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Don't think Limits.

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MessageSujet: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyJeu 19 Mar - 23:01

No LimitsAsen RAUM et Alec HAMILTON



Le chant d’un rossignol tira le suédois d’un sommeil de plomb. Grognant momentanément, le démon laissa la caresse des premiers rayons du soleil venir le chatouiller, appréciant le réveil tout tendre qu’on lui réservait. Etirant ses longues jambes en faisant crisser les draps froissés, il se tourna sur le dos et ouvrit brièvement les yeux. Ces derniers lui offrirent dans un premier temps la splendide vue de son plafond. Puis lorsqu’il se tourna à nouveau sur la gauche, rabattant la couette sur ses épaules dénudées, il aperçut la porte fermée.

Ah oui.

La veille au matin, Attila avait encore eu la fâcheuse idée de venir le réveiller alors même que le soleil n’était pas levé. Du fait de son jeune âge, le chiot possédait des horaires de sommeil bien aléatoires, se couchant et se réveillant, lorsque son corps le lui dictait, sans se calibrer sur le syntoniseur extérieur que la lumière représentait. Le résultat avait été là : Alec s’était réveillé de très méchante humeur et avait pris la bonne résolution de le faire dormir dans le salon à partir de ce jour-là. C’est ce qu’il avait immédiatement mis en place, ce qui expliquait que la lourde pièce boisée soit fermée. Etouffant un bâillement, et entendant les petits coussinets sertis de griffes qui commençaient à monter les escaliers, il se leva, s’étirant à nouveau.

D’un pas lourd mais déterminé, il s’approcha de la fenêtre et l’ouvrit, fervent défenseur d’une aération prolongée. Après le soleil, ce fut à la petite brise matinale de venir le saluer. En ce début printanier, la morsure du froid teintait encore le surprenant parfois. Mais le temps suffisait pour l’adoucir et jour après jours, les degrés remontaient. Du plat de la main, le démon dégagea l’une de ses mèches blondes qui lui obstruait le champ de vision avant de se diriger vers la porte. L’ouvrant brusquement pour surprendre son compère, il s’écria :

« BAHHH ! »

Assis devant lui, à ses pieds, Attila le regarda d’un air surpris, les oreilles redressées. Le bipède avait l’air bien plus serein que le réveil dernier, mais quel était donc cette curieuse mimique qu’il prenait ? Ne cherchant pas plus à le comprendre, trop heureux de pouvoir de nouveau interagir avec un être vivant, le beagle se jeta sur son maître, l’envahissant de coup de langues et de jappements.

Face à cet afflux d’amour matinal, le blondinet s’assit au sol et finit même par se coucher, appréciant le contact chaste du tapis blanc qui couvrait le parquet. Le chiot ne tarda pas à venir s’accoler contre lui, la tête posée contre son aisselle. Appréciant le soulever régulier du poitrail de l’animal, Alec expira longuement. Cette présence jour après jour lui faisait un bien fou. Et malgré les nombreuses bêtises qu’Attila pouvait commettre, le démon avait développé à son égard une affection particulière, de celle qui gonflait suffisamment les voiles pour lui permettre de naviguer toute la journée, et en prime avec sérénité. Au bout d’une dizaine de minutes, Attila qui commençait à s’ennuyer se redressa, et lâchant un petit couinement, il rebroussa chemin. Sachant pertinemment ce que cela annonçait, le blondinet se releva lui aussi et le suivit, prêt à remplir la gamelle du canidé. Arrivé en bas, il lança son traditionnel petit expresso, se passa une main fugace dans la crinière avant de contenter l’estomac de son colocataire à quatre pattes.

« Et voilà bonhomme. »

Dans son dos, la machine à café l’informa que sa tasse était pleine. S’en emparant, le démon alla ouvrir le reste de ses fenêtres, se penchant à celle principale du salon. En jetant un coup d’œil au dehors, il aperçut une nouvelle fois ce curieux phénomène qui passait à la même heure depuis plusieurs jours. Intrigué, il observa plus en détail ce visiteur impromptu qui osait déjà fouler les pavés de la cité. A cette heure, bon nombre d’habitants ronflaient encore à plein nez et il était rare que le passage dans cette rue soit à ce point répété. Tuant le temps à la façon dont il le pouvait, le blondinet laissa ses prunelles curieuses détailler ce jogger qui s’apprêtait à s’élancer. De solides jambes le portaient, entraînée par le mouvement de balancier que ses épaules carrées organisaient. Même sans pouvoir observer ses foulées, l’individu se contentant pour le moment de marcher, Alec reconnut en lui l’allure propre des sportifs. Ceux qui sortent par tous les temps et à toute époque de l’année. Esquissant un sourire mauvais, il but une gorgée du breuvage qui manqua de lui brûler l’œsophage, mais c’est ainsi qu’il l’appréciait. Voir cet être d’allure si athlétique se mouvoir de bon matin lui donnait des envies mal placées de compétition. Sans connaître cette personne, qu’il considérait bien malgré lui en train de le défier, Alec voulut sans tarder descendre le talonner jusqu’à le doubler et l’épuiser.

Assoir sa puissance était devenu un objectif comme un autre dans cette cité. A défaut de ne pouvoir s’illustrer par son éloquence – difficile de parler avec les ombres- le blondinet mettait un point d’orgue à entretenir ses capacités physiques. Rompre l’ennui pour ne pas le laisser l’emporter. Voilà la possibilité que cet étranger lui offrait. Acceptant l’invitation qu’il venait lui-même de se lancer, Alec partit poser sa tasse sur le plan de travail et remonta sans tarder pour se vêtir plus convenablement. Enfilant un short noir et un débardeur blanc – la neutralité l’ayant toujours rassuré – il partit sans tarder se chausser, caressant au passage le petit crâne dodu d’Attila qui avait fini de manger. Ce dernier crû qu’ils allaient partir en balade et hélas oui, il était temps aussi d’aller l’emmener faire pipi. Maugréant furtivement face à la tâche quotidienne qu’il avait oublié, le démon s’empara de la laisse du chiot, la lui accrocha au niveau du collier et le pressa sans méchanceté.

« Allez allez gros fessier ! On se dépêche un peu. Toi qui veux parfois me faire tomber du lit, c’est maintenant à moi de te secouer ! Alors ? Qui fait le malin maintenant ? »


Riant de lui-même pour le fait de parler seul, ils descendirent quatre à quatre les marches de l’immeuble, jusqu’à gagner la sortie de celui-ci. Une fois au dehors, Alec sautilla plusieurs fois sur place, accueillant bravement les petites gifles que lui mettaient de temps en temps le vent. D’en haut, la température avait eu l’air plus clémente ! Son optimisme l’avait trahi… Laissant Attila choisir de les guider, le suédois ne put s’empêcher de laisser son regard courir à la recherche de son « adversaire » du jour. Ses yeux aiguisés cherchaient à traquer la physionomie de sa foulée, la manière dont il se portait pour pouvoir imaginer les habitudes qui en découlaient. A combien courait-il ? Et combien de kilomètres pouvait-il tenir à ce rythme ? Autant de questions futiles eurent le temps de traverser l’esprit du suédois tant le Beagle se prélassait. Reniflant à tous les râteliers, cinq bonnes minutes s’étaient écoulées et Attila ne s’était toujours pas délesté. Le démon finit par s’agacer mais dut néanmoins prendre son mal en patience. Au bout du compte, il put le remonter fissa fissa, les sourcils déjà froncés face au terrible constat : depuis le temps, l’autre devait déjà avoir filé.

Ne se laissant pas abattre, Alec inspira un bon coup et referma scrupuleusement la porte de l’appartement derrière lui avant de bondir. Dans la même optique, il quitta le pavillon de la résidence pour s’élancer sur les pavés et parcourir au plus vite les horizons. Mais par quelle route partir ? Suivant cette vieille intuition non vérifiée du « dans un labyrinthe, prenez toujours à droite et vous en sortirez », le démon prit à l’antithèse de sa gauche et s’enfonça dans les ruelles. Ses pas martelaient le sol et sa respiration se cala bien rapidement sur le rythme de ces derniers. Une inspiration, deux courtes expirations. Pendant ce temps, ses pensées elles aussi galopaient, réfléchissant à la direction que l’individu pouvait bien avoir prise. S’il était routinier, ce dernier devait sûrement avoir choisi de rester en ville, appréciant l’architecture et le confort d’un sol non vallonné. En revanche, si l’aventure avait plutôt tendance à l’attirer, alors ses pas le conduiraient tout droit aux portes de la ville pour s’en extirper et profiter des joies de la Nature. Lac, Forêt, Montagne, tout pouvait y passer. Grognant à nouveau – décidément, ce suédois était un véritable petit grizzly -, le blondinet choisit une valeur sûre : la place publique. Tous les chemins, ou du moins toutes les artères principales, y menaient. Il aurait sûrement une chance de retrouver sa trace à partir de là. Cette intuition ne lui garantissait nul résultat, mais au moins, cette chasse à l’homme improvisée lui avait valu le mérite de sortir le bout de son nez alors même qu’il n’avait pas petit-déjeuner.

Accélérant, Alec sentit l’acide lactique venir lui ronger le bout des mollets, faute d’un échauffement adéquat. Ayant au fur et à mesure des années été maintes fois confronté à cette sensation, il ne s’en formalisa pas plus que cela, mais se promit de s’offrir ensuite un stretching digne de ce nom, ainsi qu’une récupération solide pour le bien de ce petit cœur qui avait démarré à froid. Se maudissant d’avoir toujours de ces idées tordues qui ne menaient à rien, Alec finit contre toute attente par être récompensé. Une chevelure blonde / argentée apparut dans son champ de vision, s’élevant régulièrement de plusieurs dizaines de centimètres. Le jogger était là, et il s’était mis à courir.

Alec constata rapidement que la cadence imposée n’était pas des plus recommandables pour une personne qui débutait. S’il eut du mal à l’apprivoiser, l’individu se laissant parfois rattraper et au contraire le distançant régulièrement, le démon finit par trouver son rythme, profitant de cette régularité, pour s’échauffer. Le tout était un peu plus rapide que ce qu’il s’imposait habituellement. Pour combien de temps allait-il donc pouvoir tenir ? L’heure n’était pas à l’estimation, mais à l’observation, les yeux du démon étant ancrés sur l’individu. Brûlants à souhait, car c’est aussi comme ça qu’il les aimait.




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Ma pitite boîte à rubans:
Tableau de chasse:


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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyVen 20 Mar - 10:42

Printemps - Mois 6 - Jour 19


Asen avait quitté le Palais du Dragon pour aller prendre ses quartiers dans l'appartement qui lui avait été attribué, s'étonnant intérieurement une fois arrivé que celui-ci lui convienne en tous points tant au niveau de l'architecture que du mobilier et de la décoration. A croire que quelqu'un s'était introduit dans son esprit pour en extirper l'image qu'il se faisait d'un logement confortable selon ses propres critères personnels. Toujours est-il qu'après avoir installé les quelques rares affaires dont il disposait, il était ressorti immédiatement pour faire un tour de la ville afin de prendre la température. Et c'est là que le Démon l'avait vu. A proximité d'un embranchement entre deux rues, alors qu'il marchait d'un bon pas dans sa direction, une petite boule de poils se traînait à demi en poussant des cris aiguës ténus, comme appelant après quelque chose ou quelqu'un. Sa mère peut-être ? Intrigué, le Dendrobate s'était arrêté à deux pas de la créature pour mieux l'observer, notant son extrême jeune âge, sa fragilité apparente, sa difficulté à se mouvoir faute d'être encore suffisamment habile. Cet animal était voué à mourir, à n'en point douter, il était bien trop faible pour survivre et se ferait dévorer par le premier prédateur venu. Jetant un regard alentours, Asen constata que nul ne se trouvait à portée de vue et, alors même qu'il cherchait un mortel quelconque qui saurait sans doute quoi faire de cette chose, son attention fut attirée par le chaton qui s'était rapproché de l'immense forme humanoïde vêtue de noir, miaulant à son encontre comme pour quémander quelque chose ou le prendre à parti. L'être divin, relativement intrigué par cet être qui ne cherchait ni à l'attaquer ni à le fuir, s'accroupit face à la boule de poils qu'il observa en train de tenter de monter sur sa chaussure à l'aide de ses petites pattes griffues.

- ...

Tendant la main, le Démon le saisit alors par l'encolure, délicatement cependant, le soulevant du sol pour le mettre à hauteur de son regard, scrutant l'animal en plissant les yeux comme s'il avait pu s'agir d'un potentiel ennemi ou d'une ruse de la part d'il ne savait qui. Son Roi ne lui avait-il pas dit que dans cette ville, les espions et les regards indiscrets étaient partout ? Sans doute l'observait-on à cet instant, jaugeant son capital agressif. Sous son geste cependant, le chaton s'était arrêté de miauler et portait à présent son propre regard sur l'inconnu, la couleur cuivrée et les pupilles fendues plaisant immédiatement au Lieutenant. Comment une telle créature avait-elle pu se retrouver perdue ici ? De ce qu'il avait entendu, cela ne lui semblait pourtant pas être le genre de chose courante dans cette ville, même si en vérité il ignorait ce qu'il en était pour les animaux. Celui-ci en tout cas n'avait rien de commun avec ce qu'il connaissait au sein des Plaines Arides.

- Tu vas mourir, bestiole.

Ce n'était pas tant une menace qu'une simple constatation, émise d'une voix calme sur un ton détaché, mais le chaton émit alors un miaulement que chacun aurait pu interpréter de la façon qui lui convenait. Le Dendrobate pour sa part y vit là une sorte de question.

- Tu es trop faible.

Un nouveau miaulement répondit à cette affirmation, faisant naître une ombre de sourire amusé au coin des lèvres du démon. Pour une petite chose fragile condamnée, il semblait avoir du répondant.

- Cela dit je pourrais aussi t'entraîner et te laisser une chance.

Asen se redressa de toute sa hauteur, tenant toujours l'animal par la peau du cou, plissant ses yeux gris tout en le tournant de gauche à droite pour évaluer son état. Pas de blessure ni de malformation apparentes, pas de signe distinctif... C'était déjà un début prometteur. Le Démon finit son inspection en le prenant finalement dans ses mains, le maintenant pour l'empêcher de grimper sur son vêtement et d'y planter ses griffes. C'est qu'il avait encore de l'énergie à revendre malgré son état. Du bout de son index, l'être divin entreprit de grattouiller la pommette de l'animal qui se mit à ronronner de contentement, non sans continuer de le fixer de ses yeux cuivrés aux pupilles fendues.

- Désormais tu m'appartiens, et tu répondras au nom d'Ulrich.

Fit-il solennellement avant de tourner les talons pour rebrousser chemin en direction de son appartement, gardant la petite créature entre ses bras et le ramenant chez lui afin de s'en occuper comme il convenait. C'est ainsi que la vie de familier de démon commença pour le félin dénommé Ulrich.

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Printemps - Mois 6 - Jour 27


Cela faisait huit jours que Asen était arrivé à Damned Town, huit jours qu'il avait entrepris de se fondre dans la masse en se comportant de la façon la plus adaptée selon les éléments qui lui avaient été fournis. Ulrich grandissait à vue d’œil et nécessitait une attention quasi constante lorsqu'il se trouvait dans la pièce de vie principale, mais déjà le Dendrobate l'avait habitué à rester seul sans trop causer de dégât, le cadrant à chaque action, le formatant en quelque sorte afin qu'il lui obéisse au doigt et à l’œil, ou peu s'en fallait. Bien sûr il y avait encore beaucoup de travail à faire, mais cela portait déjà ses premiers fruits et l'animal pouvait déjà demeurer seul dans la salle de bain quand le Démon s'absentait sans causer de dégâts, permettant ainsi à son maître d'aller courir chaque matin depuis plusieurs jours déjà. Être en mission signifiait se tenir prêt à chaque instant, à chaque seconde, et pour cela il convenait de demeurer en parfaite condition physique et mentale. L'entraînement quotidien fut ainsi instauré le lendemain matin même de son arrivée, avec un rituel réglé comme une montre suisse. Environ une heure avant l'aube, le Dendrobate se levait pour prendre un solide petit-déjeuner et nourrir son chat, toujours après lui afin de respecter l'ascendance, puis il s'échauffait avant de passer à différents exercices. Souplesse et furtivité, techniques de combat, dépassement d'obstacles, la configuration de l'appartement allié à son imagination lui permettait de réaliser la quasi totalité des entraînements quotidiens, à l'exception d'un seul : la course à pied. Idéal pour travailler son endurance et canaliser son trop-plein d'énergie restant, en plus d'être un excellent outil de discipline, le Lieutenant sortait systématique aux toutes premières lueurs de l'aube éclairant le ciel de la ville pour entreprendre une course dans les rues de celles-ci. Et si le parcours changeait chaque jour, il était des points de passage fixes qu'il s'imposait afin de garder une notion du temps qu'il mettait à faire ses différents circuits.

En cette très fraîche matinée de Printemps, alors que la journée promettait d'être belle, mais demeurerait froide tant que le soleil ne darderait pas ses rayons sur le pavé des rues, Asen laissa Ulrich à l'abri dans la salle de bain pour quitter l'appartement, se réchauffant brièvement avant de s'élancer dans une foulée mesurée, mais relativement rapide. Sa haute taille ne lui avait jamais permis de passer inaperçu, c'était là chose impossible quand on culminait à un mètre quatre-vingt-douze, cependant son corps entraîné depuis sa plus tendre enfance avait été sculpté pour le sport et le combat, ses longues jambes musclées dissimulées sous son pantalon de toile lui permettaient de faire d'amples foulées qui distançaient bien souvent ses camarades ainsi que ses subalternes. Bien sûr il n'avait jamais eu à fuir un combat, tout au plus à se replier, cependant il ne doutait pas que s'il avait dû le faire, il aurait pu se mettre rapidement hors de danger grâce à cette particularité. Son souffle régulier s'échappait en petits nuages devant son visage sans parvenir à embuer ses yeux gris qui fixaient l'espace devant lui, en alerte malgré la concentration nécessaire pour maintenir un rythme aussi régulier qu'un métronome. Mais c'est alors qu'il bifurquait dans une rue qu'il perçu très nettement cette sensation courant le long de sa nuque et faisant se hérisser les cheveux à la base de celle-ci : quelqu'un l'observait. Pire encore, il se rendit rapidement compte que la sensation persistait et il lui sembla percevoir, plus loin en arrière dans son dos, le bruit de pas sur le trottoir d'une personne inconnue dont la présence, vague et diffuse, ne lui dit absolument rien.  Était-ce un ennemi qui le prenait en chasse ? Ralentissant légèrement sa course, le Dendrobate se concentra sur les bruits qui se rapprochaient, percevant la foulée de l'autre, le bruit de sa respiration quoique relativement lointaine et, surtout, il profita de tourner à l'angle de la rue pour jeter un regard furtif à ce qui le suivait ainsi.

- ...

Ce qu'il vit avait tout l'air d'être un joggeur en train de le suivre, vêtu d'un simple short et d'un maillot blanc quelconque, d'une jeunesse relative, d'une robustesse moyenne au vu de sa carrure clairement plus mince que la sienne, surmonté d'une touffe de cheveux blonds en désordre. D'un seul regard, le cerveau pouvait analyser et retenir bien des informations, cependant Asen n'eut guère le loisir d'en voir davantage, pas à moins de ralentir ou de s'arrêter, ce qui était hors de question. Ainsi donc l'autre cherchait à le suivre en soutenant sa cadence ? Peut-être même cherchait-il à le rattraper, encore que cela ne soit pas gagné. Joueur au fond de son âme, appréciant ce qui était un mélange de défi et de menace, le militaire sentit l'adrénaline parcourir ses veines et accéléra la cadence, reprenant celle qu'il avait diminué et l'augmentant même de quelques crans, distançant volontairement l'autre joggeur qui, étrangement, avait également bifurqué pour le suivre. Nul doute n'était permis à présent, il y avait là quelque chose d'anormal et cela déplaisait fortement au Démon. Il entreprit ainsi de changer volontairement son circuit, bifurquant à d'autres coins de rue que les classiques déjà établis, ralentissant alors pour voir si l'autre le suivait toujours... Mais c'est qu'il s'accrochait le puceron ! L'ombre de sourire qui avait étiré les lèvres du Lieutenant avait fini par disparaitre et, accélérant de nouveau pour atteindre un rythme de course beaucoup plus rapide, il entreprit de mettre une bonne quinzaine de mètres d'écart entre eux avant de tourner de nouveau à l'angle d'une rue qu'il commençait à bien connaître, et où se trouvait un renfoncement entre deux bâtiments que l'on aurait pu comparer à une impasse. S'y engouffrant rapidement, le Dendrobate se plaqua contre le mur à la perpendiculaire de la rue, se forçant à respirer en sourdine malgré l'effort fourni, les muscles tendus dans l'attente de l'arrivée de son poursuivant. Cela ne manqua pas, ce dernier bifurqua dans la même rue que celle qu'il venait de prendre, ralentissant légèrement faute de l'apercevoir comme prévu un peu plus loin sur le trottoir. C'est quand il passa à sa hauteur que le bras du Démon jaillit de sa planque, saisissant le blond par le col pour l'attirer dans le renfoncement, le plaquant violemment contre le mur sans ménagement pour la tête qui allait heurter celui-ci, alors que son autre main venait enserrer la gorge du joggeur, commençant à l'étrangler à moitié afin de le priver d'une partie de son air et l'empêcher de se débattre trop facilement.

- Qui es-tu et que veux-tu ?!

La voix grave et glaciale de Asen résonna aux oreilles du blond comme une menace que la main enserrant avec force sa gorge venait appuyer sans la moindre hésitation.

- Pourquoi me suis-tu ?

Et qu'il n'aille pas lui dire qu'il s'agissait uniquement d'une envie de compétition, il fallait être stupide pour suivre un parfait inconnu dans la rue en espérant que celui-ci comprenne et ne se sente pas menacé. Les yeux gris du militaire fixaient le jeune homme avec une lueur inquiétante au fond des prunelles sombres et il était évident que le moindre geste de rébellion se solderait pas une attaque, un coup de poing en plein visage dans le cas présent.

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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyVen 20 Mar - 13:41

No LimitsAsen RAUM et Alec HAMILTON



Le manège perdurait à peine que déjà l’autre choisit de bifurquer. Pour Alec qui ne perdait pas une miette de ses mouvements, ce fut l’occasion de voir l’individu jeter un bref coup d’œil en arrière. Les commissures du suédois ne purent s’empêcher de s’étirer au moment où il comprit : sa couverture venait de sauter. Plus besoin de se cacher, le sprint était lancé.  Esquissant un sourire féroce, le démon modifia son centre de gravité, avança les épaules, et s’abaissa légèrement pour être moins aux prises du vent. Pour accélérer l’allure, il poussa sur ses quadriceps, mobilisant désormais ses abdominaux profonds en plus de son diaphragme Pour maintenir la cadence que l’autre individu lui imposait, il lui fallait en effet un apport en O2 suffisamment conséquent. Bientôt, il se mit à haleter, un gout sanguin venant irradier le fond de son gosier. C’était notamment pour cette même sensation désagréable qu’il ne courrait que rarement dans le froid. Qu’importe. Ce constat fut bien vite balayé par l’enjeu qu’il s’était fixé : dépasser cette saleté. S’il avait pu avoir quatre pattes et une gueule effilée, il en aurait rugi de contentement. Malheureusement il se trouvait à Damned Town, endroit civilisé, et en prime, bloqué dans le corps de ce grand blondinet.  

Cesser de penser et continuer d’avancer. Restreignant le débit de sa conscience au strict minimum, Alec se concentra à nouveau sur sa respiration qui était redevenue l’espace d’un instant totalement anarchique. Inspirer, Expirer.  Lorsque ce fut à son tour de prendre le tournant, il se rapprocha dangereusement de la pointe du bâtiment, raccourcissant sa trajectoire du mieux possible. Mieux valait longer la corde au maximum pour ne pas se laisser distancer. Surtout maintenant qu’il s’était enfin adapté à la cadence !

Alors ? On fermait son grand caquet là devant ?

Doucement mon intrépide petit démon, l’heure n’était pas aux réjouissances, la cible pourchassée s’adaptant aussitôt. Elle ne voulait véritablement pas le laisser conserver ce confort d'acclimatation, choisissant à nouveau de tourner. A plusieurs reprises. Alors c’était ainsi qu’il voulait le semer ? En le désavantageant à l’aide de sa pensée ? Toute personne qui dirigeait, possédait cette faculté à anticiper, chose que les suivants ne pouvaient effectuer se voyant ralentis contre leur gré. Contraints de composer avec les décisions hâtées qu’on lui dictait, c’est ce avec quoi Alec dut jongler accélérant l’allure pour compenser. De cette façon, il parvint durant un moment à garder l’illusion d’un cap solidement maintenu.

Expulsez la vérité, elle ne vous en châtiera que plus allégrement. Le mensonge vola en éclat lorsque le grand grisonnant disparut de son champ de vision. Intrigué par cette disparition subite, Alec ralentit progressivement l’allure. C’était impossible ! Il n’avait pas pu se téléporter jusqu’au bout de la rue sans qu’il ne l’ait aperçu ! Et accélérer aussi subitement était, selon ses calculs, humainement non réalisable. Entre nous, vu la distance qui les séparait, aussi maintenue soit-elle, Alec n’avait pas une seule fois eu l’occasion de venir sonder la splendide bête qu’il traquait là. Humain, ange ou démon, il n'en avait aucune idée. Furieux d’avoir perdu le contact visuel aussi rapidement, il ne tarda pas à reprendre un peu de cadence, s’enfonçant dans la ruelle à l’ambiance tamisée. Son aura se déploya d’un coup d’un seul pour venir retrouver la piste qui venait de s’effriter.

Curieuse, envieuse, celle-ci vint glisser avec un plaisir non dissimulé sur les pavés, trop heureuse de pouvoir se rendre utile. Les parties de chasses habituelles étaient d’un ennui ! Quel intérêt d’aller sentir les contours d’un gros sanglier ? Ou de dénicher la truffe d’un renardeau ? Il n’y en avait aucun. Espérant de tout son être s’être lancée sur les traces d’un divin, elle redoubla d’avidité épluchant le moindre recoin. Ondulant au gré des doutes qu’Alec ressentait, elle finit par exulter.

Eurékâaa  « aaah ! »

Le cri de victoire se mua en hurlement de protestation. Une main de fer venait de s’emparer de son col, l’attirant dans un recoin sans nul doute peu recommandé. Sans pouvoir manifester le moindre geste de défense et emporté par son propre poids – quelle ironie quand celui-ci lui permettait bien souvent de rester les pieds bien ancrés - son torse vint dans un premier temps heurter la dureté du mur contre lequel on le plaqua, avant que sa tête ne soit-elle aussi contrainte de s’y frotter. Non sans douceur, vous vous en doutez. Grognant sourdement à la seconde main glacée qui vint lui comprimer la trachée, le démon eut un sursaut vers l’arrière, tentant de dégager de toute sa force cet assaillant qui le bloquait. Mais en plus d’être agressif, son prédateur était lui aussi suffisamment lourd pour le maintenir sans tressauter à chaque à-coup. Fermement ancré à sa proie, il ne desserra pas son emprise.

Se débattant, Alec fut vite contraint d’abdiquer, reconnaissant en la méthode une rigueur qui ne dupait pas. La poigne militaire l’immobilisait. S’il n’avait pas été contraint de respirer avec difficulté, le suédois aurait tenté de se retourner, se débattant comme un forcené en s’agrippant aux prises faciles qu’il pouvait atteindre. Mais l’hypoxie le menaçait, s’infiltrant dans ses muscles et dans son encéphale pour peu à peu l’immobiliser. Tout ce qui n’était pas un tissu noble était placé en second plan sur le plan de l’approvisionnement.

La respiration sifflante, Alec finit par s’immobiliser, laissant son aura déclencher un ultime assaut. Cette dernière se jeta, furibonde, sur l’inconnu pour le mordre avec ferveur. De tout son entrain elle s’entrechoqua contre celle tenue en réserve de l’individu. D’une noirceur que l’on pourrait aisément décrire à son apogée, cette dernière palpitait d’un calme olympien, observant son assaillante d’un air impassible. La fouge de la jeunesse ne l’atteignait pas. Cette indifférence à son égard fit vrombir de colère l’aura du suédois qui claqua dans les airs, menaçante, nullement intimidée par la grandeur de son ennemie.

Qui était donc ce démon ? Cela faisait maintenant de très long mois que le blondinet avait le loisir d’arpenter les rues de cette cité. A force, il avait pu croiser bon nombre de personnalités. Bien sûr, il ne pouvait pas pour autant, et suite à ce seul argument, prétendre avoir fait le tour de tous les habitants. Mais un individu de sa trempe, aussi métronome quant à ses horaires de jogging, ça il pouvait le parier, il n’en avait jamais croisé. L’être démoniaque qui le maintenait en respect était nouveau à Damned Town, Alec était prêt à le jurer. De toute sa hargne, le suédois cracha par Terre tout en s’exprimant bruyamment.

« Lâch.. lâche m..oi ! »

Le regard fou, les yeux exorbités par l’aigreur qui le rongeait, Alec n’avait qu’une envie, se dégager pour immédiatement se venger. Œil pour œil, dent pour dent. Dommage que sa volonté ne puisse être appliquée... Raffermissant sa prise en enfonçant le bout de ses ongles dans la chair immaculée du blondinet, son assaillant ne parut pas vouloir exaucer ses souhaits. Au lieu de quoi, il martela froidement, lui demandant de se présenter brièvement et surtout, d’expliciter les raisons de cette battue imprévue. Un cri de rage s’étouffa dans la gorge du démon qui tenta de lever le pied pour le reposer aussitôt. L’autre avait gagné, il était temps de s’avouer perdant.

Rabattant son aura contre lui pour s’en draper tel un cocon protecteur, ce fut au tour du blondinet d’exiger plus placidement qu’auparavant:

« Lâche moi que je puisse te répondre ! »

Le démon adverse n’était pas tout à fait sourd. Preuve étant qu’à la demande – bien aimable – du blondinet, il délesta de quelque peu son emprise, le maintenant tout de même fermement. En plus de n’être pas sourd, il n’était pas imprudent. Pivotant les prunelles vers l’arrière pour observer cet ennemi qui se tenait dans le dos, et qui pouvait le poignarder à tout moment, Alec s’exécuta :

« J’habite dans ton quartier. Tous les matins, je te vois partir de chez toi pour aller courir. Moi qui m’ennuie comme un rat mort dans cette cité, j’ai voulu me mesurer à toi, intrigué par la nouveauté que tu représentais. Cette ville est morte ! On se contente du peu que l’on peut trouver mais j’ignorais en m’élançant que le poisson que je pécherais serait aussi bien entraîné. Et aussi belliqueux.»

Ricanant avant d’être interrompu par une quinte de toux, le blondinet se tût, attendant patiemment. Immobile contre une surface conductrice, le manque de chaleur commençait à venir le tirailler, le peu de d’énergie qu’il pouvait fournir étant aspirée par la pierre et ses aspérités. Faute d’avoir pu arriver le premier sur la ligne d’arrivée, il rentrerait paré d’un bon rhume à soigner. Franchement, de quoi se plaignait-il ? Dans son dos, il sentit son bourreau bouger lentement. Attentif au moindre de ses mouvements, Alec serra le poing, prêt à parer tout geste d’hostilité en fonction des opportunités qui se présenteraient.




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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyVen 20 Mar - 14:42

L'effet de surprise fonctionna parfaitement et Asen n'eut aucun mal à plaquer l'inconnu contre le mur de pierres, le regardant heurter sans ménagement la surface solide sans la plus petite considération pour les éventuelles blessures qu'il pouvait récolter. L'emprisonnant de ses mains et de son poids, il perçu très nettement l'aura de l'autre se rebeller et claquer dans sa direction, se heurtant à la sienne qu'il prenait soin de garder soigneusement dans l'enceinte de son corps physique. En réponse à cette pitoyable tentative de libération couplée à des mouvements sporadiques, le Dendrobate resserra sa prise autour de la gorge de sa cible, le regardant s'agiter et dépenser sa réserve d'oxygène en savourant intérieurement un tel manque de jugeote. Ce qui était de toute évidence un jeune démon plein de hargne n'appartenait à aucun corps armé, ou en tout cas pas de ceux qui vous exposent à la mort dès que vous faites une erreur sur le champ de bataille. Non, ce n'était là qu'un jeune chien fou manquant de contrôle et qui lui demandait déjà de relâcher sa prise pour lui permettre de répondre, son aura battant en retraite face à l'implacabilité de son adversaire. Lui laisser la liberté de ses mouvements demeurait malgré tout une mauvaise idée, le militaire ignorant après tout de quoi était capable le blondinet, aussi bien qu'il relâcha à demi la prise sur sa gorge, continua-t-il de le maintenir contre le mur pour l'empêcher de se libérer.

« J’habite dans ton quartier. Tous les matins, je te vois partir de chez toi pour aller courir. Moi qui m’ennuie comme un rat mort dans cette cité, j’ai voulu me mesurer à toi, intrigué par la nouveauté que tu représentais. Cette ville est morte ! On se contente du peu que l’on peut trouver mais j’ignorais en m’élançant que le poisson que je pécherais serait aussi bien entraîné. Et aussi belliqueux.»

- Tu es stupide.

Lâcha froidement Asen avant de soudain s'écarter du jeune démon, relâchant sa prise sur sa gorge et son dos pour reculer de plusieurs pas, les muscles tendus alors que ses yeux gris dardaient sur l'autre un regard plissé méfiant.

- Poursuive un inconnu sans motif valable équivaut à vouloir se suicider. Dans un autre lieu que cette ville j'aurais pu te tuer, juste par précaution.

Et le ton ne contient ni menace ni arrogance, rien qu'une froide et implacable vérité, une honnêteté même à vous glacer le sang. Nulle plaisanterie ici, nulle tentative d'intimidation, rien que des mots énoncés d'une voix trop calme pour ne pas être prise à la légère.

- Tu n'as pas répondu à ma question. Quel est ton nom ?

Et qu'il n'essaye pas de jouer au plus malin avec lui, sans quoi le militaire se sentait déjà prêt à le rattraper s'il tentait de s'enfuir, ou à parer une éventuelle attaque surprise. A bien le regarder, le blondinet ne semblait pas au meilleur de sa forme et Asen n'était pas même certain que tout soit entièrement de sa faute. Il avait imposé un rythme rapide à leur course poursuite, de même que le jeune démon semblait manquer d'entraînement et d'énergie. Avec un corps aussi mince, mangeait-il à sa faim ou bien suivait-il un régime particulier pour s'entretenir ? Quelques muscles supplémentaires ne lui feraient pas de mal, assurément, et tandis qu'il écoutait la réponse de son vis-à-vis, il le scrutait avec attention des pieds à la tête, évaluant son potentiel d'agressivité et de combat.

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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyVen 20 Mar - 21:47

No LimitsAsen RAUM et Alec HAMILTON



La liberté. Cette notion de légèreté trop souvent oubliée sauf au moment d’en être privé. Il allait sans dire qu’en l’instant présent, le doux fumet de ce privilège au franc succès chatouillait les papilles du démon. Face à cette tentation, la réaction du blondinet était toute devinée. Tout son être ne désirait qu’une unique chose : la posséder dans son entièreté avant de langoureusement la savourer. Et comme tout venait à point à qui savait attendre, la patience du suédois fut bientôt couronnée de succès. L’inconnu se recula, interrompant cette litanie de respirations saccadées. Lorsque les vannes furent de nouveau ouvertes à fond, le blondinet en profita pour inspirer à  grandes goulées, se retournant prestement. Il aurait été des plus imprudent de continuer à garder un prédateur dans son angle mort.

Le choc fut moins rude lorsqu’il posa les yeux sur son assaillant, que lorsque celui-ci l’avait neutralisé en clé de bras. Devant lui se tenait fier et droit un démon à la carrure outrageusement bien dessinée. Avec ironie, Alec décela promptement en ses traits une envie maniaque de ne rien laisser échapper. Un sens parfait du contrôle, une vie qu’il imaginait sans mal orchestrée du soir au matin. Le tout, rien qu’en observant son gabarit. Sous la toile de ses vêtements se profilait le galbe d’une musculature dont il devait être pleinement satisfait. Et qui devait demander un sacré entretien. Le suédois comprenait mieux ce besoin maladif d’aller courir tous les matins. Globalement couvert de la tête aux pieds, les prunelles du blondinet ne purent véritablement s’attarder que sur le cou et le visage du démon, notant la fine couche épidermique qui les recouvrait. Pas de surplus graisseux sous cette dernière, le regard vif et aiguisé, la mâchoire à demi-carrée. Autant de petits éléments caricaturaux qui imprimèrent en l’esprit d’Alec un portrait finement ciselé. Pour aligner le tout son crâne sûrement agité de milles pensées, se parait d’une chevelure d’un blond presque blanc. Savamment ramassés vers l’arrière, ses cheveux firent naître un sentiment particulier dans l’esprit du jeune démon. Face à lui se tenait un être qui pourrait totalement lui ressembler, à la seule différence près qu’il était plus âgé. De fines ridules agrémentaient le grain de sa peau, attestant de l’expérience qu’il avait pu acquérir durant les années. Outre une base musculaire sobrement plus développée et quelques centimètres de plus à compter, ce profil qui le toisait aurait donc pu être son portrait. Ce constat était perturbant.  Les deux paires d’yeux azurés se lorgnaient d’ailleurs sans vergogne, s’observant scrupuleusement, s’enrichissant de la moindre information qu’elles pouvaient glaner.

La parole s’avérait bonne prétendante pour compléter les esquisses de personnalités qu’ils s’en faisaient. Et c’est par ce biais qu’Alec tomba des nues en entendant la bêtise qui découlait de ce quasi-sosie.

« Tu es stupide. Poursuivre un inconnu sans motif valable équivaut à vouloir se suicider. Dans un autre lieu que cette ville j'aurais pu te tuer, juste par précaution. Tu n'as pas répondu à ma question. Quel est ton nom ? »

Mais elle sortait d’où, cette drosophile rabougrie ? Et après ça, c’était lui qui était stupide ?

En tout cas, de nouveaux indices tombèrent sans même qu’Alec n’ait eu à les demander. Qu’importe le nom de l’autre énergumène qui se revendiquait juge intellectuel, le suédois était fixé. Le démon qui était face à lui sortait tout droit des Enfers et n’avait vraisemblablement jamais séjourné à Damned Town ou sur Terre. Sinon il aurait été renseigné sur le fait que les filatures sans meurtre à la clé concernaient… la quasi-totalité des traques qui se faisaient. D’autant que personne n’avait affirmé qu’il lui en voulait. Lui, petit blondinet bienveillant n’aurait-il après tout pas pu courir après le jogger pour lui ramasser son portefeuille tombé trop tôt, trop injustement sur le champ de bataille ? Habituellement, les gens placés dans une telle situation, auraient certes appelé. Mais vu le rythme que l’ermite employait, tous auraient fini le souffle coupé, incapable de crier plus loin que le bout de leur nez.

Constatant donc avec bonheur qu’il communiquait avec un être archaïque et démodé, Alec retrouva toute son espièglerie. Dans ses yeux revinrent briller les étincelles de malice tandis qu’un nouveau sourire le prenait. Croisant les bras contre sa poitrine, il raffermit la prise visuelle qu’il avait sur l'homme et rétorqua :

« Mon nom t’importe peu. Avant toute chose, je tiens à te féliciter de m’avoir ainsi surpris. Le tas d’habitant qui s’entasse ici ne brille habituellement que très rarement pour de telles capacités. »

Suite à quoi, il s’étira pour mobiliser son omoplate droite, légèrement contrarié. Ce grand dadet ne le lui avait quand même pas froissé j’espère ? Ce fut d’un coup d’œil du même côté qu’Alec constata qu’ils étaient dans une impasse. En conséquence, il se déporta légèrement sur la gauche, très peu envieux de se laisser piéger de ce côté. Plissant les yeux pour mieux accommoder, il épia allégrement son assaillant en déployant une réplique miroir agrémentée de la pique qui lui taraudait l’esprit.  

« Et toi ? Peu importe ton nom, je n’en ai que faire. Que fais tu ici ? »

D’un geste du menton, il lui désigna la parure entraînée qui constituait son corps avant de continuer.

« Et tout ça, c’est pour quoi ? Ta poigne et tes réflexes ne sont pas ceux d’un habitant lambda. Je sais reconnaître mes frères d’armes quand j’en croise un. Pourquoi es-tu ici ? »

Cette fois, les prunelles du démon ne dévièrent plus. Elles se plantèrent dans celle du grand blond et attendirent de pied ferme une réponse à ses questions. Le sentiment qui embrasait l’esprit du suédois était illégitime. Mais jamais des intuitions n’avaient pu intrinsèquement attester de leur justesse. Face à cet être aux cheveux platine, Alec se sentait assailli. Un autre prédateur avait envahi le territoire qu’il avait fait de Damned Town, et sa présence le dérangeait. Au fond de lui, cette sensation étrangère lui permit de comprendre les raisons qui l’avaient poussé à le pister. Au premier coup d’œil, son instinct lui avait soufflé le danger que ce démon pouvait représenter. Et paradoxalement tout le potentiel qu’il avait à offrir.

Peu de réponses franchiraient les lèvres de la « drosophile », il était inutile de se leurrer. Mais au travers de ces interrogations perçait une lueur primaire, presque enfantine. Celle de l’espoir. Dans l’encéphale du démon, en écho à ce qu’il relevait chez le grand blond, une rafale de souvenirs impromptus le prirent au cou. Parmi eux n’en ressortit qu’un assemblage structuré dont les valeurs prônées retentirent dans les tréfonds de ses pensées : Courage – Solidarité – Loyauté – Dépassement de soi.La personnalité du grand dadet telle qu’elle lui apparaissait lui déplaisait fortement. Mais ce qui le complaisait en revanche grandement était l’ensemble des émotions que sa présence ravivait. Sans trop pouvoir affirmer qu’il n’était pas en train de projeter sur lui le plus profond de ses souhaits, Alec y croyait. Un autre soldat que lui, un vrai, était face à lui. Lui avait-on enfin envoyé ce qu’il était venu chercher ?

L’intensité et l’intérêt qui perlaient dans ses traits s’intensifièrent. Son corps tendu retranscrivait contre son gré une grande vérité : le suédois était appendu aux lèvres de son interlocuteur, attendant tel un rapace les potentielles affirmations. Pour cette remontée folle vers ce qu’il n’avait plus ressenti depuis des mois, le démon jouait gros. Très gros. Si toute son intuition était biaisée, si ce prétentieux jogger n’était qu’un paranoïaque isolé, la chute n’en serait que plus fracassante. Après avoir été pris en clé de bras, il serait de nouveau placé au fond du trou. Certes entouré de ténèbres, mais très loin de celles qu’il avait imaginé en étant dépêché à Damned Town.

Ô grande armée. J’ai fois en toi, je t’en supplie ne me déçois pas.





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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptySam 21 Mar - 0:12

L'avertissement semblé être tombé dans l'oreille d'un sourd quand Asen constata que sa mise en garde ne trouvait en écho chez le blondinet qu'un début de malice dans le regard et une attitude bien moins alerte que lorsqu'il l'avait relâché. Allons bon, était-ce à cause de ces lois impossibles à enfreindre qu'il se sentait pousser une nouvelle paire d'ailes ? Qu'à cela ne tienne, si jamais il osait lui manquer de respect, il saurait lui faire regretter amèrement. Comble de l'impolitesse, après l'avoir poursuivi, voilà que le jeune démon refusait de lui donner son nom, allant même jusqu'à affirmer ne rien avoir à faire de connaître celui de la personne qu'il avait ainsi pourchassé à travers plusieurs rues. La flatterie glissa sur le Dendrobate comme de l'eau sur une surface vitrée, ne trouvant nulle accroche tandis que le regard gris fixait à présent le vis-à-vis avec une neutralité retrouvée. Le militaire ne doutait pas un seul instant que la plupart des habitants ne sachent pas combattre convenablement, cependant il nota également que son poursuivant avait visiblement une -trop- grande confiance en ses capacités, ce que l'on pouvait attribuer à la fois à son jeune âge et à une expérience qui, si elle était encore précoce, n'en demeurait sans doute pas dérisoire pour autant. Y avait-il là un potentiel quelconque à exploiter ? L'idée était intéressante en soi et permettait d'accorder le bénéfice du doute au chien fou qui semblait presque s'amuser de la situation, bien qu'il se montra tout aussi curieux que son aîné en lui demandant ce qu'il faisait là.

- Je cours, ça se voit non ?

Répondit Asen avec un brin de sarcasme irrépressible, une ombre d'amusement passant brièvement dans le ton de sa voix et les prunelles de ses yeux.

« Et tout ça, c’est pour quoi ? Ta poigne et tes réflexes ne sont pas ceux d’un habitant lambda. Je sais reconnaître mes frères d’armes quand j’en croise un. Pourquoi es-tu ici ? »

Un frère d'arme, vraiment ? Pourtant le rapport qu'on lui avait remit avant son arrivée était très clair, tout comme Dragon l'avait été durant leur brève entrevue. Il était le seul Dendrobate de la Griffe présent à Damned Town, le seul à s'être porté volontaire, le premier du genre d'ailleurs, aussi il était impossible que ce jeune démon soit l'un des siens, ou en tout cas pas du même corps d'armée. Pouvait-on par extension le qualifier de frère d'arme ? Pas vraiment. Mais peut-être s'agissait-il même d'une autre armée que celle de son Roi, après tout il y avait effectivement en ces lieux des recrues d'un autre seigneur démon, un de ceux qui aux yeux du Lieutenant n'avait aucune légitimité de par sa propre allégeance au Dragon.

- J'ai mes raisons et cela ne regarde que moi. Je déteste juste qu'on me suive comme tu l'as fait.

L'observant après qu'il se soit décalé, notant cette prudence qui écartait définitivement la théorie de l'inconscience de la part du blondinet, Asen croisa les bras en le fixant de ses yeux gris, le désignant du menton d'un geste nonchalant.

- Tu manques encore de souffle pour un soldat. A quand remonte ton dernier entraînement sérieux ? Depuis combien de temps croupis-tu ici ?

Parce qu'à voir l'expression de son regard clair et la façon dont il le fixait, il était évident que leur rencontre était de loin la chose la plus palpitante qui lui soit arrivé depuis bien longtemps, trop longtemps même sans doute, en tout cas d'un point de vue militaire. Et si ce jeune démon était une recrue potentielle, encore fallait-il tâter le terrain et s'assurer du camp auquel il appartenait et, en conséquence, agir de la façon la plus adaptée qui soit. Le Démon pouvait lui reconnaître au moins deux qualités : il était tenace et du genre déterminé. Avec un bon entraînement, il serait possible de le transformer en une version améliorée de ce qu'il était actuellement en l'espace de quelques mois seulement, pourvu qu'il parvienne à tenir la cadence que lui imposerait le Dendrobate. Bien sûr, cette ville n'était pas vraiment adaptée à ce qu'il infligeait d'ordinaire à ses hommes, mais cela suffirait pour un premier temps.

- As-tu besoin d'aide, soldat ?

Si le timbre semblait s'être légèrement radoucit, le ton quant à lui s'était fait plus autoritaire, trahissant un grade supérieur à celui de simple chair à canon. Asen aurait pu chercher à dissimuler son statut d'officier en adoptant une attitude plus brouillon et un ton se plaçant sur le même niveau que celui de son interlocuteur, mais son instinct lui soufflait que le chien fou qu'il avait en face de lui avait besoin de repères, peut-être même de cette aide qu'il lui proposait, même s'il n'avait pas spécifié laquelle exactement. Un soldat coincé loin du champ de bataille pouvait dépérir rapidement, privé de la présence de ses semblables et condamné à regarder passer le temps au lieu de combattre l'épée à la main. Enfant on lui avait même raconté qu'un démon pouvait en mourir et, même s'il doutait que cela soit véridique, l'idée de tomber dans une telle déchéance lui était insupportable, autant pour lui que pour un autre soldat, fut-il pour l'instant un parfait inconnu. Et si on aurait pu croire qu'il manquait de prudence en agissant de la sorte, le fait était qu'il se fiait à son instinct et ce dernier lui soufflait qu'il y avait là une opportunité à saisir, une chance de forger un futur subalterne, peut-être même un potentiel allié qui se montrerait digne de son investissement. Qui ne tentait rien n'obtenait rien, aussi Asen avait-il choisi de tenter sa chance avec le jeune démon et advienne que pourra.

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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptySam 21 Mar - 22:05

No LimitsAsen RAUM et Alec HAMILTON



Ah, tiens ? Il courrait ? Nooon? C’est vrai ?

Vu son accoutrement, jamais Alec n’aurait pu s’en douter... Le sarcasme résonna néanmoins dans l’oreille du blondinet qui étouffa un rire naissant. Le grand dadet n’était finalement peut-être pas aussi psycho-rigide que ce qu’il avait pensé. Et dans l’incroyable continuité de ce progrès, le suédois put voir s’allumer dans les yeux du militaire un brin d’intérêt. Vite refoulé par le masque qui lui gommait les traits. Le jeune démon ne put ainsi pas apercevoir les interrogations qui le titillaient. A défaut, Alec se demanda d’un air inquisiteur si l’être qu’il observait était capable de jovialité ? Où s’il était condamné à jamais dans cette attitude si austère, à regarder son monde d’en haut ? Du fait de la pointe d’humour qui avait percé, il se doutait que l’autre puisse parfois s’avérer moins exigeant vis-à-vis de ce qu’il renvoyait. Mais de prime abord, cela devait être bien rare…

Au moment où il le questionna, le jeune démon fut ravi de constater qu’il avait éveillé l’intérêt du Farfar. Il fut d’ailleurs galvanisé par l’attention qu’on lui portait, au point d’en desserrer les poings. Petit à petit, l’autre perdait de son allure d’ennemi. La lueur d’espoir qui avait jailli un peu plus tôt venait de flamber, léchant le cœur du démon pour venir le réchauffer. Le sang qui pulsa dans ses organes avait perdu de sa froideur, les époussetant petit à petit de la torpeur qui les avait depuis le temps bien ankylosés.

Depuis combien de temps croupissait-il ici ? 4 mois et demi environ. Les termes employés par le grand être aux yeux gris étaient d’ailleurs forts, emplis de sens. « Croupir ». S’il n’était pas forcé de comprendre ce qu’Alec ressentait, il avait du moins essayé, plaçant avec des mots ce qui n’avaient été que poignants ressentis. La commissure gauche du démon se souleva en un rictus ravagé. Pour la première fois, les yeux du blondinet fuirent ceux de son interlocuteur pour se perdre dans les pavés. Après la chaleur revenait la douche froide, enveloppée de son manteau de honte. Les paroles du Farfar écorchèrent l’estime qu’il se faisait de lui mais il n’eut pas la force de riposter avec acerbité. Le semblable d’Aym venait de toucher juste. La solitude l’avait rongé, désossant l’écorce rigoureuse et rangée qu’Alec avait pu arborer en arrivant à Damned Town. Décharné, seule la sève continuait de couler. Depuis Attila, le blondinet s’était contenté de courir de temps à autre, traquant sommairement le gibier pour passer le temps. Il avait fui le gymnase autant qu’il le pouvait, évitant comme la peste la sainte-nitouche qui en avait fait son repère.

Depuis, son teint s’était légèrement terni, ses muscles rabougris, sa volonté s’était vue amoindrie. Soupirant pour laisser échapper un lot de frustration, le soldat finit par revenir à son point de départ : les yeux du jogger. Croisant les bras en miroir, et soutenant tout le jugement que celui-ci pouvait lui apposer, il répondit froidement.

« 4 Mois et 10 Jours. »

Son fort intérieur ne chercha pas à se rebeller, ni à dissimuler une triste vérité. En revanche, une pointe de reproche, non adressée au Lieutenant en lui-même, mais plus au système s’échappa durement.

« Je vous ai attendu longtemps, mon Commandant. »

Ne s’attardant pas sur cette sombre répétition, il enchaîna directement, répondant par pur mécanisme.

« Non, je n’ai pas besoin d’aide. J’ai besoin des ordres que je suis venu chercher. »

De nouveau, ses traits se modifièrent, non pas par méfiance ou simple méchanceté, mais pour exprimer toute la détermination qui pouvait l’habiter. La personne qui se tenait devant lui représentait l’un des premiers espoirs qu’il rencontrait, qui lui permettrait potentiellement de faire quelque chose de sa vie à Damned Town. Des occupatios, il pouvait en trouver à la pelleté. Mais sa chance était aujourd’hui de trouver un précieux trophée : du sens.

Malgré ce mécène qu’il n’attendait plus, et qui survenait de manière incongrue, la prudence restait mère de sûreté. Même s’il ressentait une extrême jouissance à l’idée d’être repêché, par un système qu’il pensait l’avoir totalement abandonné, la partie était loin d’être gagnée. Le suédois ne connaissait rien des intentions qui se dissimulaient derrière la solide carapace. L’autre n’avait rien voulu laisser passer. Qui était-il ? Pourquoi était-il là ? Et quel grade possédait-il ? Dans le ton que l’être grisonnant avait employé perforait l’assurance d’un supérieur qui avait l’habitude de diriger.  N’ayant nullement envie de lui manquer de respect, le suédois n’avait pas ponctué ses dires d’un quelconque signe distinctif, se contentant d'une vague dénomination de peur de se tromper. Le grade de l’inconnu lui était par définition… inconnu. L’égo de la hiérarchie étant parfois capricieux, mieux valait attendre que les directives découlent d’elle-même, avec simplicité. Prendre les devant n’était jamais sans risque, et il était préférable, avant de se lancer, de s’assurer de bien être sur la même longueur d’onde que les dirigeants des cargaisons.  

S’adossant, cette fois-ci volontairement au mur, les yeux azurés du blondinet papillonnèrent pour chasser tout ce qui avait jusque là pu les animer. Faisant table rase de l’animosité, la curiosité ou encore l’espérance qui l’avait vivifié, il imposa le calme à son esprit, et prit une attitude neutre, lui aussi. De ces personnalités qui n’aimaient guère les haussements de ton, ripostant du tac au tac dès que le ton montait, il ne ressentait ici pas le besoin de se montrer comme tel. Il ne se sentait plus menacé. Contre toute attente, il se jugeait même plutôt bien accueilli compte tenu de la manière dont leur rencontre avait commencé. Le calme olympien du Farfar en était le plus grand responsable. Objectivant des vérités dissimulées, qui blessaient, ses derniers mots n’avaient néanmoins pas cherché à le rabaisser. Au contraire, sous ses airs de commandant, Alec discerna en sa voix un puissant sens de la solidarité. Cette pédagogie fonctionna pleinement, et le démon reconnaissant le lui montra en se dévoilant sommairement:

« Le meilleur moyen de m’aider serait de me sortir d’ici. Supposons que vous soyez effectivement une nouvelle petite tête. Vous vous rendrez rapidement compte que si rien ne vient égayer votre quotidien, alors ici vous n’êtes rien.  Le Tartare me manque terriblement en comparaison de ce trou. Mais j’ai reçu des ordres: venir ici et attendre les suivants. Alors même si je manque de souffle comme vous n’avez pas manqué de le constater: je n’y dérogerai pas. Nous appartenons à ce que l’humanité considère de pire au monde. Des meurtriers, des traîtres, des saletés. Mais mes frères d’armes ne m’ont jamais abandonné. Ce ne sont pas des valeurs que nous prônons.  J’ignore si vous percevez vos missions de la même façon, libre à vous. »

Sans ciller, il continua de fixer son interlocuteur. Peu importe à quelle armée ce dernier appartenait. Peu importe de qui il recevait ses ordres. Tout démon possédait en commun ce point particulier : la lutte contre ceux qui tentaient de les brider.

« Je suis le soldat Hamilton, 4ème légion du Souverain Abigor. Ce titre fait peut-être de moi l’un de vos ennemis au sein des limbes. Mais ici, je ne suis en guerre contre personne hormis moi-même et la couronne immaculée. »

Une pointe de suspens s’infiltra au creux de ses poumons. Il était temps de comprendre pour qui cet énergumène bien conservé travaillait. Savoir s’il devait s’en méfier ou l’accueillir comme il se devait.




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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyDim 22 Mar - 19:32

Quatre mois et dix jours. Quatre mois et dix jours avec visiblement une perte de repères et des ordres qui n'avaient pas été reçus ? Étrange, le Roi était pourtant du genre à cadrer les choses même s'il exigeait de ses soldats une certaine autonomie, une capacité à s'adapter sur le champ de bataille... encore eut-il fallu que l'on comprenne toute la portée de celui-ci. Damned Town n'avait rien de comparable avec tous les autres champs de bataille que Asen avait jamais connu en plus d'un siècle de combats, et à voir le jeune démon qui lui faisait face, il commençait à saisir vaguement le pourquoi du comment de son état, tout du moins le supposait-il en tout cas. Le Dendrobate retint un sourire qui ne fit qu'étirer brièvement le coin de ses lèvres lorsque son vis-à-vis lui attribua le grade de Commandant, mais ne le corrigea pas cependant, laissant à plus tard le soin de lui donner des informations à son sujet si jamais cela s'avérait sans risque. Le militaire constata que l'expression du jeune démon se faisait plus grave, plus concentré, plus... déterminé. Hochant légèrement la tête à cette plaisante pensée -qui avait-il de mieux que de voir un soldat reprendre du poil de la bête ?- il le regarda s'adosser au mur sans bouger de sa propre position, continuant de le détailler, arborant un air plus sombre en l'entendant se montrer plus généreux en détails.

« Le meilleur moyen de m’aider serait de me sortir d’ici. Supposons que vous soyez effectivement une nouvelle petite tête. Vous vous rendrez rapidement compte que si rien ne vient égayer votre quotidien, alors ici vous n’êtes rien. Le Tartare me manque terriblement en comparaison de ce trou. Mais j’ai reçu des ordres: venir ici et attendre les suivants. Alors même si je manque de souffle comme vous n’avez pas manqué de le constater: je n’y dérogerai pas. Nous appartenons à ce que l’humanité considère de pire au monde. Des meurtriers, des traîtres, des saletés. Mais mes frères d’armes ne m’ont jamais abandonné. Ce ne sont pas des valeurs que nous prônons. J’ignore si vous percevez vos missions de la même façon, libre à vous. »

- Là d'où je viens, on abandonne personne, et on ne le laisse pas non plus croupir quatre mois et dix jours sans ordre comme si on l'avait oublié, comme s'il ne valait rien.

Il y avait dans sa voix une froide colère naissante, quoique parfaitement maîtrisée, qui trahissait clairement le fond de sa pensée. Si jamais ce soldat avait été oublié par l'un de ses supérieurs resté au Tartare et qu'il appartenait à leur armée, Asen allait prendre un plaisir sadique à lui faire payer cet abandon d'un de leurs éléments. Bien sûr le blondinet avait l'air d'avoir encore beaucoup à apprendre, bien sûr il était évident qu'il devait avoir un caractère impulsif et probablement porté sur l'insubordination, mais rien ne pouvait excuser le fait de "perdre" l'un des leurs en pleine zone de conflits, surtout avec des anges qui traînaient dans le coin, eux qui ne manquaient jamais une occasion de tuer un démon. L'inverse cela dit était vrai, mais chaque camp avait ses raisons et là n'était pas le sujet de cette discussion. Et alors même que le Dendrobate s'apprêtait à reprendre la parole pour demander le nom du supérieur direct du jeune démon, celui-ci le coiffa au poteau en révélant sans plus d'hésitation son nom, son grade et son corps d'armée... ainsi que son allégeance.

« Je suis le soldat Hamilton, 4ème légion du Souverain Abigor. Ce titre fait peut-être de moi l’un de vos ennemis au sein des limbes. Mais ici, je ne suis en guerre contre personne hormis moi-même et la couronne immaculée. »

Une chance qu'il ait apporté cette précision, une bonne chose même en vérité, car cela venait tout juste de lui éviter un écueil qui aurait pu les précipiter dans une situation plus conflictuelle. Ainsi au lieu de se fermer, le Lieutenant se contenta-t-il de plisser ses yeux gris, portant sur le jeune Hamilton un regard inquisiteur, le scrutant à nouveau durant plusieurs longues secondes, son aura se déployant lentement pour s'approcher du démon. Nulle agressivité cependant, ce fut comme le souffle glacé de l'hiver, une bise qui vient soulever les petits cheveux sur votre nuque, faire frémir votre dos et refroidir vos joues. Nombreux étaient ceux qui préféraient une incarnation plus caractéristique de leur race, un animal plus ou moins menaçant, des flammes dansantes, des armes même... Mais l'aura de Asen fut comme un vent curieux qui effleura son vis-à-vis, jaugeant on ne savait quoi avant de s'en retourner rapidement à l'abri dans l'enceinte du corps du démon qui décroisa finalement les bras. Sa décision était prise.

- Tous les démons s'uniront un jour sous une seule et même bannière, mais ce n'est pas le motif de notre présence ici. Notre devoir, le tien comme le mien, c'est de lutter contre les anges, de faire pencher la balance en notre faveur et de protéger les Enfers.

Le Dendrobate s'avança de deux pas, s'arrêtant pour laisser suffisamment d'espace au jeune démon pour qu'il puisse s'écarter du mur s'il en ressentait le besoin, et même faire un bon pas également. Il n'était plus question d'intimidation ni d'avertissement, mais de franchise entre deux combattants au milieu d'un champ de bataille.

- Nous ne sommes pas de la même armée, mais aucun soldat ne devrait rester ainsi à croupir en attendant des ordres qui ne viendront peut-être jamais. Concernant ce point je ne peux rien faire pour toi, mais pour ce qui à trait à ta condition physique, je peux au moins t'aider à retrouver un rythme plus régulier.

Et pas qu'un peu. A bien y penser, il ne serait pas contre le former comme il convient, à la dure, à lui apprendre certaines choses qui pourraient lui permettre de survivre s'il devait affronter un ange aguerri au combat... cependant il est encore trop tôt pour savoir si Hamilton ne sera pas tenté tôt ou tard de retourner son apprentissage contre son professeur. Il s'agissait pour l'instant d'une main tendue, à tort ou à raison, seul l'avenir le dira, mais Asen ne pouvait se résoudre à laisser le blond dépérir plus qu'il ne le faisait déjà, pas tant que cela n'allait pas à l'encontre de ses ordres. La décision était à présent entre les mains du soldat.

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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyDim 29 Mar - 15:49

No LimitsAsen RAUM et Alec HAMILTON



Les yeux du démon flambèrent lorsque le vieillard asséna ses douloureuses paroles, lacérant son égo. Ce coup porté fut trop rapide pour que la sève ne se mette à couler, mais suffisamment incisif pour le sentir passer. Le dos du suédois se voûta en réaction, ses muscles se tendirent, vile impression d’un félin prêt à bondir. Pourtant, il ne bougea pas, se contentant de darder ses pupilles rétractées sur le légionnaire. Comme s’il ne valait rien…. L’air dédaigneux que Dragon avait posé sur sa personne lui revint en pleine face, éventrant un peu plus sa chair déjà blessée. La hiérarchie de Damned Town n’était décidément pas tendre, voire très insultante.

°Mais que savent-ils de toi? Pourquoi ces enfoirés se permettent-ils toujours d’apposer un jugement sur ce que tu es, ou transparaît?°

Les mains du démon se crispèrent dans les poches de son short, et une étincelle plus mauvaise éclata soudainement au creux de ses yeux. Le monde militaire était impitoyable, les termes employés acides à souhait pour parvenir à en faire rugir le plus discret des rats d’opéra. Depuis 4 mois, le démon avait été radié de cet univers-là, sans en entendre la moindre anecdote. Dans cette ville, bien que perdu parmi la foule, les autres habitants l’avaient considéré comme un Homme. Cette entité pleine de défauts et d’attraits qui était sujette à échanges et discussions. Et subitement, on venait le repêcher, réduisant à nouveau son être à cette simple enveloppe corporelle que la génétique et l’environnement lui avaient confié. Au sein de la cargaison, l’identité ne faisait pas le poids, la résistance primant sur l’intelligence. Le retour aux sources, la différence de considération étaient éprouvants et il fallait toujours un petit temps d’adaptation. Son attention se détourna d’Asen pour venir se poser sur lui. Sans avoir besoin de s’observer, il connaissait ses mollets aptes à le propulser au-delà des buissons ou des corps amoncelés. Ses genoux eux étaient résistants, lui permettant d’avancer à pas comptés, les jambes fléchies, ou bien à se réceptionner sans que le moindre craquement ne témoigne de leur fragilité. Le reste de ses cuisses, ischio-jambiers et quadriceps, suivaient sans effort la cadence, lui permettant de courir et de réagir à point nommé. Et puisqu’elles n’étaient rien sans une sangle abdominale solidement travaillée, celle-ci leur transmettait avec fidélité la dynamique que ses bras apportaient, prêts à soulever les obstacles pour les renverser. Chose qui pouvait paraître insensée à ces benêts, sur ses épaules aux deltoïdes marqués, s’ancrait une tête qu’il avait appris à utiliser… Ce lot de matière grise qui le torturait de vilaines pensées n’était pas juste là pour le pourrir. Elle témoignait d’un besoin de se défouler, à l’instar de sa moitié physique. Mû par ce besoin de conserver sa dignité, le démon repoussa au plus loin de son être ces propos dénigrants, en se réaffirmant.

°Tu n’es peut-être pas le nouveau prix Nobel du siècle, mais tu es loin d’être bécassot. Tu n’es peut-être pas champion toute catégorie de penthatlon, mais tu te débrouilles. Bien mieux que la plupart des âmes ici.°


Un sourire rassuré ponctua la petite séance d’auto-persuasion, signant la fin de la prise de recul que le démon s’était imposée. En son for intérieur se suturaient pas à pas les pans de son estime de soi. A l’inverse de ce qu’on le laissait penser, il avait de la valeur. Et il emmerdait tous ceux qui pensaient le contraire. Une moue de défi imprimée sur le visage, les lèvres pincées, il gonfla sa poitrine pour se ragaillardir en même temps qu’il inspirait, heureux d’avoir attisé un peu de colère dans les yeux du joggeur qui le toisait.

Impulsif me disiez vous ? Pas le moins du monde…. Sinon, il n’aurait pas pris le temps de considérer cette fin de phrase : Comme s’il ne valait rien … Attends, le quoi? « Comme » ? Redescendant de son petit nuage, il focalisa sa réflexion sur ce petit comparatif dont toute la symbolique était momentanément passée à la trappe. Esquissant un sourire incertain, il dut reprendre les dires formulés pour les aborder selon un tout autre point de vue. Rembobinant la cassette, il finit par en venir à la conclusion certaine que l’autre était un malin. Impossible d’affirmer radicalement que cet opinion était le sien : il pouvait tout aussi bien être le fruit de ce que sa faction pensait. Sur ce point, Alec savait pertinemment qu’il n’en était rien, auquel quoi ce n’est pas lui qui aurait été envoyé préparer leur venue à Damned Town. Ils auraient placé sur le dossier quelqu’un de plus compétent. Or, c’est lui qui avait échangé avec Benjamin et qui s’était adressé à Luke. Pas un autre.

Maintenant que le doute était instillé, la question se posait : De quel camp était véritablement ce prédateur ? De ceux qui lui laissaient une chance, ou de ceux qui le condamnaient en l’enfermant ? Pouvait-il l’étiqueter en un simple échange, du fait d’un simple bout de phrase… ? Sur le moment, le blondinet ne pût trancher et pourtant, le comparatif parlait en la faveur du supérieur. Traqueur en son fort intérieur, le blondinet demeura suffisamment méfiant pour arborer avec distanciation l’aigreur naissante de son interlocuteur. La froideur qui se dégageait de son expression était indéniable. Mais contre quoi, ou contre qui s’exprimait-elle? Contre lui qui était resté, à tort, en retrait ? Ou contre les siens qui l’avaient laissé sans nouvelle ?

Ces incertitudes placèrent le démon dans un état d’objectivité, le poussant à clarifier cette situation qui pouvait dévier à tout moment, se détachant des intentions pour virer à de médiocres interprétations. Le suédois put détailler d’un air nouveau, ce « commandant » qui plissait les yeux d’un air concentré. Le regard appliqué que cela donnait vint se poser sur le minois du jeune démon, le gardant en joue pendant que son aura se déployait. Pour la première fois, le blondinet eu le loisir d’apprivoiser cette caractéristique si propre à chacun, constatant avec étonnement la forme disproportionnée que celle-ci prenait. Il ne vit rien, ne put caractériser son impression plus précisément que par cette notion instable de vide. Présents dans une ruelle à peine éclairée, il était vrai, les seuls rayons qui les avaient jusqu’ici réchauffés, disparurent peu à peu, centimètre après centimètres. L’aura givrée les avala tour à tour jusqu’à pouvoir venir se frotter à la peau du jeune démon. Un frisson prit le départ de sa nuque, descendit jusqu’au creux de ses reins, avant de s’évanouir aussi soudainement qu’il était survenu. Contre toute attente, après cette arrivée de grand froid, le blondinet se détendit, rassuré. A nouveau, son attitude hostile fut troquée contre celle d’un personnage tout bonnement aux aguêts. L’aura ne mentait jamais, et en celle de l’être démoniaque, il n’avait ressenti aucune animosité. Elle était habitée, au contraire, d’une immense curiosité qui avait du mal à entièrement se cacher sous le masque d’impassibilité que son propriétaire s’imposait. Au moment où elle disparut, le jogger croisa les bras avant de prendre à son tour la parole.

- Tous les démons s'uniront un jour sous une seule et même bannière, mais ce n'est pas le motif de notre présence ici. Notre devoir, le tien comme le mien, c'est de lutter contre les anges, de faire pencher la balance en notre faveur et de protéger les Enfers. Nous ne sommes pas de la même armée, mais aucun soldat ne devrait rester ainsi à croupir en attendant des ordres qui ne viendront peut-être jamais. Concernant ce point je ne peux rien faire pour toi, mais pour ce qui à trait à ta condition physique, je peux au moins t'aider à retrouver un rythme plus régulier.

Au travers de ces dires, le légionnaire concédait l’objectif principal que leur race divine avait ici à Damned Town. Arquant un sourcil, subjugué par le fait qu’un de ses paires revêtisse enfin un trait de sagesse, Alec le laissa s’approcher, le considérant avec intérêt. Il était le premier vrai démon qu’il croisait, prêt à mettre de côté les querelles destinées à rester sous surface. Et rien que pour cet attrait, il plaça en lui un immense respect.

Après cette écoute attentive, cette reconsidération de l’affront, le suédois percevait finalement en cet homme quelqu’un de choix pour poursuivre sa formation, tant politique que physique. Ce corps maniable et cet esprit débridé, un brin altérés avait bien besoin d’être dépoussiérés. Le jeune démon pensa, non sans légèreté, à cet air attristé qu’il avait eu précédemment, découvrant la maigre couche de gras qui s’était installée en sous-cutané, profitant de son instabilité émotionnelle pour établir son perfide petit campement. Il était temps de la déloger, et de retrouver cette condition dont il avait été si fier par le passé. Ressortir trinquer, profiter des saveurs d’une vie embellie par les seuls éléments qui lui faisaient défaut : un but, et de la compagnie.

A un bon mètre de distance, Alec observait silencieusement Mais un lumineux sourire ne tarda pas à venir étirer ses commissures. Conscient que de telle manière n’aurait pas trouvé écho chez l’être démoniaque, il effaça l’idée de lui tendre la main d’un air tactique.  Au lieu de quoi, il se fendit d’un bref salut militaire avant de poursuivre :

« Ce serait un honneur que de pouvoir me former à vos côtés. »

Scrutant les traits de l’être grisonnant à la recherche d’une réaction, il continua :

« Si cela peut vous intéresser, je connais une partie de la forêt, bien évidemment hors de la ville, qui pourrait être un parfait endroit. Coin isolé, associant bon nombre de terrains différents, il est parfait pour ne pas éveiller les soupçons. »

Conscient que cette proposition pouvait être mal interprétée, il s’empressa de préciser, le regard grave.

« Ceci n’est en aucun cas un traquenard. Je ne cherche pas à vous isoler pour vous neutraliser, soyez en assurés. Je juge l’endroit parfait pour s’entraîner en toute discrétion, que cela soit avec ma personne ou bien d’autres pairs que vous auriez pu croiser. Il permet de brailler sans craindre de se faire harponner par ces humains gavés de ‘courtoisie’. Mais il présente aussi l’avantage de pouvoir parler librement, sans risquer d’être écouté par un petit ange égaré. Hors de la ville, les polluants sonores et sensitifs diminuent considérablement, ce qui permet une vigilance accrue. A vous d’en décider. »

Baissant les yeux, peu envieux d’observer le fond des rétines du démon pendant encore de longues minutes, il se tut, tournant la tête vers la gauche.

« Et… Je m’excuse pour cette interruption forcée lors de votre entraînement matinal. »




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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyDim 7 Juin - 9:16

La méfiance était une caractéristique essentielle de la survie, aussi lorsque le jeune démon qui lui faisait face sembla réfléchir profondément aux premières paroles qu'il lui avait asséné, Asen se dit qu'il possédait suffisamment de jugeote pour ne pas laisser ses émotions le dominer totalement, ce qui était un point des plus positifs. Jeune, athlétique malgré les quatre mois passés à guetter des ordres, il possédait l'énergie de la jeunesse sans pour autant laisser son impulsivité le définir totalement. Bien, très bien même. Voilà ce qui attisa la curiosité du Dendrobate, voilà ce qui le poussa à le prendre sous son aile : voir de quel acier il était fait, de quoi il était capable et ce qui ressortirait d'un entraînement digne de ce nom sur la durée. Ainsi le recruta-t-il, en quelque sorte, et le démon eut la satisfaction de le voir effectuer un salut impeccable, quoique bref, y répondant d'un signe de tête approbateur, d'autant plus qu'il évoquait un endroit qui, vu la description, serait effectivement des plus utiles. La mention d'un traquenard fit naître un léger sourire amusé sur les lèvres de Asen qui laissa le jeune démon se défendre d'une quelconque tentative de trahison et lui expliquer en long, en large et en travers, pourquoi cet endroit serait le plus approprié pour s'entraîner selon lui. Bras de nouveau croisés, le Dendrobate ne l'interrompit pas, semblant capable de l'écouter parler longuement sans perdre son calme apparemment à toute épreuve, jusqu'à-ce que finalement le flot ne se tarisse, que le regard ne se détourne du sien alors que sa bouche laissait échapper une simple excuse. Le respect était instauré, partagé également, les bases étaient donc posées.

- Ne détourne jamais les yeux, Hamilton, pas à moins que moi ou un de mes supérieurs ne te l'ordonne, d'une façon ou d'une autre. Tu es un soldat des Enfers, sois-en fier.

Était-ce d'être resté ainsi durant trop longtemps loin des siens sans ordre ? D'avoir côtoyé les humains durant trop longtemps ? Peut-être l'influence d'un ange qui traînerait dans les parages... à moins que ce ne soit cette apparente jeunesse, ce manque d'expérience qui ne lui avait ainsi pas permis de se trouver véritablement lui-même, de comprendre qui il était et ce qu'il désirait vraiment, au plus profond de lui-même.

- Ne t'inquiète pas pour l'entraînement, il fut bien plus intéressant de te faire courir à différents rythmes que de suivre le mien, cela m'a permit de commencer à t'évaluer.

Décroisant les bras, il inspira profondément en se redressant, jetant un regard en direction de la rue baignée de soleil qui commençait doucement à laisser entendre les premiers sons caractéristiques d'une ville qui s'éveille.

- Et puisqu'à présent il est trop tard pour continuer, je te propose d'aller découvrir cet endroit dont tu parles, que je puisse l'évaluer et m'assurer de sa discrétion à toute épreuve.

Asen reporta son attention sur le blond, un sombre sourire satisfait prenant place sur ses traits, le rendant plus inquiétant, trahissant sa détermination à ne pas perdre de temps.

- Et c'est "Lieutenant", pas "Commandant", mais en pleine rue tu pourras m'appeler Raum, Hamilton, ce sera plus discret face aux mortels.

Reportant son attention sur le concerné, il recula de deux pas, lui faisant un signe de tête pour qu'il le suive tandis qu'il quittait l'abri des ombres pour plonger en pleine lumière matinale, plissant les yeux avant de lever la tête vers le ciel clair qui promettait une belle journée ensoleillée. Humant l'air, il reprit cette expression grave et concentrée qui semblait le caractériser, commençant à faire quelques pas avant de jeter un regard en arrière vers le blond, s'assurant qu'il soit prêt à le suivre.

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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyLun 8 Juin - 21:52

No LimitsAsen RAUM et Alec HAMILTON



- Ne détourne jamais les yeux, Hamilton, pas à moins que moi ou un de mes supérieurs ne te l'ordonne, d'une façon ou d'une autre. Tu es un soldat des Enfers, sois-en fier.

Le même ton d’injonction. Le démon qui lui parlait s’exprimait à la manière d’un métronome parfaitement calibré : La hauteur de ses paroles n’avait pas cillé, son expression ne s’était pas modifiée. Ses paroles en revanche s’étaient délestées de leur lot d’agressivité pour se dorer de conseils avisés. Et même si la forme était un peu revêche, l’égo du blondinet ne s’en formalisa pas pour autant. Dans les rangs, ce dernier devait se recroqueviller pour ne pas laisser la moindre prise à la susceptibilité. Sage décision car une fois escaladé par cette saleté, l’escarmouche devenait inévitable. S’ensuivait une longue agonie ou le mental ployait petit à petit jusqu’à faire mettre un genou à terre à l’enveloppe corporelle. Prendre avec recul la dureté employée pour communiquer, voilà ce qui était le mieux à faire lorsque votre sang bouillonnait à chaque manifestation hiérarchique. C’est ce que le jeune soldat fit, ne faisant pas même mine de taire un grondement mal avisé. A l’inverse, il reporta les yeux sur son supérieur pour les y planter.

Inutile de manifester son approbation, l’être aux cheveux platine ayant déjà rembrayé sur une proposition qui ne pouvait se refuser : Celle de partir en quête du fameux site dont il venait lui-même de faire la promotion. Dommage, par ailleurs, qu’il ne se soit jamais personnellement lancé dans la moindre étude de commerce.

Alors que Raum – vraisemblablement son nom – se déportait vers l’arrière pour sortir de la ruelle, Hamilton en fit de même, s’avançant pour se porter à la même hauteur que son interlocuteur. L’idée n’étant pas de vainement chercher à établir une relation symétrique dans ce qui était socialement défini comme asymétrique, mais de pouvoir le guider à la simple force de ses mouvements, et non sans cesse en lui explicitant la route à suivre.

« Par ici, Raum. »

Sachant pertinemment maintenant, que le Lieutenant suivait sans mal la cadence, le jeune blondinet partit sans tarder, levant de temps à autres le nez pour s’assurer du chemin emprunté. De là où ils se trouvaient, ils pouvaient s’engager dans une continuité de petites ruelles, pour retomber sur la rue marchande menant aux abords du grand Parc de Damned Town. Celui-ci donnait ensuite sur le lac et la forêt. C’est là que le suédois jeta un coup d’œil sur sa droite, interrogeant le Lieutenant.

« Petites ruelles ou rue marchande ? »

Comme il s’en doutait, mais cela ne justifiait en rien le fait de ne pas demander, son Supérieur préféra emprunter les petites rues. Et c’est d’un pas alerte qu’ils foulèrent les pavés inondés de lumière. La cité n’étant pas immense, ils eurent tôt fait de gagner le mur Nord-Ouest et de s’aventurer le long du parc jusqu’à la sortie de la ville. La quiétude des bois les cueillit aussitôt, les avertissant de son climat plus rafraichi. Bien que le soleil soit parvenu à la fin de son aurore, ils croisèrent peu de monde tant dans l’enceinte de la ville, qu’à son extérieur.

Bifurquant sur un sentier qui indiquait un parcours de santé, le blondinet reprit la parole, explicitant l’itinéraire qu’ils empruntaient. Sous leurs pieds, le dénivelé se fit rapidement sentir indiquant nettement qu’ils étaient en train de prendre de la hauteur.

« En suivant ces symboles fléchés et cerclés de bleus que l’on retrouve sur certains troncs, nous allons finir par parvenir à un ponton légèrement délabré. En bref, inempruntable. Une fois le fossé qu’il franchit passé, nous marcherons en ligne droite encore quelques temps jusqu’à déboucher sur une petite plaine. Ce sera là. »

Se taisant, le démon laissa la tension qui grandissait en lui s’évacuer et prendre ses positions dans tout son corps. Là bas, c’est- lui-même qui serait à découvert avec un être qu’il ne connaissait même pas. L’aperçu qu’il avait eu de son aura lui avait fait très bonne impression, mais n’appartenant originalement pas aux mêmes armées et compte tenu de leur petite altercation matinale, les scénarios envisageaient une probable tournure au vinaigre. Et tout être doué de raison ne pouvait se blâmer de l’envisager. Lui avait certifié n’avoir nulle mauvaise intention, mais le Lieutenant en revanche ne s’était jamais avancé là-dessus. Impossible dès lors de connaître sa position à ce sujet. Sans sourciller extérieurement, le soldat avança d’un pas déterminé. Lorsqu’ils furent aux abords du pont qu’il avait mentionné, Alec fut le premier à s’élancer, descendant de quelque peu le fossé avant de bondir vers le bord opposé. Les hautes herbes vinrent accueillir sa ceinture et il continua sa route jusqu’à regagner un coin de sentier moins envahi par la végétation. Au-dessus d’eux, un corbeau lâcha son croassement, vil avertissement quant à la direction qu’ils empruntaient.

Conformément à ce qu’il avait dit, ils marchèrent encore une très brève dizaine de minutes avant de pouvoir s’étaler sous leur yeux une petite friche de verdure tantôt sableuse, tantôt plus végétale, cerclée de pins, de bouleaux et de sapins. Ouvrant les bras en souriant, le suédois ponctua leur petit périple matinal.

« Nous y voilà. Ce n’est pas le grand luxe, vous en concéderez mais au vu du cadre alentours.. cela peut s’avérer utile. »

Pivotant de quelques degrés en direction du Lieutenant Raum, le démon poursuivi.

« Qu’en pensez-vous ? »




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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyMer 24 Juin - 11:03

Le lien était tissé, fébrile et encore fragile, mais déjà vibrant d'une volonté de revenir à la vie, de retrouver cette sensation d'appartenance et, surtout, d'être considéré comme un soldat et non comme un déchet inutile bon à finir oublié au fond d'une ville quelconque. En se retournant, Asen vit le jeune démon venir se porter à sa hauteur, le laissant faire sans chercher à imposer un quelconque ordre de passage alors qu'ils étaient censés avancer de concert. D'un pas qui ne tarda pas à se faire en mesure, trahissant ainsi la discipline militaire des deux hommes, ils arpentèrent les petites rues de la cité sous la direction d'un Alec qui semblait retrouver rapidement ses réflexes et l'attitude qui allait avec. Silencieux, se contentant de hochements de tête approbateurs, le Dendrobate le suivit jusqu'au mur Nord-Ouest de la ville, avisant celui-ci d'un regard grave avant de longer le parc jusqu'à l'extérieur de Damned Town. Le calme qui régnait à cette heure, fut-elle matinale, donnait à réfléchir au Lieutenant qui y voyait là un des nombreux éléments pouvant jouer dans la perte d'agressivité des démons comme des humains. Comment vouliez-vous éprouver la moindre volonté combative quand tout ce qui vous entourait n'inspirait que paix et quiétude ? Quand la vie semblait rythmée par les saisons et une nature luxuriante, l'invitation à se tenir tranquille devait être très forte. L'entrée dans les bois fut un appel à l'introspection et Asen plissa les yeux en percevant les multiples bruits discrets qui les entouraient. Alec pour sa part semblait parfaitement à son aise, dispensant les explications concernant les différents marquages qu'ils pouvaient apercevoir ici et là.

- Ces bois sont ton domaine.

Constata sommairement le Lieutenant, quoique avec une réflexion profonde. Le jeune démon était ici comme un poisson dans l'eau et, bien qu'il doive certainement songer tout comme lui aux multiples cas de figure qui pourraient se présenter -comme le fait qu'il s'agisse d'un piège destiné à l'éliminer- le fait était qu'il ne montrait nul signe de crainte à son intention. Le pont délabré ne tarda pas à se faire voir et le Dendrobate laissa son cadet passer en premier, observant avec attention sa façon de procéder autant qu'il évaluait cette partie de ses capacités. Ce fut sans difficulté qu'il s'élança à son tour, le rejoignant de l'autre côté avant de reprendre leur marche dans un silence qui, contrairement à ce qu'on aurait pu croire, n'était ni lourd ni étouffant. La fin du chemin entre les arbres fut des plus rapides, chacun étant absorbé par ses propres pensées, jusqu'à-ce qu'enfin une étrange petite clairière ne se révèle à eux. Cerclée d'arbres de différentes espèces, l'on avait l'impression en y entrant que l'endroit était hors du temps et loin de toute chose, comme s'ils avaient passé un portail sans s'en rendre compte, se retrouvant dans un lieu secret connu d'une poignée d'élus.

« Nous y voilà. Ce n’est pas le grand luxe, vous en concéderez mais au vu du cadre alentours.. cela peut s’avérer utile. »

Asen hocha la tête, son regard finissant de parcourir les alentours immédiats avant de reporter son attention sur le jeune démon.

« Qu’en pensez-vous ? »

Un sombre sourire satisfait étira ses lèvres et il s'avança vers lui d'un pas mesuré, l'air assuré et visiblement ravi.

- J'en pense que cet endroit est parfait.

Son aura, sagement dissimulée, contenue à l'intérieur de lui, émit une brève vibration, comme un vent frappant contre une porte lors d'un appel d'air, la faisant brièvement trembler sur ses gonds. Cela ne dura qu'une seconde, mais le sourire du Lieutenant trahissait à cet instant sa nature démoniaque qui pouvait se révéler davantage, quoiqu'il prit soin de conserver son contrôle. S'arrêtant à deux pas d'Alec, le dominant de sa hauteur, il darda sur lui ses yeux de glace avant de hocher la tête, approbateur.

- Je te propose une première leçon dès maintenant. Nous sommes suffisamment échauffés avec cette marche, autant battre le fer tant qu'il est encore chaud.

Il sembla réfléchir rapidement, puis ajouta presque immédiatement.

- Je dois cependant te prévenir. Si tu acceptes de t'entraîner sous mes ordres, tu ne pourras plus revenir en arrière et je serais sans pitié. Si jamais tu cries grâce, tu endureras le double jusqu'à-ce que tu tiennes debout ou que tu perdes conscience. Il est encore temps pour toi de refuser.

Le Dendrobate fixait Alec avec un regard semblable à celui de la glace sous laquelle bouillonnerait du magma en fusion, un silence trompeur, un froid mordant qui pouvait vous engloutir et vous consumer jusqu'aux os. Immobile face à lui, le soldat blond devait certainement se douter de ce qui l'attendait, mais il ignorait probablement ce que lui réservait en détails le Lieutenant. Pourquoi d'ailleurs ce dernier devrait-il aider celui qui appartenait à un autre camp, fut-il démoniaque ? Il y avait fort à parier qu'il devra en répondre devant qui de droit, mais le dernier né de la famille Raum voyait le potentiel sous l'impulsivité, l'énergie sous le manque de rigueur, la volonté de renaître derrière l'envie de se rapprocher d'un semblable. On ne laisse personne derrière, lui avait-il dit, et à cet instant si Alec acceptait les termes -plus que flous- du contrat, il ne serait probablement plus jamais laissé pour compte. Restait à savoir jusqu'où il était prêt à aller pour appartenir à une unité.

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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyDim 28 Juin - 19:44

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Plusieurs fois, le démon sentit le regard de Raum couler sur son échine. Si ses muscles se tendirent à chaque fois, Alec ne souffla mot, poursuivant sa route sans se laisser intimider. Le reste du temps, son accompagnateur donnait le sentiment d’analyser leur environnement. Hamilton le laissa se familiariser avec les alentours, conscient qu’il fallait un peu de temps pour appréhender la cité. Lui-même ne la connaissait pas encore sur le bout des doigts et bon nombre de ses secrets demeuraient ensevelis sous un tas d’ignorance. Son ignorance. Un jour, tout le potentiel de cette ville serait exploité, le suédois s’en persuada. L’arrivée soudaine d’Asen dans sa vie le lui insufflait.

Une petite voix aux cornes trapues et à la fouche aiguisée vint lui souffler avec pessimisme qu’il se trompait. Ce grand dadet ne représentait qu’une impasse de plus, une déception qui allait le marquer et le fragiliser davantage. Le jeune blondinet chassa ces propos mal avisés d’un battement de cil. Il n’avait que faire de ces probabilités qui risquaient de le maintenir enfermé. A ne rien tenter par la peur, on en finissait par se laisser affaiblir voire dépérir. Poursuivant sa route d’un air plus déterminé, il ne masqua pas le sourire que la remarque de Raum fit naître.

Oui, il était sur son territoire.

Dans un coin de sa mémoire, il fit jaillir à nouveau les souvenirs fructueux de ses longues balades avec son père. C’est lui qui lui avait tout appris, inculquant des bases solides à son fiston. C’était ce même gaillard, qui des années après consolidait le tout en expérimentant, arpentant les bois avec son plus fidèle molosse : le petit Attila.

« Effectivement, il m’arrive de temps à autre de me balader. Aussi étonnamment que cela puisse paraître, cette ville perdue possède des territoires en friches qui mettrait le frisson aux plus grands entrepreneurs. »

Eduqué entre Terre et Enfers, Alec n’avait plus notion des frontières. L’entreprenariat était une notion qu’il connaissait, ignorant si ses pairs en faisaient autant. Sans s’appesantir sur ce point, se doutant que Raum ne montrerait rien quoi qu’il en soit, il poursuivit sa route, profitant à son tour du silence qui retombait. Aussi revigorant que la rosée du matin, ce petit moment de quiétude fit beaucoup de bien au suédois. Il le prépara à ce qui suivit : l’avancée dans la clairière. Le soleil avait bien amorcé son lever et brillait plus ardemment que précédemment. Passer de la couche de protection forestière à ce large terrain baigné de luminosité ne fut pas aisé. Le démon sentit les rayons venir le réchauffer avec intensité, interprétant ceci avec intérêt. Ce fait signifiait qu’il arborait de jolis coups de soleil à la fin de la journée.

Apposant les mains sur ses hanches, dans un fervent signe de réflexion, il balaya l’espace, laissant Asen en faire autant. Cette contemplation se solda finalement, embrayant – cocasse dans une ville sans circulation – sur une proposition qui émoustilla les sens de notre démon. Là, maintenant, tout de suite, Raum proposait un entraînement. Ah non. Une leçon. La différence entre les deux termes était minime, le sens lui s’en voyait complètement différant. Dans le premier, l’égalité était à envisager, dans le second, l’asymétrie de la session affirmait sa domination. En acceptant la leçon, Alec savait qu’il reconnaitrait Raum comme un être supérieur à sa propre condition. Il ne rechignerait pas à mettre de côté ses propres certitudes et méthodes pour devoir se minimiser à celle qu’on lui imposerait. Ayant toujours été quelqu’un de fort peu scolaire, le terme employé le refroidit. L’idée véhiculée en revanche elle, l’enhardit. Ce petit entraînement le dérouillerait, et réveillerait peut-être en lui l’être routinier qu’il avait été. Celui qui se levait avec la ferme motivation de faire de cette journée une occasion de plus de se dépasser.

Hochant la tête, il stoppa son mouvement lorsque la suite tomba tel un couperet. Son regard se fit dès lors plus froid, conscient de l’extrême qui se profilait.

- Je dois cependant te prévenir. Si tu acceptes de t'entraîner sous mes ordres, tu ne pourras plus revenir en arrière et je serais sans pitié. Si jamais tu cries grâce, tu endureras le double jusqu'à-ce que tu tiennes debout ou que tu perdes conscience. Il est encore temps pour toi de refuser.

L’ultimatum était clair et concis. Il n’y avait qu’à parapher ou s’en aller. Le sourire en coin qu’arborait le blondinet ne fit que s’accentuer. Le premier test était caché juste là, testant son mental en venant chatouiller ce que l’on appelait communément la motivation. Peut-être était-il ouvertement aussi en train d’évaluer son degré de crédulité. Trouverait-il absurde, voire totalement imprudent de sa part d’accepter ? En son for intérieur, Hamilton savait qu’il était risqué d’agréer. Initialement dans une autre légion que celle de Raum, cette asymétrie l’exposait à de futures pressions politiques qui le mettrait en danger, ou du moins dans un inconfort certain. Etait-ce cela qui allait l’arrêter ? Il se l’était déjà avancé lors de sa découverte de Casey, mais il ne put que se le réaffirmer :

Tu n'as plus rien à perdre. Personne n’a donc d’emprise sur toi.

Dans son autre hémisphère encéphalique, le suédois poursuivit, se rappelant ces longs mois de solitudes. Etait-il prêt à y replonger, en avançant un argument de fidélité ? Ces quatre mois d’attente sans broncher avait été une preuve infaillible de sa loyauté. Il était en droit de sortir de cette léthargie. Peut-être effectivement, aurait-il du descendre voir ce qui se tramait et creuser à ce sujet au lieu de choisir la passivité. Mais en croisant Raum à cet instant précis, Alec sut qu’il avait fait un choix. Celui de renoncer à son appartenance pour se consacrer à sa propre existence. Etrange n’est-ce pas ? En réfutant cette partie de son attachement, il se libérait de cette dérive solitaire dont il payait les frais pour se concentrer sur une nouvelle forme de lien. Et personne ne se doutait – avant d’avoir expérimenté – que les choix effectués étaient mauvais. Pile ou face, l’expérience le lui dicterait.

Les deux regards d’un azur glacé se heurtèrent sans méchanceté. A l’équanimité de Raum vint se mêler l’intensité d’Hamilton et ce dernier hocha gravement la tête.

« J’accepte ces termes, Raum. »

La tranquillité qui émanait de la voix du jeune démon n’avait rien de surprenant. Cette manière de procéder faisait écho à son apprentissage passé. Il allait souffrir, il allait en pleurer. Haïr mais aussi savourer à chaque instant le fait d’être vivant. Il avait déjà réussi à se surpasser. Il recommencerait. Quoi qu’il en coûte puisque c’est ce qu’on lui avait appris. Sans certitudes, il ancra discrètement ses appuis, enfonçant ses talons dans le sol et bandant ses quadriceps afin de se stabiliser. L’instinct se disait de lui méfier, le tout débuterait très probablement d’une manière impromptue afin de le déstabiliser.

« Je ne connais pas les habitudes que vous possédez, mais je suis tout ouïe. »


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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptySam 25 Juil - 22:53

Il y eut quelques très brèves secondes de réflexion qui ne passèrent pas inaperçues et qu'il ne pu que saluer. Alec avait beau avoir tout d'un jeune démon impulsif et manquant de self control, il était évident qu'il n'était pas un imbécile pour autant et Asen vit très clairement son regard et son attitude changer à l'instant même où il énonça son avertissement d'une voix sans appel. Le danger était là, presque palpable, et le blond semblait comprendre à quoi il s'exposait, quand bien même il n'avait aucune idée de sur qui il était tombé. Il aurait pu croiser d'autres militaires qui n'auraient pas forcément appartenu à la Griffe et qui auraient pu le sortir de son carcan sans l'exposer inutilement à ce qui allait suivre, mais cela n'aurait pas forcément eut suffisamment d'impact pour convaincre le jeune démon de l'importance de ne pas continuer sur la voie de la solitude et de l'attente passive. Ainsi le Dendrobate plissa-t-il les yeux tandis qu'il scrutait avec attention la moindre petite réaction de Alec, l'écoutant accepter les termes sans retenir le sourire cruellement amusé qui étira ses lèvres et fit briller son regard d'une lueur féroce. Le Lieutenant le vit très clairement assurer ses appuis et éprouva un mélange de fierté et d'excitation à l'idée d'être tombé sur un élément prometteur, bien que seule la suite puisse confirmer ou infirmer son intuition première.

« Je ne connais pas les habitudes que vous possédez, mais je suis tout ouïe. »

- Bien, c'est parfait.

A peine finissait-il de dire cela qu'un violent coup vint percuter l'estomac d'Alec, le projetant en arrière sur plusieurs mètres. Debout là où il se trouvait la seconde d'avant, Asen se tenait en position offensive, le poing gauche serré, dardant sur lui un regard glacial où brillait une vive lueur cruelle.

- Première leçon : ne faire confiance à personne, pas même aux tiens.

Il abaissa le poing et se redressa un peu, l'observant se relever avec un air satisfait, s'approchant lentement du jeune démon, le pas mesuré, son regard braqué sur lui comme sur une cible vivante.

- Deuxième leçon : toujours écouter son instinct. Tu as senti venir mon attaque, mais tu n'y as pas suffisamment cru. Tu aurais dû t'écouter davantage.

Le Lieutenant s'arrêta à trois mètres d'Alec, redressant le menton avec un air que l'on aurait pu prendre pour dédaigneux, bien qu'en réalité il s'agisse d'une autre partie de la leçon. Le démon aux cheveux blonds pâles craqua les phalanges de ses mains les unes dans les autres à tour de rôle, le scrutant avec une vive attention, prêt à réagir au moindre signe d'attaque.

- Tu es un bon élément, Hamilton, mais tu as encore beaucoup à apprendre. Je peux t'endurcir, te façonner dans la douleur et le sang, mais toi seul pourra décider de survivre ou non à cette formation. Le reste...

Il haussa légèrement les épaules et son sourire s'étira, ravi et impatient d'échanger les coups avec le jeune démon. Le reste n'avait pas d'importance, d'où la phrase inachevée, car seule comptait la volonté et la détermination à surmonter toutes les épreuves pour parvenir à ses fins. Ceux qui mourraient en chemin ne pouvaient s'en prendre qu'à eux, les autres devaient continuer d'avancer et se frayer une route jusqu'à leur objectif ultime. Alec Hamilton, pour sa part, venait sans le savoir d'être recruté par la Griffe.

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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyDim 2 Aoû - 0:14

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Il s’était préparé à une perfidie de ce genre, bandant tous les muscles stabilisateurs qu’il avait pu recruter. Pourtant, le coup de Raum ne manqua pas de le déstabiliser, lui arrachant une grimace de douleur. Aucun son ne franchit le pas de ses lèvres, à l’inverse de son regard qui se mit à détonner. Les éclairs zébrèrent dans le ciel azuré de ses prunelles et ses mâchoires se serrèrent d’instinct. Son côté carnivore n’était visiblement pas prêt de lâcher le morceau en maintenant une telle occlusion. Et pour cause, Hamilton ne faisait pas partie de ceux qui filaient ventre à terre, en cherchant à épuiser le prédateur qui le poursuivait. Sa perspective s’avérait plutôt être de lutter, tant qu’il persistait cet infime espoir de victoire. Si l’issue s’avérait in fine peu avantageuse…. il était toujours temps de filer. L’important restait de défendre en tout bien tout honneur sa dignité, pas de finir baignant dans son propre sang.  

Le réflexe physiologique de défense entraîna une flexion forcée vers l’avant afin de protéger le plus gros de ses viscères. Mais très vite, le suédois se redressa et recula les épaules pour se faire plus grand – ou moins vulnérable - jugeant la distance avec Raum suffisante. Les pas à émettre pour l’approcher à nouveau lui laissaient suffisamment de temps pour adapter sa position. Jaugeant son adversaire, il écouta d’une oreille ses dires, laissant le reste de son attention venir parcourir l’attitude de son assaillant. Celui-ci revêtait sur ses épaules la populaire tunique de l’impassibilité, s’en drapant sans vergogne. Droit et ancré sur ses talons, il maintenait un port de tête qui en aurait fait blêmir le plus grand des conquérants. Cette apparence paisible se voyait trahie par de petits détails inopinés : un poing gauche serré à en faire craquer les phalanges, un regard à l’expression retorse et des propos en parfaite adéquation avec la position. L’ensemble mit très rapidement le blondinet sur la voix de la raison : Raum était loin d’en avoir terminé. Et il était très convenant que le Lieutenant se soit attaqué à son abdomen. Le suédois en avait dans le ventre et c’est ce qu’il comptait bien lui démontrer. Ses souvenirs d’enfance et l’expérience malencontreuse qu’il en avait tiré l’informèrent minutieusement des ecchymoses qui ne tarderaient pas à venir contraster avec sa peau légèrement halée.

Le vent lui fit parvenir les mots du vétéran et ainsi furent imprimées les deux premières leçons. Ne sachant de quelle épaisseur se complaisait l’ouvrage de ses entraînements, le suédois préféra méditer sur celles qu’il avait déjà sous le nez.

Ne faire confiance à personne

Cette affaire là était déjà rondement menée. Que le farfar soit rassuré, le blondinet n’avait confiance qu’en lui-même et ses projets. Si cette attitude se rapprochait dangereusement de l’égocentrisme, sur son lit de paranoïa, c’était au moins elle qui assurait pour le moment son taux basal de sérénité. En appliquant ce mode de fonctionnement, le blondinet s’ajoutait une dose considérable de sources à vérifier, et de tâches à effectuer. En permanence. Mais ce système avait au moins le mérite d’entraîner priorisation et optimisation, deux choses qui permettait de s’organiser en deux temps trois mouvements.

Mettant en pratique ce temps qu’il avait de dégagé, le démon bondit sur sa gauche, en direction de l’hémicorps droit de Raum. En procédant ainsi, il se rapprocha de sa cible tout en donnant momentanément le change avant de dévier sa trajectoire pour se jeter sur la gauche du Lieutenant, rentabilisant son impulsion et rendant moins efficiente la riposte que le lieutenant avait préparé en maintenant le poing serré du même côté. Profitant de la fraction de seconde économisée en forçant l’hémicorps droit à bouger, Hamilton tenta ce qu’il venait rapidement d’imaginer. Il savait que son confrère riposterait immédiatement, mû par ses sens aux aguêts. Ayant hypothétisé le fait qu’il allait légèrement pivoter pour gagner en amplitude, il avait pensé que le vétéran tenterait de le cueillir par le biais de son membre droit au niveau de la mandibule. Alec jeta donc son bras gauche en la direction de l’avant-bras du soldat et fit glisser sa propre main jusqu’à sentir le coude de Raum et immédiatement y plaquer de l’autre côté sa main opposée, bloquant ainsi le roulis de l’articulation trochléenne. Il profita de son poids propulsé vers l’avant pour instaurer une pression nécessaire à l’immobilisation de l’épaule, son but étant de retourner le membre vers l’arrière et de briser la chaîne de stabilité qu’avait instauré son adversaire.

Toujours écouter son instinct.

L’instinct se cultivait et se développait, s’enrichissant des échecs passés pour mieux se consolider. Ce schéma permettait de s’échapper de bien des batailles mais désavantageait aussi sommairement. Ne connaissant ni les techniques de son adversaire, ni sa capacité à anticiper, il se basait, au fil de l’avancé, sur des probabilités au domaine d’incertitude en constante augmentation. Garder la main permettait certes de conserver un temps d’avance, mais rendait aussi les calculs d’anticipation moins aisés. S’imaginant que Raum riposterait avant d’être totalement handicapé, le suédois prévoyait déjà d’échapper au retour du poing gauche, mais n’estima pas la hauteur suffisamment précisément. Le second coup que ce manque de jugeote entraîna lui arracha un juron de frustration. Ne délaissant pas pour autant sa prise et essayant de limiter la déstabilisation engendrée, il balança le pied droit dans une vaine tentative de balayette, jaugeant la distorsion de Raum suffisamment intéressante pour tenter de le faire basculer en le privant de l’un de ses appuis.

Dans ces gestes ne perdurait que l’instinct pur et dur, brouillé par l’intensité de la sauvagerie instaurée. L’animal en provenance du Nord possédait une technique déterminée mais entachée de grossièretés, bien plus tournée vers l’agressivité que la précision qui aurait pu être attendue d’un soldat de son rang. Cette spécificité faisait sa force, ne manquant jamais de surprendre tous ceux à qui il se mesurait, mais risquait en contrepartie aussi de le piéger, l’enfermant dans une posture dont il ne pouvait pas toujours se tirer eu égard aux méthodes employées. Là, son instinct lui dictait qu’il allait le regretter.

Barfh, un bleu de plus ou de moins…




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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyDim 2 Aoû - 10:59

Une grimace de douleur et un regard chargé d'une hargne visible, voilà quel fut l'expression qu'Alec afficha à l'instant même où il reçu le coup de poing d'Asen. Son corps projeté en arrière ne bascula pas grâce aux réflexes du jeune démon qui parvint à se stabiliser alors que ses pieds raclaient l'herbe et la terre sous lui, freinant ce qui aurait pu être une violente chute sans ce contrôle qu'il avait eu. Bien, bons réflexes, songea le Lieutenant en le voyant se redresser, visiblement déjà prêt à en découdre. Il aimait voir ce genre d'attitude un peu insoumise, cette volonté de combattre, de rendre la monnaie de sa pièce à celui qui venait de lui donner sa première leçon officielle. Et tandis que le vétéran s'avançait vers la nouvelle recrue, énonçant d'une voix forte les leçons de survie les plus essentielles, il nota que son vis-à-vis ne perdait nullement son sang-froid, voyant dans son attitude la volonté de contre-attaquer d'une façon plus intelligente que ce que son impulsivité première aurait pu laisser croire. Les mouvements vers sa droite ne le surprirent pas, tout comme il s'attendait en vérité à une feinte et, bien que le fait de repasser sur la gauche soit une bonne idée en soi -excellente même- elle était également régulièrement utilisée pour déstabiliser son adversaire et Asen ne s'y trompa guère. Ce qui le surprit en revanche, ce fut la rapidité d'exécution, la vivacité que mis Alec à bouger, s'attendant à un coup et non à une tentative de blocage, haussant un sourcil alors que son bras se retrouvait aux trois quarts immobilisé au niveau du coude. Oh, intéressant.

- Trop lent.

Lâcha le Dendrobate d'une voix glaciale avant que son autre poing ne vienne de nouveau frapper son estomac, mais une pression sur ses jambes lui indiqua que son adversaire essayait de le déstabiliser pour le faire tomber et ainsi annuler la différence de taille et de carrure entre eux. C'est qu'il ne manquait ni de ruse ni d'énergie, le sous-estimer serait une erreur fatale dans un vrai combat et Asen décida donc de ne pas le ménager davantage. Armant le poing dans la seconde qui suivit la tentative de déstabilisation, il le fracassa sur la pommette du blond, effectuant dans le même temps un mouvement de bascule destiné à éjecter le jeune démon qu'il projeta au sol à ses pieds, un rictus cruellement amusé aux lèvres. Dans son regard de glace brillait à présent la lueur trahissant sa soif de combat et le plaisir qu'il retirait à échanger des coups avec cette nouvelle recrue des plus prometteuses. La douleur à son coude était un excellent rappel de la force que possédait Alec et l'agressivité dont il avait fait preuve indiquait clairement qu'il appartenait aux survivants nés et non aux pleureurs s'enfuyant dès qu'ils se trouvaient face à plus puissant qu'eux.

- Toi je t'aime bien.

Lâcha plus simplement le Lieutenant avant de décocher un violent coup de pied dans les côtes, les bras du blond parvenant à parer en grande partie l'impact qui aurait pu lui en briser une ou deux. Mais c'est qu'il se défendait vraiment bien en plus. Le sang du combattant se mit à bouillir dans ses veines et un large sourire carnassier apparu sur ses traits alors qu'il poussait avec plus de force, faisant racler le sol au jeune démon avant d'ôter son pied, reculant de quelques pas en retenant un soupir de contentement.

- Debout Hamilton ! Ces petites passes sont très intéressantes, mais je ne suis pas là pour me battre comme un chiffonnier.

Il passa une main dans ses cheveux blonds pâles, les replaçant vers l'arrière en expirant profondément, le calme reprenant ses droits sur son corps, son aura qui s'était mise à vibrer autour de lui durant les dernières secondes retournant sagement dans l'enceinte de la chair pour se faire discrète.

- Tu as en toi toute la hargne que je pouvais espérer et tu n'as rien d'un lâche. Je sens que tu vas vite progresser, mais tes bases sont brouillonnes et désordonnées. Dans un combat de rue contre de vulgaires agresseurs, cela fait sans doute l'affaire, mais face à un soldat entraîné avec de la bouteille, tu risques de finir déchiqueté dans le meilleur des cas. Il faut qu'on retravaille tout ça, qu'on optimise tes gestes de base et tes attaques, qu'on te discipline un peu... mais sans que tu perdes ton imagination, ton inventivité pour t'adapter à des situations nouvelles.

Asen porta la main à sa poche et en tira un mouchoir noir, l'observant avant de le tendre à Alec avec un sourire en coin, prenant garde cependant à ne pas lui laisser la place pour lui allonger un coup si jamais l'envie lui en prenait.

- Tiens, essuie-toi donc un peu le visage, je ne cognerais plus à cet endroit pour aujourd'hui.

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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyMer 12 Aoû - 22:09

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- Trop lent.

Les mots de Raum s’ancrèrent profondément dans l’esprit du démon, s’opposant à la sensation fracassante qui surgit à hauteur de sa pommette. Cette douleur disparut d’ailleurs aussi subitement qu’elle avait surgit pour laisser place à l’adaptation. Action, réaction. Par pur réflexe archaïque, Hamilton redressa le coude dans l’ultime but de préserver son capital beau-gosse simultanément à la retombée de son bras opposé, prêt à venir cueillir les nouveaux coups au niveau de son abdomen. Venant de se manger deux magnifiques pains à la jonction basale de ses deux poumons, le suédois estima qu’il pouvait s’arrêter là et ne pas prendre plus de dégât à cet endroit. Qui serait suffisamment bête pour se laisser trouer l’estomac ? Pas ce génie en tout cas.

La garde équilibrée, jamais abaissée, il se concentra momentanément sur la défense de son enveloppe, lâchant du leste à son aura. Celle ci s’empressa de se jeter sur celle du Farfar pour entièrement l’envelopper et l’oppresser. Lors d’un combat entre divins, l’acte n’était déjà pas anodin mais alors contre un humain, le fairplay en aurait été outrepassé. La pression psychologique influait grandement sur les capacités physiques et c’est pourquoi le blondinet tria de son côté ce que ses oreilles percevaient, ne gardant que ce qui ne l’aurait pas déconcentré. Les compliments finirent froissés, balancés sur le bas-côté pour permette une concentration plus optimale vis-à-vis des perspectives à venir. Le but étant de ne pas subir ce gonflement préjudiciable que pourrait entreprendre son égo. Tout raser pour solidifier, les murs devaient tomber pour laisser plein accès aux frondaisons.  

Hamilton étant très fier de son parcours au sein de la légion ainsi que de sa formation, la remise en question de sa manière de procéder allait lui être compliquée. Sa volonté était à n’en pas douter entièrement tournée vers la notion de progression. Mais renier partiellement cet héritage reçu de ses compagnons, n’allait pas être chose aisée. Ressasser toutes ces bagarres de « chiffonniers » comme le décrivait Raum, revoir toutes ces chamailleries qui n’étaient plus que le reflet d’un pan décrépi de sa vie. Ah ça oui, ça allait piquer. Son cœur se serra imperceptiblement mais il chassa ces états d’âmes pour continuer à avancer. Rome ne s’était après tout pas construite en une seule journée. Le tout était d’essayer et de ne jamais lâcher. Cela dit, si sa remise à flot nécessitait de se faire allaiter comme l’avaient été les deux loupiots Romulus et Remus, Hamilton espérait que ça ne serait pas du sein de Raum. La pensée le fit doucement rire mais il n’en montra rien. Soldat suédois, je vous prie de vous montrer un tatillon plus concentré. Vous êtes après tout en train de vous faire… éclater ?

- Tes bases sont brouillonnes et désordonnées. Dans un combat de….

Pas le temps de terminer sa phrase correctement, Raum s’échinant à le titiller. Le vétéran profita du fait qu’il était en pleine propulsion avant pour le faucher et l’envoyer mordre la poussière, le dominant à ce moment entièrement. La garde du blondinet remonta aussitôt et il roula au côté opposé à ces satanés coups de pied. Il lui fallait gagner du temps pour se relever.

- …. contre de vulgaires agresseurs, cela fait sans doute l'affaire, mais face à un soldat entraîné avec de la bouteille, tu risques de finir déchiqueté dans le meilleur des cas. Il faut qu'on retravaille tout ça, qu'on optimise tes gestes de base et tes attaques, qu'on te discipline un peu... mais sans que tu perdes ton imagination, ton inventivité pour t'adapter à des situations nouvelles.

Cette fois en revanche, Hamilton ne put ignorer les fourmillements désagréables liés à son épiderme. Sa chute l’avait projeté au sol, de petites pierres ayant désiré essayer de le réceptionner. Résultat, les percées au travers de sa peau se firent rapidement sentir, certains autres pans de peau s’affairant à préparer le lit de futures ecchymoses. Se redressant en grimaçant - un brin lentement – Alec eut tôt fait de se retourner avec vivacité, prêt à riposter à nouveau. Il fut surpris de voir Raum le bras tendu en sa direction, un mouchoir au bout des doigts. Sans la moindre once de haine, le suédois déclina poliment d’un geste de la main avant de tourner la tête et de cracher non loin. Rassurez vous, l’esprit de kéké de la cité ne s’était pas encore emparé de lui. Le coup au niveau de son apophyse zygomatique avait simplement eu pour effet de faire s’enlacer un brin trop violemment molaire et muqueuse buccale, provoquant de petits saignements. Mélangés à la salive, il était plus agréable de s’en débarrasser. D’un geste du poignet, il s’essuya ensuite brièvement front et joues, chassant les quelques gouttes de transpiration mais aussi et surtout les morceaux de terre sèche qui s’étaient agglutinés. Conservant ses distances avec le vétéran, il se permet une petite remarque malicieuse, tout en restant attentif à ses moindres faite et gestes :

« Si vous ne pouvez plus frapper là où vous avez déjà cogné, je suis navré de vous apprendre qu’il ne reste plus beaucoup de surface. »

Un voile espiègle dans les prunelles plus tard et Hamilton se mit à tourner lentement vers la droite, incapable de rester en place.

« Je me suis fait déchiqueter de nombreuses fois, ça ne m’a pas empêché de réitérer. Ne vous en faîtes pas là-dessus, d’une manière ou d’un autre, je finis toujours par ravoir le dessus. Seulement parfois… cela prend plusieurs années. La domination est un plat qui se mange froid m’a-t-on toujours enseigné. »

Son sourire taquin reprit position à califourchon sur le bord de ses lèvres, signe qu’il s’était déjà psychologiquement remis sur pieds. Puis il finit par s’immobiliser et à entreprendre la singulière « dance du boxer » oscillant de droite à gauche en trottinant sur place. Ses mèches blondes tressautèrent le long de son visage, ses yeux demeurant vissés à ceux de Raum.

« Je suis conscient du travail qu’il y a à effectuer. La motivation ne m’a jamais manqué lorsque se dessinent des opportunités. Si vous percevez en moi un peu de potentiel, je suis plus que prêt à l’exploiter et à vous le démontrer. »

D’un geste décalé, il l’invita à approcher, se prenant très fugacement pour le très honorable Bruce Lee. L’une de ses formes de protection : un savoureux/désagréable mélange de sarcasme et d’humour. Mais ne vous arrêtez pas sur cette habitude chaleureuse. Son regard azuré n’avait lui aucune envie de plaisanter.




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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyJeu 13 Aoû - 15:55

Asen avait voulu éprouver la volonté et surtout la capacité d'Alec à endurer un combat qui surviendrait en traître et, bien qu'il ait réussi à l'atteindre à de multiples reprises, il n'avait que partiellement retenu ses coups, juste assez pour lui faire mal, mais pas trop non plus pour risquer de l'amocher méchamment dès ce premier essai. Pour autant le jeune démon possédait une excellente capacité d'encaissement et, quand le Dendrobate cessa de chercher à le frapper, le regardant rouler pour s'éloigner de lui et d'une éventuelle nouvelle attaque, un sourire étira les lèvres du vétéran qui lui tendait un mouchoir comme si de rien n'était. Il apprécia de le voir refuser, s'y attendant en vérité sans oser l'espérer, rangeant alors le morceau de tissu sans insister. S'il ne voulait pas qu'il s'approche, il ne pouvait décemment pas lui en vouloir, c'était la preuve que la leçon s'était ancrée dans son esprit. Bien, il apprenait vraiment très vite.

« Si vous ne pouvez plus frapper là où vous avez déjà cogné, je suis navré de vous apprendre qu’il ne reste plus beaucoup de surface. »

La remarque malicieuse fit réapparaître le sourire cruel et amusé du Lieutenant qui eut un bref rire passablement retenu, secouant légèrement la tête tout en pivotant sur place afin de garder le blond en visuel.

- Détrompe-toi, tu n'imagines pas combien il est aisé de torturer autrui durant une éternité sans jamais s'attarder au même endroit. La peau qui couvre la surface de notre corps est plus grande qu'on ne l'imagine.

La promesse d'un corps entièrement couvert d'ecchymoses et de blessures ne lui était cependant pas destinée et Asen continua de bouger vers sa gauche, suivant de son regard clair la silhouette de celui qui cherchait clairement à gagner du temps. Le croyait-il dupe quant à cet échange, alors qu'il avait refusé le mouchoir ? C'était une technique vieille comme le monde que de chercher à regagner ses forces tout en faisant parler son adversaire, mais le Dendrobate se pliait de bonne grâce à ce jeu du chat et de la souris. Après tout, ils étaient là pour s'entraîner, pas pour s'entretuer.

« Je me suis fait déchiqueter de nombreuses fois, ça ne m’a pas empêché de réitérer. Ne vous en faîtes pas là-dessus, d’une manière ou d’un autre, je finis toujours par ravoir le dessus. Seulement parfois… cela prend plusieurs années. La domination est un plat qui se mange froid m’a-t-on toujours enseigné. »

- Ce conseil est assez vrai, mais pour cela il faut aussi survivre à celui qui te domine.

Et là était toute la motivation qui poussait le démon à prendre ainsi sous son aile cette nouvelle recrue, parce que si l'ennemi vous pourfendait en deux, toute votre volonté ne suffirait pas à vous permettre de revenir à la charge plus tard. Quand on était mort, tout était fini, un point c'est tout. Voyant Alec s'immobiliser finalement, un sourire aux lèvres, le démon releva légèrement le menton, pressentant déjà la suite quand il le vit se mettre à sautiller sur place à la façon des boxeurs les plus vifs. Évidemment, il n'appartenait décidément pas à la race de ceux qui ont besoin d'être ménagés, il venait à peine de goûter à ce qui devait lui paraître de mieux depuis des semaines, des mois, et il lui en fallait plus pour être rassasié, pour accepter d'en rester là aujourd'hui.

« Je suis conscient du travail qu’il y a à effectuer. La motivation ne m’a jamais manqué lorsque se dessinent des opportunités. Si vous percevez en moi un peu de potentiel, je suis plus que prêt à l’exploiter et à vous le démontrer. »

- Ainsi soit-il.

Cita Asen avec un léger sourire tandis qu'il se mettait dans une position de garde très simple, bras légèrement écartés de son corps, à demi pliés vers l'avant, à hauteur d'épaule pour les mains, les coudes à portée des côtes qu'il faudrait certainement protéger, ses jambes légèrement décalées l'une de l'autre. Le Dendrobate prit alors une profonde inspiration, son sourire disparaissant alors que son aura se déployait lentement, s'échapper de son corps en un brouillard glacé qui l'entoura, se répandant entre eux avec une apparente absence de menace. Pour autant le regard que le démon braqua soudain sur le blond ne souffrait, lui aussi, d'aucun amusement ni non plus de cette bienveillance qu'il avait eu lors des premiers coups échangés.

- Ta détermination me plaît, Hamilton, aussi vais-je lui faire honneur.

La seconde d'avant, ils se fixaient de part et d'autre de l'aura glacée qui les séparaient. La seconde d'après, Asen surgissait soudain face à Alec, son poing se précipitant vers son visage dans le but de frapper de front. Parant du revers, le jeune démon commença à pivoter, son propre poing cherchant à atteindre le flanc en apparence à découvert de son adversaire. Le coude du vétéran bloqua l'attaque et sa jambe vint frapper violemment la sienne à hauteur de cuisse, avant que l'aura ne soit projetée sur le blond, le repoussant en arrière comme s'il venait de heurter un mur. Sitôt à terre, son aîné ne prit pas le risque d'exposer ses jambes à ses attaques et le contourna rapidement tandis qu'il se relevait, le bourrant de l'épaule en jouant sur la différence de carrure, l'éjectant un peu plus loin cette fois avec l'aide de l'aura glacée qui, tel un bloc de givre lancé à pleine vitesse, vint s'ajouter au mouvement de l'épaule contre la nouvelle recrue. Reculant vivement de plusieurs pas, le Lieutenant darda sur Alec un regard de glace où seule la vive lueur de l'excitation du combat brillait au milieu d'une expression sombre et fermée.

- Maintenant que tu sais que je peux moi aussi l'utiliser, tu vas pouvoir essayer de contrer mon aura avec la tienne durant notre combat.

Une leçon de plus, car il était là pour apprendre et pas juste pour tester son endurance et ses capacités. Hamilton plaisait décidément beaucoup à Raum qui avait déjà hâte de le voir progresser au fil des mois qui viendraient. Ah, et dire qu'il avait craint de s'ennuyer dans cette ville.

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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyMer 26 Aoû - 9:14

No LimitsAsen RAUM et Alec HAMILTON


Torturer durant l’éternité sans difficulté, voilà une idée avec laquelle le suédois avait beaucoup de mal. Etait-il possible de se contenter de râles insonores ? De regards assassins les paupières fermées ? Loin de pouvoir s’en sustenter, le blondinet imaginait sans peine que le plaisir ressenti, si peu qu’il y en ait un, se trouvait au contraire dans la vivacité des réponses de l’être malmené. La léthargie grandissante d’un corps et d’une âme qui s’affaiblissaient n’avait potentiellement rien de stimulant. La difficulté principale dans cette interminable prolongation était donc de ne pas sombrer dans l’ennui, torture personnelle que le bourreau se serait alors infligée.

Constatant que le phrasé du vétéran ne l’empêchait nullement de se mouvoir dans l’espace, le démon eut tôt fait de se concentrer à nouveau sur les mouvements que son corps imprimait, les ridules de ses yeux dénonçant régulièrement les trajectoires oculaires que le jeune soldat suivait. Le poker face, il n’y était vraisemblablement pas encore abonné, donnant de précieuses informations à quiconque prenait le temps de l’observer scrupuleusement. Ne comprenant pas la façon singulière dont le farfar réussissait toujours à avoir le dessus, le jeune démon finit par comprendre toutes ces précieuses miettes de main qu’il lui laissait tomber sans même s’en rendre compte, le gavant stratégiquement avec une ample générosité. D’une singulière façon, Raum ponctua cette constatation par une phrase soulevée dans de très légers tons d’espièglerie teintés de perfidie :

- Ce conseil est assez vrai, mais pour cela il faut aussi survivre à celui qui te domine.

Une petite moue taquine maquilla les fossettes de celui dont la remarque salace et sexiste ne résista pas à l’envie de s’échapper.

« Certaines dominations rendent pourtant le sexe faible très vivant. La dimension de survie se perd loin derrière celle de l’addiction. »

Son expression faussement rieuse s’envola en un bruissement de feuille. La cime des arbres à l’arrière de Raum s’agitait dans un sens puis dans l’autre. Quant à eux, les rayons du soleil venaient lécher l’épiderme des deux prédateurs qui se faisaient face, réconfortant équitablement les deux combattants. D’ailleurs, le mélange de chaleur, de sueur et de sable qui maculait la nuque du blondinet, eut tôt fait de le gratter. Résistant, le blondinet maintint sa concentration rivée sur celui qui invariablement le scruter. Deux yeux froids, vifs, aiguisés, prêt à traverser sa chair de leur seule acuité. Cet état de promptitude donna lieu à une position de garde défensive classique à souhait. Le conventionnel n’octroyant en rien la l’écueil de la sous-estimer. Que nenni, il ne fallait rien négliger, ni les cheveux gris du papy, ni son attitude simplette imprégnée de leçons de vie. De là où il se trouvait, le démon eut le loisir d’appréhender cette inspiration qui se préparait et de sentir l’aura du farfar lentement se déployer. Sous ses manières de gentleman d’étude, se lovait une tempête bien dissimulée.

Les brises ne tardèrent pas à s’organiser et le tourbillon nouvellement formé fonça droit sur le jeune démon. Réfutant cette attaque de la meilleure façon qu’il le put, compte tenu de la rapidité de son attaquant, il riposta aussitôt, analysant rapidement les zones les plus à découvertes. Alléchantes. Ses phalanges se craquelèrent pour façonner le poing qu’il rêvait de lui balancer en plein nez. Au lieu de quoi ce fut la jambe du lieutenant qui vint heurter sa cuisse, déséquilibrant le blondinet quelques instants. A peine le temps de grimacer, l’aura fondit sur lui dans une tentative d’intimidation que le blondinet n’eut aucun mal à appréhender. Ses yeux se parèrent d’une once de fureur à l’idée même qu’on le considère assez faible pour en ployer, agrémentée d’une plaisance non dissimulée. L’adolescent capricieux et insoumis qu’il avait toujours été refit surface et monta en quelques secondes à peine dans les créneaux, prêt à défendre férocement la moindre de ses idées. Claquant autour de lui, agitée, les nuances de l’aura du suédois se mêlèrent de nombreuses fois à celles de l’être grisonnant, donnant lieu à un cafouillis des plus oppressants. Mais à trop privilégier l’une des dimensions, le jeune homme en négligea l’autre partie et fut de ce fait fort surpris de se manger le revers de la médaille, c’est-à-dire de grands coups d’épaules. Se laissant basculer vers l’avant pour s’appuyer de tout son poids sur Raum, Alec n’eut pas à forcer. Trop lent, le vétéran venait d’initier une paire de pas en arrière. Brièvement déstabilisé, Alec eut tôt fait de s’ancrer à nouveau sur ses talons. Profitant de la distance imprimée, il délia ses épaules dont l’endolorissement n’était plus qu’une question de temps. Constatant certainement qu’il ne se précipitait pas à sa suite, le lieutenant affirma :

- Maintenant que tu sais que je peux moi aussi l'utiliser, tu vas pouvoir essayer de contrer mon aura avec la tienne durant notre combat.

Comparé aux pains que le vieux démon lui faisait avaler, les démonstrations d’aura lui faisaient bien moins de dégât. Fermé hermétiquement à toutes les prises de pouvoir dématérialisées, Alec ressentait bien les pressions que Raum lui imposait. Mais elles ne lui faisaient ni chaud ni froid à partir du moment où il s’en détachait en une éternelle posture de désinvolture. Choisissant de ne pas trop lui laisser l’occasion de mettre à mal cette force qu’il possédait, le suédois se contenta d’acquiescer, revenant à la charge sans lui laisser plus le temps d’analyser. En le voyant ainsi approcher, les instincts du farfar le firent reprendre raisonnablement sa garde, permettant au démon de s’emparer de ses avants bras, le dos légèrement courbé, les quadriceps bandés. Immédiatement après la prise de contact, le mouvement de force fut imprimé, et Alec tracta violemment le lieutenant vers lui afin de légèrement le déstabiliser tandis que son corps pivotait de 180°, rapprochant son épaule gauche de la clavicule droite de Raum. Sa jambe gauche plongea vers la pointe de Raum. Puis d’une nouvelle traction cinétique, aidé de l’arrondi de son dos, il le fit passer par-dessus son épaule pour le faire retomber yeux vers le ciel dans un lassis de poussière.

Hélas, c’était sans compter la prestance du vétéran qui ne pouvait salir son costume ainsi pitoyablement. Sa réception bien que maladroite fut plus qu’honorable et le suédois eut tôt fait de reculer avant de lui-même se faire harponner.

« C’est que vous êtes plutôt conservé pour votre âge. »

Désinvolte, nous disions. La fringance de la jeunesse n’avait pas épargné cet insolent blondinet, et bien qu’il ait eu de nombreux exemples de personnes hautement bien conservées grâce à de scrupuleux efforts, il ne put s’empêcher de lâcher la petite pique qu’il fallait. Rien dans les poings, tout dans les mots, belle preuve de tes capacités, Hamilton. Chapeau.

Avant que Raum ne le lui en fasse la remarque, il revint face à lui presque naturellement, à force de déplacements latéraux en suivant ceux du lieutenant. Ne cherchant plus à trouver les zones de faiblesses du farfar, entièrement couvertes par cette garde qu’il maintenait adroitement fermée, Alec se mit à bombarder, tantôt de face, tantôt de côté, en jeté de coude, en uppercut, tout ce que son imagination pouvait lui soumettre. L’optique de la manoeuve n’était pas de dominer, mais d’octroyer quelques précieuses secondes de répit à son corps tout enkylosé dont la force commençait à s’échapper.





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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyDim 20 Sep - 11:27

- Maintenant que tu sais que je peux moi aussi l'utiliser, tu vas pouvoir essayer de contrer mon aura avec la tienne durant notre combat.

Parce que même si l'aura d'Asen n'avait fait que détourner l'attention d'Alec qui, sans subir de dégât de cette façon, avait pourtant manqué de vigilance et avait bien failli en prendre, des dégâts, n'eut été sa capacité à réagir à une situation nouvelle. Lorsque le blond revint à la charge, ce fut là encore en faisant preuve d'imagination, ne cherchant pas tant à l'attaquer de front qu'à assurer ses prises, parvenant finalement à le saisir, anticipant son dégagement pour mieux se servir de l'énergie cinétique et ainsi le faire soudain passer par-dessus lui dans un mouvement admirablement bien exécuté. Un autre que le Dendrobate aurait fini sur le dos dans la terre, mais après des siècles de combat et malgré sa haute taille et sa carrure, le démon parvint à se redresser, usant de la prise qu'il avait encore sur son adversaire pour pivoter et se courber, ses pieds venant heurter le sol alors qu'il était plié en arrière dans une position que seul un entraînement intensif et régulier permettait d'exécuter sans se blesser ni se bloquer le dos. Se dégageant d'un geste brusque, Asen s'écarta vivement en expirant fortement, un sombre sourire revenant à la charge sur ses lèvres alors que Alec, probablement peu habitué à voir quelqu'un réussir à s'extirper de cette attaque, lui faisait un compliment teinté de cette insolence qui le caractérisait.

« C’est que vous êtes plutôt conservé pour votre âge. »

- Il faut toujours se méfier des vieux.

Lui répondit le Lieutenant avec amusement, le voyant déjà revenir vers lui sans attendre, se confrontant soudain à lui dans un enchainement brouillon de coups et d'attaques diverses qui ne pouvaient passer la garde solidement fermée de son aîné. Si celui-ci para à la chaîne, il plissa pourtant ses yeux de glace en saisissant la manœuvre maintes fois usitée par d'autres adversaires avant le jeune démon, et même par son mentor lui-même dans certaines situations. Il croyait vraiment qu'il allait le laisser faire ? Lui laisser le temps de se reprendre ? Même si les attaques ne souffraient d'aucune prévisibilité, Asen se concentra davantage et parvint à parer de plus en plus vite, saisissant soudain un poignet à portée de main plutôt que de juste dévier un coup, attirant Alec vers lui en parant le coup de pied qui montait et, l'ayant à portée, lui décocha un violent coup de tête sans lâcher son poignet, le gardant à portée d'attaque, l'empêchant de s'éloigner, parant, encaissant même un direct pour mieux frapper de son poing libre. Un premier coup vint frapper la mâchoire du blond, puis ce furent plusieurs attaques rapides dans ses flancs et ses côtes, avec force et à peine retenus, la garde baissée à demi certes, une façon de procéder bien peu prudente, mais la différence de force et de carrure était préjudiciable au plus jeune qui se retrouva sous une pluie de coups qui, eux, ne purent pour la plupart pas être parés. Malgré les contre-attaques du blond, le Dendrobate lui fit subir ce qui ressemblait davantage à un passage à tabac qu'au combat d'entraînement du début, le malmenant jusqu'au sang, jusqu'à entendre les côtes grincer, à voir une pommette et une lèvre éclater, à manquer de briser une rotule, le poignet se faisant tordre dans les tentatives d'Alec pour se défaire de la prise et changeant de couleur à vue d'oeil. Asen pour sa part eut droit à plusieurs coups au visage avant que ses enchaînements sans pitié ne finissent par devenir à sens unique et, lorsque la garde de son nouveau disciple finit par tomber pour de bon, il lâcha finalement son poignet pour mieux lui décocher un violent coup de poing dans l'abdomen suivit d'un coup sur le dessus du crâne, lui faisant mordre la poussière dans une gerbe de sueur et de sang, pas seulement celui du blond, mais aussi le sien, là où un coup lui avait éclaté à lui aussi la lèvre.

- Ça, c'est un bon soldat.

Lâcha le démon avec un rictus satisfait, crachant un glaviot ensanglanté sur le côté avant de s'accroupir, empoignant les cheveux du blond pour lui faire relever la tête en une torsion douloureuse de sa nuque. Ses yeux de glace se rivèrent à ceux du jeune démon avant que son sourire ne s'étire, et que d'une impulsion il lui fracasse la tête contre le sol, la relevant de nouveau avec un air cruel et un sourire satisfait, sa langue passant sur sa propre lèvre éclatée, y récoltant le sang qu'il goutta avec délectation. Son aura dansait autour d'eux en un tourbillon si froid qu'on aurait cru que des lames de glace frôlaient leurs peaux en une promesse de multiples lacérations. Le souffle court, Asen affichait à présent un plus grand sourire tout en tenant toujours Alec par sa tignasse blonde.

- Oh comme j'aurais adoré t'avoir en face de moi, là en bas, mais je crois que je préfère encore t'avoir recruté. Tu es malin et tu sais te battre, tu n'as pas encore mon niveau mais tu pourrais devenir extrêmement dangereux une fois formé.

Il relâcha sa prise et se releva, grimaçant en sentant son corps endolorit par les coups qu'Alec lui avait infligé durant leur corps à corps.

- Non, c'est même certain que tu vas devenir très puissant, tu manque juste de pratique et d'expérience. Mais ça, on va s'en charger. Maintenant debout, sinon je te broie la colonne du talon.

Exigea-t-il pour l'enjoindre à finir de se relever, devinant à sa façon de bouger l'état dans lequel il était et, bien que le Lieutenant savait ne pas être bien frais, cela demeurait léger en comparaison de ce qu'il venait d'infliger au blond qui, malgré tout, avait encaissé admirablement bien.

- Vous me plaisez, toi et ton insolence, je sens qu'on va bien s'amuser dans les mois qui viennent.

Il lui tendit finalement la main, un sourire en coin, le regard brillant alors que son aura venait retrouver sa place dans l'enceinte de son corps, laissant l'air retrouver sa douceur saisonnière. Alec était de loin l'une des meilleures recrues qu'il ait jamais eu, et pourtant il en avait entraîné des démons, mais sans doute était-ce parce que le jeune répondait à des critères précis. Il allait falloir qu'ils discutent tous les deux, et pas juste qu'ils échangent des coups pour s'entraîner.

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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptySam 17 Oct - 22:31

No LimitsAsen RAUM et Alec HAMILTON


La pluie battait son plein, dans un flot de violence intarissable. Sous le torrent qui se déversait, le corps du jeune démon eut tôt fait de commencer à vainement tenter de se protéger. Sa garde, au lieu d’être maintenue serrée, commença petit à petit à s’abaisser, centimètre après centimètre. Dès lors que l’abord de Raum se centra sur son estomac, une légère bascule en avant s’opéra, jusqu’à ce le démon ne ploie entièrement, oppressé par ce mélange physique et psychique. Lorsque la tension fut indomptable, il n’eut d’autre choix que de se laisser tomber à terre, sous l’impulsion du farfar.
Initialement, le blond se centra sur la douleur qui le submergeait. Chaque cellule de son organisme lui paraissait trembler de douleur, arborant une teinte bleutée, qui pouvait horrifier.

°Tu es faible, Hamilton.°

Mais la fugace plainte, induite par cette immobilisation fut de courte durée. Lorsque son propre sang se mit à gicler, celui de Raum vint subtilement s’y mélanger, ravivant une once d’espoir dans le coeur et l’esprit du démon.

°Non tu n’est pas faible. Tu es pour le moment diminué.°

La nuance était importante à noter, et s’y raccrochant, il se redressa tant bien que mal, juste assez pour insuffler un regain d’énergie à son aura qui vibra plusieurs fois. Nulle illusion à se faire, sa vocation n’était que de lui octroyer quelques onces de répit. La défaite était assurée, du moins chaque bourrade de son adversaire l’en rapprochait. La délivrance advint quand le Lieutenant se détourna finalement de lui, non sans lui avoir fait mordre la poussière. Mais même là, le blondinet ne fut pas tranquille bien longtemps. Le vieux grisonnant eut tôt fait de revenir à la charge pour lui aggriper la crinière. S’adressant à lui de son ton ferme et narquois, les compliments firent du bien à son égo mais se perdirent dans la réalité glaçante à souhait : le soldat était hors course. Le leste de ses années d’entraînement le rattrapait enfin, soulignant le manque de préparation crucial dont la recrue avait pu bénéficier. Ce constat eut le don d’horrifier le jeune soldat qui eut tôt fait de comprendre la boucherie dont il avait échappé. Si les armées de Mellus et de Dragon s’étaient entrechoqués, ils se seraient très certainement fait broyées. La détermination dont cet homme faisait preuve, la cruauté dont il était capable se montraient bien loin des longues et vaines réunions qu’ils avaient eu à imprimer par le passé. La conquête était illusoire, et ces longs mois de solitude et d’errance lui avait peut-être, au lieu de le condamner, sauvé la vie.

Cette hypothèse, bien que très naïve, avait le mérite de posséder un fond de lucidité. Se complaindre de cette défaite n’avait de sens qu’en s’assurant que les niveaux étaient équilibrés. Or, Alec n’avait aucune idée de la manière dont Raum avait été formaté durant sa jeunesse, ni les coutumes qu’il avait arborées pour entretenir sa condition. Quoiqu’il en soit, le rendu était assez impressionnant, voire bluffant. Roulant sur le côté en lâchant une grimace de douleur, le plus amoché se mit sur le dos, les yeux tournés vers Raum avant de lui demander.

« Comment rghbgh.. »

Penchant la tête à droite, il cracha le filet de salive et de sang qui lui obstruait la gorge, prenant appui sur sa main droite pour se relever. Ses côtes le lançaient affreusement, le dessus de sa pommette le cognait terriblement. Un panel de grimaces se succédèrent sur ses commissures avant qu’il ne se relève un peu tremblant. Un vertige le saisit une fois en haut, se stabilisant un peu avec le temps. Là, il finit sa phrase :

« Comment s’appelle ton unité ? »

La moitié de sa lèvre se souleva en un rire moqueur, lui donnant des airs de déséquilibré en contradiction avec les idées qui suivirent :

«L’insolence n’a pas sa place sur le champ de bataille, Lieutenant. Vous le savez tout autant que moi. L’audace pourquoi pas mais l’insolence, certainement pas. »

Faisant rouler sa nuque, avec une attention particulière pour les potentielles zones traumatisées, il finit en faisant craquer ses doigts, s’étirant pesamment. Combien de temps avant que les parcelles « travaillées » à ce jour ne se remettent de leur trauma ? Un petit moment....

Ne s’étant pas aidé de la main de Raum pour se relever, il la serra néanmoins brièvement, saluant son adversaire comme il se devait.

« Sacré raclée quand même ahah. Je ne me méfierais pas non plus de tous les vieux, mais c’est noté. Je ne vous sous-estimerais plus. »

La malice revint au galop, le temps de ponctuer ses dires :

« Pour l’instant du moins. »

Souriant, de toutes ses dents, il eut soudain un coup d’impulsion à l’idée que certaines aient pu lui en tomber. Passant une main rapide, il fut soulagé de constater qu’aucune ne s’était détâchée. La teinte bleue schtroumpf parsemant son coeur suffirait, inutile de finir édenté.

Finalement, sa main se perdit sur son visage palpant, malassant la moindre zone accessible.

« En tout cas, ce qui est sûr, c’est que vous n’êtes pas un artiste. C’est sacrément moche ce que vous m’avez fait là. Ou peut-être êtes vous dans l’art abstrait ? »

Attila le reconnaîtrait-il donc ? Aurait-il même droit à une once de plus d’amour en rentrant en l’état ? Pas sûr... Ces adorables boules de poil avaient parfois tendance à se montrer bien ingrat.. Dans sa joie de pouvoir retrouver caresses et promenades, le chiot ne remarquerait sûrement rien. En y repensant, le démon eut hâte de le retrouver. Profiter de la sérénité de son chez-soi, savourer le café brûlant plutôt que le sol rugueux. Oui, l’un des plaisirs d’homme de main était de remettre l’uniforme le temps de se ressourcer. Dès lors, la moindre odeur procurait un plaisir insensé.

A peine cogné, voilà que le blondinet devenait fou.

« Je vous avais interrompu dans votre session jogging, non ? »

Raum ne se méprendrait pas de cette subtile manipulation d’attention. Mais sans le connaître, Hamilton savait que cela prendrait. Il n’avait pas arrêté de frapper pour le ménager, mais parce qu’il avait sûrement jugé qu’il n’était plus nécessaire de poursuivre. Sur quels fondements et estimations se basaient son jugement ? Le suédois n’en avait aucune idée mais les faits étaient là, autant les exploiter. S’ébrouant, il se remit lui même à marcher en la direction du petit pont, initiant le chemin du retour. Le Lieutenant était à même de prendre ses propres décisions et il était possible qu'Alec ait mal interprété les signaux envoyé. Cette pause impromptue ne signifiait peut-être pas la fin de l’entraînement, mais représentait en réalité une banale entracte.





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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyMar 10 Nov - 10:00

« Comment rghbgh.. »

Le regard de glace se fixa sur le corps malmené qui gisait au sol malgré un premier mouvement, regardant le glaviot de sang être craché de côté avec une sombre satisfaction, celle de la victoire, d'une leçon durement enseignée, d'une promesse qu'un jour les rôles soient inversés et que ce soit lui qui soit à terre, baignant dans son sang, avec un sourire heureux d'avoir réussi à former un élément qui aura tôt fait de faire ses preuves.

« Comment s’appelle ton unité ? »

Le sourire d'Asen disparu à cette question et son expression se para de nouveau d'un sérieux de circonstances, alors qu'un rire passait la barrière des lèvres d'Alec, un rire dans le même état que son propriétaire, cassé, mais visiblement également satisfait. Le bois dont ils étaient faits se ressemblait énormément, et n'eut été le fait que le jeune démon commençait à se relever, son aîné n'aurait pas hésité une seconde à lui broyer la cage thoracique en guise d'ultime leçon... Mais le blond était coriace, il écoutait et apprenait vite, et il n'était pas du genre à abandonner non plus.

«L’insolence n’a pas sa place sur le champ de bataille, Lieutenant. Vous le savez tout autant que moi. L’audace pourquoi pas mais l’insolence, certainement pas. »

- L'audace naît de l'insolence, Hamilton. Un soldat insolent est un soldat qui osera tout, il peut devenir une menace comme le meilleur des éléments, tout dépend de la formation qu'on lui donne. Ton insolence te sauvera un jour la vie sur le champ de bataille, tout comme elle sauva la mienne.

Un éclat d'amusement brilla dans les yeux clairs du Dendrobate qui détailla Alec en train de s'étirer, faisant de même en sentant son propre corps protester d'un tel traitement. Le dernier combat en date remontait à deux mois à peine, et pourtant cela lui avait déjà terriblement manqué. Une chance finalement que son chemin ait croisé celui du blond, sans quoi il aurait pu perdre la main de manière sournoise et insidieuse, sans qu'il ne s'en rende compte, car aucun entraînement aussi poussé soit-il ne valait quoi que ce soit s'il n'était pas appliqué en conditions réelles. Les mains des deux démons se rejoignirent finalement en un geste franc teinté de sincérité, un léger sourire revenant sur le visage du Lieutenant.

« Sacré raclée quand même ahah. Je ne me méfierais pas non plus de tous les vieux, mais c’est noté. Je ne vous sous-estimerais plus. »

Asen hocha la tête, percevant l'air soudain malicieux qui revenait également à la charge sur le visage du jeune démon.

« Pour l’instant du moins. »

- Je te le déconseille, Hamilton, tout comme je ne te sous-estimerais jamais non plus.

Le voir porter la main à ses dents suite à son sourire eut le mérite de l'amuser un peu plus et il secoua la tête, se rappelant les inspections qu'il faisait lui-même après chaque combat au corps-à-corps, une nécessité quand on voulait s'assurer qu'aucun dégât ne nécessitait une prise en charge immédiate. Ils étaient certes des démons, mais ils pouvaient parfaitement mourir de leurs blessures comme n'importe qui.

« En tout cas, ce qui est sûr, c’est que vous n’êtes pas un artiste. C’est sacrément moche ce que vous m’avez fait là. Ou peut-être êtes vous dans l’art abstrait ? »

- Je conteste, je suis un artiste guerrier, plus c'est sanglant mieux c'est.

« Je vous avais interrompu dans votre session jogging, non ? »

- Oui, mais cela en valait la peine.

Ce qui, venant du Dendrobate, était un compliment des plus sincères qui était suffisamment rare pour être apprécié, quand bien même le blond ne le savait peut-être pas, il finirait par le comprendre d'une façon ou d'une autre. Le laissant s'ébrouer, Asen lui emboîta le pas, reprenant ensemble la direction de la ville et qui passait par le petit pont. Soupirant un peu en s'étirant, ses vertèbres craquants dans son dos, le démon se sentait soudain bien plus léger et serein malgré la douleur éprouvée, parce qu'il n'y avait vraiment que sur un champ de bataille ou avec un combat de ce genre qu'il se sentait vivant.

- Pour répondre à ta question, Hamilton, j'appartiens à un corps particulier de l'armée de mon Roi, mais il est trop tôt pour que je t'en dise davantage.

Ces quelques mots étaient déjà à eux seuls une dangereuse information qu'un ennemi pourrait exploiter et utiliser contre lui, mais le Dendrobate prenait volontairement le risque d'accorder du crédit et un soupçon de confiance à sa nouvelle recrue, parce que sans cela ils n'iraient nulle part tous les deux. Défiance et confiance mêlées, teintées de prudence salvatrice, tel était le mélange hautement instable dont il fallait user dans ce genre de situation.

- Tout ce que je peux te dire, c'est qu'on ne devient pas Lieutenant en seulement quelques années et qu'il te faudra également faire tes preuves pour espérer rejoindre nos troupes. Si tout se passe comme prévu, lorsque j'en aurais terminé ici, je t'emmènerais avec moi et tu pourras suivre nos entraînements plus poussés.

Un léger sourire étira les lèvres d'Asen qui soupira doucement, son expression se faisant presque chaleureuse en songeant à l'endroit et aux camarades qu'il avait laissé derrière.

- Tu seras en compagnie d'autres démons qui te ressemblent bien plus que tu ne pourrais l'imaginer, qui possèdent le même esprit combattif et sur qui tu pourras toujours compter, même en plein cœur de la plus sanglante des batailles.

Le Lieutenant s'arrêta, dardant sur Alec un regard où se mêlait fierté et bonheur, de ces sentiments qui font que vous savez avoir trouvé votre place, votre foyer, votre voie, et que vous arpenterez à jamais ce chemin qui est devenu le vôtre.

- D'ici là je compte bien t'avoir préparé au mieux pour que tu sois à leur niveau, si ce n'est meilleur encore.

Parce que cela l'amuserait aussi de voir le jeune démon faire la mouche à des démons plus âgés recrutés en même temps que lui, parce que autant les entraînements de groupe étaient excellents pour la coordination des troupes, autant les Dendrobates de la Griffe devaient pouvoir agir de manière indépendante lors des missions les plus sensibles et dangereuses. Quand on était seul sur le terrain, que ce soit durant une mission d'infiltration ou bien parce qu'on a été séparé de son unité durant une bataille violente, il fallait pouvoir survivre jusqu'à-ce que les autres nous rejoignent et ça, ça n'était pas donné à tout le monde, même parmi les siens. La fierté d'Asen serait que son apprenti devienne l'un des meilleurs qui soit, c'était certes de l'égoïsme que de vouloir le forger ainsi à son image, mais c'était aussi un cadeau qu'il lui faisait, aussi dangereux soit-il. C'est ainsi que contrairement à ce qu'aurait pu penser le blond, son mentor ne tenta pas de l'attaquer sur le chemin du retour, passant avec lui le pont et arpentant les bois sans chercher à le tester de nouveau, préférant discuter un peu. Chaque chose en son temps, ils en auraient bien assez pour se blesser de nouveau une fois remis sur pied.

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MessageSujet: Re: Don't think Limits. Don't think Limits.  EmptyDim 29 Nov - 11:46

No LimitsAsen RAUM et Alec HAMILTON



Un artiste guerrier qui le complimentait, quelle aubaine. Ses dents non entâchées toujours dévoilées, le blondinet poursuivit leur route, les neurones agités. Le lieutenant venait de lui avouer faire partie d’un corps particulier de l’armée, de son Roi. Quels indices cela laissait-il ? Point grand chose, le démon ne pouvait s’en contenter. Les Enfers recelaient de souverains auto-prôclamés, dont la plus grande des valeurs restait la lâcheté. Terrés dans leurs bureaux, tous craignaient leurs noms, mais aucun n’était capable de les dévisager. Que ceux qui se moquent des ombres laissent libre court à leur hilarité. Des démons aguerris qui se pliaient corps et âmes à un sobriquet. Pitoyable. Quel chef des armées restait en retrait ? Celui qui craint la mort, qui ne sait se complaire du terrain et de ses attraits. Un rat enfermé dans son palais démesuré. L’une de ses veines frontales apparut sous la minceur de son épiderme, bleutée par la pression qui montait en lui. D’une voix acerbe, Alec répliqua :

« J’espère que ton Roi est du camp des braves. Qu’il est prêt à se battre auprès des hommes qui lui ont prêté allégeance. Il est impensable de se dire que des soldats, des combattants peuvent être gouvernés par un autre qu’un guerrier. L’art militaire ne s’apprend pas, il se ressent. »

Ses yeux glacés, tranchants de vérités se posèrent sur Raum.

« Je me moque de son identité. Tous peuvent prétendre à un titre, un rang, mais aucun ne peut influencer les impressions.  Comment sens-tu ton Roi ? Confierais tu ta vie entre ses mains ? Où penses tu être l’un des grammes de sa chair à pâtée ? Je formulerais ma question clairement. Verrais-tu ton roi être un rénégat ? »

Détournant le regard, il fit craquer ses doigts, l’expression vide de tout sentiment. La brutalité de l’entraînement, les débris de toute l’adrénaline qu’il avait ressenti le maintenaient tachycarde et d’ailleurs, sa respiration ne s’était pas allégée. Pour ne pas bondir entre deux extrêmes, il maintint son pas actif, profitant de cette récupération énergique pour rouvrir son esprit aux éléments environnants. Forcément, en procédant de la sorte, il ne pouvait ignorer la présence à ses côtés. Et les mots que l’être avaient prononcés lui trottaient dans la tête. Cet inconnu, qui venait de le meurtrir, était prêt, contre travail acharné, à le prendre sous son aile. En arrivant à Damned Town, démon plein d’ambition qu’il était, il aurait accepté sans hésiter, les yeux déjà tournés vers le mont à escalader. Mais ici, dans cette ville damnée, il avait croisé la route d’un ange sans parole, failli tomber dans la toile d’une estropiée incapable de discerner la moindre couleur. Il avait dansé avec la solitude, s’était enveloppé de sa coque broussailleuse. Alec n’était plus le jeune adulte naïf qu’il avait été. Il pouvait rire, vivre et vieillir sans les autres démons. Tout ce dont il avait besoin, il l’avait déjà. Depuis sa naissance, il était entré en contact avec la plus merveilleuse créature qu’il soit. Pleine de défauts, de rancune, de haine mais aussi de qualités. Il s’était trouvé lui.

Pour aller vite et bien, il pouvait se contenter de sa petite personne. Mais pour aller loin en revanche, il était indispensable de s’entourer. De personnes de confiance, sans poignard  à vous infiltrer entre les côtes. Aym lui avait appris à toujours avancer. Explorer, découvrir, sécuriser. Seul,  il n’avait accès qu’à un tout petit territoire, splendide dans sa singularité, mais monotone dans son entiéreté. Alors qu’en groupe... Les escouades d’exploration dépassaient le seuil des frontières. Toujours plus loin, toujours plus vite. Un ventre de curiosité à sustenter. Et très objectivement parlant, au-delà d’un pseudo-ego lapido, Alec avait soif d’aventures. Il n’était pas fait pour être enfermé, rester planté là, à tourner deux pouces qui seront ridés et arthrosés à peine le nouveau jour levé.

Sans la moindre animosité, il accueillit le regard bienveillant d’Asen sur lui, y répondant silencieusement par le transfert de sa détermination. Le démon ressentait quelques difficultés à appréhender les longs discours, transpirant de positivité. Mais le Lieutenant ne l’avait pas approché de sa langue mielleuse. Il l’avait accueilli à poing ouverts, et d'un partage de bons coups. Indispensable dès lors de lui laisser le bénéfice du doute. Alec avait apprécié son contact féroce, dissimulant un intérêt croissant. Droit au but, sans manières superflues.

« Je vous accorde l’analogie douteuse, mais je ne suis pas certains que les chiots que vous éduquez soient prêts à accueillir parmi eux un louveteau, tout droit sorti des fourrées. »

Les mèches volantes, il esquissa un sourire narquois.

« Vous le savez mieux que moi. Si vous avez accumulé autant de sagesse que d’année, vous devez avoir un sacré bagage d’expérience. Un déviant ne retrouvera jamais réellement les rangs. Pourquoi alors ne pas viser plus haut ? Cultiver cette singularité pour tailler le matériau dans la forme qui lui siéra le mieux ? Qui produira confiance et résultats. »

Ah ? Etait-ce déjà le retour de l’insolence ?

« Vous devez avoir beaucoup à faire, Lieutenant. Je ne voudrais pas vous priver plus longtemps de votre temps. Vous me paraissez un brin méfiant, prudent. Je ne le suis pas encore. Voici donc mon adresse. Vous y serez le bienvenu dès que vous aurez quelques instants. Je vous laisse réfléchir à votre proposition, être sûr que vous ne vous engagez pas dans une quête aussi vaine que put l’être celle du Graal pour bien des conquérants. Bonne fin de footing à vous, Lieutenant Raum ».

S’inclinant imperceptiblement vers l’avant, les bras le long du corps, le démon lui témoigna ses plus profonds respects, avant de filer une fois le pont traversé. D’une foulée assurée, que Raum saurait allégrement rattraper, il prit le chemin retour, l’esprit fulminant, la mine elle impassible. Se mordant impitoyablement la lèvre, il savoura les craquements des branches sous ses pieds, détesta le retour au bitume, cette texture indécente, étouffant la Terre sous son épaisseur indécente. Après quelques dizaines de minutes à peine, il arriva tout essouflé au pied de son immeuble. Sans attendre, il se lança dans l’ascension des escaliers, au pas de course, jusqu’à pouvoir retrouver son chiot préféré. Attila l’attendait derrière la porte, et lui fit une fête sans pareille, qui achevèrent de combler le coeur et la raison du démon. Choisissant de ne pas repenser à l’épisode du matin, il reprit le cours de sa journée, savourant particulièrement la fraîcheur raffermissante de sa douche. Tout son corps pulsait, ravi de l’effort fourni.

Un nouvel horizon d’ambition venait-il de se présenter à lui ?





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