personne, et vous mesurez dès à présent les prémices d’un esprit de rebellion.

◘ Mlle Green. Vous savez pertinemment que vous pouvez me joindre à tout instant, les  services secrets s étant l’une de mes priorités. Toutefois, j’espère que vos arguments sont suffisamment convaincants pour justifier telle intrusion. Quel diable a bien pu vous faire violer vos vœux ? Il me semble vous avoir entendue de vive voix prêter serment de protéger le royaume dans son entièreté ? Les gardes que vous venez d’affronter étaient-ils corrompus pour que vous trouviez prétexte à les attaquer? »

L’ange face à vous refusant de s’asseoir, vous n’insistez pas plus longtemps et vous replacez vous-même face à votre thé, reprenant une bonne gorgée pour vous calmer. En votre for intérieur, vous sentez que vous commencez à bouillonner et les choses ne sauraient se régler dans la paix si vous vous montrez aussi belliqueuse que votre enfant ici présente. Armée de votre patience, vous vous peignez un masque d’impassibilité, agité de sourires crispés. Votre compréhension a beau toucher les âmes de sa générosité, une ligne a été franchie par l’ange qui vous fait face, et vous sentez pertinemment qu’un deuxième pied hors du moule ne risque pas de la déranger.

Croisant les jambes, vous venez enserrer votre genou et la toisez, sans méchanceté. Vous attendez simplement qu’elle ne prenne le temps de tout vous expliquer. Lors de sa formation, allier concision et précision était l’un des éléments clés. Ses vœux oubliés, le professionnalisme envolé ? Mlle Green… Que se passait-il ?
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MessageSujet: Re: I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] EmptyMar 21 Jan - 23:08

Alice Green Ft. Haelyn Sohane





I had a one-way ticket to a place
   
where all the demons go




Son regard semble se voiler un instant, comme si elle était déstabilisée, ce qui ne manque pas de te satisfaire. Elle retrouve vite une attitude plus sérieuse, son visage se voulant impassible. Ton dégoût pour cette femme et ce qu’elle représente te hante un peu plus, la présence étouffante de son aura te rappelant à quel point il t’est difficile de supporter la lumière à ce degré d’intensité. Elle reprend bien vite son attitude de reine, se tenant droite et ses yeux arborant une lueur autoritaire, plus dure. Envolée la panique passagère de ton irruption. Elle croit de nouveau avoir le contrôle de la situation. Au fond, ce n’est que toi. Un ange de plus censé être prêt à plier le genou devant sa grandeur. Elle pense peut-être qu’en un claquement de doigts elle parviendra à te faire faire des courbettes. Ce serait sous-estimer ta résistance à l’autorité.

Le bruit des armures résonne encore dans le couloir et un garde s’est invité dans la pièce. Il s’est posté près de toi en dégainant son arme. Il pointe le bout de son épée vers ta gorge en se voulant menaçant, histoire de t’empêcher d’agresser la reine, comme si tu t’apprêtais à la défigurer. Perdre un si joli minois serait une véritable tragédie pour le jardin d’Eden. Tu ne lui accordes même pas un regard, campée sur tes deux pieds, les poings serrés, fusillant sa majesté par la seule force de tes sombres prunelles. Tu ne daignes même pas tressaillir. Ce garde croit peut-être impressionner Haelyn en faisant preuve de bravoure, ayant juré de la protéger au prix de sa vie, mais tu le trouves juste pitoyable. La reine tend une main vers lui pour calmer son geste alors que de l’autre elle semble t’inviter à aller t’asseoir. Aussitôt, l’homme rengaine son arme et tu en ricanerais presque.

Gentil toutou. Et si tu donnais la patte maintenant.

Ella s’il vous plaît, veuillez refermer la porte de mon bureau et bloquer mon rendez-vous avez la Bayith Haniel. Lord Amenadiel, veuillez me laisser deux de vos hommes et veillez à ce que mes ordres soient respectés. Je ne veux voir personne entrer pendant que je m’entretiens avec notre invitée.

Les gardes s’exécutent dans l’instant, emportant avec eux la femme en queue de pie qui titube un peu. La porte se referme et vous laisse seules, en tête à tête – enfin, si on omet les hommes de mains qui font le guet aux coins de la pièce. Ton regard ne s’est pas détaché de la reine depuis que tu es entrée. Décidément, sa majesté a une armée à son service, des gardes prêts à tuer pour elle, une majordome à ses côtés et pourtant tu as réussi à arriver là. Dans ce petit salon interdit, où seul son royal fessier a le droit de s’installer. Dragon, lui, était seul pour se protéger. Il était l’unique maître et gardien de son domaine et se chargeait lui-même de flanquer les intrus à la porte – ou de les envoyer six pieds sous terre. Tu sourirais presque à cette pensée. Tu ne peux pas t’empêcher de comparer Haelyn au roi des démons. Depuis que tu as fait la rencontre du souverain ennemi, tu ne peux retenir cette folle idée qu’il est plus légitime. Cette femme qui te fait face est née avec ce pouvoir dont elle use et abuse sur les autres alors que Dragon a dû se débrouiller pour l’obtenir dans l’anarchie qui règne en Enfer. Quel effort Haelyn a-t-elle fourni pour en arriver là ? Elle a simplement hérité de la couronne par son père. Qui lui-même la tenait de sa famille, une grande lignée d’anges purs. Le roi des démons, lui, a cherché à avoir le pouvoir, il a fait ses preuves, il s’est battu pour en arriver là. Cet aspect rend la chose plus méritante à tes yeux, toi qui as l’habitude de te servir de ta hargne pour obtenir ce que tu veux. Tu as beau le détester suite aux récents événements, ses paroles te reviennent en mémoire et la constatation qu’il reste un meilleur leader que cette mademoiselle Sohane s’imprime toujours dans ton esprit, sans que tes instincts angéliques ne puissent y changer quelque chose.

Elle plante son regard dans le tiens, comme si elle cherchait à sonder ton âme. Son port de tête élégant, son expression crispée qui se veut impassible et son allure te donnent envie de rire. Tu ne comprendras jamais la tendance des chefs, quels qu’ils soient, à se comporter comme si le monde entier leur appartenait, chaque parcelle de vie soumise à leur moindre désir. Donnez un tant soit peu de pouvoir à quelqu’un et il se pavanera comme un paon, fier de l’influence et du respect qu’il inspire. Il en fera des tonnes, pour que tout le monde le remarque, il voudra susciter l’envie. Il deviendra un prétentieux qui oublie que dans l’ombre, les rebelles luttent encore pour leur liberté. Des pirates sur qui son autorité a échoué.

Redescend princesse, l’univers tourne pas autour de ta petite personne.

Elle se tient devant toi, droite dans sa robe immaculée. Ses yeux bleus incandescents continuent de te scruter et tu soutiens son regard avec aplomb, pleine de mépris.

Mlle Green. Vous savez pertinemment que vous pouvez me joindre à tout instant, les services secrets étant l’une de mes priorités. Toutefois, j’espère que vos arguments sont suffisamment convaincants pour justifier telle intrusion. Quel diable a bien pu vous faire violer vos vœux ? Il me semble vous avoir entendue de vive voix prêter serment de protéger le royaume dans son entièreté ? Les gardes que vous venez d’affronter étaient-ils corrompus pour que vous trouviez prétexte à les attaquer ?  

Justifier une telle intrusion ? Mais bordel. Elle est sourde ou quoi ? Je viens de dire que je devais être déchue. Depuis quand c’est un motif pour une réservation de créneau sur son royal agenda ?

Madame se souvient de toi. Elle fait attention à connaître l’identité de toutes ses recrues, surtout celles s’attelant aux délicates missions d’espionnage. Tu te rends compte que tu travailles pour cette femme depuis toutes ces années, à défendre son précieux Paradis. Dans un sens, à ce moment-là, ça te répugne assez. Tu relâches légèrement la pression de tes poings serrés, déliant les doigts pour pianoter dans le vide. Elle s’assoit sur un fauteuil, les jambes croisées, ses mains tenant son genou perché en hauteur qui fait glisser ses jupons de dentelles. Tu t’approches d’elle, toujours debout mais la contournant légèrement pour lui faire face. Tu lui jettes un regard mesquin et mimes une petite révérence avec un moulinet de la main, te payant ouvertement sa tête.

Mille excuse, princesse, pour avoir débarqué sans prévenir. J’ai pas l’habitude de devoir prendre des putains de rendez-vous. Puis vous pourrez lire dans mon dossier que j’suis pas vraiment du genre discipliné. Les protocoles tout ça c’est pas trop…

Tu ne finis pas ta phrase et grimaces en grognant. Tu jettes un œil à ton bras qui te fait mal. La blessure n’est que superficielle, l’entaille n’est pas profonde, la lame n’ayant fait qu’effleurer ta peau mais la plaie est à vif et saigne abondamment. Quelques gouttes commencent à perler le long de ton poignet et sur ta main.

C’est pas trop mon truc. J’imagine que c’est pas ce qu’on s’est empressé de présenter à sa majesté. On a dû plutôt dire que j’étais efficace. Mais y’avait un astérisque pour préciser que j’étais une chieuse. Une chieuse efficace, oui. Mais une chieuse quand même.

Tout en parlant, tu t’avances près des fauteuils. Tu te laisses tomber dans un canapé en face de deux tables basses rondes. Sculptées dans un bois clair, elles ont l’air plus solides que celle de ton salon. Sur l’une d’elle, deux tasses de thé encore fumant, dont la reine a arraché une gorgée juste avant, trônent aux côtés d’une théière, le tout disposé sur une nappe blanche, faites d’un tissu fin. Tu te saisis des soucoupes pour déposer les tasses pleines sur la table voisine, veillant à ne pas tout renverser. Une fois le premier meuble vide, tu retires ta veste en cuir. Passant ton bras dans la manche, tu constates les dégâts sur le vêtement. Tu jures en le balançant plus loin sur l’assise.

Fait chier ! C’était une de mes préférées !

Tu enlèves également ton gilet à capuche, te retrouvant en débardeur dans le salon privé de la reine des anges. C’est la deuxième fois que tu te déshabilles devant un souverain, il faudrait songer à garder un peu de pudeur.

Tu t’empares de la nappe et la passes autour de ton bras pour t’en faire un garrot. Tu serres assez fort, tirant avec tes dents pour arrêter l’hémorragie et éviter de mettre du sang partout. D’ordinaire, tu aurais envoyé valser tout ce qu’il y avait sur la table. Tu as même hésiter à le faire. Mais tu soupçonnes Amenadiel et ses gardes d’être restés près de la porte pour épier le moindre bruit suspect, en plus des deux piquets qui vous observent, prêts à intervenir. Le vacarme d’une vaisselle cassée aurait sans doute donné l’alerte et tu ne souhaites pas qu’on vous dérange une fois de plus. Alors pour maintenant, tu conserves un minimum de savoir-être. Tu n’as pas envie de rester des heures dans ce palais.

Enfin j’suis pas venue ici pour faire part de commentaires sur mes états de service. Je me répète. Je dois être déchue.

Tu avises une petite assiette garnie de biscuits sur la table que tu as débarrassée et te penches pour en piocher un. Toute cette mascarade et cette course poursuite t’a donné faim. Tu t’adosses nonchalamment dans le sofa, te mettant à l'aise.

Ah, et puis t’es gentille, tu m’épargnes tout de suite tes pleurnicheries pour les bagarres dans le couloir. Parce que j’en ai sincèrement rien à foutre. Mes vœux tu peux te les mettre où je pense.

Tu lui adresses un grand sourire narquois et prends un deuxième biscuit, observant un peu plus la pièce. La tapisserie semble avoir été ornée de fils d’or qui forment des arabesques recherchées brodées en motif. De l’autre côté du salon se tient un bureau et une bibliothèque, derrière lesquels une fenêtre donne sûrement sur l’arrière du palais et les jardins. Un riche tissu bleu se drape autour des vitres qui laissent voir la tempête du dehors.

Tu reportes ton attention sur Haelyn. Elle est plutôt jolie. Sa chevelure te fascine tout particulièrement. La méthodologie pour des boucles aussi soyeuses et des reflets aussi brillants est une chose qui t’a toujours échappée. Tu es abonnée depuis toute petite à la crinière indomptable, à ces cheveux sombres et épais, parfois raides et d’autres plus volumineux, selon leur humeur. Ta mère se rapproche pourtant plus d’Haelyn physiquement. Quant à ton père, son éternelle coupe en brosse poivre et sel ne t’a jamais permis de savoir si tu avais hérité de ses gênes à ce niveau.

Tu mets de côté ces réflexions capillaires et te concentres sur ton futur argumentaire. Tu vas devoir faire preuve de toute ta force de persuasion pour convaincre la reine d’accéder à ta requête. Qu’importe, tu comptes bien trouver satisfaction.

Bref. Je me fous bien de savoir comment tu vas t’y prendre mais je dois être déchue. Et ça urge.

Me fait pas perdre patience, princesse.




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MessageSujet: Re: I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] EmptyLun 27 Jan - 22:14


I had a one ticket to a place...

Feat Alice GREEN & Haelyn SOHANE

Vous commencez peu à peu à prendre la mesure des dégâts occasionnés sur votre ange. Son regard condescendant ne vous quitte pas, se voulant brûlant. Et pour cause, un feu de sentiments la consume actuellement, transposant en surface une masque qui se veut froid. De cet être ne ressort maintenant plus que la haine, ce tsunami prêt à tout dévaster. A mettre à flot toutes les rives jusque là si bien ancrées  sous peine que son propre lit est dérangé. La rivière GREEN est aujourd’hui déchainée, et vous espérez qu’elle ne viendra pas à s’assécher, victime de ses propres débordements. En attendant, vous ne pouvez que vous réjouir dans un premier temps, de l’avoir face à vous, au delà du fait que ce que son regard transparaît vous heurte déjà. Vous qui aimez analyser, vous tentez de déceler en ces prunelles chocolats les vraies raisons de votre altercation du moment. Compte tenu de sa formation, Mlle GREEN se doit d’être une ange impénétrable, indomptable et capable de ne livrer nulle information. Mais aujourd’hui, les choses sont différentes. Mlle GREEN ne veut plus endosser ce rôle d’ange, quittant également vos rangs. De ce fait, le professionnalisme quitte le camp, et royalement. En ses yeux, vous pouvez déceler la barque sur laquelle elle dérive. Vous ne connaissez nullement les eaux troubles sur lesquelles elle a navigué, et sur lesquels elle se trouve toujours en péril, mais vous prenez pleine mesure de la désorientation de cette femme, dont l’agressivité se veut être un mécanisme primitif de défense. A ce jour,  Mlle GREEN se défend contre votre aura, se défend contre la vision de votre personne face à elle. Vous le déduisez de cette mine dégoûtée qui s’installe sur son visage à chaque fois que ses yeux se posent sur vous, ou que votre aura fait mine de l’approcher. Mlle GREEN est recroquevillée, protégeant son ventre à grands renforts de dents et vous ne pouvez aller à l’encontre de cet instinct de survie, celui que vous aviez vous-même repéré au moment de l’engager.

Vous reconnaissez également en ces traits, l’adolescente que vous avez été. Ce petit bout de chair blessée qui cherchait désespérément à se trouver, se heurtant aux figures d’autorités qu’étaient ses parents. Dans cette optique de se construire en évinçant à coup de dynamites les limites, vous savez que les fondations nouvellement formées sont instables, et prêtes à s’écrouler. Précieuse de ces observations, vous espérez pouvoir discuter calmement avec cette jeune adulte là. A l’aider à trouver son chemin tout en privilégiant un bien être qui est le sien. Votre but n’est pas de flanquer à la porte tous les déviants de vos rangs. Cela n’aurait aucun sens et en votre sein, vous vous sentiriez meurtrie de tant de cruauté. Mlle GREEN s’apprête à être un défi, et vous êtes prête à le relever. A prendre le temps de discuter. Malheureusement, l’attitude hermétique de la jeune femme, renforcée par une bulle de béton armée ne vous permet pour l’instant nullement d’approcher. Vous ne pouvez que vous contenter de l’observer, loin des murailles de défenses élevées.

Cet état des lieux forcé vous fait repenser à la discussion que vous aviez surprise entre Andromedes et la reine, il y a de cela fort longtemps. Malgré votre petit tempérament docile et facile à vivre, l’existentielle crise de la puberté ne vous avait pas épargnée, et en cette période vous aviez fait fait monter au Paradis une ambiance infernale empruntée des plaines démoniaques. Démunie face à votre virement soudain de bord, votre chère mère demandait conseil à votre précepteur. Celui-ci lui avait, entre autre, desservie cette phrase que vous vous remémorez désormais.

◘ Peut-importe leurs réactions, peut importe leur degré d’excitation, il est primordial que vous restiez calme, votre Majesté. 

Des décennies après, ces mots demeuraient gravés. Malgré l’égoïsme profond dont Mlle GREEN semblait souffrir, il allait vous falloir ne pas manquer de patience. Lui expliquer patiemment et simplement que non, les choses n’étaient pas aussi simples que cela. On ne désirait pas quelque chose pour le décrocher juste après. On ne menaçait pas pour demander un service dans la seconde qui suivait. On ne manquait pas de respect et de foi face à un être dont on attend ci après le verdict.

Pour le moment, vous l’observez parader, elle qui ne sait trouver manière moins brute de formuler sa volonté. Se cachant derrière un sarcasme à peine voilé, elle se jette dans un fauteuil qui vous fait face. Ses dires sont balayés par la grimace à venir, et lorsque cette dernière pointe le bout de son nez, vous vous redressez immédiatement. Mlle GREEN souffre et bien que sérieusement entachée, elle demeure un être ayant besoin d’être aidée. Vous redressant, vous quittez le petit coin cosy de votre bureau et vous dirigez vers la lourde armoire au bois vernis. Ouvrant la portière de chêne massif, vous vous emparez d’une petite boite recensant le minimum syndical pour venir à bout de plaies ou des petits problèmes du quotidien. En chemin vers la blessée, vous ouvrez le tout et déposez l’ensemble sur la table basse. Vous vous doutez que l’animal ne vous laissera pas approcher. Alors vous vous contentez de lui présenter le tout, rapprochant une table près d’elle. Sortant la flasque pour désinfecter, vous déposez le ruban à ses côtés mais Mlle GREEN s’est déjà débrouillée. Un solide garrot entravant les vaisseaux qui courrent le long de son humérus. Vos yeux demeurent tournés vers la plaie et sans piper mot, vous vous emparez de la flasque et en renversez une large lampée sur la chair à vif. Vous espérez bien lui extirper une grimace, mais n’en montrez rien. Avant qu’elle ne puisse réagir de son instinct belliqueux, vous reculez et reprenez la tasse qu’elle a retiré. Vous retournez tranquillement vous installer, la laissant si bon lui semble revenir sur les soins nécessités.

Mais s’entailler n’eut pas adouci Mlle GREEN dont la voix sifflante vient trancher l’air de son impatience. Vous faisant passer pour sourde, elle répète une énième fois la raison de sa venue. A force, vous la connaissez heureusement déjà. Et pourtant, vous ne possédez toujours pas les éléments essentiels pour juger du bien fondé de la requête. Selon quels principes ? Pourquoi maintenant ? Une petite discussion s’impose clairement entre votre ange et vous, et vous ne pourrez pas y couper. Puisque Mlle GREEN s’est invitée jusqu’ici, prenant la peine de déplacer son royal fessier désormais bien calé, il serait affligeant de devoir reporter. Accompagnant le cheminement de vos pensées, de larges gorgées de thé viennent chatouiller l’avant de votre trachée en contact étroit avec le corridor de votre breuvage. Votre regard imperturbable est toujours tourné vers l’ange qui n’a pas bougé, si ce n’est pour s’emparer des petits gâteaux que Greta a fait monter pour vous.

◘ Ils sont bons, n’est-ce pas ?

Un sourire vient accompagner vos mots, conscients de l’effet agaçant que votre propension à prendre votre temps peut soulever. Mais vous êtes encore ici chez vous, et les entretiens se déroulent donc à votre manière. Vous laissez ce moment de malaise se dissiper, l’aura de Mlle GREEN se mouvoir désagréablement dans cet air confiné, chatouillée par la lenteur de la situation. Aussi agitée que sa propriétaire, vous y percevez toujours une lumière extraordinaire et ferez tout pour essayer de la sauver. Quand bien même le Créateur en aurait décidé autrement. Vous n’offrirez pas la déchéance sans un jugement adéquat, entourée de vos conseillers et forte des arguments et des faits apportés. Croisant de nouveau vos jambes, vous portez votre regard inquisiteur sur l’ange face à vous.

◘ Pourquoi devrais-je vous donner cette déchéance que vous méritez Mlle GREEN ? Après avoir mis au tapis des notres, j’ai tout, sauf envie de vous accorder ce que vous êtes venue réclamer. Du moins, pas de la manière dont vous procédez. J’ai besoin de faits Mlle GREEN, de comprendre ce qui vous a amenée là, au bord de la frontière avec nos ennemis éternels. Alors, je vous propose de procéder ainsi. Soit nous parvenons à trouver un terrain d’entente, et j’accepte de convoquer une séance au Tribunal pour vous libérer de cet énorme fardeau que vous paraissez porter. Soit, vous continuez de vouloir la jouer à la manière forte. Dans ce cas, je me verrais contrainte d’attendre que vous ne vous soyez calmée pour pouvoir envisager de réfléchir à ce que vous me demandez. 

Finissant de siroter votre thé encore parfaitement à température, vous le déposez sur la table d’à côté, aux abords de l’attirail de premier secours. Au vu de la tempête face à vous, vous vous doutez du choix qu’elle fera. Mais vous n’influencez pas sa décision en montrant votre intuition, et laissez la jeune femme vous faire connaître son opinion primaire. Vous espérez qu’entre temps, elle se sera remémorée la beauté d’une langue apprise depuis l’enfance, et non de celle récemment côtoyée dans la cité de Damned Town.

∟ Les mots ont un pouvoir Mlle GREEN. Il serait déplorable de sombrer dans un manque d’élocution notable, vous qui maniez dans le passé les phrases aussi tranchantes que des lames, parfaitement affutées. Du travail de chirurgienne fée. Et maintenant, vous revenez des mois plus tard, de vos termes de bouchère qui déchirent grossièrement la chair de mon esprit.

Même en y repensant très fortement, les raisons de ce plongeon soudain dans les abysses vous paraissent des plus improbables. Vos espions sont tout de même formés à résister ! Consciente du fait que personne ne soit parfait, que nous cachons toujours en nos for intérieur de grandes faiblesses, vous demeurez étonnée que celle-ci se soit révélées si tard et à la fois si rapidement. Mlle GREEN compte à son actif de nombreuses missions remplies avec succès. Malgré son impatience et son côté un peu… brutal dans les civilités, vous vous rappelez quelqu’un d’efficace et de bien dans sa peau. Ceci explique aisément le nombre d’années à la solliciter, dans un métier qu’elle paraissait aimer. Aucune grosse vague n’avait jamais été réalisée. Et ici, à Damned Town, il aura fallu de quelques mois seulement pour corrompre l’un de vos petits loups, affaiblissant certainement une meute qui se voulait soudée.  Vous vous rappelez soudainement les rapports de son instructeur, puis de son correspondant interne, reportant de petits bouts de déviance de temps en temps. Au vu de l’efficacité de la petite, vous aviez choisi de ne pas en tenir rigueur, faisant confiance à vos agents. Sûrement au-delà du raisonnable. Jeune mère découvrant que son enfant est une junkie, vous réfléchissez à la manière de la désintoxiquer sans la brusquer, sans aller à l’encontre de sa personnalité. Aujourd’hui bien brisée.

Vous levant, perdue dans vos pensées, vous la laissez ruminer, cherchant ses mots pour vous bombarder de vos quatre vérités et entreprenez de faire le tour du canapé. Vous vous permettez une petite inspection machinale de l’ange. Vous voulez dans un premier temps vous assurer que ses ailes sont bien toujours pliées dans son dos, et non gisant dans une chambre froide. Obtenues grâce au sang angélique de la dame, elles représentent aujourd’hui un argument net en faveur de la mutilation. Parvenue du côté de son dos, une bouffée d’angoisse vous fait tressaillir alors que vous percevez un bout de peau à vif. Pour votre plus grand bonheur toutefois, vous observez sous le débardeur blanc de Mlle GREEN quelques plumes éparses, vous rassurant grandement. Il semblerait qu'à l'instant T, votre ange n’ait pas encore totalement renié ses origines, conservant l’intégrité de son enveloppe corporelle telle qu’elle lui avait été donnée.

En levant les yeux pour observer un peu plus cette blessure étrange située plus haut que la racine des ailes, sur l’omoplate gauche  vous masquez un sursaut d’horreur. La chair boursoufflée, tracée dans des sillons au plus proche contact de vaisseaux est cicatrisée depuis peu, du fait de la rougeur de la plaie désormais atténuée. Même si vous ne voyiez qu’un petit bout, l’existence d’un motif ne vous fait nul doute. Sans même en voir l’ensmble, vous l’identifiez, ne pouvant passer à côté. Keithan a frappé votre ange et l’a marquée à vif, la faisant souffrir à en hurler. En écho à la douleur passée de votre chair, votre aura claque violemment dans l’espace, faisant sursauterles deux gardes toujours postés à la porte, ils dégainent leur épée, prêts à se charger de la menace assise dans le fauteuil. Mais ce n’est pas contre Mlle GREEN que vous êtes retournée, mais contre cette enflure de Dragon. D’un pas rapide, vous marchez jusqu’à votre bureau, le regard furibond. Vos pas sont droits, rapides, confiants. Jasper, Andromedes, et tant d’autres sont partis entre les mains cagneuses et déformées par l’erreur que ce démon est. Vous vous estimez déjà heureuse d’avoir pu récupérer votre ange en un seul morceau, physiquement parlant. Il aurait pu vous faire monter sa tête comme il l’avait fait par le passé. Cet affront en le sein de votre palais vous déplaît fortement et vous mandatez immédiatement un conseil. Appuyant sur une petite sonnette sur le haut de votre bureau, les portes du vestibule s’ouvrent à la volée. Elsa apparaît.

◘ Votre altesse.

S’inclinant respectueusement, elle jete un coup d’œil réprobateur à l’invitée avachie sur le salon de plaisance de sa reine. Gênée de tant de manque de manière, elle détourne les yeux et les reporte sur vous.

◘ J’aimerai que dans une heure, le conseil soit réuni et prêt à débattre. Faites leur bien comprendre que je ne tolérerai nulle déviance, nulle plaisanterie. Je les veux concentrés, unis. Merci Elsa. 

Face à la petite ange qui vous observe de ses grands yeux calmes, vous redescendez de quelque peu de vos grands chevaux, mais demeurez bouillante en interne. Comment ce tas de ramassis a-t-il bien pu vous provoquer ainsi ? S’attaquant à l’un de vos agents, et vous le renvoyant en une moquerie à peine dissimulée. Keithan se joue de vous en vous renvoyant un être brisé et même prêt à le rejoindre de son côté. La victime se complaisant de son ravisseur et bourreau. Au fond de votre rétine est toujours imprimée la vision de cette marque rougie. En votre for intérieur, vous voyez les flammes danser, vous imaginez l’air apeuré de Mlle GREEN. Il ne peut en être autrement, vous ne concédez nullement que la votre se soit laissée marqué consciemment. A moins qu’elle ne vous ait caché une nouvelle fois cette partie là de son tempérament ? Soucieuse, vous vous appuyez sur le bureau, et laissez redescendre votre température. Ce n’était pas en cogitant infertilement sur un acte passé que vous alliez pouvoir discuter avec votre ange. Arwen, vous avez besoin d’Arwen pour évacuer toute la haine qui vous envahit actuellement, s’emparant de votre cœur tout entier pour le pourrir et le faire battre à torrent. Vous avez besoin de vous défoulez, et de prendre le problème à tête reposée.

Replaçant votre crinière dorée, vous revenez vers Alice, l’aura toujours vrillante, mais de quelque peu plus lissée. Vous arrêtant face au dos du canapé, vous posez les mains sur le dossier et posez la question qui vous pend aux lèvres.

◘ Depuis quand Mlle GREEN ? Depuis quand vous êtes vous « entretenue » avec Dragon ? 

Cogitant, et agitée que vous êtes désormais, vous résistez à l’envie de rejoindre le Terrier pour ressortir les dossiers brûlants la concernant. Vous vous souvenez d’une mission au Temple, mais n’êtes pas sûre qu’il s’agisse de ce temps là, au vu de l’état de la cicatrisation. Vous tentez quand même l’approche. Mlle GREEN vous apparaît être quelqu’un d’avare en explications. Si ce n’est pas elle qui vous les donne, vous vous devez d’aller les chercher.

◘ Est-ce que cela remonte à votre mission au Temple ?

Vous ne vous rappelez nullement avoir lu, et ce dans aucun rapport, la mention d’une blessure lors d’heures de services ou lors de mission. Vous essayez de passer au-delà de l’entrave à l’exercice de l’activité de vos agents secrets que cette découverte de la marque cachée constitue. Vous auriez du être immédiatement informée et pouvoir agir en conséquences. Non le découvrir par un hasard total alors que l’on vient vous quémander une part de marché, dépasse l’entendement.  A cran, vos doigts enserrés sur le tissu ne veulent pas bouger. Votre regard aussi est ancré, mais désormais à celui d’Alice que vous ne lâchez plus.

◘ Mlle GREEN. Je pense que nous pouvons élargir le champ des explications. Il est temps de me raconter ce qui ne figure pas dans vos rapports. 

Dans un coin de votre tête, vous vous notez de trouver le Dr Malleby pour lui demander de jeter un coup d’œil à cette plaie, et voir ce qu’il est encore possible d’en faire. Vous ignorez si Mlle GREEN en souffre encore, si elle peut dormir sur ses deux omoplates, mobiliser son bras sans douleur. Vous avez envie de prendre le temps de discuter de sa qualité de vie, avant de revenir sur le sujet tout chaud de sa requête de déchéance. Mais cela apparaîtrait à ses yeux comme de la pitié de votre part, et son égo ne le supporterait pas, repartant dans les tours. Tenant à éviter d’exciter de nouveau cette petite tempête, vous gardez ces éléments pour après, sollicitant ses réflexes d’espionnes. Se focus sur l’objectivité des faits. Vous ne lui demandez finalement rien de plus qu’un rapport, chose effectuée par Mlle GREEN durant toute sa vie. Mais cette fois-ci, vous voulez la version complète.

Vous en connaissez encore assez peu sur cette affaire, mais il vous apparaît dore et déjà que la déchéance ne sera pas possible dans l’état actuel des choses. Vous vous refusez tout bonnement à délaisser l’un des votres sur le bord de la route sous peine que de petites tâches noirâtres habillent son esprit. Cette femme a rendu service à la Nation durant des années, risquant sa vie à plusieurs reprises, comme son face à face avec Dragon en atteste sûrement – si cela correspond bien au schéma que vous vous en êtes rapidement fait – a souffert de ces années de dures formations, de dures missions. Et souffre encore désormais comme en témoignent ses prunelles et sa manière d’attaquer. Vous ne pouvez pas laisser partir une âme meurtrie sans avoir tenté de la consolider. Cela est contraire à vos principes. Vous savez que si le conseil en était rendu à voir Mlle GREEN, son état hargneux et belliqueux les orienterait vers la requête, puis l’exigence plus marquée de déchéance. Avant même que des explications n’aient été donnée, un dilemme vous apparaît. Accéder à la demande d’Alice et contenter ce que de toute façon votre Conseil va exiger. Ou suivre vos principes et être seule à lutter pour demeurez droite vis-à-vis de vos valeurs ?

∟ Mlle GREEN, cette affaire dépasse la simple requête. Mettez y du votre, je vous prie.
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MessageSujet: Re: I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] EmptyMer 5 Fév - 15:44

Alice Green Ft. Haelyn Sohane





I had a one-way ticket to a place
   

where all the demons go




Haelyn se lève avec délicatesse et s’approche d’une armoire alors que tu t’affaires sur ton bras blessé. Elle en sort une petite pharmacie, laissant cette trousse de premier soin à ta disposition sur une des tables basses. Tu observes le lot de bandages et de désinfectants avec un air indécis, te demandant l’espace d’une seconde si elle compte se servir de toi comme cobaye pour jouer au docteur. Elle s’empare d’une flasque où flotte un liquide légèrement ambré qui sent l’alcool. Avant même que tu puisses protester, elle en renverse plusieurs grosses gouttes sur la plaie. Tu réprimes un juron en serrant les mâchoires.

Mais elle est malade celle-là ou bien quoi ?

Tu te retiens de lui aboyer de reculer immédiatement, souhaitant ne pas provoquer un autre incident diplomatique en moins d’une demi-heure. Heureusement, Haelyn s’éloigne sans un mot après avoir reposé le flacon, semblant t’inviter muettement à te servir de son attirail d’infirmière si le cœur t’en dis. Tu attrapes un pan du garrot en dentelle qui pendouille sur ton bras et essuie le désinfectant qui perle sur ta peau. Tu le retires et attrapes une bande de tissu pour panser la plaie grossièrement, remplaçant ton attirail de fortune par quelque chose de plus orthodoxe. Puis déjà, tu ne te préoccupes plus de l’entaille pour reporter ton attention sur ton hôte.

La reine des anges s’est à nouveau installée dans un fauteuil en face de toi. Elle a emporté une des tasses de thé et le sirote calmement, comme si vous débutiez un rendez-vous entre amies. Elle croise ses longues jambes minces et sa robe laisse entrevoir sa peau blanche et ses pieds nus. Sa seule attitude contraste fortement avec la tienne. Elle se tient droite et le moindre de ses gestes est empreint d'une élégance naturelle. Elle est féminine et gracieuse. Tout ce que tu n'es pas. Il n'y a qu'à te voir, avachie, en débardeur et jean troué, dans ce canapé royal brodé d'un tissu hors de prix. Tu as toujours été aux antipodes de la jeune femme délicate, qui charme son entourage par ses bonnes manières et son port de tête. Tu séduis par ton sale caractère, ton franc parler et ton côté indomptable. Il existe des gens à qui ça plaît. Il faut de tout pour faire un monde. Quand tu la regardes, tu te dis qu’Haelyn est l'archétype parfait de l'ange, de la sainte-nitouche si chère à l'imaginaire des démons – Alec y compris, lui qui t'avait si vite affublée de ce petit surnom. Tu n'as vraiment rien à voir avec elle.

L'atmosphère s’appesantit d'un silence beaucoup trop long à ton goût. Le malaise a le temps de s'installer parmi vous. Il s'assoit entre elle et toi, sur un canapé, et vous observe rester muettes l'une et l'autre, attendant l'éclair qui annoncera le premier coup de tonnerre de l'orage qui plane sur le salon royal. Tu ne comptes plus briser ce silence assourdissant par des paroles. Si la reine ne se décide pas à te répondre, tu la feras flancher avec tes poings. Tu n'as aucunement l'envie ni le temps pour jouer à son petit jeu ridicule. Si elle te cherche, elle va vite te trouver. Et si elle te pousse à bout, tu te foutras bien des gardes qui attendent de défendre leur altesse adorée. Tu lances un regard à Haelyn qui te fixe, buvant toujours son thé à grande gorgée, te demandant combien de temps tu vas pouvoir te retenir d'abîmer son si joli visage.

Ils sont bons, n’est-ce pas ?

Tu mets une seconde à comprendre de quoi elle parle, posant ton regard alternativement sur son sourire, autour de vous, sur la table et enfin ce que tu tiens entre tes doigts. Elle s'est enfin résolue à parler. Et c’est tout ce qu’elle a trouvé à dire. Un commentaire sur ses putains de biscuits. Tu ne leur trouves d’ailleurs rien de particulier. Ce sont de simples gâteaux. Tu t’interroges sur sa capacité à s’étonner d’un rien. Est-ce que ce serait ça la véritable candeur angélique ? S’extasier pour une biscotte. Ses blablas t’agacent. Sa simple présence commence peu à peu à te taper sur le système.

Le petit sourire faussement innocent qui accompagne sa remarque t’irrite passablement. Mais après tout, ce n’est que justice, tu joues les insolentes, tu peux bien lui laisser le loisir d’en faire autant. Cependant, tu ne peux pas nier qu’elle réussit à t’irriter avec une technique si basse, tes propres pièges fonctionnent hélas aussi sur ta personne. Tu te redresses légèrement, un rictus en coin moqueur collé au visage. Elle joue vraiment avec tes nerfs et tu es prête à parier qu'elle en a parfaitement conscience. Tu penses que tu vas finir par lui tordre le cou à cette colombe qui croit pouvoir te voler dans les plumes.

Ils seraient encore meilleurs si tu pouvais t’étouffer avec.

Pourquoi devrais-je vous donner cette déchéance que vous méritez Mlle Green ? Après avoir mis au tapis des nôtres, j’ai tout, sauf envie de vous accorder ce que vous êtes venue réclamer. Du moins, pas de la manière dont vous procédez. J’ai besoin de faits Mlle Green, de comprendre ce qui vous a amenée là, au bord de la frontière avec nos ennemis éternels. Alors, je vous propose de procéder ainsi. Soit, nous parvenons à trouver un terrain d’entente et j’accepte de convoquer une séance au Tribunal pour vous libérer de cet énorme fardeau que vous paraissez porter. Soit, vous continuez de vouloir la jouer à la manière forte. Dans ce cas, je me verrais contrainte d’attendre que vous ne vous soyez calmée pour pouvoir envisager de réfléchir à ce que vous me demandez.

Tu ricanes en te mordant la lèvre inférieure, bougeant la tête en secouant nerveusement tes jambes. Elle semble réellement affectée par ta manière de débarquer à l’improviste dans son salon mais surtout du fait que tu aies pu te battre avec des gardes. Tu as dû brusquer l’organisation rigoureuse de sa majesté et déranger le planning bien construit de son après-midi, tu l’obliges à improviser. Haelyn est hors de sa zone de confort, elle a perdu le contrôle de la situation pendant quelques minutes et ça la dérange passablement, elle voudrait pouvoir garder la maîtrise de la grande horloge mécanique qui lui sert de vie. Si elle se sent menacée par une intrusion dans son palais, elle doit littéralement se pisser dessus quand elle croise Dragon. Tu représentes un moindre danger comparé à tout ce qu'elle doit affronter en tant que souveraine céleste. Le fait qu'elle s’entête à revenir sur tes légers affrontements avec ses gardes est une flatterie jubilatoire. On ne s’en prend pas à ses petits protégés, quand bien même seraient-ils payés pour prendre les coups à sa place. Il semble vraiment lui coûter que tu désobéisses. Tant mieux.

Tu te reprends en toussotant, parlant d’une voix plus posée, presque enjouée.

Mais vous savez, je suis tout à fait disposée à avoir une discussion calme et posée avec sa majesté.

Elle veut la jouer cool ? Alors allons-y, papotons comme deux vieilles copines.

Ta gorge se fait sèche. Tu jettes un œil aux tasses de thé que tu as déplacées et en portes une sous tes narines. Un délicat parfum de jasmin et de roses te parvient et tu grimaces. Tu reposes le contenant sans même vouloir goûter à cette aberration. Il fallait s'en douter, on ne sert pas de thé noir au palais des anges. Tu t'enfonces à nouveau dans le sofa, repliant ton genou en posant ton pied sur le bord de l'assise. Tu veilles à ne pas trop te pencher pour ne pas dévoiler ta cicatrice que tes cheveux dissimulent pour le moment. La marque de Dragon est ta bouée de sauvetage si jamais ton crime ne suffit pas. Tu n'espères pas devoir la montrer car le but n'est pas d'en faire un trophée à la base, ni une marque de propriété, ce que le serpent croyait probablement faire. Mais tu as pris ta décision et si sa majesté te force à en arriver à ce stade, tu t'abaisseras à te servir de ta blessure comme d'une véritable bombe nucléaire. Si Haelyn n'a cure d'un démon qui s'envoie en l'air avec une ange, peut-être que lui rappeler la présence de son ennemi juré en ville la fera sortir de ses gonds et la décidera à te bannir du paradis à tout jamais.

La voilà qui se lève, perdue dans ses pensées. Elle croit peut-être avoir compris que ton accord pour une conversation plus sérieuse se devait d’être accompagné de longs temps de pause. Tu n’as rien de prévu ce soir alors si Sohane décide de te consacrer des heures entières et de faire durer votre entretien en croyant pouvoir ainsi te faire changer d’avis, elle se trompe. Tu es prête à rester aussi longtemps qu’il le faudra, encore une fois, tu ne partiras qu’une fois satisfaite.

Tu te penches légèrement pour reprendre un biscuit alors qu’elle fait le tour du canapé, peut-être en proie à un duel intérieur pour décider de quoi te répondre. Quand soudain, l’aura de la reine s’affole. Elle se déploie dans toute la pièce dans un courant d’air infernal, une véritable bourrasque lumineuse qui fouette le palais. La tienne se replie autour de toi pour créer un petit cocon protecteur, les pétales noirs servant de carapace pour empêcher le cœur encore pur de répondre à sa consœur royale. Tu tressailles un instant, tu te demandes ce qui peut bien provoquer une réaction aussi épidermique et impressionnante, alors que tu n’as pas encore ouvert la bouche. Mais tu n’as pas le temps de finir de te questionner que tu comprends ce qui vient de se passer. Tes cheveux ont glissé sur ton épaule. Ta main se loge dans le creux de ton cou et descend dans le haut ton dos. Ton omoplate est à nue.

Eh merde.

Les gardes postés près de la porte dégainent leurs épées en te regardant d’un œil mauvais mais la reine ne leur donne aucun signal d’attaque. Elle traverse la pièce d’un pas déterminé pour rejoindre un bureau posté à l’autre bout du salon. Tu te redresses dans le canapé, te retournant pour la suivre du regard, ennuyée de voir un de tes arguments partir en fumée. Elle a pioché d’elle-même ton joker que tu ne comptais pas vraiment utiliser aussi vite. Tu vas devoir improviser. Heureusement, c’est une de tes spécialités.

La reine fait teinter une petite sonnette disposée sur le haut de son bureau et dans la seconde qui suit, la majordome réapparaît à la porte du fond. A croire qu’elle attendait depuis tout à l’heure, collée contre le mur de l’autre côté, le moindre signe de sa maîtresse pour intervenir. C’est donc ça la servitude volontaire. Elle s’incline poliment dans des manières que tu trouves surjouées, à base de votre altesse et autres mièvreries. La petite femme te jette un regard mais le détourne bien vite, comme choquée. Tu ne comprends pas ce qui chez toi peut la heurter à ce point. Perplexe, tu t’observes quelques secondes et porte la main à ta bouche pour vérifier qu’il te ne reste pas du chocolat aux coins des lèvres. Mais visiblement, c’est ta simple personne qui dérange la servante.

Je veux que dans une heure, le conseil soit réuni et prêt à débattre. Faites leur bien comprendre que je ne tolérerai nulle déviance, nulle plaisanterie. Je les veux concentrés, unis. Merci Elsa.

Le ton est sec et ne prête pas à la négociation. Devant l’attitude nouvellement autoritaire de la reine, tu souris discrètement. C’est que la colère peut lui faire perdre pieds en fin de compte. Sa découverte ravive en elle les flammes de la haine, le conflit originel qui régit les mondes doit bien puiser sa source quelque part, Dragon serait bien fatigué d’être le seul à remuer les bûches d’un tison solitaire. Tu constates par toi-même qu’il peut compter sur les émotions négatives mal maîtrisées de la souveraine pour prolonger la guerre à sa guise.

L’approbation de la dénommée Elsa a pour conséquence de calmer un peu Haelyn, dont les joues rosées semblent suspendre leur course vers l’écarlate. Tu te demandes si c’est le visage angélique admiratif de la femme qui la rassure ou simplement de voir que l’on se plie sans ciller à sa demande, de constater que ses ordres vont être respectés, de reprendre un semblant contrôle de la situation qui venait soudainement de lui échapper.

Décidément, la vue de ce symbole éveille bien des passions. Tu repenses à Alec dont les griffes n’ont pas accéléré le processus de guérison. Tu le visualises toi aussi. « Un serpent, replié en cercle sur lui-même, une aile s'abattant sur son corps, et tenant entre ses griffes une sphère aux reflets gris. » Tu repenses à cet instant de torture que tu as vécu entre les mains du Dragon et tu commences à comprendre ce qu'il a voulu te dire ce matin-là. La cible du missile a été verrouillée et tu viens de faire feu sans le vouloir. Depuis que tu l'as affronté dans cette chaufferie, tourmentée et démolie, tu as l'impression que tu pourrais déplacer des montagnes. Il a brisé des liens en toi qui t'entravaient depuis trop longtemps. Depuis votre combat, ta défaite et ton châtiment, une haine viscérale grandit dans ton cœur. Mais tu te rends comptes petit à petit qu'elle n'est pas tant tournée vers lui que vers les anges. Dans ton ignorance la plus complète, tu n'es encore qu'au début de ton besoin de vengeance. Alors tu t’es contentée d'en vouloir à ton bourreau sur l’instant. Mais tes congénères vont apprendre à connaître ta rancœur dans les mois à venir. Depuis que cette marque a été apposée sur ta peau, elle t'a insufflée une confiance que tu avais longtemps oubliée. Elle t'a permis de faire des choix et de prendre des décisions. Tu as laissé ton amour s'exprimer envers Alec et tu as pris le chemin de la déchéance pour pouvoir devenir celle que tu as toujours été, au fond. Une erreur. Mais maintenant, tu tentes d'en être fière. Et une part de toi espère rendre tout aussi fier son créateur.

Tu peux concevoir qu’arborer cette marque, dans ce salon, aux yeux purs de la reine des anges est assimilable à un acte de haute trahison d’une part, en ce qui te concerne, et une provocation plus qu'évidente que le roi des démons adresse à sa rivale. Tu ne la quittes pas des yeux, enchantée d’avoir pu assister à pareille réaction de la part de cette femme guindée qui vraisemblablement croit qu’elle peut tout arranger à coups de bienveillance et d’autorité plus ou moins déguisée.

Haelyn se recoiffe et revient vers toi, prenant appui sur le dossier du canapé dans lequel tu es toujours avachie, tournée vers elle, un pied sur le coussin d’assise. Son aura s’est un peu calmée mais vibre encore fortement, comme contrainte de briller moins fort pour encourager sa colère à se taire.

Depuis quand Mlle Green ? Depuis quand vous êtes vous « entretenue » avec Dragon ?

Tu lèves les yeux vers elle, pleine d’innocence. Tu fais mine de ne pas comprendre, un léger sourire aux lèvres. Tu la vois venir à des kilomètres. Non seulement, elle souhaite récolter le plus d’informations sur son ennemi de toujours, comme si le fait que tu lui donnes des détails pourraient l’aider à se calmer dans une perspective de planifier un retour de bâton pour le démon ; et ensuite, c’est une excuse toute trouvée pour changer de sujet et ne pas revenir sur ta requête initiale.

Est-ce que cela remonte à votre mission au Temple ?

Elle ne t’a pas laissé le temps de répondre que sa deuxième question fuse. Visiblement, son besoin de comprendre est violent, la colère ne doit pas aider à le canaliser. Elle se trahit toute seule. Elle a l’air agitée, nerveuse et tu jurerais voir ses doigts trembler. Sa main est crispée sur le dossier du canapé. Son empressement se lit sur son visage. Même si son expression se veut dure et despotique, tu lis dans ses yeux qui fixent les tiens le trouble qu’éveille en elle cette situation.

Mlle Green. Je pense que nous pouvons élargir le champ des explications. Il est temps de me raconter ce qui ne figure pas dans vos rapports.

Bordel ce qu’elle commence à me gonfler avec ses « mademoiselle Green ».

Elle insiste. La reine des anges exige que tu lui donnes des réponses. C’est amusant car tu ne te rappelles pas l’avoir entendue accéder à ta première demande. Elle a oublié toutes les règles d’une négociation. Quand quelqu’un vient réclamer quelque chose on ne lui donne pas en retour, comme seul cadeau, un ordre. Tu ne lui diras absolument rien à propos du temple ni au sujet du roi des démons. Tu soutiens son regard longuement, t’amusant toi aussi à faire durer le silence. En ton for intérieur, une petite voix remercie Dragon de t’avoir donné l’opportunité d’être en position de force dans cette discussion. Sa marque a fait voler en éclat le protocole d’Haelyn qui voulait passer par un entretien dans le calme pour que tu lui exposes ta situation. C’est loupé.

Excuse-moi ton altesse mais… Je crois pas être venue ici pour parler de mes rapports de mission. Je voudrais pas avoir l’air de me répéter mais je suis là pour être déchue, en fait. Je croyais tu étais prête à parler calmement ? Je savais pas que la reine des anges était capable de mentir. J’avoue, je suis un peu déçue pour le coup.

Tu parles très posément, prenant le temps de colorer tes paroles d’ironie et te permets même d’hausser les épaules pour ta dernière phrase, mimant en élan de désillusion, comme si tu t’affaissais, abattue.

J’ai pas encore pris le temps de faire le rapport pour la mission du temple. Sa majesté est pas sans savoir que je suis employée au gymnase, les cours m’ont empêchée de le terminer rapidement. Je le ferai parvenir à mon contact bientôt, comme le demande le protocole auquel vous tenez tous tant.

Tu lui souris, insistant sur le fait que c’est elle qui s’est d’abord plainte de ne pas te voir respecter les règles qu’elle a pris soin d’établir. Tu t’installes un peu plus profondément dans le canapé, ramenant davantage ton genou vers toi pour pouvoir te tourner vers elle plus facilement et ne pas devoir risquer un torticolis pour lui parler. A sa manière, tu éludes complètement sa requête pour insister sur le sujet qui t’intéresse vraiment.

Je crois que tu m’as demandé des faits pour comprendre ma demande de déchéance. C’est très simple…

Tu parles d’une voix grave, posée, t’adaptant à la situation comme tu sais si bien le faire. La ruse et les masques sont tes domaines de prédilection. Bien loin de ses premières provocations qui s’attardaient sur le goût des biscuits, les réactions fébriles de la reine éveillent moins tes instincts primaires et impulsifs de bagarreuses qui ne peut s’empêcher de mordre en retour. Tu es bien plus à ton aise.

J'ai couché avec un démon.

Tu lâches l'information sans crier gare. Tu as bien articulé pour être sûre qu'il n'y ait pas de malentendus. Haelyn a forcément compris ce que tu viens de dire. C'est très clair, limpide. Ta voix laisse un nouveau silence, toujours calculé par tes soins. La théâtralité se travaille et tu as eu des semaines entières pour t’imaginer ce moment. Tu laisses le temps à la nouvelle de faire son effet. Puis tu te redresses pour regarder la reine droit dans les yeux. Tu soutiens ses prunelles de jade, un léger sourire flottant au coin de tes lèvres. Tu te délectes de son expression, tu crois y déceler quelque chose entre le dégoût et la surprise. Ce que ton annonce provoque te plaît. Alors tu en rajoutes une couche, comme tu espérais pouvoir le faire.

J'ai aimé ça. Je dirais même que j'ai adoré ça.

Ta voix se fait un peu plus rauque, animée de notes plus suaves. Tu te mords la lèvre nerveusement, laissant à la souveraine le loisir de se faire une image. Tu veux la provoquer. Continuer de la pousser dans ses retranchements et poursuivre le travail qu’a entamé la découverte de la marque de Dragon. Si elle est la sainte-nitouche par excellence, modèle de vertu suprême de celles et ceux qui peuplent le paradis, alors elle sera très certainement gênée par cette déclaration.

Et je compte recommencer. Des milliers de fois, au moins.

Tu te délectes de la réaction d’Haelyn. Le spectacle est des plus divertissant. Pour un peu, tu espères la voir se fissurer comme une poupée de porcelaine fragile et éclater. Tu aimerais que sa colère se déchaîne et qu'elle te traite de prostituée, de traître, de monstre. Tu la mets devant le fait accompli et tu plaides coupable. N'y a-t-il rien de plus agaçant pour un juge que l'insolence de l'accusé ?

Je sais que c'est interdit. Et je m'en fous. Donc, pour ce pêché ô combien dégradant, je dois être déchue. C'est stipulé quelque part dans la loi. Un truc dans le genre « si vous baisez avec un démon, on vous arrache les ailes, cordialement, la direction ».

Tu poursuis tes déclarations, le regard ancré dans le sien, prête à faire front devant toutes les éventualités.

Tu peux courir pour avoir son nom. Tu peux me faire arrêter et me torturer pour l'obtenir, je dirai rien. Inutile de planifier une vendetta. Et ça servira à rien de me mettre sous surveillance pour avoir son identité non plus. J'ai fait partie de la garde, je connais les techniques d'entraînements au combat et j'étais une des meilleures en espionnage. Si quelqu'un est sur ma piste, je le saurai immédiatement et tu pourras compter sur moi pour lui péter la gueule et le renvoyer pleurer dans tes jupes. Tout ce que je te demande, c'est de faire de moi une déchue.

Ton ton est devenu sec et froid, tu ne laisses plus de place à la plaisanterie provocante. Dès lors que tu parles de la vie d'Alec, la conversation est on ne peut plus sérieuse. Tu es prête à le protéger des griffes de la reine. Tu sais qu'il pourrait être en danger pour t'avoir potentiellement corrompue. Aux yeux dans anges, il t'a souillée et il mérite des représailles. Mais tu comptes sur lui pour empêcher toute tentative d'assassinat sur sa personne. Et tu es prête à te battre à ses côtés pour l'aider s'il le faut. En attendant, Haelyn peut se raconter les histoires qu'elle veut. Elle peut même se mettre à penser que le démon en question avec qui tu as couché est le souverain en personne, tu ne nieras pas cette idée. Elle peut te qualifier de putain de harem comme Alec avant elle. La seule différence c'est que ce que pense la reine ne t'importe pas. Le seul qui a une quelconque valeur à tes yeux c'est Alec et si lui est convaincu de la vérité, c'est tout ce qui compte. Le reste peut bien brûler en enfer. La pétasse couronnée avec.

Tu voulais un chef d'accusation ? Le voilà. Quelle est ta sentence, princesse ?

C'est le moment de pas me décevoir.

Tu as avancé tes pions sur l'échiquier, à elle de capituler. Sinon tu seras obligée de la mettre échec et mat. Et elle n'a pas envie de voir ça.



____________________________________________________________


~ I've learned to be good and it was boring ~

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MessageSujet: Re: I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] EmptyMar 11 Fév - 23:15


I had a one ticket to a place...

Feat Alice GREEN & Haelyn SOHANE

En repartant d’où vous venez, vous percevez une petite moue douloureuse sur le minois de votre invitée improvisée. S’intéressant brièvement au kit que vous lui aviez apporté, son attention décline pourtant rapidement, se reportant sur votre petite personne. Vous sentez son regard glisser un long moment sur vous, vous détaillant, vous analysant. De la tête au pied, sans que le moindre de vos comportements ne soit laissé de côté. Au début de cette inspection générale à laquelle vous avez droit, l’objectivité de son analyse a raison de son aura. Candeur et ténèbres s‘équilibrent suffisamment pour réveiller en vous un espoir de rédemption. Mais bien rapidement, la nuit se lève sur la rivière, engloutissant les rayons de lumières qui transparaissaient entre les vaguelettes. Votre optimisme en pâtit légèrement, mais vous demeurez persuadée que la bataille est loin d’être terminée. Dans son esprit de rébellion, l’aura se fait soudain plus menaçante, prenant des teintes orageuses. Vous vous demandez quand elle se lèvera, n’y tenant plus et vous prouvant violemment qu’elle ne veut, et contre tout, plus faire partie des vôtres.

Compte tenu du malin plaisir que vous prenez à rallonger le temps de votre entretien, vous vous devez de reconnaître qu’elle vous impressionne. Donnant l’image d’une bouteille mise sous pression, vous pensiez qu’elle exploserait plus tôt. Mais il n’en est rien et malgré son attitude peu raffinée, elle vous laisse le loisir de vous laisser vous exprimer. Chose que vous ne manquez pas de faire. Vos mots apparaissent vraisemblablement drôles. Un rire secoue en effet la demoiselle alors qu’un spasme la prend soudainement. Obligée de bouger l’entièreté de son corps, de la tête aux jambes, vous l’observez se mouvoir. L’énergie émise à déplacer des bouts de son corps vous permet de comprendre qu’il y a beaucoup de choses cachées sous le tapis de sa vie. La réelle question est désormais de savoir si Mlle GREEN sera capable de soulever l’entièreté du tissu pour le dépoussiérer. Ou si elle ne se contentera que de soulever les bords, pour un bref aperçu. Vous n’en méritez pas tant, il va de soit. Estimez vous déjà contente, que Mlle se soit déplacée jusqu’à vous, qu’elle tolère que vous vous exprimiez. Vous n’allez pas non plus lui forcer la main à vouloir lui faire cracher le morceau. Quel comportement insensé cela serait ! Dodelinant de la tête, vous souriez. Alice donne le sentiment limpide d’être chez elle. Mais durant combien de temps le comique de cette contradiction se prolongera t-il ? Dans votre dos, vous savez votre garde nerveuse et haineuse à souhait, ne désirant que refaire le portrait de cette erreur qui se porte jusqu’à vous. Qui dans un souci d’identité essaye de vous mettre à mal. Pour équilibrer. Après tout, se sentir secoué prévaut pour certains de mettre à mal l’entièreté de leurs cercles, proches ou éloignés. Vous vouliez du partage, de la proximité avec vos agents secrets? Le voilà le partage. Récoltez ce que vous avez semé.

Le blé ne tarde d’ailleurs pas à être moissonné alors que Mlle GREEN répond à votre feu de questions. Envieuse de briser les règles et protocoles, elle s’enfonce toutefois dans la même manière de procéder qu’au début de cet entretien. La provocation d’abord, les bouts de réponse après. Ce programme vous convient. Vous savez maintenant à partir de quand il faut l’écouter, ignorer ses piques affutées qui s’émoussent au fur et à mesure qu’elle les déploie. La fréquence altère le tranchant et ceci ne pourrait être plus véridique que maintenant. Votre regard redevenu calme l’observe. Vous ne voyez plus en elle l’insolente personne qu’elle a jusque là jouée, mais la victime qui a été souillée. En temps normal, vous ne vous permettriez nullement de laisser transparaître tel sentiment. La fierté est un rapport de la personnalité propre à chacun et vous ne vous permettriez pas de remettre en question une image de soi ne tenant parfois qu’à un fil. Mais là, vous ne pouvez pas. L’un des vôtres a été marqué comme du bétail, un vulgaire mouton, et c’est à vous qu’en revient le problème.Vous ne pouvez l’ignorer. Par contre, pour avoir désorienté un de vos éléments aussi facilement, en utilisant de la force, une odieuse barbarie, et l’attirer en ses rangs, vous ne pouvez que dire chapeau bas. Reconnaître à Dragon un certain charisme, ou à la votre une trop grande faiblesse. Vous ne savez pas encore vers quel côté pencher. Ce que vous savez en revanche, c’est que cet argument est glissé dans les tiroirs de vos pensées. Cela a du être un énorme chamboulement, une épreuve sans précédent que d’être ainsi traitée. Suffisamment pour remettre en question la maigre existence vécue à osciller entre les armes tranchantes des démons que vous la lui faisiez chasser.

Qu’il est facile de flouter les convictions d’autrui d’un claquement de doigts. Les êtres influençables, ayant été placé dès leur plus jeune âge, puis marqués, ne peuvent aisément trouver leur place. Un simple constat scientifique, une analyse psychologique suffirait à le démontrer. Il faut au contraire les accompagner, les dorloter. Vous élaborez un bout de stratégie pour repêcher votre ange, sans même encore savoir si les prises à son abord ne sont pas toutes déjà effritées. Vous ne pouvez pas vous en empêcher. Il vous faut penser avant que l’on ne le fasse avant vous et que l’on choisisse encore de vous contrecarrer lors de ces discussions qui n’en finissent plus. Vous appréciez le débat, écouter et rebondir sur ce que vos compères ont à dire. Mais l’égo est aujourd’hui bien trop ancré dans la société que vous dirigez. Chacun ne veut,  non plus argumenter, mais asseoir ses opinons, écrasant autrui de ses positions, faisant pression pour son propre intérêt. Le pouvoir en votre communauté est à vos yeux dévastateur et bien que vous concédiez l’idée qu’un conseil soit plus enrichissant et bénéfique pour le Pays que de rester seule à votre bureau, les tempéraments parfois intolérants, égoïstes et très peu altruistes ont de quoi fortement vous déplaire.

En un sens, vous aimez ce qui se présente à vous. Non pas du fait d’être en face à face avec un être désorienté. Mais de pouvoir enfin sortir le nez de vos dossier, de retrouver ce goût du terrain, de l’incertitude, que vous aviez goûté lors de vos missions. Un instant, vous regrettez d’être ici dans le salon et de ne pas être sur les « scènes de crimes ». A pouvoir observer, comprendre, assembler. La question se pose maintenant de savoir si vous auriez, un jour, pu y aller de votre plein gré ? Si Mlle GREEN ne s’était pas-elle-même portée volontaire pour vous approcher, vous seriez vous portée jusqu’à elle ? Vous ne mettez pas longtemps à trouver réponse à votre question. Assurément que non. Les protocoles auraient voulu que l’ange dissidente soit repêchée par ses collègues, que l’affaire soit ensuite traitée en interne, puis en groupe.

En cela, vous remerciez Mlle GREEN d’avoir complexifié le tout. Il aurait suffit d’aller clamer haut et fort ses crimes pour que l’entièreté de la société angélique ne se retourne  contre elle, réclamant dur comme faire un jugement, menant sans surprise à une déchéance méritée. Mais quelle chance, Mlle GREEN est venue à vous. Vous êtes la seule pour le moment sur le dossier, et comme vous venez de vous en emparer, vous vous ferez un devoir de le mener comme vous l’entendez. Il va de soit que vous ne pourrez lui éviter d’être jugée, mais en attendant, vous avez une longueur d’avance sur ces bayith que vous venez de convoquer. Et vous comptez bien la conserver.

Cela aurait été parfait, somptueux, théâtral. Alice se serait levée, exactement comme elle l’a fait, pour détailler la foule de ses yeux embrasés par le désir. Ses lèvres se seraient élevées en un sourire carnassier, qui se délecte de la bombe à peine lâchée. Pour accompagner, une voie suave, empruntant ses notes aux plus foudroyantes des tentations, pour hypnotiser, faire frissonner. Puis, lorsque les réactions de son auditoire ne lui auraient plus suffi, elle se serait replongée dans ces sensations passées, revivant pleinement ce moment pour mieux le montrer, l’afficher. La tragédie aurait été magistrale et le dernier acte se serait soldé en beauté, par une décadence sociale durement gagnée. Les cris d’horreurs, empreints d’un carcan de pudeur aurait secoué plus de la moitié des sujets. Le peuple aurait réclamé, martelant ses envies de déchéance à abattre sans tarder sur cet être qui, intérieurement, ne demandait  finalement qu’à se faire guillotiner. Quitter ce Paradis pour ne plus jamais y remettre les pieds.

« C’est un scandale ! » aurait-fusé par delà les têtes amassées. Les plus responsables auraient porté leurs mains sur les frêles oreilles des enfants, encore trop crédules pour ne pas être influencés dans leur développement de soi par de tels faits. Certaines femmes se seraient détournées, par principe, ne désirant être affiliées à telles monstruosité. En leur sein aurait grandi la peur qu’un faux pas de l’une des leur pair ne leur prévale les foudres de leurs maris sexistes. Vous ne vous faisez aucune illusion. D’autres auraient perçu en elle un certain héroïsme. Celui d’être libre. Eloignée de tous les carcans qui les entravaient, oprimant leurs volontés de s’affirmer, de se trouver. Et les choses auraient été telles qu’elles étaient. En un sens, Alice aurait véritablement pu être admirée par la force de son caractère. De choisir de ne plus se cacher et enfin assumer ses choix, ses envies.

Alice aurait été huée, insultée. Mais qu’importe, elle aurait triomphé. L’ampleur de l’affaire aurait sollicité un jugement immédiat, par soucis de diplomatie.

Le problème, totalement arrangeant, c’est que vous êtes la seule foule surplombée par l’enthousiasme débordant de l’ange en quête de liberté. Vous avez l’habitude de la confrontation, des tentatives d’intimidations. Depuis vos 25 ans, il y a 205 ans, vous devez les affronter. La bambine face à vous ne fait pas exception. Et en un sens, vous comprenez sa position. N’importe qui aurait pu sauter au plafond de telle information. Elle venait quand même de vous dire, avoir couché avec un  démon. En ses traits, vous reconnaissez birèvement ceux des autres, ceux qui ont succombé bien avant qu’elle ne soit née. Chaque requête, chaque jugement fut différent. Mais à chaque fois, les mêmes flammes corrompues dansaient dans leurs yeux. Si Alice a choisi de suivre le chemin d’une minorité de ses ancêtres, vous ne pouvez la blâme de ce mimétisme que vous n’avez déjà que trop croisé. De plus, votre politique se veut de diriger la maisonnée sans discrimination. De mener les membres de vos fratries d’une solidarité et d’une loyauté sans pareille. Or, si la famille entière tourne le dos à un être non désiré, aux décisions douteuses et incomprises par la majorité, alors cette famille mérite encore t-elle de sprétendre à ce titre qu’elle revendique ? Elle qui a juré en début de vie d’accompagner ses enfants, pour le meilleur, et pour le pire, jusqu’à ce qu’ils soient prêts à s’envoler, à minima, pour l’éternité, à maxima. Non. Vous ne partagez pas la position de vos semblables sur le fait de dénigrer ceux que le désir aurait fait ployer.

En un sens, la situation est ironique. C’est vous , l’être asexuel, qui prenez le partie de tendre toute votre compréhension et vos efforts pour percevoir les tenants et aboutissements des tumultes  ballotant vos petits. Votre devoir de mère va à l’encontre de tous les préjugés qui peuvent être formulés. Vous connaissez la loi contraire à vos principes, mais aucun mot n’a su formater votre esprit et vous mater. Depuis toute petite, vous tracez votre propre chemin spirituel, et si sur la papier, vous respectez  ce qui a été fait des millénaires avant votre arrivée, votre esprit est libre de penser ce qui lui plaît. Les balises de votre âme n’appartiennent qu’à vous.

Lors de votre formation, certains des jugements concernaient le relationnel. Des « aberrations de la nature » étaient nommées à la barre pour comparaître de leurs crimes. Et quels crimes ! Leur cœur allait en effet à l’encontre de ce que la biologie indiquait en matière de reproductibilité. Inutiles à la société, ne permettant pas de faire grimper les courbes de naissance, déviants d’une nature encore trop peu étudiée, ces jugements et décisions sans merci vous ont paru aberrants. Votre penchant pour l’analyse sociale et individuelle n’était pas encore très connue, sinon, il est à parier que l’on ne vous aurait jamais laissé venir au contact de ces erreurs. Vous ne vous êtes pas fait prier pour laisser galoper cet esprit critique que vos précepteurs vous avez appris à cultiver. Et chez ces êtres, vous ne reconnaissiez en leur aura, qu’une dose d’amour infinie, à l’image de celle que vos propres parents se témoignaient. Un amour incompris par cette communauté qui dans son manque d’empathie le condamnait. Mais l’amour ne peut être partagé pour quiconque ne se trouve pas en ses frontières.  Vous-même, vous ne faisiez pas partie des royaumes de luxures délimités. Mais qu’importe, vous perceviez déjà cet amour inébranlable, cette fortification de l’esprit qui rendait les gens heureux, plus performants. Et vous n’aviez pas besoin de plus pour contester les choix de vos ainés à leurs sujets. La pureté des sentiments accusés allait à l’encontre de la noirceur des sanctions appliquées.  

Au-delà de ces premiers faits, certes, la procréation en était alourdie pour la société, mais la productivité elle, pouvait en être boostée. Vous détestez rattachez des sentiments à des faits. Malheureusement, vous ne pouvez vous cantonner à suivre vos goûts et couleurs. Société rime avec adaptabilité. Et pour régner, vous avez du vous ranger du côté de la majorité. Vous avez assisté et condamné des êtres pour lesquels vous ressentiez de la compassion, que votre cœur dédouanait de tout écart à la sainte normalité. Et y repenser vous dégoûte. Vous ne parvenez pas à la cacher. Cela réveille en vous tout ce que vous êtes déterminée à essayer de changer, pas à pas, dans une société que vous dominez. Certes, grandement enchaînée, mais que vous dominez tout de même, par naissance. Personne ne vous a demandé si vous vouliez monter sur le trône et endosser toutes ces responsabilités. Fille unique, vous n’avez guère eu le choix. Et pourtant, cette contrainte n’en a jamais été une. Vous aimez pouvoir vous rendre utile aux vôtres, travailler d’arrache pieds pour les contenter. Vos journées tournent autour de vos sujets. Et même si vous êtes plutôt fière de ce qui en ressort, de l’organisation que vous avez, en partie seulement, construite, le chemin vers la perfection s’avère être encore bien long.

L’affaire GREEN n’allait pas seulement vous représenter un défi personnel, à tenter d’une part de discuter avec un être braqué sitôt qu’il s’agissait de ses origines et d’autre part de gérer les vôtres qui risquaient tout autant d’être un peu compliqués à aborder. Non, cela allait bien plus loin que cela, remettant sur votre bureau le débat de toute une vie. Suivre vos propres convictions, au plus près de vos valeurs, ou suivre la collectivité dans laquelle vous n’avez pas cessé d’évoluer. De votre position actuelle, acquise avec les années et fortifiée par votre tempérament vous vous sentez prête. Prête à y passer des soirées entières, à empiéter sur un sommeil ou sur du temps libre durement dénichés. Bien évidemment, si cela n’avait concerné que la situation individuelle de la demoiselle, vous vous seriez donné les mêmes moyens. Mais le problème touchant à un domaine que vous voulez depuis si longtemps aborder, vous ne pouvez que redoubler d’envie de vous lancer dans le défi.

Forte de ce constat, vous soutenez le regard de Mlle GREEN. En ses yeux transparaissent encore l’avalanche d’émotions qui l’avaient traversée. Ce plein d’informations, vous le prenez, vous l’enregistrez sans réfléchir. Cette mine d’informations ne peut être laissée de côté, surtout en émanant d’une Alice avare en détails. Vous pourriez presque compatir pour cette jeune adolescente, heureuse de sa première fois. Mais vous ne comprenez pas ces émotions. Vous les percevez, les analysez, et comprenez du mieux que vous le pouvez.  Mais vous ne pouvez en revanche les rattacher à votre expérience personnelle, comprendre jusqu’au bout ces choses que vous n’avez pas connues. De cette expérience, elle en est ressortie envieuse, peut-être heureuse mais nullement traumatisée et c’est ce que vous en retenez. Toute corne d’abondance finit toujours par se tarir et en écho à ce torrent d’éléments subjectifs vint s’asséner un relent d’objectivité qui vous fait grimacer.

La loi vous est rappelée, bien que vous n’ayiez jamais pu l’oublier. En des termes non exacts, mais l’essentiel de l’idée est là et vous ne pouvez le contourner. De toute façon, il ne vous serait pas venu à l’idée de vous permettre tel affront. Les règles ont était établies pour être respectées, et il est de votre devoir de les appliquer.

▬ Je sais que c'est interdit. Et je m'en fous. Donc, pour ce pêché ô combien dégradant, je dois être déchue. C'est stipulé quelque part dans la loi. Un truc dans le genre « si vous baisez avec un démon, on vous arrache les ailes, cordialement, la direction ».

Mais vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Le ton pris par la conversation, amenant les derniers propos de votre ange est des plus intéressants. L’agressivité n’est plus la même. Alice ne cherche plus à vous provoquer. Elle vous met en garde, protégeant jalousement le poupin naît de cette relation damnée.

▬ Tu peux courir pour avoir son nom. Tu peux me faire arrêter et me torturer pour l'obtenir, je dirai rien. Inutile de planifier une vendetta.

En cette attitude, vous croyiez véritablement reconnaître l’instinct maternel, tourné vers la défense par  l’attaque, à l’idée même que son enfant ne soit impliqué dans une affaire qui le dépasserait. Les termes employés sont eux aussi, étranges à souhait. Silencieuse, vous analysez les mots utilisés, soudain consciente que l’idée que vous vous êtes faîtes n’est-peut être pas le scénario se rapprochant le plus de la réalité. Bien que brouillonne dans sa manière d’agir, la droiture de votre Ange transparaît encore, maniée par sa langue acérée. Formée au plus proche des affaires brûlantes de leur Nation, Mlle GREEN sait ô combien les batailles contre le Dragon sont rudes. Une vendetta pour une affaire de coucherie serait bien minime face à lui. Pas après toutes les crasses qu’il vous a fait. De plus, une seule identité a jusque là été énoncée. Celle du propriétaire de la marque, Dragon. Le raccourci rapide était facile à faire : Alice avait couché avec le Dragon. Mais le simple fait de menacer pour préserver un nom ne collait pas vraiment à ce scénario là.  Le tout vous apparaît douteux à moins que toutes les clés n’aient une nouvelle fois pas été donnée par l’ancienne agent  secret. Peut-être que d’autres personnes étaient affiliées à l’affaire. Après tout, pourquoi pas ? Femmes ou hommes, vous ne sauriez le déterminer, vous ne parvenez pas même à prouvez la véracité de cette intuition. Toutefois, cette explication vous parait la plus probable. Même si vous êtes assez ouverte d’esprit, vous avez encore du mal à vous faire à l’idée qu’une telle épreuve due au marquage, puisse être effacée en s’envoyant en l’air. Le tempérament fier de la jeune femme ne l’aurait jamais laissée être touchée, son esprit accueillant l’acte comme quelque chose de positif, le négatif de la première épreuve entâchant forcément la suite des événements.

Bien sûr, vos suppositions sont infondées et vous ne pouvez les confirmer. Vous ne vous basez que sur des suppositions. Mais quand même. L’un de vos meilleurs éléments ayant été mis au tapis et humiliée comme elle l’avait été, vous ne vous doutez pas de la douche d’humilité que cela a été. Pourquoi dès lors vouloir protéger un être qui se défend très bien de lui-même ? Un être plus vulnérable en revanche.. l’idée d’un.e troisième responsable ou plus dans l’affaire ne vous quitte pas, mais vous creuserez cela plus tard. Cela n’a pas d’importance majeure à ce stade de l’enquête nouvellement ouverte.

Impatiente, trait majeur la constituant, Alice termina d’avancer ses pions, vous invitant à en faire de même.

Tu voulais un chef d'accusation ? Le voilà. Quelle est ta sentence, princesse ?

Vous ne vous trouvez nullement au tribunal ou dans la moindre pièce de jugement qui aurait nécessité tel comportement. Ici, l’impartialité a toujours régné en maître, et vous ne voyez pas pourquoi aujourd’hui, votre comportement devrait changer. Vous n’avez donc nulle sentence à lui donner, et même si vous en aviez, vous ne la lui aurez pas donnée. La sentence tombera le moment venu et  vous n’êtes absolument pas pressée. Après tout, après 230 ans de vie, vous pouvez  vous permettre de faire traîner cette affaire quelques années.  Non, la blâmer n’est pas la voie que vous voulez emprunter, pas maintenant. Vous revenez donc sur les événements précédents, vous doutant qu’essayer de discuter n’aboutirait à rien. Mais vous voulez tenter jusqu’au bout. Lire le désir en ses yeux avait été extrêmement riche. Mais nettement moins précis que des mots. Et pour l’analyse de la situation, vous ne pouvez vous contenter de sentiments primaires, à peine complété par des réflexions éventuellement effectuées après. Vous détournant d’elle, la laissant les bras ballants à défier l’air du cabinet, vous regagnez votre bureau, dos à la porte de vos appartements. Vous asseyant là bas, vous ne bronchez pas lorsque vos hommes se rapprochent pour se porter à votre hauteur. Enserrant vos paumes, vous vous accoudez au bureau et reportez vos yeux sur Mlle GREEN quelques mètres plus loin.

◘ Ma chère Alice, n’ayez crainte, je ne suis pas tournée vers la négativité véhiculée par la vengeance et ses attraits. L’identité de votre démon n’est pas requise, la loi n’en ayant cure. L’asociation de vos actions et de la composition de votre aura suffisent pour prouver que vous êtes entachée. Vous n’aurez donc pas à briser le cou de qui que ce soit.

Mais revenons sur un détail, si vous voulez bien. Que ressentez vous à l’idée d’être la propriété de Dragon ? Être vous prête à assumer ce rôle de déshumanisation associé à cette marque barbare ? Masquée, elle ne vaut évidemment rien, personne ne voyant ce qu’il vous a fait. Mais vous ne pourrez pas éternellement la masquer. Parviendrez vous alors à vous faire votre place en tant que vous, Alice GREEN ? Je n’ai aucun doute sur votre capacité à taper du pied pour vous aménager le nid que vous voulez. Mais psychologiquement, serez vous prête à être constamment défiée et rabaissée ? Non seulement, car vous venez de chez nous mais aussi du fait que votre légitimité en tant qu’ange déchue n’ait en partie été précipitée par Dragon ? Peut-être est-ce une fierté à vos yeux, que le Dragon vous ait témoigné suffisamment d’attention. Dans ce cas, tant mieux. Ne laissez pas les autres essayer de vous complexer de vos différences. Mais ne rejettez pas vos terres d’origines sous prétexte que vous n’y trouvez pas de place pour partir vers des terres où vous n’êtes pas sûre d’être acceptée. 


Vos arguments, ricochent sur le pavillon externe de la demoiselle. Sa décision est prise, ses positions bien campées. Mais les vôtres le sont tout autant. Vous ne laisserez pas partir votre ange tant que vous n’aurez pas toutes les cartes en main. Alice coopérant difficilement pour parler calmement, alliant désormais sécheresse, insolence et provocation, le chemin vers sa déchéance se dessine peu à peu,  long et caillouteux.  
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MessageSujet: Re: I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] EmptyMar 18 Fév - 13:58

Alice Green Ft. Haelyn Sohane





I had a one-way ticket to a place
   


where all the demons go




Sérieusement, sa réaction est un pur régal. Elle lutte pour rester impassible et tu devines que son esprit est déjà en train de fourmiller de solutions au problème. Tu n'aurais pas pu espérer mieux de sa part. Elle dépasse vraiment toutes tes attentes cette pétasse couronnée. Elle s'est figée dans un marbre glacial et affiche une moue sérieuse. Cette expression ne s'invente pas. Tu te demandes si elle serait capable de te vomir dessus à tout instant. Ton comportement doit la révolter et tu imagines que tes aveux ont déclenché en elle une colère sourde, inhérente à sa haine pour les démons. Avoir une traître en face de soi doit mettre en rogne. Ses mâchoires serrées en témoignent ainsi que le sang qui pulse au niveau de ses tempes. Haelyn réfléchit avec violence. Cependant, elle ne bronche pas, immobile et crispée alors que tu continues de parler.

Tout au long de ta tirade, ses yeux ne quittent pas les tiens. C’est seulement lorsque ton silence se prolonge et qu’elle comprend que c’est à son tour de parler, que la reine réagit enfin. Sa colonne vertébrale se délie, reprend un peu de vie alors qu'elle se relève, abandonnant la raideur de son intense séance d’écoute. Elle se tait à nouveau. Avare de paroles, décidément cette demoiselle Sohane. Elle aime prendre son temps pour répondre. Elle retourne s’installer à son bureau au fond de la pièce, les gardes à sa suite, se postant près d’elle, pour réagir au moindre signal de sa part. Tu te tournes vers elle depuis ton canapé pour l’observer s’éloigner avec un air mauvais. Haelyn est accoudée à son bureau, elle réfléchit. Tu pousses un soupir et te lèves pour te poster devant les vitres et laisser ton impatience tenter de se calmer dans la contemplation de l'orage du dehors. Il commence désormais à faire vraiment sombre dans le salon, les nuages sont postés juste au-dessus du palais et englobent la bâtisse de leur obscurité.

Tu fais quelques pas dans la pièce, tel un lion en cage, laissant tes paroles infuser dans l'esprit de la reine comme le parfum entêtant de son thé vert. Après quelques minutes, qui te paraissent interminables, elle se décide à te répondre. Dès que tu entends les premières notes de sa voix, tu te tournes légèrement pour lui accorder toute ton attention, prête à entendre ce qu'elle a finalement décidé de te rétorquer.

Ma chère Alice, n’ayez crainte, je ne suis pas tournée vers la négativité véhiculée par la vengeance et ses attraits. L’identité de votre démon n’est pas requise, la loi n’en ayant cure. Votre aura à elle seule suffit pour prouver que vous êtes entachée. Vous n’aurez donc pas à briser le cou de qui que ce soit.

Tu hausses un sourcil, surprise. Visiblement, l’identité de l’affreux criminel qui a réussi à mettre à mal la pureté de ton aura ne l’intéresse pas. Tu te répètes sa première phrase, souriant mentalement. La reine affirme ne pas être animée par les sentiments de vengeance. Pourtant, tu as bien du mal à la croire. La violente bourrasque de lumière qui a suivi la découverte de la marque de Dragon prouve le contraire, ainsi que son entêtement à te soutirer des informations à son propos, en occultant totalement votre sujet de conversation premier. Et tu ne crois pas si bien dire.

Mais revenons sur un détail, si vous voulez bien. Que ressentez-vous à l’idée d’être la propriété de Dragon ? Êtes-vous prête à assumer ce rôle de déshumanisation associé à cette marque barbare ? Masquée, elle ne vaut évidemment rien, personne ne voyant ce qu’il vous a fait. Mais vous ne pourrez pas éternellement la masquer. Parviendrez-vous alors à vous faire votre place en tant que vous, Alice Green ? Je n’ai aucun doute sur votre capacité à taper du pied pour vous aménager le nid que vous voulez. Mais psychologiquement, serez-vous prête à être constamment défiée et rabaissée ? Non seulement, car vous venez de chez nous mais aussi du fait que votre légitimité en tant qu’ange déchue n’ait en partie été précipitée par Dragon ? Peut-être est-ce une fierté à vos yeux, que le Dragon vous ait témoigné suffisamment d’attention. Dans ce cas, tant mieux. Ne laissez pas les autres essayer de vous complexer de vos différences. Mais ne rejetez pas vos terres d’origines sous prétexte que vous n’y trouvez pas de place pour partir vers des terres où vous n’êtes pas sûre d’être acceptée.

Tu la fixes à son bureau et croises tes bras pour t’appuyer de côté sur la fenêtre. Ta jambe droite passe devant l’autre et la pointe de ton pied tapote légèrement sur le sol avant de s’immobiliser. Tu l’observes, essayant de déceler le fond de sa pensée. Déjà, la frustration grandit en toi, ta patience commençant à être sérieusement mise à l’épreuve. Tu vas devoir encore lui faire remarquer qu’elle outrepasse le sujet de la conversation. Elle insiste. Elle n’en démord pas. Elle n’a plus que ça à la bouche et à l’esprit depuis qu’elle l’a vu, le symbole gravé dans ton omoplate la hante, il la poursuit sans relâche en lui rappelant la présence de son ennemi quelque part en ville. Comme si une part de lui sommeillait en toi, venait souiller son salon privé et qu’il était impossible pour elle de remettre à plus tard ses considérations face à cela. Ta requête passe après. L’important pour sa majesté, dans l’instant, c’est d’en apprendre plus sur la présence de cette marque sur ta peau. Un besoin viscéral de tout rapporter à Dragon, comme si tu n’existais pas d’abord dans ton entièreté. Tu souris. Elle accorde beaucoup trop d’importance à son rival si elle pense sérieusement que ce symbole qu’il a dessiné par les flammes dans ton dos tourmentera les foules. Elle a l’air de croire que c’est ce qui t’empêchera de vivre en pleine possession de tes moyens. Mais elle se trompe, c’est tout le contraire. Il n’y a qu’elle pour se focaliser là-dessus et ne pas vouloir apercevoir la jeune femme que tu es et que tu étais bien avant que le Dragon ne vienne apposer sa griffe sur ton corps. Elle pourrait faire équipe avec Alec, qui lui aussi en a fait toute une histoire. Cependant, c’est totalement différent. Ses sentiments pour toi brouillent son jugement avec de la jalousie. S’il n’avait été qu’un démon parmi tant d’autres, il n’en aurait eu sûrement rien à faire. A la limite, tu aurais eu le droit à une petite réflexion désobligeante dont il a l’art au détour d’un couloir. Tu l’aurais ignoré et ça se serait arrêté là.

Cette marque n’aura pour conséquence que d’effrayer les anges, ou de les faire s’emporter dans des émotions négatives de colère et de dégoût, dont tu auras l’habitude ; quant aux démons, ceux qui se sont ralliés à Dragon n’y verront qu’un signe de légitimité. Du moins, si tu rejoignais ses rangs. Sinon, ce ne sera qu’une trace de ton affrontement avec lui dont tu peux te sentir fière. Loin de te comporter comme un oiseau blessé, ce que tu as pu faire après coup, vexée et atteinte dans ton égo de combattante, une part de toi pourrait l’estimer comme un trophée. Et tout ça, évidemment, demeure dans l’hypothèse que tu montres ce tatouage de cendres à tous les yeux curieux, ce qui n’est pas le cas. Alors que viennent faire ici de telles interrogations ?

Tu retiens un ricanement. Ton souffle se fait plus court et tu contemples tes pieds pour éviter d’avoir à la regarder plus longtemps, de peur que ton aura ne s’agite et tente de se projeter sur elle dans ta colère. Les gardes te dissuadent suffisamment de leur regard noir de te laisser guider par tes émotions. Mais il faut bien avouer que l’exercice est de plus en plus difficile à tenir. La reine vient-elle réellement de te demander si tu étais prête à être constamment défiée et rabaissée ? Tu as passé ta vie à l’être. Mise au défi constant d’être à la hauteur des exigences que l’on avait pour toi, ne serait-ce que l’espoir étouffant de tes parents de te voir devenir un ange parfaitement discipliné malgré ton enfance chaotique. Rabaissée par ceux qui ont toujours pensé pour toi. S’est-elle rendue compte un seul instant que tu étais le chat noir parmi sa bande petits protégés prêts à espionner nuit et jour pour elle, à se plier à ses moindres volontés et à sacrifier leur vie pour le bien de la communauté s’il le fallait ? Celle qui ne suivait jamais tout à fait les ordres, c’était toi. Il est si drôle de constater que le masque du parfait petit soldat que tu as endossé depuis des années a fonctionné jusqu’ici. Tu as dupé tout le monde, la reine y compris. Tu as si bien joué la comédie. C’est ironique quand on y pense, tu regretterais presque de créer la surprise. Tu te demandes si les choses auraient été différentes si on avait vu clair dans ton jeu, si on avait continué d’avoir les mêmes doutes qui pesaient sur toi durant l’enfance. Est-ce que tu aurais eu à réclamer la déchéance ? Ne te l’aurait-on pas offerte sur un plateau d’argent ? Non, car à l’époque, tu la craignais encore et c’est pour ça que tu as fait tout ce cinéma pour en arriver là. Tu avais besoin de t’y préparer, de laisser se forger en toi la confiance nécessaire à affronter le monde et à affirmer tes pensées. Encore une fois, la marque n’a fait que t’y aider. Elle n’a été que la cerise sur le gâteau que tu as mis du cœur à préparer depuis tout ce temps.    

Ses paroles te confirment simplement que la reine ne te connaît pas, elle ne sait rien de toi. Qui en sait quelque chose après tout ? Tu t’es confié à Alec. Mais tu ignores s’il a compris le message. Et encore, tu n’es restée qu’en surface, par peur de son jugement. Tu es la seule à connaître celle qui se réveille doucement en ton cœur, la petite malédiction dont les ronces épineuses prennent racine dans tes veines.

Tu t’approches du bureau, à pas lents mais déterminés.

Que ce soit bien clair. Je ne suis la propriété de personne. Ni la tienne, ni celle de Dragon.

Les gardes scrutent tes mouvements, leurs auras s’agitent en te voyant avancer avec autant de haine et de colère dans le regard.

Ma place c’est à moi et moi seule de décider où elle doit se trouver.

Tu prends appui sur son bureau, les hommes en armures ont la main sur la poignée de leur épée, de chaque côté de toi, ils hésitent à dégainer et se tournent vers la reine dans l’attente d’un signal. Tu te penches en avant, ton visage à quelques dizaines de centimètres de celui d’Haelyn.

Ma différence est une force et non pas un complexe. Fout-toi ça dans le crâne.

Tu t'assoies finalement sur un des fauteuils qui font face au bureau en frottant tes paumes moites sur ton jean. Tu es de plus en plus nerveuse et les émotions accumulées de ces derniers jours commencent à refaire surface. Tu les sens affoler les battements de ton cœur et dilater tes pupilles. Tu voudrais qu'un sac de sable puisse apparaître instantanément pour que tu frappes dedans à t'en détruire les phalanges. Mais la seule chose qui ressemble à un punching-ball dans cette pièce s'avère être une souveraine. La toucher t'apporterait des ennuis. Tu veux les éviter à tout prix mais plus le temps passe, plus elle parle et plus tu as tendance à oublier les conséquences de tes actes.

Un spasme violent secoue ton épaule et fait se tendre ton cou. Tu roules ta nuque dans un arc de cercle en te mordant les joues pour ne pas perdre ton sang-froid. Si cette petite idiote espérait te mettre en colère, c'est réussi. Tu ne retiens plus ce sourire en coin que tu as appris à reproduire des meilleurs en la matière. Ce foutu rictus que tu as si souvent voulu arracher à Alec lors de vos premières entrevues et cette même expression que tu croyais apercevoir derrière le masque de Dragon. Cette moue de diablotin qui va si bien au côté obscur mais qui n'a rien à faire sur la bouche délicate d'un être de lumière.

Maintenant, j’aimerais qu’on arrête de faire des putain de détours. Tu tournes autour du pot avec ton interrogatoire et gagner du temps, je vais te le dire, ça sert à rien. Je changerai pas d’avis.

Ta voix qui était jusque-là assurée, grave et contrôlée, commence à trembloter par moment. Tu contiens difficilement les émotions qui t’étreignent et plus la reine fait durer votre entretien, moins tu la supportes, plus la colère grandit en toi et moins tu te contrôles.

Je dois être déchue. C’est la dernière fois que je le dis.

Je céderai pas, Mademoiselle Sohane. Jamais.



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MessageSujet: Re: I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] EmptyMar 25 Fév - 0:00


I had a one ticket to a place...

Feat Alice GREEN & Haelyn SOHANE

Au fur et à mesure que votre corps se déploie, occupant l’espace qu’il lui est donné de fouler, les yeux de la prédatrice ne se lassent pas de vous fusiller. Dans son objectif, elle avise des organes vitaux à aller dépecer, cherchant la moindre faille pour faire exploser une chair dont elle veut se débarrasser. Mais les choses ne peuvent être aussi rondement menées, la garde présente l’empêchant de prétendre au moindre geste d’aggressivité. Les capacités de Mlle GREEN ne sont plus à démontrer mais malgré son emploi de qualité en tant que boxeuse émérite, ses nouvelles priorités ne peuvent lui permettre d’outrepasser la condition de ses ainés. Cette impuissance première l’agace au plus haut point, son soupir ne pouvant réfuter cet argument. Sûrement pour taire les envies dévorantes d’accélérer une procédure encore inentamée, l’ange se lève pour aller se poster à l’opposé de la position que vous occupez. Les fenêtres deviennent son nouveau bastion, ses yeux s’élançant par-dessus les haies des jardins, levés vers la manifestation d’un ciel en désaccord avec sa décision. Les nuages amoncelés n’ont pas attendu la fin de votre altercation pour s’agglutiner, profitant de la moiteur émanant de votre échange chaotique. Au fur et à mesure des bribes échangées, les gouttelettes se sont amoncelées, l’air s’est appesanti jusqu’à la fracture finale. La lourdeur de la situation ne put que les forcer à éclater, libérant leur contenu dans l’espace confiné au dessus duquel ils s’étaient formés. Cette analogie du nuage gris que représente Mlle Green ne vous fait que très peu rire. Vous sentez rancœur, impatience et rage s’appesantir en la poitrine de votre ange. Un amassis de pensées et de sentiments bruts, qui intriqués, bloquent toute tentative de dilution. L’éclair n’allait pas tarder à zébrer, et vous espérez que cela ne sera pas dans votre Palais.

La jeune demoiselle vous paraît brandir le titre de royauté tel un prétexte à la détente et l’oisiveté, et vous jugez nécessaire de rappeler que le Palais ne se trouve pas être un terrain de jeu personnel. Tolérante quant à la vie privée de vos sujets, vous ne concevez toutefois pas qu’autrui outrepasse le principe premier de liberté. Celui de ne pas placer le pied au-delà des droits de ses congénères. Si Mlle GREEN ne peut se contenter d’attendre patiemment que le système prenne en charge son cas, vous n’y pouvez rien. Les statuts ne sont que l’officialisation d’un ressenti, d’un mode de vie et vous ne comprenez donc pas que la jeune femme, si convaincue du penchant vers lequel elle tend, ne dissémine son énergie en tambourinant violemment. Votre approbation quant à la déchéance ne pouvait effacer le passé plus qu’une volonté personnelle ne peut le réaliser. Dès lors, pourquoi les presser ? Les choses allaient être mises en place et il n’était tout simplement pas l’heure d’exiger la révolution d’un système qui persistait depuis des siècles, sous seul prétexte que l’impatience motorisait la demande associée. La jeune ange pouvait dès à présent afficher son penchant sans crainte d’être rabrouée. La condition sine qua non était bien sûr de respecter les lois de la culture chez qui elle s’invitait, quand bien même elle les mépriserait.  Exaspérée donc par la non coopération d’un être qui, en venant vous voir, aurait du s’attendre à échanger, vous décidez de couper court à ce fiasco qui n’a que trop duré.

Pour cette ange, et à titre justifié, vous étiez prête à remettre à plus tard vos autres réunions. Du moins tant que le niveau d’urgence de ces dernières ne passait pas outre la dite entrevue d’intérêt. Vous êtes d’ailleurs toujours encline à le faire dans le futur, qu’il soit proche ou éloigné. Vous ne pouvez toutefois vous permettre de tourner en rond indéfiniment. Votre décision, est prise : la faute fut remontée,il fallait désormais que l’enquête puisse être menée. L’intégrité du fonctionnement de la société  pouvait être contesté des suites d’une décision prononcée mue par une biais de subjectivité. Les cris du cœur étaient sans conteste à écouter, à prendre en considération dans la balance des délibérations. Toutefois, bien que les raisons personnelles puissent aisément se contenter de suivre tels procédés, à partir du moment où les exactions d’un individu dégorgeaient sur toute autre forme de vie que lui, il fallait accepter que d’autres arguments soient soupesés.

Ce n’est pour autant pas ce que la jeune femme parassait être prête à accepter. Alors que vous vous évertuez, peut-être à tort, à comprendre les causes plus étoffées qui la poussent à être à vos côtés malgré son aversion pour votre personne, celle-ci piaffe de nouveau d’impatiente. L’espace d’un instant, vous pensez que la jeune femme s’efface dans une introspection maîtrisée, réfléchissant aux mots que vous venez d’employer. Mais cette maigre victoire aurait été bien trop belle à vous octroyer. Vous ne pouviez en attendre tant de cet être braqué. Voilà vos craintes déjà confortées alors que le minois de Mlle Green se modèle sous l’effet d’une frustration grandissante. Agacée, vous la sentez perdre pieds. La moiteur grimpe encore en intensité, le nuage s’alourdit sous le poids de ce qu’elle parvient à encaisser pour ne pas exploser. Dans une certaine mesure, vous appréciez de la voir conserver un brin de manière eu égard à l’importance du sujet dont elle vous entretient. Ses bonnes manières ne se sont pas complètement effacées pour qu’elle demeure ainsi à distance, attendant bien gentiment que vous ne diluez de l’eau dans votre vin.

Mais la roue tourne et vous ne pouvez demander à une jeune panthère de rester immobile.. Assise du bout des fesses sur le voluptueux fauteuil, vous la laissez donc approcher, sans ciller. La corruption ne vous dégoûte ou ne vous effraie pas. Comme vous le formuliez précédemment, les origines ne peuvent être reniées. Nous pouvons déménager, balayer le perron d’un palier dont on espère tout effacer, mais jamais, ô grand jamais les souvenirs ne pourront consciemment s’envoler.. Du point de vue où vous vous trouvez et duquel vous la toisez, la demande de Mlle GREEN ne vous paraît pas illégitime. Sa propension à tout vouloir précipiter est, en revanche, un motif parfaitement contestable. Confortant l’idée que vous vous en êtes faîtes, Mlle Green assène en une aspiration colérique l’un des principes éthiques de base :

▬ Que ce soit bien clair. Je ne suis la propriété de personne. Ni la tienne, ni celle de Dragon.

Effectivement, le corps humanisé, ses éléments et ses produits ne peuvent faire l’objet d’un droit patrimonial tout comme chacun possède le droit au respect de son corps ainsi qu’à son inviolabilité. Une petite voix vous chatouille tout de même la trachée, vous sommant de lui demander si la marque apposée relève d’un consentement parfait. Pourquoi diable votre ange se trouve t-elle ici, dans votre bureau à constamment contester des origines qui sont prêtes à renégocier les enjeux de sa destinée ? La situation parfaite serait de pouvoir lui accorder immédiatement cette déchéance réclamée, que dis-je, militairement ordonnée. Mais comme stipulé, la déchéance ne lui fut pas refusée, le processus ne demandant qu’à être enclenché. En refusant une enquête approfondie des faits, Mlle GREEN était le maillon qui retenait le bon déroulement d’une procédure déjà bien actée. En votre for intérieur, vous ne comprenez cette persistance à se rebeller vers l’extérieur, tandis que le véritable violeur demeure lui, en liberté. Le corps humanisé ne possédant pas de droit patrimonial, vous ne pouvez en un sens pas réfuter l’action que Dragon en eut fait. Moralement en revanche, et compte tenu des autres discours potentiellement tenu, vous aimeriez que Mlle GREEN s’en reporte au principe fondamental de la primauté de la personne. Celle interdisant toute atteinte à la dignité de celle-ci. Mais au lieu de cela, une partie de son énergie est dépensée là, à lutter contre vous.

C’est aussi ce que vous aimez en psycho-sociologie. Ces contradictions et paradoxes de ce qu’abrite l’enveloppe charnelle. Puisque vous ne faîte plus partie, ou n’avez jamais fait partie, du cercle de proximité de Mlle GREEN, vous ne pouvez lui faire l’affront de lui demander de vous laisser l’aider à batailler. Tiraillée entre deux côtés, le meilleur service que vous pourriez lui rendre se résumerait peut-être tout simplement à accepter. Cesser de la tirer du bras dans un milieu qu’elle cherche à quitter, prête à en payer le prix fort. Sauf qu’ici, vous ne cherchez qu’à l’attirer à vous pour connaître les modalités qui vous permettront de lui rendre sa liberté, vraisemblablement perdue depuis toutes ces années d’enfermement. Perdue dans vos considérations, vous n’avez pas arrêté de l’observer, ne laissant transparaître vos réflexions. Vous maintenez cette position hermétique, même au décours de votre extrême proximité, celle où Mlle GREEN vous projette une vérité que vous ne pouvez réfuter.

▬ Ma place c’est à moi et moi seule de décider où elle doit se trouver.

◘ Certes Mlle GREEN. Comprenez néanmoins qu’il soit important pour nous de comprendre pourquoi. Nous ne cherchons pas à vous retenir parmi nous si votre volonté est celle de nous quitter. Nous désirons simplement améliorer un système qui apparaît oppressant pour certains et pour ce faire, nous avons besoin de témoignages.

De vos termes, votre ancienne recrue n’en a cure et aurait pu les jeter par delà la balustrade s’ils avaient pu adopter une quelconque forme physique. Au lieu de quoi, son dédain pour vos beaux discours s’assoit sur eux alors que ses assises retrouvent le confort des sièges de la pièce. Ce volte-face constitue la faille permettant à la fracture de s’exprimer. Cette fissure dans l’imperméabilité du système se manifesta dans un premier temps par un tremblotement des ondes sonores transportées par la brise. Le premier éclair quant à lui fendit l’air, écho parfait aux paroles déjà maintes fois prononcées.

▬ Je dois être déchue. C’est la dernière fois que je le dis.

Vous ne soupirez même pas à ce terrible constat. Votre entretien vous apparaît n’avoir eu aucune retombée, et vous en êtes désolée. Mais vous ne pouvez aider des êtres qui auraient décider de ne pas écouter. Entendre passivement ne sert à changer les mentalités. Droite dans votre manière de gérer les requêtes de vos sujets, vous ne pensez pas le moins du monde déroger à une règle que vous vous êtes imposée, quitte à perdre l’un de vos meilleurs éléments.

◘ Parfait Mlle GREEN. Je pense que nous nous sommes tout dit pour aujourd’hui. Vous pouvez rentrez chez vous si vous le désirez. Si vous pouviez m’écrire un rapport concernant votre demande ainsi que ses justifications, nous mandaterons la réunion d’une session de magistrat après étude du dossier afin de trancher du bien fondé de votre requête. En attendant, essayez de prendre soin de vous. Si vous désirez revenir parler de vive voix, ma porte vous est bien entendue ouverte. Pensez simplement à prendre rendez vous et à respecter l’intégrité de vos confrères. Le respect n’est pas qu’une chose unidirectionnelle.

Suite à vos mots, l’un des gardes se déporte sur sa gauche et traverse le bureau à grand renfort d’enjambée pour gagner le corridor. Dans un sourire, vous baissez les yeux pour rédiger une note à votre encontre, notant la durée et le sujet principal de l’entretien qui vient de se terminer. Compte tenu de l’état instable de votre invitée, vous vous permettez de préciser.

◘ Je pense que nous pouvons également en rester là niveau dégâts humains. N’y voyez là aucune menace, mais vous allez être raccompagnée par la garde ici présente. Bonne soirée à vous, Mlle GREEN. Et à très bientôt.

Les choses ayant été actées, le reste de la garde fit son entrée dans le huit-clôt suivant l’âme qui venait tout juste de le quitter. Dans un arc de cercle parfait, ils vinrent se positionner autour de la jeune femme, prêts à se mouvoir en écho à ses mouvements, tout en restant conscients de la menace éventuelle qu’elle représentait.
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MessageSujet: Re: I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] EmptyLun 2 Mar - 16:39

Alice Green Ft. Haelyn Sohane





I had a one-way ticket to a place
   


where all the demons go




S’il y a bien des vertus dont tu te sais dépourvue, ce sont la ponctualité et la patience. Par chance, la première ne rentre pas en compte aujourd’hui, une des raisons pour laquelle la prise de rendez-vous n’est pas vraiment dans tes habitudes. La seconde en revanche fait état de toute la puissance de son manque en cet instant. L’avantage, c’est que tu as conscience que c’est ce qui te fait défaut et tu déploies des efforts inconsidérés pour ne pas tout envoyer valser. Pourtant, ce n’est pas l’envie qui manque. On joue avec tes nerfs comme un chat avec une pelote de laine depuis trop longtemps. Tu savais que tu serais mise à rude épreuve en venant ici dans l’état actuel où tu te trouves. Tu as attendu tellement longtemps avant de prendre cette décision. Tu as laissé la vapeur se former, prendre l’espace, t’envahir et le sifflotement aigu résonnait déjà dans ta tête comme une cocotte-minute prête à exploser avant même que tu ne passes les portes du palais.

Mais tu avais beau t’imaginer toutes sortes de réactions et de situations farfelues, aucune ne ressemblait de près ou de loin à ce qui est en train de se passer. Tu as la nette impression que la reine ne te prend pas au sérieux. Pour elle, tu es une gamine écervelée en proie à un genre de crise existentielle assimilable aux aléas de l’adolescence. Elle se prend pour ta mère, à essayer de te prouver qu’elle n’est pas en train de remettre en question ta légitimité tout en faisant exactement le contraire, à te faire passer pour une fille capricieuse qui n’a rien à exiger des autres alors qu’elle-même dissimule ses ordres avec des paroles mielleuses, à faire semblant de t’écouter en acquiesçant gentiment pour mieux avoir la paix. Son comportement te rend folle. Tu détestes le petit jeu qu’elle est en train de mettre en place.

Certes mademoiselle Green. Comprenez néanmoins qu’il soit important pour nous de comprendre pourquoi. Nous ne cherchons pas à vous retenir parmi nous si votre volonté est celle de nous quitter. Nous désirons simplement améliorer un système qui apparaît oppressant pour certains et pour ce faire, nous avons besoin de témoignages.

Tu la regardes déblatérer ses bêtises creuses et vides de toute compassion ou tentative même minime de compréhension. Elle ne pense qu’à son petit protocole. Et elle se permet encore de dire que tu n’as pas donné de raison à ce pourquoi tu veux être déchue. Tu viens pourtant de lui dire très clairement que tu avais copulé avec un démon, chose interdite et motif indéniable de déchéance. La reine vierge ignorerait-elle ce que coucher veut dire ? Tu es venue ici avec la marque de Dragon gravée dans la chaire de ton dos. Que lui faut-il de plus comme raison ? Tu te demandes si elle s’attend vraiment à ce que tu lui développes un exposé précis avec dissertation en trois parties à l’appui. Tu aurais pu gueuler dans le cul d’une poule, tu n’aurais pas vu la différence. Haelyn n’a définitivement rien compris. Elle s’entête à vouloir que tu développes. Voudrait-elle que tu donnes des détails de cette partie de jambes en l’air avec Alec ? Non, ce qui l’intéresse c’est Dragon. Tu n’es qu’un pion pour elle, tu ne sers désormais plus qu’à lui fournir le maximum d’informations à son sujet. Et elle déguise magnifiquement cela à l’aide de tous les faux-semblants dont elle est capable. Avec ses sourires et ses paroles pleines de caresse. La vérité c’est qu’elle se cache derrière son putain de système, cette reine maniaque qui refuse de voir que tu n’es pas une jeune sotte venue réclamer sa dernière lubie du mois.

Elle met de côté ce besoin que tu ressens au plus profond de toi de te défaire de ton aura angélique. De dire adieu à ce monde dans lequel tu ne te reconnais pas. Ta souffrance et ton malaise, elle n’en a rien à faire. C’est secondaire dans toute cette histoire. Il faut des raisons, des motifs, des détails. Que l’on jugera à part s’ils sont légitimes ou non. Qui est mieux placé que toi-même pour savoir si oui ou non ta revendication est justifiée ? Tu lui as donné des preuves. Mais ça ne suffit pas.

L’orage gronde enfin au dehors. Des éclairs viennent par intermittence éclairer la pièce et zébrer ton visage de lumière. Ton regard n’en paraît alors que plus sombre. Tu sens la colère ronronner en toi. Sourde et profonde, ses flammes dévorent ton âme pour la consumer. Mais tu ne te laisses pas détruire, tu serres les poings pour la sentir pulser dans tes doigts, tes ongles rongeant la peau de la paume de tes mains. Tu laisses l’émotion t’envahir pour la transformer en force.

Parfait mademoiselle Green. Je pense que nous nous sommes tout dit pour aujourd’hui. Vous pouvez rentrer chez vous si vous le désirez. Si vous pouviez m’écrire un rapport concernant votre demande ainsi que ses justifications, nous mandaterons la réunion d’une session de magistrat après étude du dossier afin de trancher du bien fondé de votre requête. En attendant, essayez de prendre soin de vous. Si vous désirez revenir parler de vive voix, ma porte vous est bien entendue ouverte. Pensez simplement à prendre rendez-vous et à respecter l’intégrité de vos confrères. Le respect n’est pas qu’une chose unidirectionnelle.

Heureusement que tu es déjà assise, car debout, tu aurais certainement chancelé une seconde. Tu ne peux te retenir d’afficher une moue confuse, sonnée, surprise, comme si tu venais soudainement de te heurter à un mur au fond d’une impasse. L’espace d’un instant, tu te dis que c’était couru d’avance. Tu te demandes ce que tu étais vraiment venue chercher ici. Avais-tu réellement l’espoir d’être entendue, comprise et que l’on accède à ta demande ? Ce sont des anges Alice, à quoi tu t’attendais ?

Son discours est vide de toute émotion. Il n’y a pas la moindre once d’empathie dans ce ramassis de mots alignés pour faire joli, qu’elle a déjà dû répéter à des dizaines d’autres avant toi. Tu n’es finalement plus qu’un numéro de dossier et ce chant barbare administratif te somme de patienter. Comme si tu venais de demander une simple mutation professionnelle ou un nouveau logement. C’est ta vie et ton avenir qui est en jeu mais on résume ça sur quelques bouts de papiers avant de te dire de faire la queue.

Haelyn n’essaye même pas une seconde de se mettre à ta place et d’essayer de comprendre ce qui pourrait te pousser à vouloir briser ton auréole. Elle a l’air de penser que tu peux attendre. La vérité c’est que tu n’en es plus capable. Cela fait des années angéliques entières, presqu’un siècle, que tu patientes gentiment en rongeant ton frein, à te plier aux volontés des autres. Ça suffit. Comme précisé, tu manques de patience et pourtant, ici, tu as fait montre de plus de vertu que la majorité de ceux que l’on considère comme tes semblables. Il est temps pour toi de sortir de ta cage dorée. Elle devrait pourtant avoir une idée de ce que c’est que d’endurer le regard et le jugement des autres sur une apparence, une coquille, une aura, pour en tirer des conclusions sans chercher à connaître réellement. Après tout, elle est reine, les conclusions hâtives à son sujet, elle doit en avoir entendues. Pourtant, elle ne fait pas le parallèle avec ta situation. On ne compare pas la condition royale à un besoin de changer de camp. Elle ignore peut-être que ce n’est pas simplement en le voulant que tu pourras te balader librement dans le quartier démoniaque de Damned Town sans risquer de te faire insulter voire pire. Et ce n’est pas avec ton aura angélique que tu pourras non plus aller en enfer tranquillement. Pour pouvoir avancer tu dois te débarrasser de ce déguisement ridicule dont on a t’a affublé à la naissance sans te demander ton avis. Tout ce qu’elle a retenu, c’est qu’il y a Dragon dans l’équation, par là même elle croit sûrement que tu n’es qu’une pauvre âme perdue et manipulée par plus fort qu’elle.

Réfléchis pétasse, je sais très bien que la situation est pas simple. C’est moi qui la vis au quotidien.

Tu as envie de l’étrangler. D’enfoncer tes ongles dans son teint de poupée de porcelaine. Mais ta colère a atteint un tel niveau que même ça ne pourrait plus l’étancher. Il faudrait mettre à feu et à sang le palais tout entier pour que tu puisses ressentir une miette de satisfaction.

Alors voilà où toute cette entrevue t’aura menée. A dégoter un ticket pour le système administratif juridique céleste. Chouette. Si tu pouvais tenir ce petit bon pour une déchéance (potentiellement si on décide que c’est okay après des mois de paroles dans le vide* offre soumise à conditions, lisez bien les petites lettres en bas du contrat), tu le déchirerais en morceaux et tu les diluerais dans le thé de sa majesté, histoire qu’il soit bien amer.

Tu étais venue chercher de la considération et on te demande de repartir après t’avoir ridiculisée et rangée dans un système aliénant qui te fait perdre plus d’humanité que la part que tout le monde semble croire que la marque t’a enlevée. Tu arrives encore à être déçue par la reine des anges après tout ce temps, c’est assez dingue quand on y pense. Mais tu avais prévu et anticipé cette conclusion.

Je pense que nous pouvons également en rester là niveau dégâts humains. N’y voyez là aucune menace, mais vous allez être raccompagnée par la garde ici présente. Bonne soirée à vous, mademoiselle Green. Et à très bientôt.

En revanche, tu ne t’attendais pas à des marques d’hostilité venant de la reine. Elle a beau faire semblant, se contenter de sourire en écrivant des petites notes dans son cahier, comme si ça pouvait la dédouaner de ce qui se passait sous ses yeux, c’est elle qui vient de faire signe à sa garde de te cerner. Elle est retournée dans son mutisme froid, affichant sa moue figée de souveraine dans un rictus crispé qui se veut aimable et serein. La négociation a pris fin de son côté et elle te fait largement comprendre que ce n’est plus la peine d’insister ou c’est avec la force que l’on te fera enregistrer qu’il ne sied guère à la reine d’accéder à ta requête dans l’immédiat.

Tu pousses un long soupir. La reine ne te porte déjà plus attention, pourtant tu restes assise en face d’elle, refusant d’obtempérer. Les gardes vont devoir patienter, tu ne comptes pas partir tout de suite. Tu caresses du bout de l’index le bois verni du bureau. Tu fais gambader tes doigts jusqu’à un livre dont tu t’empares délicatement, tu le feuillettes d’un air distrait, comme si tu étais dans une salle d’attente à patienter. Tu le reposes presque aussitôt pour en prendre un autre. Tu sens les hommes autour de toi qui s’agacent, leur nervosité est palpable. Tu toussotes pour insister sur ta présence, attendant que la reine finisse d’écrire ce qu’elle avait à coucher sur le papier et qu’elle daigne enfin lever les yeux vers toi. Elle peut s’étonner de te voir toujours assise là, car tu n’en as pas terminé avec elle. Fini de jouer, on passe aux choses sérieuses.  

C’est donc tout l’intérêt que vous me portez ? Je sais pas, je croyais qu’après plusieurs années de bons et loyaux services, je méritais un peu plus de considération de votre part. Je pensais que vos espions avaient plus de valeur à vos yeux. Je suis déçue de voir que je me suis trompée.

Tu te rapproches du bureau, posant ta main sur le bois en face de toi pour y prendre appui, tu te penches en avant, ton buste collé à la planche. Tes yeux sont plantés dans ceux de la reine.

J’ai pas l’intention d’agresser qui que ce soit. Tant qu’on me touche pas.

Tu accompagnes tes paroles d’un regard en biais vers Amenadiel et ses soldats qui attendent toujours que tu te lèves pour te raccompagner vers la sortie comme ordonné. Ton aura pulse soudainement pour les inciter à garder leur distance, leur lumière tremblote légèrement, répond avec plus de pugnacité pour certaines.

Vous voudriez que je consacre un peu de mon temps pour participer à un système qui vient clairement de me cracher à la figure ? Pourquoi est-ce que je vous aiderais ? Pourquoi est-ce que j’aiderais des gens qui refusent de m’aider ? Le respect n’est pas qu’une chose unidirectionnelle, comme vous l’avez si bien dit. Je crois que la solidarité également. Donc non, je n’écrirai rien du tout.

Tu te redresses pour croiser tes jambes et laisser à Haelyn le temps de digérer ces premières informations. Le ton est calme mais ferme, malgré la colère qui bouillonne en toi, tu te maîtrises pour trouver les mots justes et faire comprendre à la reine que tu ne plaisantes absolument pas.

Maintenant que je suis devenue un numéro de dossier, laissez-moi vous dire que votre petit protocole derrière lequel vous aimez vous cacher, il est pourri. De l’intérieur. Je pense pas que traiter les gens en lisant un putain de rapport soit la bonne solution. Excusez-moi si je me trompe mais, vous traitez bien de l’avenir d’êtres vivants ? Non parce que c’est quand même à se demander si on est pas en train de parler de champs de carottes. Vous vouliez le fond de ma pensée ? Le voilà. Je veux plus faire partie de ce grand merdier que vous aimez appeler votre royaume. Vous venez de montrer en direct une des raisons qui font que j’ai envie de me barrer.

Tu ris nerveusement, ta main se crispant légèrement sur le bureau. Tu serres ton poing un instant avant de délier à nouveau tes doigts pour poser ta paume à plat sur le bois verni.

Qui plus est, je vois que les lois sont un peu aléatoires avec vous. Je pensais vraiment que débarquer ici, vous dire que je couche avec un démon et afficher la marque du roi des démons dans mon dos suffirait amplement à me déchoir. Je comprends pas pourquoi vous voulez encore discuter. Je suis un outrage à ma race. C’est un affront de venir ici pour vous dire ça, non ?

Tu fais de grands gestes en parlant, mimant un paysan qui brandirait sa fourche pour partir en croisade contre la sorcière du coin. Ta voix est pleine d’ironie.

Franchement, je croyais faire un scandale en venant ici comme je l’ai fait. Je pensais avoir du culot et de l’audace. Mais au final c’est pas si grave, on peut faire irruption dans votre bureau comme ça, présenter des motifs graves de déchéance, se revendiquer d’être une menace et en sortir indemne. C’est prodigieux !

Tu ris, à fond dans ton rôle. Le ton est clairement en train de tourner la reine en dérision, et tu t’amuserais presque si tu ne savais pas ce qui était en jeu.

Je comprends maintenant pourquoi vous avez autant besoin de mon aide pour améliorer le système. C’est vrai qu’il est un peu… bancal !

Ta main illustre ton dernier mot en imitant une pente et tu grimaces comme si tu étais en train de plaisanter avec elle de manière tout à fait naturelle. Tu te lèves soudainement, dans un sursaut général de la garde qui se méfie de tes moindres mouvements. Tu te penches vers la reine pour percher ton visage à hauteur du sien afin de pouvoir murmurer en t’assurant qu’elle t’entende, telle une amie dans la confidence.

Ou alors c’est parce que vous avez pitié de moi ? Vous voulez me préserver ? Vous avez peur de ce qu’il va advenir de la pauvre petite Alice qui a fait des bêtises ? Mais vous savez, votre Majesté, je suis une grande fille, je sais lacer mes chaussures toute seule, je vais m’en sortir. Vous pouvez arrêter de jouer la comédie et me lancer dès maintenant en pâture au tribunal. Je vous promets que personne nous regarde, on vous en voudra pas d’avoir puni une coupable.

Tu te rapproches encore davantage, les bras tendus sur le bureau supportant le poids de ton buste vers l’avant. Tu baisses encore d’un ton et il doit être désormais compliqué pour les gardes d’entendre ce que tu es en train de dire. Ta voix se fait plus grave, plus déterminée.

Entre nous, Majesté, vous mentez mal. Vous savez ce qui m’attend. Vous voulez gagner du temps pour me récupérer. La lumière vous aveugle et vous refusez de me voir pour ce que je suis, une traitre à mon sang. Mais c’est trop tard. Je me suis appropriée mes cicatrices, mon destin m’appartient.

Les soldats forment un arc de cercle autour de toi. Quand tu t’es levée, ils ont suivi ton mouvement d’un seul geste coordonné. Le fait que tu t’approches autant de la reine met leur sens du devoir en alerte. Ton aura entachée prend de plus en plus de place dans la pièce, eux ont senti la menace que leur reine s’entête à ignorer. Ils se postent près de toi, leur chef, Amenadiel, à ta gauche t’invitant d’un raclement de gorge à t’éloigner d’Haelyn. Tu te raidis, levant les bras en évidence pour lui rappeler que tu n'es pas armée. Tu respires profondément pour te concentrer et ne pas céder définitivement à tes émotions.

Tu recules et te postes derrière la chaise que tu occupais juste avant. Tu esquisses un sourire satisfait avant qu'un nouvel éclair déchire les cieux. Il illumine soudainement la pièce et la foudre s'empare du palais. Les murs tremblent sous la force de la tempête. Tes doigts se resserrent sur le dossier du siège. La présence des gardes t’inquiète soudainement. Tu trouves cette façon de procéder suspecte. Pourquoi Haelyn tient-elle à te faire raccompagner ? Elle a beau t’assurer que ce n’est qu’une mesure de précaution au vu de ton entrée impromptue et violente, tu ne la crois pas. Comment lui faire confiance ? Elle n’est pas totalement idiote. C’est la reine et elle doit veiller à la sécurité de son royaume et de ses sujets. Or, tu représentes une menace à l’heure actuelle. Même si tu as refusé de donner davantage de précisions concernant la marque de Dragon, il est clair que les déductions peuvent être rapides. Si tu n’as pas encore rejoint les rangs de l’ennemi, ça ne saurait tarder. Haelyn en a parfaitement conscience. Elle n’a aucune raison de te laisser gambader librement dans la nature, quand bien même les lois de la cité t’interdisent de tuer. Si elle ne te met pas au moins sous surveillance, c’est qu’elle sous-estime réellement tes capacités. Aucun souverain ne serait assez bête pour te laisser filer après ce que tu viens de déclarer. Si elle ne te voit pas comme dangereuse, elle peut au moins concéder que tu es une menace potentielle.

Tu es persuadée qu’elle ne te dit pas tout. Tu te sens soudain prise au piège dans ce bureau privée, entourée de ces gardes dont les auras sont agitées par les relents de noirceur que la tienne dégage. Ne serait-ce pas une parade de la part de la reine pour t’empêcher de retrouver ta liberté ? Ces soldats ont-ils vraiment reçu pour ordre de te montrer la sortie ou sont-ils sur le point de te conduire dans une quelconque cellule où tu devras attendre que ton sort soit décidé ? Elle a eu beau dire que tu avais le droit de rentrer chez toi, elle pourrait avoir menti. Ou bien, ne pas avoir dit toute la vérité. Les hommes de mains de la reine t’accompagneraient alors jusqu’à ta maison pour devenir tes geôliers et veiller à ce que tu ne sortes pas de là.

Un vent de panique souffle sur ton cœur qui s’affole, sentant que tu es en train de perdre le contrôle de la situation et que tu as peut-être mal jugé la capacité d’action de la reine. Il est hors de question que tu te plies aux bonnes volontés de sa majesté et que tu finisses prisonnière en attente de jugement. De plus, tu lui as dit et répété que tu ne partirais pas sans avoir obtenu satisfaction. Et tu es loin d’être enchantée de sa décision.

Ton aura agitée semble alarmer le chef de la petite escouade, qui fait un pas vers toi, cédant à sa propre impatience, et pose sa main sur ton épaule, certainement pour t’inviter à le suivre. Grave erreur, tu avais pourtant prévenu qu’il ne fallait pas te toucher. D’un geste rapide et inattendu, tu soulèves la chaise et la balance violemment sur l’homme à ta droite. Il bascule en arrière et le meuble atterrit dans la fenêtre qui vole en éclats. Tu observes les dégâts sur le sol, les bris de verres luisent, leur éclat reflétant la lumière blanche des flashes qui suivent et déchaînent le ciel. La puissance que les éléments déploient est impressionnante. Les gardes s’éparpillent dans un mouvement général d’affolement. Certains reculent, d’autres dégainent leurs armes. Ton aura se déploie dans un rugissement sauvage dans toute la pièce, tu la laisses s'exprimer tel un félin en chasse. Sept hommes en armure t’entourent, la majorité des épées sont dégainées et prêtes à frapper. Un poison insuffle une violence inconnue dans ton sang, te murmurant des palabres que tu ne saisis pas. Ces chuchotis redoublent d’intensité le long de tes tempes et une voix serpentine te parvient. Avec célérité, tu t’empares de l’arme du soldat le plus proche, la sortant de son fourreau alors qu’il n’osait pas lui-même l’empoigner. Tu la tiens devant toi, deux des gardes basculent légèrement en arrière, pris de peur. Tu les connais bien ces pseudos héros de l'armée angélique. Tu comptes bien hanter leurs cauchemars pour les semaines à venir. Ils sont en panique, hésitant entre te charger de front ou protéger leur reine.

Tu attaques le premier venu, Amenadiel, lame en avant. Vous vous portez quelques coups avant qu’il ne te désarme d’une estocade bien placée. L’escrime n’a jamais été ta spécialité. Tu juges la lame sur le sol. Un éclair opportun aveugle un millième de seconde tes adversaires, c'est ce laps de temps que tu choisis pour te saisir du poignet du garde resté près de la fenêtre, encore sonné, il tremble de peur depuis son entrée dans la pièce. Tu l'avais repéré. Tu lui retournes violemment le bras, dans un mouvement précis. Tu sens les articulations se tordre et bientôt lâcher sous la pression. D'une rapidité à toute épreuve, tu récupères son épée que tu viens porter à nouveau devant toi. Les autres réagissent et entament un bond en avant pour t'arrêter, mais tu agis avec une vélocité déconcertante, chaque geste se faisant de plus en plus précis. Tu tourbillonnes, lame en main, et blesse deux hommes avant de te faire arrêter par le commandant de l’escouade qui parvient à te désarmer une nouvelle fois. Un des gardes se saisit de ton bras fermement pour t'empêcher d'aller plus loin, un autre l'imite et ton adversaire loge son épée sous ton menton. Leur nombre et leur coordination ont raison de ton coup d’éclat, l’effet de surprise est passé. Tu te débats légèrement, pour la forme, ne cherchant pas à leur résister pour de bon.

Les deux blessés sont au sol, du sang est venu tacher le parquet ancien du bureau. Le dernier des hommes est à leur chevet, s’occupant de la plaie la plus profonde tant bien que mal, l’autre est resté tétanisé par la peur près de la fenêtre et observe la pièce sans comprendre.

Tu croyais que j'allais me laisser faire gentiment et ne pas me défendre ? Regarde-les, ces hommes qui se battent pour toi auxquels tu tiens tant. Regarde-les saigner par ta faute.

La lame tranchante reflète les éclairs, le garde te jugeant d’un air mauvais. Tu lâches un juron intérieur en soufflant bruyamment. Tes yeux cherchent à s'arrimer à ceux de la reine. Dans un grondement sourd, tu te répètes encore une fois.

Je vous l’ai dit votre majesté, j’écarterai tous ceux qui se dresseront en travers de mon chemin, vous comprise.

Tu profites qu’Amenadiel se tourne vers Haelyn en attendant ses ordres. Tu donnes un coup de pied fulgurant dans son bras armé, sa lame lui échappe sous le choc contre son poignet. Les hommes qui te tiennent, sous la surprise, relâchent légèrement leur prise. L’un d’eux est plus faible et tu parviens à déloger ton bras d’entre les siens d’un coup d’épaule. L’adrénaline bout en toi et tu agis aussi vite que le vent qui souffle dans les ailes d’un corbeau. Ton poing vient se loger dans le nez du deuxième garde. Tu en profites pour te ruer en arrière.

La scène se passe à toute vitesse. Leurs cris semblent retentir au ralenti dans ta tête avant que tu ne saisisses la rambarde de la fenêtre en morceau. Du verre vient se planter dans ta paume et tu grimaces. Les soldats se précipitent vers toi pour t'empêcher de sauter mais il est trop tard. Tu te laisses tomber depuis le premier étage, te réceptionnant tant bien que mal dans une roulade mal assurée. Heureusement, aucune cheville de casser. Tu vas pouvoir fuir. Mais tu dois avoir une côte de déplacée. Elle t'interdit de respirer convenablement.

Putain. Fait chier.

Tu cours le plus rapidement possible, ta paume ensanglantée appuyée contre tes côtes pour oublier la douleur. Tu expires difficilement, suffocante. La pluie est glaciale et le vent mord ta peau à nue. Tu détales dans les jardins royaux pour atteindre l'artère principal. La tempête a fait rentrer toute la garde à l'intérieur et tu n'as pas de poursuivant pour le moment. Tu cours dans les graviers, titubant à plusieurs reprises, tes bottes crissant dans les cailloux, envoyant des nuages de poussière derrière toi. Tes cheveux sont déjà trempés et viennent mourir sur tes épaules, ils collent à ton front et tes joues. Tu trembles déjà de froid et la douleur n'aide pas. Tu finis par arriver près de la grande grille dorée de l'entrée. Les deux gardes te repèrent et sonnent l'alerte. Ils se lancent à ta poursuite mais tu as déjà franchi le pas de la sortie. Ils aboient des ordres en hurlant. Tu traverses la route, jetant un œil par-dessus ton épaule pour t'assurer qu'ils ne te rattrapent pas. Leur armure les ralentit. Tu descends la grande avenue déserte par ce temps apocalyptique. Tu prends à droite à la première ruelle venue et t'engouffres dans la ville. Tu n'entends bientôt plus le cliquetis des armures des hommes à ta poursuite. Tu ralentis et t'appuies de ta main libre contre le mur en brique qui te fait face. Tu tousses avec force et craches du sang. Tu renifles bruyamment. La pluie ruissèle sur ton corps secoué de soubresauts à cause du froid et luttant contre la douleur. Tu offres ton visage à l'averse.

Tu viens d’agresser plusieurs collègues de sang-froid, deux d’entre eux sont gravement blessés. D'habitude, tu ne prends pas plaisir à verser le sang. Tu le fais sans réfléchir mais non sans te questionner par la suite. Te demandant si tu aurais pu éviter de faire autant de mal sur ton passage. S'il n'y avait pas d'autres solutions moins violentes. Aujourd'hui, c'est différent. Ces hommes, ils sont mutilés de ta main. Et tu n'éprouves aucun scrupule. Aucun remords. Tu es juste satisfaite. Tu savais que tu ne pouvais pas affronter tout un groupe de soldats armés, flanqués de leur chef et de la reine. Mais tu ne pouvais pas les laisser t’enfermer. Alors tu as choisi de te défendre et il y a des victimes. Tu as contre-attaqué sans sourciller. Sans éprouver la moindre émotion. Tu ne ressens rien d'autre qu'un sentiment libérateur, comme si les défier sous les yeux de leur dirigeante t'avait procuré du plaisir. Tu sais que ces hommes étaient probablement innocents, qu'ils avaient très certainement une femme, des enfants, des proches qui s’inquièteront de leur état de santé et réclameront vengeance pour leur agression. La différence c'est que tu t'en contrefous. Tu ne regrettes pas d’avoir tâcher de sang le parquet du salon de la reine, ce qui aura au moins étancher un peu ta colère et ta haine. Haelyn vient d’achever le rituel de ta malédiction originelle qui sonne déjà ta plongée dans les ténèbres. Si elle avait accepté de t'écouter, si elle avait bien voulu faire de toi une déchue, si elle ne t'avait pas considérée comme une gamine sans cervelle, tu n'aurais pas eu à céder à la violence. Elle a menacé ta liberté. La reine a pris le risque de te pousser dans tes retranchements, elle devait en payer les conséquences.

Tu respires profondément, prenant lentement conscience de ce qui vient de se passer. Tu craches à nouveau du sang. Tu visualises les regards terrifiés des gardes, la mine basse de l’homme au chevet de son collègue blessé, allongé au sol. L’effroi du soldat duquel tu as volé l’arme. Et au fond de la scène, en arrière-plan, le visage de la reine. Haelyn qui s'étouffe de colère et de panique alors que tu es en train de te battre avec ses hommes, juste sous son nez. Tu ricanes. Tu revois Amenadiel réagir dans l'instant, rengainer son arme pour se précipiter vers toi, bousculer ses hommes pour tenter de te rattraper avant que tu ne passes par la fenêtre. Lui aussi doit enrager de ta fuite. Ils ont sûrement déjà envoyé des effectifs à tes trousses.

A cette pensée, tu reprends ta route, te frictionnant du mieux que tu le peux. Tu ne passes que par les ruelles, évitant de croiser quelqu'un même si le quartier des anges de Damned Town est vide. Seul résonne les tambours de la pluie et les coups de tonnerre. Tu finis par regagner ta moto et grimpes sur ta bécane en espérant avoir la force de conduire jusque chez toi. Tu frôles l'accident à plusieurs reprises mais tu parviens à regagner ta demeure. Tu te gares rapidement et te hâtes vers l'entrée. Tu vérifies que personne n'est à l'intérieur. Mais les nouvelles ne vont pas si vite, la tempête doit ralentir les manœuvres, ce n'est pas possible que des agents soient déjà là pour t'arrêter.

Tu te rues dans la salle de bain et renverses la pharmacie. Tu retires ton débardeur trempé. Tu bandes ta taille assez grossièrement pour comprimer ta cage thoracique et t'empêcher de faire des mouvements brusques. Tu ne voudrais pas que ta côte déplacée perfore quoique ce soit ou mette des mois à guérir. Tu remplis plusieurs compresses de sang en épongeant ta paume meurtrie par le morceau de verre brisé qui s'y est logé. Tu désinfectes la plaie rapidement et bandes ton poing. Tu attrapes une serviette et sèches tes cheveux frénétiquement. Tu sors en trombe et grimpes à l'étage pour rejoindre ta chambre. Tu prends un grand sac dans un placard et ouvres tous les tiroirs de ta commode à la volée. Tu fourres les piles de vêtements dans le sac, sans réfléchir. Tu retires ton jean et fais les cents pas en sous-vêtements dans ta chambre pour remplir ton bagage. Tu fais des allers-retours entre ton bureau et ton lit pour emporter quelques documents. Tu enfiles un pantalon et descends rejoindre le salon. Tu poses ton sac sur le canapé et entreprends de vider une bouteille de rhum. Tu la descends goulûment, la chaleur brûlante de l'alcool dans ta gorge calmant les tremblements de ton corps. Une fois la flasque vide, tu la laisses sur la table de la cuisine. Tu fermes les yeux pour réfléchir. Mais tu as beau retourner le problème dans tous les sens, la réponse est évidente.

Tu fermes ton sac et enfiles le premier jean qui te tombe sous la main et le t-shirt d'Alec resté sur le canapé. Tu remets tes bottes, prends ton casque et la veste en cuir qu'il te reste. Tu quittes ta maison. C'est un logement de fonction et si tu ne déguerpis pas très vite, ils te retrouveront. Ce sera leur première destination. Tu espères qu'Alec ne se pointera pas un beau matin. Il pourrait se faire prendre bêtement. Mais vous ne vous êtes pas adressé la parole depuis votre entrevue au gymnase, tu doutes qu'il cherche à te revoir de sitôt. Tu pourras l'informer de la situation avant qu'il n’ait l’idée de remette les pieds ici.

Tu te débrouilles pour mettre ton gros sac de voyage sur ton dos et remontes sur ta moto. Tu fais gronder le moteur et quittes la rue sans même un regard en arrière. Tu suis la route prudemment, la pluie continuant de s'abattre sur Damned Town. La tempête s'est apaisée mais elle n'a pas fini de tourmenter cette fin d'après-midi. Tu fuis le quartier des anges, traverses le centre-ville et quittes l'agglomération pour rejoindre la montagne. Tu suis le même chemin montagneux qu'une semaine auparavant. La reine vient de te jeter dans ses bras. C'est vers le temple que tu roules désormais.  

J'espère que je t'ai manqué, Dragon.

hrp:


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 I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] 620503tumblrnf94i2YgAH1qhpmvmo3500
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MessageSujet: Re: I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] I had a one-way ticket to a place where all the demons go [ft. Alice GREEN] EmptyJeu 19 Mar - 14:28


I had a one ticket to a place...

Feat Alice GREEN & Haelyn SOHANE


La réaction de la jeune femme est telle que vous l’attendiez. Sa déception se mêle à la colère qu’elle a ruminé durant tout  votre entretien, et vous ne faîtes pas mine de vouloir la tarir. A force de répéter qu’elle se porte mieux sans vous, Anges de condition ou de vocation, vous la laissez gérer. Après tout, majeure et vaccinée, elle s’avère à même de balayer le pas de sa porte sans être surveillée. Nous n’avez effectivement plus à la materner, si son désir est de vous renier. Vos tentatives de préserver un  équilibre déjà bien fragile ne sont que futilités vis-à-vis de sa volonté. Du haut de votre trône, vous ne pouvez décerner à votre guise le statut de déchu. Mais ces règles abjectes ne font plus partie des connaissances véhiculées par Mlle GREEN. Tout son encéphale est centré sur l’avenir, ce futur merveilleux qui se construit peu à peu devant ses yeux. Incertain, terrifiant et excitant. Tout le reste, envolé. Demander de la compassion au moment même où l’on choisit de ne plus l’endosser, c’est à vos yeux un peu fort de café.

Et voilà qu’elle parvient à vous agacer. Fixant un point immobile par-delà son épaule, vous chassez ce profond sentiment d’injustice qui manque de venir vous insuffler de vilaines pensées. Il vous faut vous concentrer à satisfaire les deux parties que vous représentez toutes les deux. Sa demande est légitime et bien que sa manière de présenter les choses et de traîner les pieds soient légèrement en train de vous faire perdre patience, vous vous devez de rester bienveillante. Même si actuellement, vous ne ressentez que la profonde envie de la gifler.

Vous recentrant sur ses prunelles enflammées, vous souriez, non pas pour la narguer, mais pour apaiser ces traits tirés. Les siens, comme les votres.  Le stress, ne devrait vous servir qu’à fuir les situations de danger. Encore actuellement chez elle, la jeune femme n’aurait logiquement pas à se sentir menacée, ni par vous, ni par les siens. En revanche, alors que vous ne le devriez pas non plus, vous vous sentez clairement mise en danger. Il n’y avait qu’à voir les stries lumineuses des cieux se refléter sur sa chevelure de jais, son regard de plomb tentant de vous couler. Certes, la garde occupait les lieux, mais face à telle hargne, nul brillant entraînement ne saurait être déclaré grand gagnant. Outre votre sécurité, vous connaissez la condition physique solide de votre ancienne recrue et vous craignez les dégâts qu’elle pourrait avoir sur les votres. Surtout si vous la poussez, alors que la hargne poursuit sa croissance au sein de son aura.

Les éléments n’étaient pas près de se calmer, au dehors comme en interne.

Lancée dans l’incompréhension que soulève votre demande de délai, votre ancienne agent paraît prête à dévorer quiconque se dresserait sur sa route. Peut-être vous méprenez-vous, mais vous n’êtes pas prête à risquer toutes les vies qui circulent dans le palais. Les lois de Marie ne peuvent le permettre, mais les blessures physiques et l’horreur de la situation ne peuvent manquer de marquer. Vous ne désirez que très peu sentir les votre être imprégnés de force de l’odeur putride et du souffle givré de la Mort.  

A nouveau en désaccord avec vos convictions, Mlle GREEN pousse un long soupir. Un brin de déni évacue le trop plein de pression en s’insufflant dans son attitude : Ses doigts, bien qu’un peu trop contrecarrés par la tension de ses muscles, gambadent sur votre bureau pour s’emparer de vos biens. Vous vous redressez en vous appuyant de tout votre poids sur le tablier de votre bureau pour la toiser, l’écoutant avec un air de défi.

▬ C’est donc tout l’intérêt que vous me portez ? Je sais pas, je croyais qu’après plusieurs années de bons et loyaux services, je méritais un peu plus de considération de votre part. Je pensais que vos espions avaient plus de valeur à vos yeux. Je suis déçue de voir que je me suis trompée.

En miroir à vos mouvements, votre égale vient ajuster vos deux regards sur une parfaite horizontale et vous ne vous privez pas de détailler le fond de sa rétine. Vous la laissez délivrer ce qu’elle possède sur le cœur, sans chercher à la couper. D’une part, vous voulez qu’elle quitte les lieux, d’autre part vous ne voulez pas l’effaroucher plus qu’elle ne l’est déjà. Ses offenses à votre égard ne sont pas un argument décisif pour lui rendre la monnaie de sa pièce.

▬ J’ai pas l’intention d’agresser qui que ce soit. Tant qu’on me touche pas. Vous voudriez que je consacre un peu de mon temps pour participer à un système qui vient clairement de me cracher à la figure ? Pourquoi est-ce que je vous aiderais ? Pourquoi est-ce que j’aiderais des gens qui refusent de m’aider ? Le respect n’est pas qu’une chose unidirectionnelle, comme vous l’avez si bien dit. Je crois que la solidarité également. Donc non, je n’écrirai rien du tout.

Être fidèle à sa personne n’est pas toujours qu’une immense qualité. Parfois, les choses tournent autrement et la profondeur de nos paroles ricoche avec une ironie non dissimulée au sein des particules d’air mobilisées. Parler de solidarité et pire, reprocher d’en manquer alors que vous vous évertuez à l’aider, ça c’est culoté. A son image. Vous manquez de claquer des doigts pour faire sortir cette opposition infertile . Mais vous n’êtes pas ainsi. Malgré la redondance du discours, des reproches et le manque d’entendement qui lie vos deux parties, vous contenez votre impatience. Le respect n’est pas qu’unidirectionnel. Gardez votre calme Majesté. Oui, vous avez envie de lui expliciter toute l’antipathie qu’elle vous transmet désormais et d’être transparente comme vous l’avez toujours été avec vos loups. Mais vous n’êtes ici plus sa collègue, mais sa reine. Si Mlle GREEN a voulu vous solliciter, alors elle devra se contenter de ce que vous lui proposer. La déchéance. Raillerie que de vous savoir face à elle, à essuyer ses critiques vis-à-vis de votre méthode qui ne vise qu’à la libérer. Peut-être n’est-ce pas les méthodes espérées par sa seigneurie. Peut-être aurait-elle désiré un long tapis rouge jusqu’aux Enfers ? Ou partir en un nuage de fumée? Malheureusement, tout comme vous, elle ne saurait posséder ce pouvoir d’accélérer les choses à sa convenance. La société se révèle une entité puissante et magnétique, qui par ses règles et ses affinités, a du mal à relâcher. C’est là que le point a pêché. Vous comprenez que votre ange ait du mal à percevoir la percée que vous tentez de lui faire, mais vous ne savez plus comment le lui formuler. Vous reprendrez le dossier à froid, solliciterez Arwen pour en discuter dans vos salons privés avant de réaliser ce procès.

L’attitude d’Alice lui donne un pass direct vers le degré visé, à n’en pas douter. Mais l’intolérance que vous pourchassez est aussi distillée dans vos rangs. Vous savez les autres belliqueux vis-à-vis de vos pairs à l’aura noirâtre et vous ne permettrait nulle mutilation sur votre progéniture. Mlle GREEN partira en paix, et ce n’est pas en déterrant la hache de guerre de son côté que la compassion et la solidarité dont elle revendique le droit lui seront présentées. Au mieux,  une véritable chasse à l’homme s’ensuivra, au pire, une torture que vous ne cautionnez absolument pas. Vous ne pouvez tolérer que les départs, quels qu’ils soient, se fassent dans le trouble, la provocation et le sang. Telle qu’elle se montre actuellement, votre ange hargneuse ne passera devant nul magistrat de la Baytih Gabriel. La perfide solution qui vous inspire serait de seulement présenter son dossier et de vous faire protectrice en la condamnant à l’exil. Le problème, c’est qu’en l’absence d’arguments, vous risquer de vous aventurer sur les chemins de l’improvisation, du mensonge et de la manipulation. Le mal est pavé de bonnes intentions… Et le problème est bien là. Vous ne voulez pas manipuler les autres, comme vous ne voulez pas qu’ils s’attaquent aux leurs, peu importe leur parti pris.

Dans le fond sonore, la demoiselle poursuit à évoquer des critiques que vous ne connaissez déjà que trop bien :

▬ Maintenant que je suis devenue un numéro de dossier, laissez-moi vous dire que votre petit protocole derrière lequel vous aimez vous cacher, il est pourri. De l’intérieur. Je pense pas que traiter les gens en lisant un putain de rapport soit la bonne solution. Excusez-moi si je me trompe mais, vous traitez bien de l’avenir d’êtres vivants ? Non parce que c’est quand même à se demander si on est pas en train de parler de carottes dans un champ. Vous vouliez le fond de ma pensée ? Le voilà. Je veux plus faire partie de votre grand merdier que vous aimez appeler votre royaume. Vous venez de montrer en direct une des raisons qui font que j’ai envie de me barrer.


Il était si mal de penser ainsi, mais parfois, l’hôpital se moquait quand même allégrement de la charité. Ne veniez vous pas de vous évertuer à lui proposer une sortie de l’union angélique sur la base d’une discussion en face à face, basée sur des témoignages, des ressentis afin d’éviter la froideur d’une procédure toute tracée et juste relatée ? Non… bien sûr que non. Oh mais vous oubliez à quel point l’homme était loup pour l’homme. Sortir dans des effusions de sang, c’était quand même bien plus plaisant. Votre nuque se courbe légèrement en une cyphose accentuée, accablée par cette litanie de contradictions. Vous désirez la même chose. Pourquoi diable faut-il que tout se complique ainsi ?


▬Qui plus est, je vois que les lois sont un peu aléatoires avec vous. Je pensais vraiment que débarquer ici, vous dire que je couche avec un démon et afficher la marque du roi des démons dans mon dos suffirait amplement à me déchoir. Je comprends pas pourquoi vous voulez encore discuter. Je suis un outrage à ma race. C’est un affront de venir ici pour vous dire ça, non ?


∟La loi aurait été de vous traîner et de vous emprisonner en vous humiliant, chère Mlle GREEN ? Pensez vous un seul instant que je pourrais me résoudre à retourner ma veste aussi résolument vis-à-vis de quelqu’un qui m’a aidée durant toutes ces années ? J’ose espérer que même vous, enfermée dans cette rancœur, vous ne seriez prête à infliger cela à vos pairs. Vous me demandez de changer un système, pourri de l’intérieur, et l’instant d’après, vous me reprochez de chercher à y déroger ? Fixez votre pensée demoiselle.


La tirade n’est pas fini, et vous conservez sagement pour vous ces paroles acides qui vous titillent le palais. Face à vous, les fléchisseurs de l’ange sont revenus à un tonus basal et brandissent désormais une fourche invisible. Dans une autre vie, cette femme aurait du être comédienne. Malheureusement, elle a fait partie de vos agents secrets, a collaboré avec vous pendant de nombreuses années, et vous menace maintenant de son arme imaginaire.


▬  Franchement, je croyais faire un scandale en venant ici comme je l’ai fait. Je pensais avoir du culot et de l’audace. Mais au final c’est pas si grave, on peut débarquer dans votre bureau comme ça, présenter des motifs graves de déchéance, se revendiquer d’être une menace et en sortir indemne. C’est prodigieux ! Je comprends maintenant pourquoi vous avez autant besoin de mon aide pour améliorer le système. C’est vrai qu’il est un peu… bancal ! Ou alors c’est parce que vous avez pitié de moi ? Vous voulez me préserver ? Vous avez peur de ce qu’il va advenir de la pauvre petite Alice qui a fait des bêtises ? Mais vous savez, votre Majesté, je suis une grande fille, je sais lacer mes chaussures toute seule, je vais m’en sortir. Vous pouvez arrêter de jouer la comédie et me lancer dès maintenant en pâture au tribunal. Je vous promets que personne nous regarde, on vous en voudra pas d’avoir puni une coupable. Entre nous, Majesté, vous mentez mal. Vous savez ce qui m’attend. Vous voulez gagner du temps pour me récupérer. La lumière vous aveugle et vous refusez de me voir pour ce que je suis, une traitre à mon sang. Mais c’est trop tard. Je me suis appropriée mes cicatrices, mon destin m’appartient.

L’indemnité ne se résume aux simples sanctions et à l’officiel des actions. Non, la jeune femme ne ressortirait pas indemne de cette entrevue, tout comme vous-même, Votre Majesté, vous en pâtirez. Et je ne parle même pas des gardes qui vous entourent courageusement, face à cette furie. Quelle horreur que de devoir tourner l’épée vers l’un des leurs, de devoir tenir en respect de leur tranchant une chair qu’ils ont autrefois cotoyée, voire admirée. Sous son masque d’équanimité, vous sentez Lord Amenadiel contrarié par la situation. Tiraillé, lui aussi entre son devoir de protection envers votre personne, les siens, et sa collègue, Mlle GREEN. Et le petit jeune, qui a intégré la garde il y a moins d’une semaine ? Il tremble légèrement depuis toute à l’heure, non pas par peur, mais par doute. Pourquoi menace t-il l’un des siens ? Et pourquoi cette même sœur se montre t-elle si hostile avec sa fratrie ? L’improbabilité, le manque de sens et surtout la violence de la situation vous dépassent tous.

Non, personne n’en sortirait indemne, enlevez lui cette grossiéreté de la bouche.

∟Chaque action impacte le cours de l’histoire, et au-delà de construire la votre, Mlle GREEN, vous construisez aussi la notre.

Le temps paraît se figer un instant, Mlle GREEN redescendant légèrement face au silence que vous lui offrez ainsi qu’à l’immobilité des gardes. La tension redescend petit à petit et vous sentez les auras, à crans, laisser évaporer quelques mercure. Leurs tentacules arrangées de pointes  reculent le temps d’un instant.

La brise aurait pu choisir ce moment pour tous venir vous cueillir et vous cajoler en répétant que le pire était passé. Mais c’est la bourrasque d’un vent de panique qui vint réveiller les immenses appendices, les incitant à se jeter à nouveau dans la mêlée. Sur un décor de début d’apocalypse, le tonerre déchire les cieux, la foudre réchauffant l’ambiance givrée.

Le coup fut porté par la main d’Amenadiel se posant à demi-amicalement sur l’épaule de Mlle GREEN. Grave erreur, sonnant le glas de la paix espérée. La riposte fuse aussitôt, explosant la grande baie vitrée qu’Alice observait tantôt. L’émeute est déclarée  et vous retenez mal la fureur qui s’empare de votre sang. Battant à tout rompre contre la rampe de vos tempes, vous tendez le bras vers la corne de brume cachée dans votre bureau. La portant à vos lèvres, vous déclenchez le signal d’alarme, appelant sans tarder du renfort. Pendant que vous sonniez l’alerte, la position des attaquants s’est modifiée. Le fracas du verre a départagé les foules et un avant-front se dessine, pour faire face à la lionne noirâtre libérée de son carcan. Dans les tréfonds du jardin lui répondent les feulements enragés d’une Nanouk sensibilisée. Les cris des soigneurs vous parviennent, sûrement lancés à ses trousses pour la rattraper. En réaction aux bondissements de votre fidèle amie, vous vous déportez sur le côté du bureau et vous approchez rapidement du jeunot dont vous parliez toute à l’heure. Vous sentez un vent de panique le soulever et avoir raison de ses réflexes. Du bout des pieds, vous touchez du verre qui vous entaille, mais la vision de l’ange maintenant armée vous fait bien plus mal. Et vous n’êtes pas au bout de vos peines. Vous tendez la main pour vous emparer de l’épée d’Arno et éviter à sa peur de lui porter préjudice, mais l’animal est plus preste que vous. Vos doigts qui se rapprochaient du pommeau s’en éloignent soudainement totalement, Alice tirant à elle le bras du jeune homme. Un horrible craquement radio-ulnaire se fait entendre et vous grimacez en écho à la douleur de votre frère. Se détournant de vous, non menaçante puisque non armée, la furie bondit et frappe partout où le tranchant des lames adversaires ne la bloquent pas. Alliage métallique, chaire humaine, nulle surface ne paraît l’arrêter.

Heureusement, sa folle course est arrêtée par l’action concomitante de deux gardes qui s’emparent des bras de la jeune femme. Contrainte de lâcher son bouclier humain, elle le délaisse en plein malaise vagal et vous vous précipitez pour atténuer la chute que son corps entame. Votre avant-bras se place sous son creux claviculaire et vous ployez sous le poids de l’armure qu’il porte. Tombant avec lui, vous amortissez sa chute de quelque peu, empêchant ses paupières de ricocher contre du verre éparpillé. Le bouclier humain est inversé, c’est votre chair qui prend, et vous ne faites plus la distinction du sang. Dans votre hémichamp droit, vous apercevez l’un des votres agenouillé auprès du deuxième blessé, comprimant la plaie artérielle tout en lui parlant.

Dégageant votre bras, vous glissez les courdes sous les aisselles du jeune homme puis vous vous arc-boutez pour le tirer en dehors du chemin et le glisser de quelques centimètres derrière le bureau. Du coin de l’œil, vous vous assurez que nulle plaie vitale n’engage son pronostic ou d’éventuelles séquelles et le laissez reprendre son esprit, au fur et à mesure que la perfusion de son diencéphale reprend son cours. Expirant, vous revenez sur Alice, solidement maintenue par le Lord et Djanaël. Les deux hommes vous scrutent d’ailleurs, attendant de savoir que faire de la désormais prisonnière.

Vos pupilles se fixent à celles haineuses de la jeune femme et vous ne retenez cette fois-ci plus les flammes qui veulent la brûler, l’inciter à reculer pour ne plus jamais approcher l’enceinte de ce Palais. Vous approchant à pas lents, vous venez planter vos yeux dans les siens et lui relevez le menton pour accentuer votre prise sur sa mandibule.  Votre voix tremble de colère au moment où vous formulez votre sentence pour s’être attaquée aux siens et avoir eu l’intention préméditée de mettre à mal l’organisation de votre Palais.

◘ Alice GREEN, pour avoir mutilé les nôtres, je vous condamne à l’exil. Emmenez là.

Vos paroles se soldent par la porte principale s’ouvrant à la volée. Une nouvelle escouade, lame au poing, prête à intervenir se déploie de part et d’autre afin de bloquer la sortie et d’assurer sa prise sur l’ennemi. Cette arrivée des renforts fit doucement sourire Amenadiel, soulagé que les choses prennent fin. Ouvrant la bouche, vous leur hurlez de se méfier, mais le temps de cognition ne suffit pas à les protéger, Alice s’étant déjà extirpée. Forçant sur ses lombaires, elle se projette vers l’arrière non sans avoir signé sa fuite de quelques coups bien placés. Il ne fallait tout de même pas faire déshonneur à son métier, celui de boxeuse qui lui prenait tout son temps. Avec célérité, elle se précipite vers la fenêtre et enjambe la rambarde pour sauter 3 mètres plus bas. La réception fut chancelante, mais la jeune femme n’eut d’autres choix que de poursuivre, sa course pour sortir de ce lieu dorénavant hostile. Au moment où elle disparut de votre champ de vision, vous entendez des cris de constat. La cible avait été repérée au niveau de l’entrée. Laissant aux votres le loisir d’exprimer leur professionnalisme, vous aidez les quelques personnes encore à terre à se relever dans un silence d’enterrement. Votre aura claque du côté de la fenêtre, tandis que le peu de parcelle qui vous entoure encore vient s’enquérir des blessures des votres. Une fois le silence revenu dans le cabinet, Elsa s’avança dans l’encadrure, et vint directement vous trouver.

D’une main apaisante sur l’épaule, vous lui demandez.

◘ Pourrais-tu partir en quête de Doctoresse Malleby s’il te plaît ? Si elle n’est pas occupée à la Capitale, j’aimerais beaucoup qu’elle vienne nous enrichir de son expertise. Je m’occupe des premiers soins mais j’aimerais qu’elle puisse me rassurer sur les soins de suite. Ses connaissances seraient précieuses.

D’un sourire las, vous la remerciez puis la laissez partir, forte de la mission qui lui fut confiée. Quant à vous, vous faites demi tour et revenez vers l’homme blessé que vous n’aviez pas approché. Son ange gardien se recule poliment, vous laissant jeter un coup d’oeil à ses plaies. Une large entaille court le long de son biceps et vous ne doutez pas que le muscle soit entâché. Vous glissez la paume sous  l’olécrâne et lui demandez doucement de ramener l’avant-bras à lui. Observant le roulis des mécaniques, tout semble fonctionner parfaitement si ce n’est la douleur lancinante qui le fait grimacer. Stoppant sa torture, vous partez en quête de votre désinfectant pour lui en octroyer une large lampée. Le picotis le raidit mais vous ne lui laissez pas le choix et entourez déjà sa plaie d’un long ruban nacré. Heureusement, du repos, un repas protéiné et de la réeducation devraient suffire. A Mlle MALLEBY de poser son diagnostic. Savamment, un de vos frère s’avance vers vous avec l’une des tasse de thé et quelques biscuits. Vous le laissez prendre le relais et passez du côté du jeune homme.

Recroquevillé, il a le regard perdu entre les lattes du parquet. De là où vous vous situez, vous ressentez l’amertume qui aigrit son petit coeur. La culpabilité d’avoir été une proie de choix. Vous l’avez aussi été. Vous asseyant à ses côtés, vous remarquez le bras qu’il maintient fermement entre sa main. C’est le craquement que vous avez entendu toute à l’heure. Son articulation est sûrement luxée mais vous ne vous sentez pas l’assurance nécessaire pour la remettre. Si Mlle MALLEBY arrive, vous lui laisserez ce soin, ce petiot était trop jeune pour en garder d’éventuelles séquelles d’arthrose traumatique. Pour apaiser la douleur de son âme, vous entamez avec lui la discussion, Djanaël se charge des débris de verre et de condamner la vitre cassée. Amenadiel quant à lui reprit le contrôle des troupes et de lui-même exécute votre volonté: L’exil avait été promis, il serait octroyé. Alors que les votres se remémorent en silence le portrait de la jeune femme, un dessinateur est mandaté pour coucher sur le papier le visage à faire circuler. Bientôt, tous auraient conscience de l’âme à moitié damnée. Si les portes du Paradis ne lui étaient pas encore fermées, les choses ne sauraient tarder. En attendant l’élimination de la menace, la milice céleste pourrait veiller.

Outre le fait de vous pencher sur son dossier, il vous faut annoncer la nouvelle à ses figures parentales. Leur annoncer que leur fille prodige allait passer au Tribunal, choisissant le noir à la lumière de leurs origine.

Chassant son souvenir pour vous concentrer sur le moment présent, vous tarissez les relents de rancoeur qui vous conpriment la poitrine. Vous auriez apprécié au moins offrir à vos hommes de quoi confortablement s’installer, afin d’allier le besoin de patienter à celui de la douleur à tempérer. Au lieu de quoi les blessés restent à terre, pour éviter toute aggravation de leur état pendant que leurs confrères remettent de l’ordre dans ce véritable champ de bataille.

Enserant délicatement les poings en vous malaxant les pouces, votre regard se perd par delà la vitre.

∟ Patience mes chéris. La justice aura raison de vos torts.
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