Meet me Halwfay [Ft. Dany MARTINS]

Lundi, 5h30

Un matin de plein été, vous décidez de convoquer Mlle Martins. Envoyée sur le secteur de Damned Town pour être surveillée, vous pensez qu'il est temps pour vous de faire le point avec votre agent secret. Pour ce faire, vous vous emparez d'un parchemin dans le premier tiroir de votre large bureau. Légèrement parfumé par les petits sacs de fleurs séchés que vous avez pour habitude de glisser là, il est aussi décoré par les artistes du Palais. Au fond de vous, vous savez que ce petit côté perfectionniste adoucit vos messages. Mais vous aimez la beauté et ne pouvez vous en passer, même si les mots portés au travers sont acides à souhaits.

Puisque vous préférez parler aux votre en face à face, vous demandez à votre Majordome de rédiger l'invitation et de l'envoyer. L’idée d’écrire vous-même les convocations vous déplaît fortement, bien que vous ne puissiez l’expliquer. Parler à la première personne du singulier est en effet profondément narcissique et parler de vous à la troisième personne vous apparaît tout à fait ridicule. Vous choisissez donc la facilité et vous en remettez à votre petite main, pour résoudre ce problème d’importance mineure. Vous avez réservé un créneau pour votre invitée, sachant par expérience que Mlle Martins saura toujours se libérer. En attendant, vous vous replongez dans les dossiers qui s'amoncèlent à l'autre bout de la table boisée.

Face à vous, votre Majordome finit par terminer d'écrire la missive, fermant le papier de votre sceau, celui des Sohanes.

Revenant vers votre bureau, la demoiselle dépose le papier et le fait glisser sous la chandelle que vous avez allumé, encore allumée en cette heure matinale.

◘ Merci Elsa.

Reprenant votre plume, vous terminez d'écrire votre paragraphe. Sous vos avants bras est coincée votre liasse de papiers en prévision du conseil de la matinée. Les sujets du jour ne concernent pas forcément de gros dossiers, mais il est pour vous primordial de prendre le  temps de ne pas les négliger. Ce début de semaine s'annonce peu chargé et vous espérez fortement que les choses resteront ainsi. Vous connaissez vos conseillers et savez pertinemment que la pression ne leur sied guère. Fraîchement arrivés de la Cité Impériale, les représentants des Bayith ont pris possession de leurs appartements au même étage que vos quartiers. Ceci explique l'agitation dans le Palais, à l'image d'une belle après midi alors qu'il n'est encore que cinq heures et demi. Les petites mains de ces lieux sont au pied levé, courant partout afin de s'assurer que les bains soient bien conformes aux exigences de ces gens, que leur table soit dressée le plus tôt possible, le  Conseil débutant à sept heures tapantes.

Cela vous laisse donc largement le temps de descendre rejoindre le quartier général de vos agents. Décalant votre chaise vers l'arrière, vous lissez le devant de votre robe légèrement bleutée et vous recoiffez brièvement bien que rien n'ait bougé. Elsa a pour cela un talent caché. L'art et la manière de rendre lâche un chignon serré, ou d'agrémenter vos mèches d'accessoires fantaisistes. Aujourd'hui justement, une broche dorée coiffée d'un papillon aux ailes déployées couvre généreusement la partie haute de vos cheveux.

Passant votre chemin, vous sortez de votre bureau la lettre à la main et sortez de votre vestibule. Longeant les quartiers des Bayiths, vous vous rendez à l'imposant escalier de marbre et le descendez, le son de vos talons résonnant dans le palais. En bas, vous croisez quantité de sujets qui bien que pressés, prennent le temps de vous saluer. Vous leur rendez bien évidemment la monnaie de leur pièce d'un sourire chaleureux tout en poursuivant votre chemin vers les cuisines.

L'odeur des petits pains finit par venir chatouiller les narines alors que vous longez la verrière de la cour intérieure. Votre but de petite fille était d'aller dérober de quoi grignoter et vous enfuir dans les jardins pour le déguster. Mais à ce jour, vous n'êtes plus l'enfant que vous étiez, et vous rendre en ces lieux n'a de traits que pour vos sujets.
Poussant l'un des battants de la porte mobile, vous pénétrez dans une pièce qui jusque là respirait la joie de vivre et où les conversations battaient leur plein. Malheureusement, votre entrée coupe court à tout cet élan de vie, ne vous renvoyant que l'image de vos sujets courbés.  

Grinçant des dents en voyant ce spectacle, vous les priez d'une voix douce de se relever, et précisez gaiement:  

◘ Je ne suis que de passage, ne vous en faîtes pas!

Vous emparant de la corbeille de petits pains et de croissants que vous visiez, vous interceptez un petit être qui courrait là et vous agenouillez devant lui.

◘ Mon chéri, voudrais tu bien m'apporter un assortiment de confitures et de miel ?

Hochant vigoureusement la tête, le petit ange fit volte face et partit en trottinant afin de vous contenter. Vous le laissez évoluer dans un environnement qui n’est pas le votre et que vous craignez de déranger à trop fouiller. En attendant, vous vous redressez, votre corbeille sous le bras et partez à la recherche de Greta, la cuisinière en chef. Dans le fond de la salle, sur la droite, entourée de ses marmites, elle prépare déjà le repas de ce soir, désireuse de classer au plus vite ses commandes. En grande discussion avec l’un de ses apprentis, elle vous aperçoit du coin de l’œil et fait tout pour terminer au plus vite, sans pour autant négliger les consignes données à son petit protégé. Vous reconnaissez en les traits du jeunot la ferveur de ses parents, les HOULOT, depuis des années au service de votre Majesté. Quand Greta parvient à se libérer, vous vous approchez et lui serrez la main d’un geste affectif.  

◘ Bonjour Greta. Merci pour la sauce aux champignons de l’autre fois, ça  a été un délice ! Même Arwen n’en revenait pas.

Un sourire malicieux se dépeignit sur votre minois pendant que vous déposez la corbeille sur l’un des plans de travail.

◘ A votre service, Mila  vous répondit la cuisinière.

Ses yeux brillants de vie scrutent les votres et vous poursuivez, commençant par la moindre de vos requêtes.

◘ Serait-il possible d’avoir pour ce soir en dessert un petit fondant à la framboise ? J’ai vu ce matin qu’il y en avait du côté des bosquets et j’en ramassé un petit bol.

S’attendant à ce que vous ne lui demandiez une pièce montée ou tout autre élément de qualité, Greta souffla d’un air rassuré et vous taquina.

◘ Allons, est-ce là tout ce que vous vouliez me demander ? La dernière fois vous m’aviez demandé si j’étais capable de vous faire une statue en chocolat à l’effigie de Nanouk. Je pense qu’un petit fondant à la framboise ne pourra représenter grande difficulté en comparaison !

D’un air jovial, elle se fit une petite note qu’elle accrocha au bout d’une pince à linge en bois sur son fil d’Ariane. Cette propension à tout noter et archiver avait maintes fois prouvé son efficacité et à l’image d’Elsa, Greta était une petite perle qu’il fallait bichonner.

◘ Merci, Greta.

Vous connaissant suffisamment, la cuisinière en chef attendit patiemment que vous ne crachiez le morceau, terminant sur vos envies du moment. Inspirant profondément, vous baissez la voix pour ne pas être perçus de tous, préférant parler seule à votre amie.

◘ Serait-il possible de refaire une séance feu de camp ? Un jour où tu as le temps ?

Ses yeux rieurs vous confirmèrent le fou rire qui manqua de la secouer. Mais professionnelle à souhait, elle se contenta de s’incliner, et d’approuver, vous comblant momentanément de joie.

◘ A vos ordres votre Majesté. Je peux me rendre disponible après le service de ce soir et personnellement vous monter votre fondant.

Déliant les  jambes que vous veniez de croiser, vous reprenez la corbeille délaissée, remerciez votre interlocutrice. Connaissant son emploi du temps chargé, vous ne vous appesantissez pas, et retournez dans la pièce principale où votre petit bonhomme vous attendait déjà, tout fier de s’être acquitté de son épopée. Attendrie par ce petit bout de chou, vous lui ébouriffez les cheveux et le remerciez, lui glissant discrètement un petit pain dans les mains, les lèvres muettes par le secret. Comprenant le besoin d’anonymat, le petit Elliot cacha rapidement le tout dans la poche de sa salopette, et fila comme il s’en était venu, non sans avoir respectueusement salué sa reine.

Le sourire aux lèvres, vous quittez les cuisines et remontez dans vos quartiers, votre garde rapprochée ne vous ayant pas quittée pour un sou. A l’entrée de vos appartements tout de même, vous passez la porte librement et la refermez derrière vous, vos hommes prenant possession du corridor pour une surveillance accrue. Là, vous vous dirigez vers votre petit salon de plaisance.

Petite précaution, désolée mes agneaux :

Finalement, vous soufflez sur la bougie pour l’éteindre et entrez dans la pièce principale. A votre arrivée, les quelques personnes évoluant dans la pièce vous saluent, ovationnant l’idée de pouvoir se régaler pour le petit déjeuner. C’est d’ailleurs ce dernier que vous déposez en milieu de table, attirant les regards convoités. Puis, vous faites le tour de vos agents, les saluant tour à tour en ce début de journée. Vous vous arrêtez finalement devant Samuel, le correspondant interne de Dany. Après avoir pris le temps de discuter, vous lui remettez la lettre en main propre. L’avantage avec ces hommes et femmes là, c’est qu’avec tout leur entrainement en amont, la communication en est tout bonnement simplifiée. Droits dans leurs baskets, non comme Mlle Green, ils connaissent les protocoles et les démarches à suivre. Vous suivez bien évidemment scrupuleusement leurs agissements, mais de pouvoir se projeter à compter sur eux est déjà d’une grande utilité.

Ce moment est pour vous l’occasion de faire le point sur la situation de votre infiltrée. Récemment arrivée, il semblerait que son logement ainsi que son emploi soient désormais stabilisés. Les dernières informations de l’ange témoignaient d’une place en colocation en compagnie d’une démone déchue. Ce dernier détail vous fait brièvement grincer des dents du fait du passif de votre agent et même si l’affaire en cause remonte maintenant à quelques années,  vous demeurez vigilante. Vous ne désirez pas voir un deuxième des votres se laisser happer par les ténèbres. Dans le rapport, il est stipulé que la colocataire s’avère tournée vers le bien, mais vous préférez vous en méfier. Vous connaissez les magouilles des hommes de Dragon et n’acceptez donc nullement de vous fier à leurs discours aussi éloquents puissent-ils êtres. Faisant part de vos suspicions à Samuel, celui-ci souligna plus intensément la nécessité d’investiguer la dite colocataire, dont seul le nom apparaissait pour le moment dans les dossiers.

Linnéa Krämer, profitez encore de la tiédeur de votre anonymat, bientôt nous saurons tout de vous.

Vous masquez habilement la sourde tension qui s’empare de votre estomac, témoin de la pression qui monte peu à peu. Mais vos agents secrets vous connaissent suffisamment, depuis les années, pour savoir interpréter les moindres plis de votre minois. Samuel formula donc rapidement ses observations récentes dans une vaine tentative de vous rassurer.

◘ Mlle Martins paraît s’être bien acclimatée à Damned Town. Pour le moment, rien n’est venu entraver les opérations, nous pouvons donc nous permettre de lui faire parvenir le message. Deux possibilités s’offrent à nous. Soit nous les glissons dans l’une des livraisons de livres à relier qu’elle s’apprête à recevoir, soit nous profitons de son aménagement à venir.

Ne connaissant nullement encore cette colocataire, vous préférez privilégier la facilité d’agir en lieu public.

« La bibliothèque paraît être la meilleure option. Veillez juste à ce que la remise du carton se fasse en main propre, que rien ne soit intercepté entre temps. Et n’oubliez pas de l’avertir d’une quelconque façon que cela soit. Son sens de l’observation doit être poussé à son paroxysme, mais nous ne demeurons jamais à l’abri d’un qui-proquo ».

Vous discutez encore quelques temps de la manière de lui faire parvenir le message, puis vous prenez congé, vos conseillers ne tardant pas à arriver dans la salle du conseil.

Mercredi, 18h

Alors que vous clignez des yeux, alourdis par la fatigue qui commence à perler, vous réalisez que la séance est enfin terminée. 5h après le début du conseil de l’après-midi, vous bouclez enfin les affaires du jour  et prenez le temps de souffler. Autour de vous, les chaises raclent sur le parterre et le  brouahaha des conversations et des contestations reprend. Les représentants des Bayiths se dissolvent dans la pièce, quittant la  lourde table à laquelle vous êtes toujours attablée. Vous n’allez pas tarder à la délaisser vous aussi, mais d’abord, vous prenez quelques minutes pour profiter du vide qui se fraye un chemin dans votre esprit. Le calme avant la nouvelle tempête. Dans 3h exactement, vous avez rendez vous avec Mlle Martins, et outre le fait qu’il faille que vous alliez diner, vous comptez également passer au Terrier pour vous mettre au parfum des derniers retours.

Un mal de tête grandissant vous barrant le front, vous demandez à Elsa de faire parvenir à Greta votre souhait de manger dans vos appartements. Cela vous laisse une dizaine de minutes pour les gagner, éventuellement vous changer, et surtout, clore le chapitre des  dossiers qui bourdonnent encore en vous. Les secondes s’égrenant impitoyablement, vous ne vous appesantissez pas et finissez par vous lever, sortant par la porte directe qui mène à votre bureau. Prenant toujours le soin de les refermer, vos pochettes cartonnées sous le bras, vous passez par delà votre place de travail et empruntez la porte sur le mur de gauche. Arrivée dans la pièce des archives, vous prenez quelques minutes pour ranger chaque dossier dans une place qui lui est déjà attribuée. Puis vous faîtes machine arrière, et prenez, une fois revenue dans votre bureau, la porte de gauche directement adjacente, dernier obstacle qui vous sépare de votre jardin secret. Entrant dans vos appartements, vous passez par la case de la salle d’eau pour vous décharger de la robe cintrée que vous portez. Désormais, le tailleur est de rigueur, vous allégeant considérablement. Face au miroir, vous prenez le temps de rouler le bout des manches de votre chemise blanche, au ¾ pour dégager vos poignets et la moitié de vos avants bras. Le pantalon associé dans lequel votre chemise est rentrée, est sans surprise d’un bleu alcian. Détachant vos cheveux jusque là rabattus, vous les laissez reprendre leur volume et les disciplinez brièvement en rabattant deux mèches temporales pour les réunir à l’arrière de votre crâne. Simple, efficace, vous ne serez pas embêtée au moment de vous pencher. Vous passant du blazer, vous vous parfumez légèrement, appréciant les volutes de pêche qui s’échappent du flacon.

Au moment où vous le reposez, vous entendez frapper à votre porte. De votre voix chantante, vous autorisez les individus à entrer et découvrez qu’il s’agit d’Elliot, l’apprenti de Greta, et d’un autre individu que vous n’arrivez pas à restituer.

◘ Bonjour ! Merci beaucoup. Je n’ai pas encore eu le temps de dresser la table. Mais c’est parfait. Pouvez vous du coup me le déposer sur le balcon ? Autant profiter de ce temps radieux!

Encore bien ancrés dans leur volonté de ne pas déplaire à leur supérieure, connue pour ses accès de colère en cuisine lorsque l’un des apprentis faillit, ils demeurent muets. S’exécutant, ils vous accompagnent jusqu’au lieu désigné, et déposent élégamment les plats préparés. Donnant une impression de parfaite synchronisation, Elliot soulève le couvercle en inox du plat, tandis que son acolyte vous renseigne sur les tréfonds de sa composition.

◘ Au menu de sa Majesté, concassé de pois sur son lit de purée de pomme  de terre douce agrémenté de lentilles. Petite tome de Savoie sur fond de pain complet et pour finir, une mousse au chocolat soupoudrée de zeste de pêche et de noisette. Bon appétit, votre Majesté.

S’inclinant, les deux adolescent voulurent se retirer aussi vite qu’ils étaient venus, mais vous les en empêchez en prenant la parole.

◘ Merci à vous deux. Remerciez Greta pour moi si vous en avez la possibilité. Bon appétit à vous.

D’un sourire angélique, vous les libérez de ce stress qui les tiraille intérieurement, leur permettant de filer pour retrouver la chaleur réconfortante de la cuisine. Il est désormais temps pour vous de savourer. Apercevant votre chère Nanouk qui gambade encore gaiement, vous l’entamez les yeux tournés vers le jardin. Son énergie et son agilité vous font rosir de plaisir et vous aimez sans vergogne la voir ainsi pouvoir se défouler, animant les allées extérieures. Avec elle, vous reconnaissez ses deux soigneurs ainsi que quelques enfants intrépides qui n’ont pas peur de l’approcher. Protégés de la tête aux pieds pour ne pas être blessés, la lourdeur de leur équipement ne les empêche vraisemblablement pas de s’amuser. Quel magnifique spectacle ! Les feulement joueurs de votre tendre panthère accompagnent vos bruits de fourchettes et c’est sur ce tableau de sérénité que vous terminez de manger. Votre petite douceur gustative du soir est aujourd’hui permise grâce à la mousse au chocolat de Greta. Si toi, lecteur, tu as l’occasion venir nous rendre visite, au Palais, il te faut absolument passer par la case des cuisines où opère cette petite fée.

Vingt minutes vous auront finalement suffit à vous sustenter. Le tic-tac régulier de la pendule vous informe rapidement que dix-neuf heures viennent à peine d’être dépassées. Vous étirant sommairement pour délier votre être légèrement recroquevillé, vous vous levez, enfilez à nouveau les escarpins que vous aviez délaissés le temps de vous prélasser. Rassemblant la vaisselle, vous prenez tour à tour les plateaux pour aller les déposer dans le vestibule, afin d’avancer les deux petits apprentis. Puis vous ne traînez plus et vous emparez des quelques notes que vous avez eu le temps de noter durant vos pauses. De votre pas assuré, vous repassez rapidement face au jugement impartial de la glace, vérifiant que votre tenue n’a pas pâti au combat. R.A.S, ni tâches, ni fils indiscrets. Sereine, vous quittez vos appartements, prenant la direction du Terrier conformément à votre itinéraire de lundi dernier.

Une fois que vous avez rejoint vos confrères, vous saluez et échangez avec ceux que vous n’avez pas pu voir ce matin. Vous apprenez ainsi que Tascha, la fille de Samuel est tombée malade, lui arrachant maintenant des éternuements non maîtrisés ainsi que d’autres anecdotes de la part de vos collègues. Quand le flot de paroles se fut tari, et qu’ils se replongèrent dans leurs tâches, vous vous dirigez directement vers les agents concernés par les différents points qui vous ont titillée aujourd’hui. Vous prenez le temps de revenir sur chaque détail, afin que les choses soient clarifiées. Puis, sur le tableau principal occupant le pan de mur Ouest, vous précisez les thèmes qui seront abordés lors de la réunion hebdomadaire avant de finalement regarder l’horloge centrale. Vingt-heures quarante.

Dans vingt minutes, vous avez rendez-vous avec Mlle Martins et vous n’imaginez pas un seul instant que votre Ange puisse déjà être arrivée au Palais. Votre douce insouciance vous permet pendant ce temps de vous entretenir avec la doyenne de l’équipe venue prendre son poste de nuit, toute exaltée Esprit engagé et affuté, cette femme d’âge mûr est ici connue telle le loup blanc. Très exigente envers elle-même mais également envers les autres, son enthousiasme communicatif berce régulièrement l’équipe d’une allégresse pouponnant les cœurs. Mais son franc parler et ses avis critiques sur les démarches engagées, notamment par les nouvelles recrues, font aussi considérablement trembler. Pour la taquiner, ses collègues ont ainsi pris l’habitude de la faire grommeler en la saluant par un bref « Il y a des jours avec, et des jours sans. Dis-nous maman, comment tu te sens ? ». Bien évidemment, ces rituels vous font sourire, mais vous ne vous risquez pas à offenser votre consoeur en vous pliant à la tradition. C’est au contraire votre candeur habituelle qui est ce soir encore venue la cueillir. C’est là que vous apprenez les raisons de sa joie : De nouvelles archives concernant la génétique humaine ont récemment vu le jour, ce qui laisse un champ d’étude incroyable ici, à Damned Town à en citer ses dires. Intriguée, vous décidez de vous renseigner sur le sujet, et pourquoi pas de faire rapatrier les dites archives afin qu’elles soient analysées et employées ici. Du coin de l’œil, vous détectez Mlle Martins entrer dans la pièce. Aussitôt, vous vous excusez auprès de votre interlocutrice et vous levez.  Arborant un sourire franc, vous vous approchez de Dany, main tendue pour la saluer. En vous voyant ainsi venir à elle, la jeune femme vous accueille de la sorte :

◘ Bonjour. J'ai reçu votre missive.

Vous rebondissez très rapidement sur les propos engagés:

◘ Bonjour Mlle Martins. Comment allez vous ? Je m’excuse pour cet entretien si tardif, peut-être aviez vous déjà des plans. J’ai essayé de trouver un créneau qui concordait avec nos emplois du temps respectifs. Je vous en prie, suivez moi, des murs moins bruyants seront plus agréables pour discuter.

Vous rompez le lien avec sa poigne ferme mais agréable suite à sa réponse et prenez les devants pour rejoindre l’une des salles annexes. Souvent utilisée pour s’isoler de la pièce principale, votre main tâtonne machinalement l’interrupteur principal alors que vous l’invitez d’un large geste, lui laissant tout l’espace vital qu’il lui est nécessaire. Depuis son arrivée Dany n’est, à votre bon souvenir, jamais venue ici. Par conséquent, vous la laissez estimer les forces et failles de ce nouvel environnement et ne vous risquez pas à précipiter le sujet. L’heure tardive est effectivement un argument décisif dans votre décision et vous admettez volontiers que vous êtes reconnaissante à l’ange d’avoir pu venir, malgré d’éventuelles occupations.

Refermant la porte derrière vous, vous ne prenez pas la peine d’abaisser les stores, vos collègues et vous n’ayant rien à vous cacher. Lorsque vos yeux se reposent à nouveau sur Dany, cette dernière est assise et vous en profitez pour vous enquérir de ses goûts :

◘ Seriez vous tentée par un café, un thé, du lait, ou tout autre breuvage, Mlle Martins ?

Suite à son choix, vous lui rapportez une tasse à l’effigie de l’organisation à laquelle elle appartient, celle du Terrier. Vous vous servez également, et finissez par prendre place dans  l’un des sofa face à elle. Du bout des doigts, vous faites tournoyez votre cuillère pour vous occuper, laissant un petit silence s’installer.Vous ne désirez nullement mettre votre Ange mal à l’aise mais vous la percevez encore comme quelqu’un de discret et de plutôt secret. Très efficace, très précise sur le papier, certes, mais peu loquace en réalité. Pour éviter de la noyer dans votre flot de paroles habituel, vous lui accordez donc un peu de répit, le temps de boire quelques gorgées. Puis finalement, vous croisez les jambes, vous redressez pour positionner votre dos dans une verticalité raisonnable et prenez la parole.

◘ Mlle Martins, si je vous ai aujourd’hui conviée, c’est avant tout pour prendre connaissance de votre ressenti vis-à-vis de votre arrivée, ici à Damned Town. Comment vous y sentez vous pour le moment ? Et comment s’est passé votre emménagement ?